Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-09-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 septembre 1858 25 septembre 1858
Description : 1858/09/25 (A3,N55). 1858/09/25 (A3,N55).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203101c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
480- L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 25 SEPTEMBRE.
les ingénieurs éminents que possède l'Angleterre. Heureuse-
ment il n'en est rien, et nous savons maintenant quel cas il
fàut faire d'une telle assertion.
■ Il est encore dit qu'entre toutes les difficultés on n'en
citera qu'une seule, celle de creuser un canal dans un désert
sans fruits et sans une goutte d'eau. Mais l'expérience a dé-
montré que ce fait ne peut présenter aucune difficulté. On
oublie donc que tout le chemin de fer du Caire à Suez passe
par le désert, et même par un désert plus aride que celui où
passera le canal, et que les travailleurs n'y sont pourtant
jamais morts de soif, puisqu'on y porte chaque jour l'eau
nécessaire; on oublie donc qu'à Suez on ne trouve pas une
goutte d'eau potable, et que l'eau y est aussi apportée jour-
nellement; on oublie donc qu'en Egypte on est accoutumé à
tirer les eaux d'une fort grande distance, et qu'on possède
tous les moyens de subvenir à ce besoin ; on oublie donc l'his-
toire , qui nous raconte qu'une grande partie du canal a été
creusée réellement dans le désert à différentes époques, et
avec des moyens d'exécution bien moins avancés que ceux de
notre temps. On trouve encore des vestiges de cet antique
canal par tout le désert. Je les ai vus; il ne peut exister de
doute à ce sujet, et cet ouvrage a du être exécuté par des
ouvriers qui avaient les mêmes besoins que ceux de notre
temps. Mais ce qui est moins excusable, c'est qu'on fait sem-
blant d'ignorer tout ce qui a été dit dans le rapport de la
Commission internationale.
Avant de commencer les travaux du canal maritime, on
exécutera le canal d'eau douce du Nil au lac Timsah, ainsi
que les conduites et les rigoles qui doivent porter l'eau douce
à travers tout le désert, à Suez et à Péluse. Ce point principal
est exposé dans le rapport de la Commission ; mais tout est
lettre morte pour ceux qui ne veulent ni voir, ni entendre.
Il y a encore une chose singulière, assez digne d'attirer
l'attention. M. Stéphenson a dit que M. Rendel n'a pas ac-
cepté le projet tel qu'il est présenté maintenant et que
M. Mac-Clean soutient aussi que le canal n'est pas exécu-
table. M. Mac-Clean exprime pourtant sa conviction de la pos-
sibilité d'un canal maritime en ligne directe à travers l'isthme,
conformément au rapport sommaire signé par lui en Egypte ;
et il a ajouté que cette conviction reste toujours pour lui la
même, et qu'aucun membre de la Commission n'avait une foi
plus grande dans la possibilité de construire le canal mari-
time que feu M. Rendel, pourvu qu'il fût construit comme
tout canal ordinaire, au-dessus du niveau de la mer, tel qu'il
a été proposé par lui après examen de la côte de la Méditer-
ranée et du lac Menzaleh. Remarquons à présent ceci :
M. Mac-Clean dit que lui et M. Rendel sont convaincus de la
possibilité de l'exécution du canal à niveau élevé, et M. Sté-
phenson. déclare, dans son premier discours, qu'un canal
avec prise d'eau dans les parties supérieures du Nil, c'est-à-
dire un canal à niveau élevé, est une absurdité.
Comme on le voit, dans ce cas, M. Stéphenson est tout
aussi bien en contradiction avec MM. Rendel et Mac-Clean,
que dans l'autre cas avec la Commission internationale. Il ne
peut nullement affirmer, comme il le fait dans son second
discours, que les ingénieurs anglais sont tous du même avis
que lui.
Résumons. Il me semble qu'il résulte des pièces publiées
que M. Stéphenson juge le canal impossible dans tous les cas,
hors celui où il existerait une très-grande différence entre les
niveaux des deux mers, ce qui heureusement n'est pas le
fait; et qu'au contraire M. Rendel et Mac-Clean jugent le ca-
nal possible comme la Commission internationale, et qu'ils
ne diffèrent de son opinion que quant à la manière de le
construire. Voilà, me paraît-il, une bien grande différence
entre M. Stéphenson et nos honorables collègues.
Mais en quoi donc voit-on tant de difficultés à creuser un
canal dans le sol de l'isthme? C'est ce que ne dit pas M. Sté-
phenson. Ce ne peut être que l'on craigne de rencontrer une
couche de sable à la hauteur des basses eaux, comme cela a
eu lieu sur le Zafranieh, canal qui débouche du Nil près du
Caire ? Ce serait oublier que la configuration du sol de la basse.
Égypte diffère énormément du sol du désert. Ce qui est difficile
pour les canaux de la basse Égypte est très-facile dans le
désert. Dans le sol du désert, on n'a pas à craindre les bancs
de sable mouvant; car tout y est sable solide et sable argileux.
Les forages dans toute la longueur de l'isthme ont démontré
victorieusement qu'il n'y a absolument rien à craindre pour
creuser le canal dans le sol.
Et, d'ailleurs, la science ne le dît-elle pas, l'expérience suffi-
rait à le démontrer. L'histoire elle-même nous raconte, ainsi
que je viens de le dire, l'existence réelle d'un canal à travers
le désert, dont j'ai rencontré plusieurs fois les immenses ves-
tiges. Et ne compte-t-on donc pour rien l'existence des lacs
Amers, creusés par la nature dans le sol de l'isthme à la pro-
fondeur voulue, et qui se trouvent être à peu près un tiers de
toute la longueur du canal?
L'opinion qui déclare l'impossibilité de creuser le canal dans
le sol de l'isthme, ne pourrait, en aucun cas, être applicable
que pour les deux tiers de la longueur du canal.
Ce qu'on a dit, quant à l'économie du temps, qu'à cet
égard le chemin de fer est préférable au canal, ne constitue
en rien une preuve négative. Le chemin de fer est excellent
pour les voyageurs, mais qu'est-ce que quelques heures de
plus ou de moins dans un voyage aux Indes pour les marchan -
dises qui passent par l'Égyple ?
L'avantage du canal n'est pas là où l'on a voulu l'établir ;
l'avantage consiste en ce qu'on n'aura pas besoin de débar-
quer et de rembarquer les marchandises. C'est le commerce
du monde qui passera par le canal; laissons les voyageurs au
chemin de fer.
F. W. CONRAD,
président de la Commission internationale.
M. Conrad termine par les considérations que nous
avons reproduites dans notre dernier numéro.
Nous ne croyons pas que M. Stéphenson puisse avoir
de réponse à de pareils arguments.
G. WAGENER.
LA CHAMBRE DE COMMERCE DE VENISE
ET LE CANAL DE SUEZ.
On lit dans la partie officielle de l'Avvisatore mer-
cantile feuille officielle de la Chambre de Commerce
de la province de Venise, la note suivante, reproduite
aussi dans la Gazette officielle de Venise du 28 août
1858 :
« L'illustre M. Ferd. de Lesseps, qui, avec une persévérance
admirable et intelligente, s'est fait le promoteur de la grande
entreprise du percement de l'isthme de Suez, et qui, avec une
énergie infatigable, continue ses louables efforts, a été ac-
cueilli avec enthousiasme par la Chambre de Commerce,
qui s'était réunie en séance extraordinaire.
» Les explications détaillées données par M. Ferd. de Les-
seps sur l'état des choses, sur les difficultés vaincues par lui à
l'aide de démarches habiles et sans se laisser effrayer, sur la
les ingénieurs éminents que possède l'Angleterre. Heureuse-
ment il n'en est rien, et nous savons maintenant quel cas il
fàut faire d'une telle assertion.
■ Il est encore dit qu'entre toutes les difficultés on n'en
citera qu'une seule, celle de creuser un canal dans un désert
sans fruits et sans une goutte d'eau. Mais l'expérience a dé-
montré que ce fait ne peut présenter aucune difficulté. On
oublie donc que tout le chemin de fer du Caire à Suez passe
par le désert, et même par un désert plus aride que celui où
passera le canal, et que les travailleurs n'y sont pourtant
jamais morts de soif, puisqu'on y porte chaque jour l'eau
nécessaire; on oublie donc qu'à Suez on ne trouve pas une
goutte d'eau potable, et que l'eau y est aussi apportée jour-
nellement; on oublie donc qu'en Egypte on est accoutumé à
tirer les eaux d'une fort grande distance, et qu'on possède
tous les moyens de subvenir à ce besoin ; on oublie donc l'his-
toire , qui nous raconte qu'une grande partie du canal a été
creusée réellement dans le désert à différentes époques, et
avec des moyens d'exécution bien moins avancés que ceux de
notre temps. On trouve encore des vestiges de cet antique
canal par tout le désert. Je les ai vus; il ne peut exister de
doute à ce sujet, et cet ouvrage a du être exécuté par des
ouvriers qui avaient les mêmes besoins que ceux de notre
temps. Mais ce qui est moins excusable, c'est qu'on fait sem-
blant d'ignorer tout ce qui a été dit dans le rapport de la
Commission internationale.
Avant de commencer les travaux du canal maritime, on
exécutera le canal d'eau douce du Nil au lac Timsah, ainsi
que les conduites et les rigoles qui doivent porter l'eau douce
à travers tout le désert, à Suez et à Péluse. Ce point principal
est exposé dans le rapport de la Commission ; mais tout est
lettre morte pour ceux qui ne veulent ni voir, ni entendre.
Il y a encore une chose singulière, assez digne d'attirer
l'attention. M. Stéphenson a dit que M. Rendel n'a pas ac-
cepté le projet tel qu'il est présenté maintenant et que
M. Mac-Clean soutient aussi que le canal n'est pas exécu-
table. M. Mac-Clean exprime pourtant sa conviction de la pos-
sibilité d'un canal maritime en ligne directe à travers l'isthme,
conformément au rapport sommaire signé par lui en Egypte ;
et il a ajouté que cette conviction reste toujours pour lui la
même, et qu'aucun membre de la Commission n'avait une foi
plus grande dans la possibilité de construire le canal mari-
time que feu M. Rendel, pourvu qu'il fût construit comme
tout canal ordinaire, au-dessus du niveau de la mer, tel qu'il
a été proposé par lui après examen de la côte de la Méditer-
ranée et du lac Menzaleh. Remarquons à présent ceci :
M. Mac-Clean dit que lui et M. Rendel sont convaincus de la
possibilité de l'exécution du canal à niveau élevé, et M. Sté-
phenson. déclare, dans son premier discours, qu'un canal
avec prise d'eau dans les parties supérieures du Nil, c'est-à-
dire un canal à niveau élevé, est une absurdité.
Comme on le voit, dans ce cas, M. Stéphenson est tout
aussi bien en contradiction avec MM. Rendel et Mac-Clean,
que dans l'autre cas avec la Commission internationale. Il ne
peut nullement affirmer, comme il le fait dans son second
discours, que les ingénieurs anglais sont tous du même avis
que lui.
Résumons. Il me semble qu'il résulte des pièces publiées
que M. Stéphenson juge le canal impossible dans tous les cas,
hors celui où il existerait une très-grande différence entre les
niveaux des deux mers, ce qui heureusement n'est pas le
fait; et qu'au contraire M. Rendel et Mac-Clean jugent le ca-
nal possible comme la Commission internationale, et qu'ils
ne diffèrent de son opinion que quant à la manière de le
construire. Voilà, me paraît-il, une bien grande différence
entre M. Stéphenson et nos honorables collègues.
Mais en quoi donc voit-on tant de difficultés à creuser un
canal dans le sol de l'isthme? C'est ce que ne dit pas M. Sté-
phenson. Ce ne peut être que l'on craigne de rencontrer une
couche de sable à la hauteur des basses eaux, comme cela a
eu lieu sur le Zafranieh, canal qui débouche du Nil près du
Caire ? Ce serait oublier que la configuration du sol de la basse.
Égypte diffère énormément du sol du désert. Ce qui est difficile
pour les canaux de la basse Égypte est très-facile dans le
désert. Dans le sol du désert, on n'a pas à craindre les bancs
de sable mouvant; car tout y est sable solide et sable argileux.
Les forages dans toute la longueur de l'isthme ont démontré
victorieusement qu'il n'y a absolument rien à craindre pour
creuser le canal dans le sol.
Et, d'ailleurs, la science ne le dît-elle pas, l'expérience suffi-
rait à le démontrer. L'histoire elle-même nous raconte, ainsi
que je viens de le dire, l'existence réelle d'un canal à travers
le désert, dont j'ai rencontré plusieurs fois les immenses ves-
tiges. Et ne compte-t-on donc pour rien l'existence des lacs
Amers, creusés par la nature dans le sol de l'isthme à la pro-
fondeur voulue, et qui se trouvent être à peu près un tiers de
toute la longueur du canal?
L'opinion qui déclare l'impossibilité de creuser le canal dans
le sol de l'isthme, ne pourrait, en aucun cas, être applicable
que pour les deux tiers de la longueur du canal.
Ce qu'on a dit, quant à l'économie du temps, qu'à cet
égard le chemin de fer est préférable au canal, ne constitue
en rien une preuve négative. Le chemin de fer est excellent
pour les voyageurs, mais qu'est-ce que quelques heures de
plus ou de moins dans un voyage aux Indes pour les marchan -
dises qui passent par l'Égyple ?
L'avantage du canal n'est pas là où l'on a voulu l'établir ;
l'avantage consiste en ce qu'on n'aura pas besoin de débar-
quer et de rembarquer les marchandises. C'est le commerce
du monde qui passera par le canal; laissons les voyageurs au
chemin de fer.
F. W. CONRAD,
président de la Commission internationale.
M. Conrad termine par les considérations que nous
avons reproduites dans notre dernier numéro.
Nous ne croyons pas que M. Stéphenson puisse avoir
de réponse à de pareils arguments.
G. WAGENER.
LA CHAMBRE DE COMMERCE DE VENISE
ET LE CANAL DE SUEZ.
On lit dans la partie officielle de l'Avvisatore mer-
cantile feuille officielle de la Chambre de Commerce
de la province de Venise, la note suivante, reproduite
aussi dans la Gazette officielle de Venise du 28 août
1858 :
« L'illustre M. Ferd. de Lesseps, qui, avec une persévérance
admirable et intelligente, s'est fait le promoteur de la grande
entreprise du percement de l'isthme de Suez, et qui, avec une
énergie infatigable, continue ses louables efforts, a été ac-
cueilli avec enthousiasme par la Chambre de Commerce,
qui s'était réunie en séance extraordinaire.
» Les explications détaillées données par M. Ferd. de Les-
seps sur l'état des choses, sur les difficultés vaincues par lui à
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