Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 septembre 1858 10 septembre 1858
Description : 1858/09/10 (A3,N54). 1858/09/10 (A3,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203100z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
VENDREDI 10 SEPTEMBRE. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 451
* ) Mais j'ai une autre observation à faire, qui à mon avis
renverse encore mieux la conclusion que MM. Mac-Clean et
Manby voudraient tirer des paroles des ingénieurs du Vice-
roi. Ils font la supposition que les excavations se feraient à
une profondeur considérable avec des moyens très-impar-
faits, c'est-à-dire uniquement à l'aide d'une énorme quantité
de bras d'hommes. Mais je crois que l'on emploiera des
moyens tout autres pour faciliter l'exécution de cette grande
œuvre. Avant tout, il est évident qu'aux deux extrémités du
canal les excavations pourront se faire avec des machines à
draguer, dont le nombre serait augmenté à mesure que les
travaux avanceront. En outre, comme ce travail, conduit
seulement aux extrémités, marcherait trop lentement, on
pourrait faire creuser à bras d'hommes un certain nombre de
bassins suffisamment profonds et larges sur tout le parcours
du canal, en remplissant ces bassin d'eau, tirée soit d'un
petit canal allant jusqu'à la mer, soit du canal d'irrigation
établi antérieurement, soit des deux à la fois; on pourrait
établir dans chacun des bassins deux ou plusieurs puissantes
machines à draguer, que l'on construirait avec le matériel
transporté sur les lieux. Les excavations de chaque section
entre deux bassins avanceraient ainsi des deux côtés jusqu'à
la réunion des deux bassins. On laisserait ainsi aux bras des
hommes la moindre partie du travail, c'est-à-dire l'excava-
tion du canal à cette profondeur au delà de laquelle le tra-
vail à la main devient trop difficile. Ce système, si je ne me
trompe, a déjà été suivi en France pour les travaux du
Rhône.
» Je crois que de cette manière on réussira à conduire
sûrement les travaux d'excavation aussi dans ces parties du
tracé où l'on rencontre le plus de sable; car on sait que,
tandis que l'excavation de ces sables est très-difficile à sec,
elle est au contraire facile lorsqu'ils sont maintenus par la
pression de l'eau qui se trouve au-dessus , et lorsqu'on donne
aux escarpes de la tranchée une déclivité convenable. Si dans
quelques endroits on trouvait nécessaire ou utile de revêtir
les escarpes au lieu de pousser leur déclivité trop loin, je
n'hésite pas à dire qu'il serait bon de suivre aussi ce mode
de travail, quand même cela devrait coûter quelques millions
en sus du devis, plutôt que d'en venir au projet d'un canal
suspendu au-dessus du sol et fermé par des écluses.
» Voilà ce que j'ai à dire au sujet du premier établissement
du canal. Quant aux doutes que l'on pourrait avoir sur la
conservation des berges, il me suffira de faire remarquer
qu'il sera toujours plus facile d'y réussir quand ces berges
sont celles d'un canal creusé dans le sol, que quand elles
sont formées par des digues artificielles d'une grande hauteur.
» En pensant aux secours que l'art peut fournir, et aux
excellents moyens qui seront peut-être encore proposés, soit
dans le plan définitif des travaux, soit pendant l'exécution
même, je suis vraiment surpris de voir des ingénieurs de la
plus grande capacité et de la réputation la plus méritée
s'aviser de trouver impossible le percement d'un bosphore
libre à cause de difficultés hors de proportion avec le but;
d'autant plus que ces ingénieurs appartiennent à cette puis-
sante nation qui s'est habituée non-seulement aux plus
grands projets, mais aussi à leur exécution, malgré des ob-
stacles qui paraissent d'abord invincibles.
"Je ne suis pas moins surpris de voir comment les ingénieurs
anglais, qui connaissent mieux que d'autres l'importance de pro-
curer a la navigation et au commerce des nations la plus grande
rapidité et la plus grande facilité possibles, peuvent donner
la préférence à un canal suspendu, lequel, en supposant
qu'il puisse toujours se maintenir entre des berges artifi-
cielles, ne procurera entrée et sortie aux bâtiments qu'au
moyen de la manœuvre de nombreuses écluses, et causera
ainsi des lenteurs et des interruptions au passage d'une mer
à l'autre; et lequel amènera souvent une suspension totale
plus ou moins longue de la navigation en cas de réparation
des écluses ou de leurs machines,
» Enfin MM. Mac-Clean et Manby avancent encore une
autre raison pour donner la préférence à leur projet; c'est
que par ce projet « les difficultés politiques élevées contre
» ce canal seraient écartées en très-grande partie. )
» Mais comment cela peut se faire, je ne le comprends pas.
S'il s'agit de la crainte manifestée par lord Palmerston que le
canal de l'isthme ne compromette l'intégrité de l'empire otto-
man, il me semble que, quand même cette crainte serait
raisonnable, elle subsisterait aussi bien avec un canal sus-
pendu entre deux berges élevées qu'avec un canal libre. Tout
ce que l'on pourrait dire, c'est que dans le premier cas il
serait facile de détruire l'œuvre entière, en pratiquant une
ouverture dans la digue; mais je professe trop d'estime pour
le caractère honorable des deux illustres ingénieurs anglais
pour croire que telle ait été leur pensée.
n Peut-être, en considération des grandes difficultés que
présenteraient la construction des écluses dans la mer et
leur manœuvre, en cas qu'elles dussent aussi laisser passage
aux grands bâtiments, on pense donner au canal et aux
écluses des dimensions plus limitées. De cette manière, le
canal des deux mers ne pourrait plus se prêter au passage
des vaisseaux de ligne, et ne mettrait pas en danger la pré-
pondérance de l'Angleterre dans le Pacifique et dans la mer
Rouge.
» S'il en est ainsi, je ferai remarquer que, s'il était sage
d'admettre des jalousies nationales, on pourrait obtenir le
même résultat avec un bospliore libre, en le faisant moins
large et moins profond. Mais la Commission , comme elle l'a
dit dans son rapport, était appelée à faire un projet qui
satisferait de la meilleure manière possible aux besoins géné-
raux de toutes les nations; et loin de croire qu'elle rencontre-
rait l'opposition de l'Angleterre, elle pensait au contraire
qu'il devait lui importer plus qu'à toute autre nation de pou-
voir envoyer promptement de grandes forces navales dans les
mers où elle possède un immense empire. Les derniers événe-
ments ont prouvé que la Commission prévoyait bien.
» La Commission était chargée de proposer le plan qui
conduirait de la meilleure manière à un succès complet; la
question était et devait être pour elle une question technique
et économique. Les considérations politiques en changeraient
l'aspect totalement, et demanderaient la solution d'un pro-
blème tout différent ; il s'agirait alors de décider si une
grande œuvre qui s'exécuterait dans l'État d'un prince, son
généreux protecteur, et laquelle est vivement désirée pat-
toutes les populations du continent d'Europe et de l'Amérique
à cause de sa grande utilité et de son immense influence
civilisatrice, si, dis-je, une telle œuvre devrait être abandon-
née parce que quelques hommes, tenant le pouvoir en Angle-
terre, croient qu'elle pourrait contrarier leurs vues politiques.
Or ceci n'est certainement pas un problème dont eût à
s'occuper une commission d'hommes voués à l'art et à la
science. » P. PALÉOCAPA.
Post-scriptum.
» Mes observations étaient déjà sous presse quand j'ai lu
un extrait de la réponse faite par M. Stéphenson à une lettre
de M. Négrelli.
* ) Mais j'ai une autre observation à faire, qui à mon avis
renverse encore mieux la conclusion que MM. Mac-Clean et
Manby voudraient tirer des paroles des ingénieurs du Vice-
roi. Ils font la supposition que les excavations se feraient à
une profondeur considérable avec des moyens très-impar-
faits, c'est-à-dire uniquement à l'aide d'une énorme quantité
de bras d'hommes. Mais je crois que l'on emploiera des
moyens tout autres pour faciliter l'exécution de cette grande
œuvre. Avant tout, il est évident qu'aux deux extrémités du
canal les excavations pourront se faire avec des machines à
draguer, dont le nombre serait augmenté à mesure que les
travaux avanceront. En outre, comme ce travail, conduit
seulement aux extrémités, marcherait trop lentement, on
pourrait faire creuser à bras d'hommes un certain nombre de
bassins suffisamment profonds et larges sur tout le parcours
du canal, en remplissant ces bassin d'eau, tirée soit d'un
petit canal allant jusqu'à la mer, soit du canal d'irrigation
établi antérieurement, soit des deux à la fois; on pourrait
établir dans chacun des bassins deux ou plusieurs puissantes
machines à draguer, que l'on construirait avec le matériel
transporté sur les lieux. Les excavations de chaque section
entre deux bassins avanceraient ainsi des deux côtés jusqu'à
la réunion des deux bassins. On laisserait ainsi aux bras des
hommes la moindre partie du travail, c'est-à-dire l'excava-
tion du canal à cette profondeur au delà de laquelle le tra-
vail à la main devient trop difficile. Ce système, si je ne me
trompe, a déjà été suivi en France pour les travaux du
Rhône.
» Je crois que de cette manière on réussira à conduire
sûrement les travaux d'excavation aussi dans ces parties du
tracé où l'on rencontre le plus de sable; car on sait que,
tandis que l'excavation de ces sables est très-difficile à sec,
elle est au contraire facile lorsqu'ils sont maintenus par la
pression de l'eau qui se trouve au-dessus , et lorsqu'on donne
aux escarpes de la tranchée une déclivité convenable. Si dans
quelques endroits on trouvait nécessaire ou utile de revêtir
les escarpes au lieu de pousser leur déclivité trop loin, je
n'hésite pas à dire qu'il serait bon de suivre aussi ce mode
de travail, quand même cela devrait coûter quelques millions
en sus du devis, plutôt que d'en venir au projet d'un canal
suspendu au-dessus du sol et fermé par des écluses.
» Voilà ce que j'ai à dire au sujet du premier établissement
du canal. Quant aux doutes que l'on pourrait avoir sur la
conservation des berges, il me suffira de faire remarquer
qu'il sera toujours plus facile d'y réussir quand ces berges
sont celles d'un canal creusé dans le sol, que quand elles
sont formées par des digues artificielles d'une grande hauteur.
» En pensant aux secours que l'art peut fournir, et aux
excellents moyens qui seront peut-être encore proposés, soit
dans le plan définitif des travaux, soit pendant l'exécution
même, je suis vraiment surpris de voir des ingénieurs de la
plus grande capacité et de la réputation la plus méritée
s'aviser de trouver impossible le percement d'un bosphore
libre à cause de difficultés hors de proportion avec le but;
d'autant plus que ces ingénieurs appartiennent à cette puis-
sante nation qui s'est habituée non-seulement aux plus
grands projets, mais aussi à leur exécution, malgré des ob-
stacles qui paraissent d'abord invincibles.
"Je ne suis pas moins surpris de voir comment les ingénieurs
anglais, qui connaissent mieux que d'autres l'importance de pro-
curer a la navigation et au commerce des nations la plus grande
rapidité et la plus grande facilité possibles, peuvent donner
la préférence à un canal suspendu, lequel, en supposant
qu'il puisse toujours se maintenir entre des berges artifi-
cielles, ne procurera entrée et sortie aux bâtiments qu'au
moyen de la manœuvre de nombreuses écluses, et causera
ainsi des lenteurs et des interruptions au passage d'une mer
à l'autre; et lequel amènera souvent une suspension totale
plus ou moins longue de la navigation en cas de réparation
des écluses ou de leurs machines,
» Enfin MM. Mac-Clean et Manby avancent encore une
autre raison pour donner la préférence à leur projet; c'est
que par ce projet « les difficultés politiques élevées contre
» ce canal seraient écartées en très-grande partie. )
» Mais comment cela peut se faire, je ne le comprends pas.
S'il s'agit de la crainte manifestée par lord Palmerston que le
canal de l'isthme ne compromette l'intégrité de l'empire otto-
man, il me semble que, quand même cette crainte serait
raisonnable, elle subsisterait aussi bien avec un canal sus-
pendu entre deux berges élevées qu'avec un canal libre. Tout
ce que l'on pourrait dire, c'est que dans le premier cas il
serait facile de détruire l'œuvre entière, en pratiquant une
ouverture dans la digue; mais je professe trop d'estime pour
le caractère honorable des deux illustres ingénieurs anglais
pour croire que telle ait été leur pensée.
n Peut-être, en considération des grandes difficultés que
présenteraient la construction des écluses dans la mer et
leur manœuvre, en cas qu'elles dussent aussi laisser passage
aux grands bâtiments, on pense donner au canal et aux
écluses des dimensions plus limitées. De cette manière, le
canal des deux mers ne pourrait plus se prêter au passage
des vaisseaux de ligne, et ne mettrait pas en danger la pré-
pondérance de l'Angleterre dans le Pacifique et dans la mer
Rouge.
» S'il en est ainsi, je ferai remarquer que, s'il était sage
d'admettre des jalousies nationales, on pourrait obtenir le
même résultat avec un bospliore libre, en le faisant moins
large et moins profond. Mais la Commission , comme elle l'a
dit dans son rapport, était appelée à faire un projet qui
satisferait de la meilleure manière possible aux besoins géné-
raux de toutes les nations; et loin de croire qu'elle rencontre-
rait l'opposition de l'Angleterre, elle pensait au contraire
qu'il devait lui importer plus qu'à toute autre nation de pou-
voir envoyer promptement de grandes forces navales dans les
mers où elle possède un immense empire. Les derniers événe-
ments ont prouvé que la Commission prévoyait bien.
» La Commission était chargée de proposer le plan qui
conduirait de la meilleure manière à un succès complet; la
question était et devait être pour elle une question technique
et économique. Les considérations politiques en changeraient
l'aspect totalement, et demanderaient la solution d'un pro-
blème tout différent ; il s'agirait alors de décider si une
grande œuvre qui s'exécuterait dans l'État d'un prince, son
généreux protecteur, et laquelle est vivement désirée pat-
toutes les populations du continent d'Europe et de l'Amérique
à cause de sa grande utilité et de son immense influence
civilisatrice, si, dis-je, une telle œuvre devrait être abandon-
née parce que quelques hommes, tenant le pouvoir en Angle-
terre, croient qu'elle pourrait contrarier leurs vues politiques.
Or ceci n'est certainement pas un problème dont eût à
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