Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 septembre 1858 10 septembre 1858
Description : 1858/09/10 (A3,N54). 1858/09/10 (A3,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203100z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
456 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 SEPTEMBRE.
Nos lecteurs pourront remarquer, en effet, que les
chiffres donnés par nous sur les produits probables du
canal de Suez, et que nous avions empruntés aux docu-
ments publiés par M. Ferd. de Lesseps, sont fort au-
dessous de ceux qu'a trouvés M. Morelli. Nous avons
préféré diminuer les choses plutôt que les exagérer; et
nous croyons devoir toujours prendre ce soin prudent, de
peur de mécompte. Mais les chiffres de M. Morelli s'ap-
pliquent à l'année 185-3 ; et on peut dire sans la moindre
hésitation que depuis cette époque le tonnage passant
par le cap de Bonne-Espérànce s'est accru de plus de
600,000 tonneaux.
Et l'ouverture de la Chine, si rapidement obtenue par
l'heureuse alliance de la France et de l'Angleterre,
quelles perspectives de progrès et de développement
immenses n'offre-t-elle pas au commerce et à la navi-
gation de l'Europe! Quelle prodigieuse clienlèle promise
au futur canal de Suez ! Toutes les données de M. Morelli
seront certainement dépassées, comme l'on peut affirmer
qu'à certains égards elles le sont déjà à l'heure qu'il est.
G. WAGENER.
L'ESPAGNE ET LE CANAL DE SUEZ.
Dans notre numéro du 10 juillet dernier (page 338),
nous avons annoncé la publication de ra brochure de
M. Duran y Bas, qui a remporté le prix proposé par la
Société économique de Barcelone en faveur du meilleur
mémoire sur l'influence que la canalisation de l'isthme
de Suez exercerait sur le commerce de l'Espagne. C'est
surtout la seconde partie de cette brochure qui doit
nous intéresser, parce qu'elle traite spécialement des
intérêts espagnols; nous l'analyserons en suivant l'au-
teur dans ses raisonnements.
L'Espagne possède dans l'Océanie les îles Philippines
et les îles Mariannes, dont les premières sont d'une
grande importance par leur population et la fertilité du
sol. Mais 6,000 lieues séparent ces colonies de la mé-
tropole ; et au milieu de leurs 3 millions d'habitants, il
n'y a que 7,000 Espagnols pour former le trait d'union
entre ces îles et l'Espagne. Dans les îles Philippines, il
y a 15,000 métis ou créoles, race turbulente et sédi-
tieuse, qui a déjà plusieurs fois prétendu à des droits
politiques, et qui s'est même soulevée en 1823. Au
milieu de l'archipel que forment ces îles, habitent des
Indiens musulmans, ennemis implacables des Espagnols,
et qui entravaient autrefois le commerce par leurs pira-
teries. Même en 1848, 1850 et 1851, les gouverneurs
ont été obligés d'envoyer des expéditions contre les re-
paires des pirates, qui ne furent vaincus qu'après une
résistance énergique.
Il ne faut pas non plus perdre de vue la position par-
ticulière des îles Philippines. Situées dans le voisinage
des Indes néerlandaises de Sumatra, de Java, Bornéo,
et des possessions de la Grande-Bretagne, elles sont
entourées de colonies de la nation qui possède la marine
la plus formidable, et elles se trouvent à une grande
distance de la métropole. De plus, l'Espagne, comme le
dit AI. Duran y Bas, est constamment travaillée par des
préoccupations politiques et des discordes intestines, qui
sont un obstacle à la vigilance qu'il faut constamment
entretenir pour ne pas être pris au dépourvu par quelque
envahissement des autres nations, et qui empêcheront
souvent une défense énergique de ces possessions éloi-
gnées. Ces considérations importantes dans l'ordre poli-
tique recommandent instamment, dans l'intérêt de
l'Espagne, l'ouverture de l'isthme de Suez.
Mais le canal est bien plus désirable encore dans l'in-
térêt du commerce espagnol. Les îles Philippines sont
réservées à un grand avenir , si une administration in-
telligente se consacre au développement de leurs forces
productives. Le sol est très-fertile; les produits les plus
divers et les plus précieux se trouvent en abondance
(Voir le numéro du 10 janvier 1858, page 27), et les
indigènes des Philippines passent pour être les plus ac-
tifs et les plus énergiques de tous les habitants de l'ar-
chipel oriental. Tout cela prouve que la production, et
avec elle la population et le commerce, est susceptible
de s'accroître considérablement, et les Philippines pour-
ront peut-être un jour rivaliser avec File de Java et con-
soler l'Espagne de la perte de ses colonies d'Amérique.
Ce progrès a déjà commencé d'une manière remar-
quable, comme le démontre le tableau suivant :
VALEUR EN RÉAUX :
Année. Importation. Exportation. Total général.
1848 74,265,180 65,761,580 140,026,760
1849 60,606,880 80,678,900 141,285,780
1850 79,081,480 81,068,940 160,150,420
1851 80,399,360 92,178,220 172,577,580
1853 96,535,100 125,618,929 222,154,020
Le port d'Espagne qui se trouve dans la position la
plus favorable pour prendre part au grand mouvement
à venir entre l'Occident et l'Orient est certainement
celui de Barcelone. Cette ville a eu, de tout temps, des
relations très-fréquentes avec l'Orient, du moins jusqu'au
commencement du seizième siècle, où la découverte de
la route maritime de l'Inde transféra à Alicante et Cadix
les entrepôts du commerce indien. Depuis cette
époque, on ne rencontre plus guère de navires catalans
dans les mers de l'Inde orientale. Néanmoins Barcelone
est toujours la première ville commerçante de l'Espagne,
par son industrie variée aussi bien que par l'activité et
les relations étendues de ses habitants. C'est un des
premiers ports de la Aléditerranée. Il suffit de jeter un
coup d'œil sur la carte pour comprendre que Barcelone
a une position géographique extrêmement avantageuse,
qui lui permettra de prendre une large part à tous les
avantages du canal de Suez. D'abord la distance de Bar-
celone à Ceylan, qui est de 14,330 milles marins par la
route du Cap, sera réduite à 5,500 milles, c'est-à-dire des
5/8" à peu près. Ce même avantage est partagé, il est
vrai, par tous les autres ports de la Aléditerranée, et la
conséquence sera la renaissance à un certain degré de
l'ancienne prospérité de cette mer , qui formait jadis le
centre du commerce du monde. Le développement et
l'augmentation des ressources qui résulteront pour tous
les ports de l'ouverture de cette nouvelle route feront
Nos lecteurs pourront remarquer, en effet, que les
chiffres donnés par nous sur les produits probables du
canal de Suez, et que nous avions empruntés aux docu-
ments publiés par M. Ferd. de Lesseps, sont fort au-
dessous de ceux qu'a trouvés M. Morelli. Nous avons
préféré diminuer les choses plutôt que les exagérer; et
nous croyons devoir toujours prendre ce soin prudent, de
peur de mécompte. Mais les chiffres de M. Morelli s'ap-
pliquent à l'année 185-3 ; et on peut dire sans la moindre
hésitation que depuis cette époque le tonnage passant
par le cap de Bonne-Espérànce s'est accru de plus de
600,000 tonneaux.
Et l'ouverture de la Chine, si rapidement obtenue par
l'heureuse alliance de la France et de l'Angleterre,
quelles perspectives de progrès et de développement
immenses n'offre-t-elle pas au commerce et à la navi-
gation de l'Europe! Quelle prodigieuse clienlèle promise
au futur canal de Suez ! Toutes les données de M. Morelli
seront certainement dépassées, comme l'on peut affirmer
qu'à certains égards elles le sont déjà à l'heure qu'il est.
G. WAGENER.
L'ESPAGNE ET LE CANAL DE SUEZ.
Dans notre numéro du 10 juillet dernier (page 338),
nous avons annoncé la publication de ra brochure de
M. Duran y Bas, qui a remporté le prix proposé par la
Société économique de Barcelone en faveur du meilleur
mémoire sur l'influence que la canalisation de l'isthme
de Suez exercerait sur le commerce de l'Espagne. C'est
surtout la seconde partie de cette brochure qui doit
nous intéresser, parce qu'elle traite spécialement des
intérêts espagnols; nous l'analyserons en suivant l'au-
teur dans ses raisonnements.
L'Espagne possède dans l'Océanie les îles Philippines
et les îles Mariannes, dont les premières sont d'une
grande importance par leur population et la fertilité du
sol. Mais 6,000 lieues séparent ces colonies de la mé-
tropole ; et au milieu de leurs 3 millions d'habitants, il
n'y a que 7,000 Espagnols pour former le trait d'union
entre ces îles et l'Espagne. Dans les îles Philippines, il
y a 15,000 métis ou créoles, race turbulente et sédi-
tieuse, qui a déjà plusieurs fois prétendu à des droits
politiques, et qui s'est même soulevée en 1823. Au
milieu de l'archipel que forment ces îles, habitent des
Indiens musulmans, ennemis implacables des Espagnols,
et qui entravaient autrefois le commerce par leurs pira-
teries. Même en 1848, 1850 et 1851, les gouverneurs
ont été obligés d'envoyer des expéditions contre les re-
paires des pirates, qui ne furent vaincus qu'après une
résistance énergique.
Il ne faut pas non plus perdre de vue la position par-
ticulière des îles Philippines. Situées dans le voisinage
des Indes néerlandaises de Sumatra, de Java, Bornéo,
et des possessions de la Grande-Bretagne, elles sont
entourées de colonies de la nation qui possède la marine
la plus formidable, et elles se trouvent à une grande
distance de la métropole. De plus, l'Espagne, comme le
dit AI. Duran y Bas, est constamment travaillée par des
préoccupations politiques et des discordes intestines, qui
sont un obstacle à la vigilance qu'il faut constamment
entretenir pour ne pas être pris au dépourvu par quelque
envahissement des autres nations, et qui empêcheront
souvent une défense énergique de ces possessions éloi-
gnées. Ces considérations importantes dans l'ordre poli-
tique recommandent instamment, dans l'intérêt de
l'Espagne, l'ouverture de l'isthme de Suez.
Mais le canal est bien plus désirable encore dans l'in-
térêt du commerce espagnol. Les îles Philippines sont
réservées à un grand avenir , si une administration in-
telligente se consacre au développement de leurs forces
productives. Le sol est très-fertile; les produits les plus
divers et les plus précieux se trouvent en abondance
(Voir le numéro du 10 janvier 1858, page 27), et les
indigènes des Philippines passent pour être les plus ac-
tifs et les plus énergiques de tous les habitants de l'ar-
chipel oriental. Tout cela prouve que la production, et
avec elle la population et le commerce, est susceptible
de s'accroître considérablement, et les Philippines pour-
ront peut-être un jour rivaliser avec File de Java et con-
soler l'Espagne de la perte de ses colonies d'Amérique.
Ce progrès a déjà commencé d'une manière remar-
quable, comme le démontre le tableau suivant :
VALEUR EN RÉAUX :
Année. Importation. Exportation. Total général.
1848 74,265,180 65,761,580 140,026,760
1849 60,606,880 80,678,900 141,285,780
1850 79,081,480 81,068,940 160,150,420
1851 80,399,360 92,178,220 172,577,580
1853 96,535,100 125,618,929 222,154,020
Le port d'Espagne qui se trouve dans la position la
plus favorable pour prendre part au grand mouvement
à venir entre l'Occident et l'Orient est certainement
celui de Barcelone. Cette ville a eu, de tout temps, des
relations très-fréquentes avec l'Orient, du moins jusqu'au
commencement du seizième siècle, où la découverte de
la route maritime de l'Inde transféra à Alicante et Cadix
les entrepôts du commerce indien. Depuis cette
époque, on ne rencontre plus guère de navires catalans
dans les mers de l'Inde orientale. Néanmoins Barcelone
est toujours la première ville commerçante de l'Espagne,
par son industrie variée aussi bien que par l'activité et
les relations étendues de ses habitants. C'est un des
premiers ports de la Aléditerranée. Il suffit de jeter un
coup d'œil sur la carte pour comprendre que Barcelone
a une position géographique extrêmement avantageuse,
qui lui permettra de prendre une large part à tous les
avantages du canal de Suez. D'abord la distance de Bar-
celone à Ceylan, qui est de 14,330 milles marins par la
route du Cap, sera réduite à 5,500 milles, c'est-à-dire des
5/8" à peu près. Ce même avantage est partagé, il est
vrai, par tous les autres ports de la Aléditerranée, et la
conséquence sera la renaissance à un certain degré de
l'ancienne prospérité de cette mer , qui formait jadis le
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