Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 septembre 1858 10 septembre 1858
Description : 1858/09/10 (A3,N54). 1858/09/10 (A3,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203100z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
444 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 SEPTEMBRE.
par M. Vico, président, s était réunie pour recevoir M. Ferd.
de Lesseps, qui arrivait de Constantinople sur le paquebot
qui amenait aussi de Corfou sir John Young, le lord haut
commissaire des îles Ioniennes. M. Vico avait été prévenu de
l'arrivée de M. Ferd. de Lesseps par M. Parisini, l'agent de
la grande maison Revoltella. La Chambre s'est assemblée à
sept heures du soir, en présence du podesta, ou maire de la
ville. Le fauteuil d'honneur avait été réservé à M. Ferd. de
Lesseps, qui, sur l'invitation du président, a pris la parole
pour exposer quel est l'état actuel de sa grande entreprise, à
laquelle notre ville porte naturellement un si vif intérêt.
M. Ferd. de Lesseps a déclaré qu'après l'achèvement de
toutes les études et de tous les travaux préliminaires, le mo-
ment d'agir était venu. Il a donné lecture de plusieurs par-
ties très-importantes de sa correspondance, et entre autres de
la circulaire adressée au représentant de la Compagnie uni-
verselle du canal de Suez dans notre ville, l'honorable M. P.
Revoltella. Il paraît, d'après cette correspondance, qué M. F.
de Lesseps est sur le point de former la Compagnie interna-
tionale qui doit accomplir les travaux du canal de Suez, et le
Conseil d'administration qui doit en diriger l'exécution.
C'est une grande nouvelle qui nous a été donnée, et vous
pouvezjuger du plaisir qu'elle a causé à nos négociants. Voilà
certainement 40 ans que l'Autriche travaille à l'ouverture de
4'isthme de Suez, et que l'illustre M. de Metternich a' fait tous
ses efforts pour réaliser ce grand dessein. Trieste tirerait un
immense profit de cette communication nouvelle entre l'Eu-
rope et l'Asie, et je vous laisse à penser si le Lloyd autrichien
désire cet accroissement de sa prospérité.
M. Ferd. de Lesseps nous a quittés le soir même pour se
rendre à Venise par le paquehôt qui part à minuit. Il y sera
demain matin vers cinq ou six heures.
Agréez, etc.
(Autre correspondance de /'ISTHME DE SUEZ.)
Venise, 28 août 1858.
Nous avons été fort heureux de recevoir hier M. Ferd. de
Lesseps, qui, à son retour de Constantinople, a voulu passer
par Trieste et par Venise, attention dont nous avons été très-
touches. Le télégraphe nous avait avertis de sa présence à
Trieste ; et dès le matin, à l'arrivée du paquebot, des délégués
de la Chambre de commerce sont allés au-devant de lui en
gondole pour l'inviter à une séance qui devait avoir lieu à
deux heures de l'après-midi, et à un banquet pour le soir.
La séance a été ouverte à deux heures, en effet, par
M. RéaI1, président, qui était venu chercher M. Ferd. de Les-
seps et qui l'a introduit. On était réuni dans le Palais ducal*
de la place Saint-Marc. Le délégué du gouvernement autrichien
assistait à la séance. M. de Lesseps, invité à prendre la pa-
• role, s'est exprimé en italien. Il a rappelé que la question de
l'ouverture de l'isthme de Suez avait été jadis agitée plus
d'une fois dans ces lieux, et qu'au début du seizième siècle la
République avait songé à cette entreprise , pour s'assurer
toute prépondérance sur ses heureux rivaux qui venaient de
passer le cap de Bonne-Espérance. Malheureusement les
temps n'étaient pas venus, et au seizième siècle la question
était prématurée. Aujourd'hui, au contraire, elle est mûre
pour tous les peuples, et Venise peut espérer y prendre une
part .considérable. Toutes ces explications de M. de Lesseps,
accompagnées de la lecture de documents sur l'état actuel de
la question, ont été accueillies avec enthousiasme. De nom-
breuses questions ont été adressées à M. Ferd. de Lesseps, et
il s'est empressé d'y répondre avec les détails les plus précis.
M. Reali, qui a accepté d'être à Venise le représentant de
la Compagnie universelle du canal de Suez, a déclaré que la
liste des souscriptions demandées par Venise s'élevait déjà
au-dessus du chiffre attribué à cette ville.
A l'issue de la séance, des remercîments ont été adressés à
M. Ferd. de Lesseps.
Le soir, un banquet cordial a réuni tous les membres de la
Chambre de Commerce à l'hôtel Saint-Marc. Le podesta de
Venise avait placé M. de Lesseps entre lui et M. le président
de la Chambre. Deux toasts portés par M. le podesta et
M. Reali au succès du canal de Suez ont été couverts d'ap-
plaudissements, et les orateurs ont surtout insisté -sur le ca-
ractère cosmopolite et vraiment universel que M. Ferd. de
Lesseps avait su conserver à son entreprise. M. de Lesseps a
porté un toast à la prospérité renaissante de Venise. La
promptitude des communications, accrue d'une manière mer-
veilleuse par les chemins de fer et les télégraphes électriques,
permet aujourd'hui les espérances les plus illimitées. Toutes
les nations européennes sont solidaires les unes des autres, et
Venise va reprendre sa place dans ce vaste concours d'efforts
et de progrès.
M. Ferd. de Lesseps nous a quittés vers neuf heures du soir
pour prendre le chemin de fer de Milan. Sa visite, toute
courte qu'elle a été, nous a fait une impression profonde, et
elle nous laissera de durables souvenirs. Venise ne peut ja-
mais oublier son passé ; et sa gloire si longue et si éclatante
lui cause à la fois des regrets et la stimule plus que vous ne
pourriez croire à des entreprises nouvelles qui puissent la ra-
nimer et la faire revivre. De là la popularité du canal de
Suez parmi nous, et les espérances prochaines qu'il nous
donne. Venise, sans redevenir ce qu'elle fut jadis, peut en-
core avoir de bien beaux jours, et c'est cette aurore d'un
temps nouveau que M. Ferd. de Lesseps est venu nous an-
noncer. Puissent ses projets se réaliser, et nos vœux les plus
chers s'accomplir.dans un avenir peu éloigné!
Recevez, monsieur, etc., etc.
UN DE vos ABONNÉS.
P. S. Je vous envoie ci-joint la circulaire qu'a lue M. Ferd.
de Lesseps, parmi d'autres pièces intéressantes. C'est une de
celles qui ont excité le plus d'attention parmi nous :
Constantinople, le 19 août 1858.
La part des actions réservée à chaque pays a été en prin-
cipe distribuée de la manière suivante :
S. A. le Vice-roi d'Egypte 32 millions de francs.
Turquie, Égypte et Syrie. 21 — — —
France 40 — — —
Angleterre. 40 — — —
Autriche et Lombardo-Vénitien.20 — — —
Russie 12 — — —
Nord de l'Allemagne, Suède, Dane-
mark, Villes anséatiques, Prusse,
Suisse, Pays-Bas et Belgique. 15 — — —
Etats-Unis d'Amérique. 10 - — —
Espagne, Portugal, Italie, Grèce. 10 — — —
(4 millions.) (1 million.) (4 millions. ) (1 million. ) -
Capital social. 200 millions de francs
représentés par quatre cent mille actions de 500 fr. chacune.
Je vous autorise à recevoir les inscriptions des personnes
qui désireraient obtenir des actions.
Si les capitalistes de N. n'étaient pas disposés à prendre
part à l'entreprise dans la proportion prévue, il n'y aura
pas lieu de vous préoccuper du soin de compléter la somme
qui leur a été réservée et dont la partie qui restera disponible,
par M. Vico, président, s était réunie pour recevoir M. Ferd.
de Lesseps, qui arrivait de Constantinople sur le paquebot
qui amenait aussi de Corfou sir John Young, le lord haut
commissaire des îles Ioniennes. M. Vico avait été prévenu de
l'arrivée de M. Ferd. de Lesseps par M. Parisini, l'agent de
la grande maison Revoltella. La Chambre s'est assemblée à
sept heures du soir, en présence du podesta, ou maire de la
ville. Le fauteuil d'honneur avait été réservé à M. Ferd. de
Lesseps, qui, sur l'invitation du président, a pris la parole
pour exposer quel est l'état actuel de sa grande entreprise, à
laquelle notre ville porte naturellement un si vif intérêt.
M. Ferd. de Lesseps a déclaré qu'après l'achèvement de
toutes les études et de tous les travaux préliminaires, le mo-
ment d'agir était venu. Il a donné lecture de plusieurs par-
ties très-importantes de sa correspondance, et entre autres de
la circulaire adressée au représentant de la Compagnie uni-
verselle du canal de Suez dans notre ville, l'honorable M. P.
Revoltella. Il paraît, d'après cette correspondance, qué M. F.
de Lesseps est sur le point de former la Compagnie interna-
tionale qui doit accomplir les travaux du canal de Suez, et le
Conseil d'administration qui doit en diriger l'exécution.
C'est une grande nouvelle qui nous a été donnée, et vous
pouvezjuger du plaisir qu'elle a causé à nos négociants. Voilà
certainement 40 ans que l'Autriche travaille à l'ouverture de
4'isthme de Suez, et que l'illustre M. de Metternich a' fait tous
ses efforts pour réaliser ce grand dessein. Trieste tirerait un
immense profit de cette communication nouvelle entre l'Eu-
rope et l'Asie, et je vous laisse à penser si le Lloyd autrichien
désire cet accroissement de sa prospérité.
M. Ferd. de Lesseps nous a quittés le soir même pour se
rendre à Venise par le paquehôt qui part à minuit. Il y sera
demain matin vers cinq ou six heures.
Agréez, etc.
(Autre correspondance de /'ISTHME DE SUEZ.)
Venise, 28 août 1858.
Nous avons été fort heureux de recevoir hier M. Ferd. de
Lesseps, qui, à son retour de Constantinople, a voulu passer
par Trieste et par Venise, attention dont nous avons été très-
touches. Le télégraphe nous avait avertis de sa présence à
Trieste ; et dès le matin, à l'arrivée du paquebot, des délégués
de la Chambre de commerce sont allés au-devant de lui en
gondole pour l'inviter à une séance qui devait avoir lieu à
deux heures de l'après-midi, et à un banquet pour le soir.
La séance a été ouverte à deux heures, en effet, par
M. RéaI1, président, qui était venu chercher M. Ferd. de Les-
seps et qui l'a introduit. On était réuni dans le Palais ducal*
de la place Saint-Marc. Le délégué du gouvernement autrichien
assistait à la séance. M. de Lesseps, invité à prendre la pa-
• role, s'est exprimé en italien. Il a rappelé que la question de
l'ouverture de l'isthme de Suez avait été jadis agitée plus
d'une fois dans ces lieux, et qu'au début du seizième siècle la
République avait songé à cette entreprise , pour s'assurer
toute prépondérance sur ses heureux rivaux qui venaient de
passer le cap de Bonne-Espérance. Malheureusement les
temps n'étaient pas venus, et au seizième siècle la question
était prématurée. Aujourd'hui, au contraire, elle est mûre
pour tous les peuples, et Venise peut espérer y prendre une
part .considérable. Toutes ces explications de M. de Lesseps,
accompagnées de la lecture de documents sur l'état actuel de
la question, ont été accueillies avec enthousiasme. De nom-
breuses questions ont été adressées à M. Ferd. de Lesseps, et
il s'est empressé d'y répondre avec les détails les plus précis.
M. Reali, qui a accepté d'être à Venise le représentant de
la Compagnie universelle du canal de Suez, a déclaré que la
liste des souscriptions demandées par Venise s'élevait déjà
au-dessus du chiffre attribué à cette ville.
A l'issue de la séance, des remercîments ont été adressés à
M. Ferd. de Lesseps.
Le soir, un banquet cordial a réuni tous les membres de la
Chambre de Commerce à l'hôtel Saint-Marc. Le podesta de
Venise avait placé M. de Lesseps entre lui et M. le président
de la Chambre. Deux toasts portés par M. le podesta et
M. Reali au succès du canal de Suez ont été couverts d'ap-
plaudissements, et les orateurs ont surtout insisté -sur le ca-
ractère cosmopolite et vraiment universel que M. Ferd. de
Lesseps avait su conserver à son entreprise. M. de Lesseps a
porté un toast à la prospérité renaissante de Venise. La
promptitude des communications, accrue d'une manière mer-
veilleuse par les chemins de fer et les télégraphes électriques,
permet aujourd'hui les espérances les plus illimitées. Toutes
les nations européennes sont solidaires les unes des autres, et
Venise va reprendre sa place dans ce vaste concours d'efforts
et de progrès.
M. Ferd. de Lesseps nous a quittés vers neuf heures du soir
pour prendre le chemin de fer de Milan. Sa visite, toute
courte qu'elle a été, nous a fait une impression profonde, et
elle nous laissera de durables souvenirs. Venise ne peut ja-
mais oublier son passé ; et sa gloire si longue et si éclatante
lui cause à la fois des regrets et la stimule plus que vous ne
pourriez croire à des entreprises nouvelles qui puissent la ra-
nimer et la faire revivre. De là la popularité du canal de
Suez parmi nous, et les espérances prochaines qu'il nous
donne. Venise, sans redevenir ce qu'elle fut jadis, peut en-
core avoir de bien beaux jours, et c'est cette aurore d'un
temps nouveau que M. Ferd. de Lesseps est venu nous an-
noncer. Puissent ses projets se réaliser, et nos vœux les plus
chers s'accomplir.dans un avenir peu éloigné!
Recevez, monsieur, etc., etc.
UN DE vos ABONNÉS.
P. S. Je vous envoie ci-joint la circulaire qu'a lue M. Ferd.
de Lesseps, parmi d'autres pièces intéressantes. C'est une de
celles qui ont excité le plus d'attention parmi nous :
Constantinople, le 19 août 1858.
La part des actions réservée à chaque pays a été en prin-
cipe distribuée de la manière suivante :
S. A. le Vice-roi d'Egypte 32 millions de francs.
Turquie, Égypte et Syrie. 21 — — —
France 40 — — —
Angleterre. 40 — — —
Autriche et Lombardo-Vénitien.20 — — —
Russie 12 — — —
Nord de l'Allemagne, Suède, Dane-
mark, Villes anséatiques, Prusse,
Suisse, Pays-Bas et Belgique. 15 — — —
Etats-Unis d'Amérique. 10 - — —
Espagne, Portugal, Italie, Grèce. 10 — — —
(4 millions.) (1 million.) (4 millions. ) (1 million. ) -
Capital social. 200 millions de francs
représentés par quatre cent mille actions de 500 fr. chacune.
Je vous autorise à recevoir les inscriptions des personnes
qui désireraient obtenir des actions.
Si les capitalistes de N. n'étaient pas disposés à prendre
part à l'entreprise dans la proportion prévue, il n'y aura
pas lieu de vous préoccuper du soin de compléter la somme
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