Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 septembre 1858 10 septembre 1858
Description : 1858/09/10 (A3,N54). 1858/09/10 (A3,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203100z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
462 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 SEPTEMBRE.
pectives, il reste pour les Messageries une perte de plus d'un
million et un quart, et pour le Lloyd une perte de 2 millions.
Si les Messageries se trouvent ainsi dans une position plus fa-
vorable que le Lloyd, il faut l'attribuer à la forte subvention
de près de 5 millions que le gouvernement français paye an-
nuellement; car on verra, par le tableau suivant, que le Lloyd
l'emporte sur les Messageries par le transport de passagers et
de marchandises. En 1857, les Messageries ont parcouru
871,044milles marins italiens, et le Lloyd, 1,042,284, et on
trouve par mille marin :
POUR LES MESSAGERIES. POUR LE LLOYD.
Nombre des passagers. 0,17 0,40
Quintaux de marchandises. 1,65 2,37
Recettes. 21,8 fr. 15,5 fr.
Dépenses 17,8 c. 15,0 c.
Subvention , lignes de la
Méditerranée 8,63 fr. 2,4 fr.
Subvention , lignes de la
mer Noire. 10,5 » »
Si le Lloyd recevait les mêmes secours que les Messageries,
ajoute la Gazette de Trieste, il ne lui serait pas difficile de
soutenir la concurrence de cette Société.
Pour tous les Faits divers :
ERNEST DESPLACES.
NOUVELLES D'ÉGYPTE.
(Correspondance particulière de /'ISTHME DE SUEZ.)
Alexandrie, 21 août 1858.
Dans la nuit du 12 au 13 courant, le Cyclops est arrivé
à Suez, de retour de son expédition à Djeddah. Ses dépêches
pour son gouvernement ont été emportées sans le moindre
retard par le bâtiment de guerre anglais II anderer. Le pu-
blic n'a naturellement pas eu connaissance de ces dépêches
officielles; mais voici les bruits qui circulent, et j'ai des rai-
sons pour les croire exacts.
A peine arrivé devant Djeddah, le capitaine du Cyclops,
le commandant Pullen, avait envoyé à terre un de ses offi-
ciers pour exiger que les auteurs des lugubres événements
du 15 juin fussent immédiatement exécutés en vue delà rade,
en présence des troupes assemblées et dans un lieu très-
public. Le commandant donnait trente-six heures au gouver-
neur de Djeddah pour obéir. En l'absence du gouverneur,
le caïmacan (son remplaçant) répondit que les coupables
étaient en prison, mais qu'il n'avait pas le pouvoir de les
mettre à mort, avant d'avoir reçu une autorisation expresse
de Constantinople. De nouveaux pourparlers eurent lieu,
toujours suivis de la même réponse.
Les trente-six heures étant expirées, le Cyclops s'embossa
devant la ville et la bombarda pendant trois journées consé-
cutives, excepté à de rares intervalles. Une centaine de
bombes et autant de fusées furent ainsi lancées, et prirent à
différents quartiers de la ville, qui, au reste, paraît avoir été
évacuée par les habitants, dont la terreur était à son comble.
Le commandant du Cyclops lança aussi quelques fusées
sur une certaine quantité de barques indigènes, qui se trou-
vaient dans le port, et on croit que la majeure partie de
cette marine locale a été détruite dans cette occasion.
Enfin le Gabari, bateau de la Compagnie la Medjidié, qui
avait, comme je vous l'ai dit, à son bord Ismaïl-Pacha, le
commissaire extraordinaire de la Porte et les troupes égyp-
tiennes; arriva à son tour devant Djeddah. Ismaïl-Pacha
s'empressa de faire savoir au commandant du Cyclops qu'il
venait muni de pleins pouvoirs pour faire immédiate justice.
Sur cette déclaration le Cyclops cessa son feu.
Le commissaire turc descendit à terre, escorté par une
partie des troupes égyptiennes, lesquelles se rangèrent en
bataille devant la rade, bien en vue du Cyclops, et des autres
bâtiments qui se trouvaient là. Les troupes irrégulières en
garnison à Djeddah se placèrent près des Egyptiens. Le
Cyclops., de son côté, envoya ses officiers, escortés par cin-
quante hommes bien armés, qui prirent position en avant
des autres troupes, en même temps que plusieurs des embar-
cations du bâtiment anglais armées en guerre, avec leurs
canons, mèche allumée, accostèrent la plage où une expia-
tion solennelle et nécessaire allait avoir lieu.
Quand toutes ces troupes furent réunies, Ismaïl-Pacha
ordonna que onze des plus coupables, signalés dans la journée
du 15 juin, fussent extraits des prisons. Ces misérables
furent ensuite décapités les uns après les autres, sous les
yeux des habitants de Djeddah. On dit qu'un des plus riches
négociants indigènes figure dans le nombre des onze. Ce
serait l'assassin d'un des frères Sava, celui qui aurait donné
le signal du massacre des malheureux habitants de cette
maison.
Le Gabari est également de retour de Djeddah. Il a pris
à son bord quatre cents pèlerins revenant de la Mecque, les-
quels, se trouvant de passage à Djeddah au moment des opé-
rations du Cyclops, ne pourront manquer de tirer de là un
utile enseignement. Sur ces quatre cents pèlerins à bord du
Gabari, neuf sont morts pendant la traversée, par suite des
fatigues du voyage et de la misère, mais en dehors de toute
maladie contagieuse. On avait fait courir le bruit que le
choléra existait à Djeddah et même à Suez. Mais, grâce à
Dieu, ces bruits paraissent sans fondement.
Une princesse de la famille impériale de Constantinople,
qui revenait avec sa suite de son pèlerinage à la Mecque, et
dont les places avaient été retenues sur le Gabari, était dé-
cédée avant son embarquement. Sa suite seule a donc été
ramenée à Suez par le Gabari.
Voici maintenant un fait qui a causé pendant cette semaine
une certaine émotion dans la population chrétienne du pays.
Un petit bâtiment grec, parti de Candie ces jours derniers,
en destination d'Alexandrie, avait embarqué comme passa-
gers trois Turcs candiotes. L'équipage se composait du capi-
taine, de son frère servant comme second, et de trois mate-
lots grecs. La fille du capitaine, jeune personne de dix-sept
ans, était également à bord.
Une des dernières nuits, le navire était entré dans les eaux
d'Alexandrie; les matelots grecs, après leur quart, reposaient
sous le pont; le capitaine, ayant sa fille auprès de lui, tenait
le gouvernail, et le second capitaine était en vigie à l'avant.
Les trois Turcs, inspirés sans doute par des idées de ven-
geance, par suite des derniers événements de Candie, pro-
fitant de l'absence de toute méfiance de la part de leurs
compagnons de voyage, poignardèrent les deux capitaines
et fermant ensuite avec soin les écoutilles pour tenir les
matelots prisonniers, ils s'emparèrent de la jeune fille, lui
firent éprouver d'indignes outrages et tuèrent encore un des
matelots. Ils mirent ensuite le feu au navire, espérant ainsi
anéantir la preuve de leur crime; puis enfin ils se sauvèrent
dans une embarcation qui prit terre aux environs de notre
ville.
Heureusement les matelots avaient pu parvenir à se faire
jour sur le pont. Us éteignirent l'incendie qui gagnait le
bâtiment et le dirigèrent sur Alexandrie, où l'autorité a été
pectives, il reste pour les Messageries une perte de plus d'un
million et un quart, et pour le Lloyd une perte de 2 millions.
Si les Messageries se trouvent ainsi dans une position plus fa-
vorable que le Lloyd, il faut l'attribuer à la forte subvention
de près de 5 millions que le gouvernement français paye an-
nuellement; car on verra, par le tableau suivant, que le Lloyd
l'emporte sur les Messageries par le transport de passagers et
de marchandises. En 1857, les Messageries ont parcouru
871,044milles marins italiens, et le Lloyd, 1,042,284, et on
trouve par mille marin :
POUR LES MESSAGERIES. POUR LE LLOYD.
Nombre des passagers. 0,17 0,40
Quintaux de marchandises. 1,65 2,37
Recettes. 21,8 fr. 15,5 fr.
Dépenses 17,8 c. 15,0 c.
Subvention , lignes de la
Méditerranée 8,63 fr. 2,4 fr.
Subvention , lignes de la
mer Noire. 10,5 » »
Si le Lloyd recevait les mêmes secours que les Messageries,
ajoute la Gazette de Trieste, il ne lui serait pas difficile de
soutenir la concurrence de cette Société.
Pour tous les Faits divers :
ERNEST DESPLACES.
NOUVELLES D'ÉGYPTE.
(Correspondance particulière de /'ISTHME DE SUEZ.)
Alexandrie, 21 août 1858.
Dans la nuit du 12 au 13 courant, le Cyclops est arrivé
à Suez, de retour de son expédition à Djeddah. Ses dépêches
pour son gouvernement ont été emportées sans le moindre
retard par le bâtiment de guerre anglais II anderer. Le pu-
blic n'a naturellement pas eu connaissance de ces dépêches
officielles; mais voici les bruits qui circulent, et j'ai des rai-
sons pour les croire exacts.
A peine arrivé devant Djeddah, le capitaine du Cyclops,
le commandant Pullen, avait envoyé à terre un de ses offi-
ciers pour exiger que les auteurs des lugubres événements
du 15 juin fussent immédiatement exécutés en vue delà rade,
en présence des troupes assemblées et dans un lieu très-
public. Le commandant donnait trente-six heures au gouver-
neur de Djeddah pour obéir. En l'absence du gouverneur,
le caïmacan (son remplaçant) répondit que les coupables
étaient en prison, mais qu'il n'avait pas le pouvoir de les
mettre à mort, avant d'avoir reçu une autorisation expresse
de Constantinople. De nouveaux pourparlers eurent lieu,
toujours suivis de la même réponse.
Les trente-six heures étant expirées, le Cyclops s'embossa
devant la ville et la bombarda pendant trois journées consé-
cutives, excepté à de rares intervalles. Une centaine de
bombes et autant de fusées furent ainsi lancées, et prirent à
différents quartiers de la ville, qui, au reste, paraît avoir été
évacuée par les habitants, dont la terreur était à son comble.
Le commandant du Cyclops lança aussi quelques fusées
sur une certaine quantité de barques indigènes, qui se trou-
vaient dans le port, et on croit que la majeure partie de
cette marine locale a été détruite dans cette occasion.
Enfin le Gabari, bateau de la Compagnie la Medjidié, qui
avait, comme je vous l'ai dit, à son bord Ismaïl-Pacha, le
commissaire extraordinaire de la Porte et les troupes égyp-
tiennes; arriva à son tour devant Djeddah. Ismaïl-Pacha
s'empressa de faire savoir au commandant du Cyclops qu'il
venait muni de pleins pouvoirs pour faire immédiate justice.
Sur cette déclaration le Cyclops cessa son feu.
Le commissaire turc descendit à terre, escorté par une
partie des troupes égyptiennes, lesquelles se rangèrent en
bataille devant la rade, bien en vue du Cyclops, et des autres
bâtiments qui se trouvaient là. Les troupes irrégulières en
garnison à Djeddah se placèrent près des Egyptiens. Le
Cyclops., de son côté, envoya ses officiers, escortés par cin-
quante hommes bien armés, qui prirent position en avant
des autres troupes, en même temps que plusieurs des embar-
cations du bâtiment anglais armées en guerre, avec leurs
canons, mèche allumée, accostèrent la plage où une expia-
tion solennelle et nécessaire allait avoir lieu.
Quand toutes ces troupes furent réunies, Ismaïl-Pacha
ordonna que onze des plus coupables, signalés dans la journée
du 15 juin, fussent extraits des prisons. Ces misérables
furent ensuite décapités les uns après les autres, sous les
yeux des habitants de Djeddah. On dit qu'un des plus riches
négociants indigènes figure dans le nombre des onze. Ce
serait l'assassin d'un des frères Sava, celui qui aurait donné
le signal du massacre des malheureux habitants de cette
maison.
Le Gabari est également de retour de Djeddah. Il a pris
à son bord quatre cents pèlerins revenant de la Mecque, les-
quels, se trouvant de passage à Djeddah au moment des opé-
rations du Cyclops, ne pourront manquer de tirer de là un
utile enseignement. Sur ces quatre cents pèlerins à bord du
Gabari, neuf sont morts pendant la traversée, par suite des
fatigues du voyage et de la misère, mais en dehors de toute
maladie contagieuse. On avait fait courir le bruit que le
choléra existait à Djeddah et même à Suez. Mais, grâce à
Dieu, ces bruits paraissent sans fondement.
Une princesse de la famille impériale de Constantinople,
qui revenait avec sa suite de son pèlerinage à la Mecque, et
dont les places avaient été retenues sur le Gabari, était dé-
cédée avant son embarquement. Sa suite seule a donc été
ramenée à Suez par le Gabari.
Voici maintenant un fait qui a causé pendant cette semaine
une certaine émotion dans la population chrétienne du pays.
Un petit bâtiment grec, parti de Candie ces jours derniers,
en destination d'Alexandrie, avait embarqué comme passa-
gers trois Turcs candiotes. L'équipage se composait du capi-
taine, de son frère servant comme second, et de trois mate-
lots grecs. La fille du capitaine, jeune personne de dix-sept
ans, était également à bord.
Une des dernières nuits, le navire était entré dans les eaux
d'Alexandrie; les matelots grecs, après leur quart, reposaient
sous le pont; le capitaine, ayant sa fille auprès de lui, tenait
le gouvernail, et le second capitaine était en vigie à l'avant.
Les trois Turcs, inspirés sans doute par des idées de ven-
geance, par suite des derniers événements de Candie, pro-
fitant de l'absence de toute méfiance de la part de leurs
compagnons de voyage, poignardèrent les deux capitaines
et fermant ensuite avec soin les écoutilles pour tenir les
matelots prisonniers, ils s'emparèrent de la jeune fille, lui
firent éprouver d'indignes outrages et tuèrent encore un des
matelots. Ils mirent ensuite le feu au navire, espérant ainsi
anéantir la preuve de leur crime; puis enfin ils se sauvèrent
dans une embarcation qui prit terre aux environs de notre
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Heureusement les matelots avaient pu parvenir à se faire
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