Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-10-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 octobre 1858 10 octobre 1858
Description : 1858/10/10 (A3,N56). 1858/10/10 (A3,N56).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203102s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
DIMANCHE 10 OCTOBRE.
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
519
A Dréhémi, Bat-el-Fakib et Zébid , il y a quelques
fabriques qui font des futas (fichus pour la tête), et des
rédifs (étoffes avec lesquels les habitants se couvrent la
nuit).
A Zébid on fabrique des nahhel (sandales en peau de
bœuf) pour les besoins de l'Yémen, de l'Hedjas et de
l'Abyssinie. Une autre industrie très - répandue dans
l'Yémen est la teinture en bleu des cotonnades blanches
importées de l'Inde et de l'Angleterre. Zébid et Beit-el-
Fakih fournissent à tout le littoral de la mer Rouge des
milages (fichus bleus pour les femmes) très-recherchés
et des chemises.
Les trois divisions politiques du pays sont l'Assyr,
l'Abou-Arech et le territoire de l'imam de Sana. Le lit-
toral est tombé au pouvoir des Turcs, depuis qu'ils ont
réoccupé, en 1849, les ports principaux.
Ces derniers rapportent par les douanes la somme de
450,000 thalaris environ ; les frais d'administration sont
de 180,000 thalaris. L'excédant est envoyé à Djeddah
pour couvrir les frais d'administration de l'Hedjas. Le
commerce de l'Yémen se fait par les ports de Djezan,
Lohéia, Hodéida, Mokka et Aden. A cause de l'absence
complète de négociants européens, il est impossible de
donner des chiffres exacts, et il faut se contenter des
renseignements obtenus des fermiers de la douane ou
des principaux marchands indiens.
Après cette description générale de l'Arabie Heureuse,
M. de Neimans donne des détails sur les ports, que nous
croyons superflu de reproduire ici, en renvoyant nos
lecteurs à la page 151 de la troisième année de notre
journal.
Le port de Djezan, autrefois assez important, est
tombé, en 1856, au pouvoir des montagnards d'Assyr,
qui essayèrent même de s'emparer du port d'Hodéida ;
mais ils furent repoussés avec le secours de deux bâti-
ments de guerre anglais. Près de Djezan , il y a les
riches mines de sel gemme de Lahara, qui rapportaient
15,000 thalaris, malgré l'administration turque. Depuis
1858, l'exploitation est complétement abandonnée, les
ouvriers s'étant réfugiés dans l'intérieur, parce que de-
puis vingt mois on ne leur avait pas payé de salaire.
III. — L'ABYSSINIE.
Après un exposé rapide des événements politiques
depuis 1850, et des guerres civiles entre le Ras-Ubié,
chef du Tigré, et le Ras-Ali, chef de l'Amhara, par suite
desquelles ce dernier fit son rival prisonnier, et fut cou-
ronné, au mois de février 1855, sous le nom de Théo-
dore Ier, empereur de toute l'Éthiopie, M. de Neimans
continue ainsi qu'il suit :
Le roi Ubié ayant été fait prisonnier, le pays du Tigré
tomba bientôt au pouvoir du nouvel empereur Théodore ;
mais restait encore le négus de Schoa, qui se refusait à
reconnaître le droit nouvellement acquis de l'ancien
Ras-Ali. Après une guerre de peu de durée, le négus
récalcitrant fut vaincu et remplacé par un gouverneur
nommé par l'empereur Théodore.
Ce dernier est retourné maintenant dans l'Amhara
pour consolider son pouvoir, conquis après plusieurs
campagnes. Confiant l'administration du pays à des
personnes sûres et dévouées, il chercha avant tout, par
le moyen de la douceur et de la sagesse de son gouver-
nement , à mettre à la place de la crainte que sa puis-
sance devait inspirer au peuple, ce respect qui lui pa-
raissait indispensable pour assurer la tranquillité et
l'ordre dans son vaste empire et faire comprendre à la
nation la manière dont il pensait l'administrer.
Il y a surtout deux actes de l'empereur Théodore
trop importants pour les passer sous silence.
Le premier est un décret qui abolit l'esclavage et la
traite des esclaves sur tout le marché de l'empire; le
second est un ordre donné à tous les musulmans de re-
noncer « à la stupide doctrine de Mohammed » et de se
convertir au christianisme. **
L'exécution de ce dernier ordre, qui était évidemment
une faute, échoua contre le grand nombre de ses sujets
musulmans, et Théodore se vit obligé de le rétracter
bientôt après. La sagesse du premier décret concernant
l'esclavage serait au-dessus de tout éloge, si le Vice-roi
d'Egypte ne lui avait donné l'exemple dès 1854. Tou-
tefois cette réforme prouve la sagacité et le jugement de
cet autocrate, à demi sauvage pour ainsi dire, qui a fait
de sa propre initiative ce que d'autres pays n'ont fait, il
y a trois ans, que forcés et malgré eux, après trois siè-
cles d'antagonisme contre la civilisation européenne.
Outre cette intelligence élevée, l'empereur Théodore
montre un rare sentiment de respect pour l'instruction
et la capacité des Européens. Depuis des années il fait
tous ses efforts pour attirer dans son pays des artisans
européens, afin de faire comprendre à son peuple les
avantages de la civilisation et de l'instruction. Lors
même que, peut-être pour éviter des guerres de reli-
gion , il se vit forcé d'expulser tous les mission-
naires, dans ses proclamations -il protesta solennelle-
ment de son intention de ne pas vouloir exclure les
Européens de son territoire , et il les invita, avec la pro-
messe des plus grands égards et avec des offres de terres
et d'ivoire, à s'établir sous sa protection et à apprendre
à son peuple les arts des nations chrétiennes.
Un homme qui agit ainsi spontanément paraît digne
de la plus haute considération.
Quant à l'état actuel du pays, Ubié, l'ancien roi du
Tigré, a complétement renoncé à toutes ses prétentions.
Une partie de son armée dispersée a été réunie par le
chef des montagnes Agoev ou Agoco Negoutié, qui oc-
cupe la partie nord-ouest du Tigré. L'empereur Théo-
dore n'a voulu rien entreprendre contre ces rebelles,
comptant sur les discordes qui ne manqueraient pas
d'éclater parmi eux. En effet, un des chefs principaux
s'est déjà soulevé contre les exactions arbitraires de
l'Agoev, et ses bandes parcourent la province du Tigré,
pillant et volant pour subvenir à leurs besoins, que leur
chef ne peut satisfaire faute d'argent. L'empereur se
prépare à combattre ces pillards, qui font beaucoup de
tort au commerce entre l'Abyssinie et le port deMassoua.
Les grandes caravanes seules peuvent passer sans dan-
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
519
A Dréhémi, Bat-el-Fakib et Zébid , il y a quelques
fabriques qui font des futas (fichus pour la tête), et des
rédifs (étoffes avec lesquels les habitants se couvrent la
nuit).
A Zébid on fabrique des nahhel (sandales en peau de
bœuf) pour les besoins de l'Yémen, de l'Hedjas et de
l'Abyssinie. Une autre industrie très - répandue dans
l'Yémen est la teinture en bleu des cotonnades blanches
importées de l'Inde et de l'Angleterre. Zébid et Beit-el-
Fakih fournissent à tout le littoral de la mer Rouge des
milages (fichus bleus pour les femmes) très-recherchés
et des chemises.
Les trois divisions politiques du pays sont l'Assyr,
l'Abou-Arech et le territoire de l'imam de Sana. Le lit-
toral est tombé au pouvoir des Turcs, depuis qu'ils ont
réoccupé, en 1849, les ports principaux.
Ces derniers rapportent par les douanes la somme de
450,000 thalaris environ ; les frais d'administration sont
de 180,000 thalaris. L'excédant est envoyé à Djeddah
pour couvrir les frais d'administration de l'Hedjas. Le
commerce de l'Yémen se fait par les ports de Djezan,
Lohéia, Hodéida, Mokka et Aden. A cause de l'absence
complète de négociants européens, il est impossible de
donner des chiffres exacts, et il faut se contenter des
renseignements obtenus des fermiers de la douane ou
des principaux marchands indiens.
Après cette description générale de l'Arabie Heureuse,
M. de Neimans donne des détails sur les ports, que nous
croyons superflu de reproduire ici, en renvoyant nos
lecteurs à la page 151 de la troisième année de notre
journal.
Le port de Djezan, autrefois assez important, est
tombé, en 1856, au pouvoir des montagnards d'Assyr,
qui essayèrent même de s'emparer du port d'Hodéida ;
mais ils furent repoussés avec le secours de deux bâti-
ments de guerre anglais. Près de Djezan , il y a les
riches mines de sel gemme de Lahara, qui rapportaient
15,000 thalaris, malgré l'administration turque. Depuis
1858, l'exploitation est complétement abandonnée, les
ouvriers s'étant réfugiés dans l'intérieur, parce que de-
puis vingt mois on ne leur avait pas payé de salaire.
III. — L'ABYSSINIE.
Après un exposé rapide des événements politiques
depuis 1850, et des guerres civiles entre le Ras-Ubié,
chef du Tigré, et le Ras-Ali, chef de l'Amhara, par suite
desquelles ce dernier fit son rival prisonnier, et fut cou-
ronné, au mois de février 1855, sous le nom de Théo-
dore Ier, empereur de toute l'Éthiopie, M. de Neimans
continue ainsi qu'il suit :
Le roi Ubié ayant été fait prisonnier, le pays du Tigré
tomba bientôt au pouvoir du nouvel empereur Théodore ;
mais restait encore le négus de Schoa, qui se refusait à
reconnaître le droit nouvellement acquis de l'ancien
Ras-Ali. Après une guerre de peu de durée, le négus
récalcitrant fut vaincu et remplacé par un gouverneur
nommé par l'empereur Théodore.
Ce dernier est retourné maintenant dans l'Amhara
pour consolider son pouvoir, conquis après plusieurs
campagnes. Confiant l'administration du pays à des
personnes sûres et dévouées, il chercha avant tout, par
le moyen de la douceur et de la sagesse de son gouver-
nement , à mettre à la place de la crainte que sa puis-
sance devait inspirer au peuple, ce respect qui lui pa-
raissait indispensable pour assurer la tranquillité et
l'ordre dans son vaste empire et faire comprendre à la
nation la manière dont il pensait l'administrer.
Il y a surtout deux actes de l'empereur Théodore
trop importants pour les passer sous silence.
Le premier est un décret qui abolit l'esclavage et la
traite des esclaves sur tout le marché de l'empire; le
second est un ordre donné à tous les musulmans de re-
noncer « à la stupide doctrine de Mohammed » et de se
convertir au christianisme. **
L'exécution de ce dernier ordre, qui était évidemment
une faute, échoua contre le grand nombre de ses sujets
musulmans, et Théodore se vit obligé de le rétracter
bientôt après. La sagesse du premier décret concernant
l'esclavage serait au-dessus de tout éloge, si le Vice-roi
d'Egypte ne lui avait donné l'exemple dès 1854. Tou-
tefois cette réforme prouve la sagacité et le jugement de
cet autocrate, à demi sauvage pour ainsi dire, qui a fait
de sa propre initiative ce que d'autres pays n'ont fait, il
y a trois ans, que forcés et malgré eux, après trois siè-
cles d'antagonisme contre la civilisation européenne.
Outre cette intelligence élevée, l'empereur Théodore
montre un rare sentiment de respect pour l'instruction
et la capacité des Européens. Depuis des années il fait
tous ses efforts pour attirer dans son pays des artisans
européens, afin de faire comprendre à son peuple les
avantages de la civilisation et de l'instruction. Lors
même que, peut-être pour éviter des guerres de reli-
gion , il se vit forcé d'expulser tous les mission-
naires, dans ses proclamations -il protesta solennelle-
ment de son intention de ne pas vouloir exclure les
Européens de son territoire , et il les invita, avec la pro-
messe des plus grands égards et avec des offres de terres
et d'ivoire, à s'établir sous sa protection et à apprendre
à son peuple les arts des nations chrétiennes.
Un homme qui agit ainsi spontanément paraît digne
de la plus haute considération.
Quant à l'état actuel du pays, Ubié, l'ancien roi du
Tigré, a complétement renoncé à toutes ses prétentions.
Une partie de son armée dispersée a été réunie par le
chef des montagnes Agoev ou Agoco Negoutié, qui oc-
cupe la partie nord-ouest du Tigré. L'empereur Théo-
dore n'a voulu rien entreprendre contre ces rebelles,
comptant sur les discordes qui ne manqueraient pas
d'éclater parmi eux. En effet, un des chefs principaux
s'est déjà soulevé contre les exactions arbitraires de
l'Agoev, et ses bandes parcourent la province du Tigré,
pillant et volant pour subvenir à leurs besoins, que leur
chef ne peut satisfaire faute d'argent. L'empereur se
prépare à combattre ces pillards, qui font beaucoup de
tort au commerce entre l'Abyssinie et le port deMassoua.
Les grandes caravanes seules peuvent passer sans dan-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.91%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.91%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 23/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203102s/f23.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203102s/f23.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203102s/f23.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203102s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203102s
Facebook
Twitter