Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 août 1858 25 août 1858
Description : 1858/08/25 (A3,N53). 1858/08/25 (A3,N53).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203099r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
414 L'ISTHME DE SUEZ, MERCREDI 25 AOUT.
1° M. Stéphenson a pu bien faire de dédaigner les at-
taques anonymes et celles des journaux. Mais nous
croyons qu'il aurait du, depuis un an passé, répondre à la
Commission internationale et à l'illustre M. Paléocapa
qui ont réfuté péremptoirement son opininion sur le ca-
nal de Suez. Il aurait dû répondre à M. Conrad, prési-
dent de la Commission internationale, et à M. le baron
Charles Dupin, sénateur, qui ont, l'un devant l'Institut
royal des ingénieurs de Hollande , et l'autre devant [ In-
stitut impérial de France, réfuté tous les arguments
techniques de M. Stéphenson.
2° En fait, M. Talabot n'a pas déclaré que le tracé di-
rect fût impossible parce que la mer Rouge était de ni-
veau avec la Méditerranée. Ceci est une idée personnelle
à M. Stéphenson. M. Talabot a repoussé le tracé direct,
parce que, selon lui, le port n'était pas exécutable dans
la baie de Péluse. On peut voir dans le mémoire de
M. Talabot qu'il n'a jamais dit autre chose, et voilà
comment il a été amené à proposer le tracé indirect,
que la Commission internationale a jugé. M. Stéphenson
prête donc à M. Talabot une opinion qui n'est pas la
sienne; et M. Stéphenson aurait pu s'en apercevoir en
relisant sa propre lettre et les détails qu'il y consigne
lui-même.
3° M. Stéphenson aurait pu remarquer aussi qu'il
donne pleine raison à M. de Négrelli, tout en prétendant
le réfuter, quand il reconnaît n'avoir vu ni le lac Men-
zaleh ni la baie de Péluse. C'est dans la baie de Péluse
et dans le lac Menzaleh que peuvent se trouver les dif-
ficultés d'exécution que l'on discute. Il n'y a de difficul-
tés, de l'aveu de tout le monde, ni à Suez, ni dans les lacs
Amers , ni au lac Timsali, ni au lac Ballah. M. Stéphen-
son étant toujours resté à plus de dix lieues de la baie
de Péluse et du lac Menzaleh, M. de Négrelli est en droit
de lui dire et de soutenir que M. Stéphenson n'a pas vu
les lieux. Ce serait équivoquer que de prétendre le con-
traire. On n'a jamais dit à M. Stéphenson qu'il ne fût
pas allé dans l'isthme ; loin de là; mais on a dit et l'on
répète qu'il n'a pas suivi le tracé du canal, et que sur ce
point il ne peut alléguer le témoignage d'une exploration
personnelle.
40 Les promoteurs du canal de Suez n'ont pas été
blessés de la persistance de M. Stéphenson. Il était par-
faitement dans son droit de refuser son concours ; mais
plus tard on a réfuté les assertions de M. Stéphenson qui
ne paraissaient pas exactes. Quant aux organes payés,
nous ne répondons pas, par un sentiment de dignité que
nos lecteurs apprécieront. Nous avons dit tout à l'heure
à qui M. Stéphenson s'était abstenu de répondre, et les
autorités que nous lui avons citées ne sont pas apparem-
ment des organes payés.
5° M. de Négrelli n'a jamais eu d'autre opinion sur le
canal que celle qu'on lui connaît; et il a toujours été
'partisan du tracé direct. Les membres de la Commission
internationale peuvent attester que, quand il les rejoi-
gnit le 18 novembre 1855 à Alexandrie, il leur commu-
niqua ses travaux de 1847, où il n'était question que du
tracé direct tel à peu près qu'il a été adopté depuis.
M. Stéphenson prête donc à M. de Négrelli l'opinion de
M. Talabot et la sienne en 1847; mais ce n'est pas la
faute de M. de Négrelli.
6° M. Stéphenson triomphe trop aisément de l'asser-
tion de M. de Négrelli qui suppose que la marée se fait
sentir jusqu'à Windsor, Mais comme M. de Négrelli
parle aussi des fenêtres du Parlement, et que le Parle-
ment n'est pas à Windsor, mais à Westminster-Hall à
Londres, sur le bord de la Tamise, il n'y a là qu'une
confusion de mots et pas du tout une erreur de fait. Le
raisonnement de M. de Négrelli n'en est pas moins juste.
7° Libre à M. Stéphenson de croire que le canal de
Suez tel qu'on le propose est inexécutable, et que l'en-
treprise ne sera pas rémunératoire. Mais dans le Parle-
ment anglais, il ne s'agissait pas de cela, et personne
d'ailleurs n'est forcé de souscrire. Jusqu'à présent même
les promoteurs du canal se sont abstenus d'ouvrir au-
cune souscription. Il s'agissait donc à la Chambre des
Communes d'une question toute politique, comme l'a
prouvé la discussion du 1er juin; et nous ne pouvons
nous défendre de croire que M. Stéphenson a servi de
mauvaises passions en venant prêter l'autorité techni-
que de son nom à des attaques inconvenantes de lord
Palmerston.
C'est là ce qui a frappé M. de Négrelli ; et il n'a pas
cru devoir garder, après ce second discours, la réserve
qu'il avait observée après le premier. Nous ne pouvons
que féliciter M. de Négrelli d'avoir parlé et d'avoir
exposé sincèrement au public la vérité des faits.
Quant à la science historique de M. Stéphenson, nous
nous permettrons de la révoquer en doute; et nous affir-
mons qu'il n'y a pas dans les auteurs de l'antiquité un
seul passage qui puisse faire croire qu'Alexandre le
Grand ait été déterminé dans son choix par les motifs
que lui prête si gratuitement l'ingénieur anglais. La na-
ture avait creusé un double port des deux côtés de l'île
de Pharos, tandis qu'elle n'en avait pas fait sur la baie
de Péluse. Voilà pourquoi Alexandre a fondé le port
d'Alexandrie, à un petit village nommé Rhakotis où les
indigènes avaient établi déjà quelques pêcheries. On
peut voir à cet égard Strabon , Arrien et les autres.
Il ne paraît pas que la lettre de M. Stéphenson ait
mieux réussi en Angleterre que sur le continent. Le
Daily-News l'a attaquée, ainsi que le Morning Star, et
même un correspondant du Times.
Voici d'abord un excellent article du Daily-News,
5 août 1858. Le Daily-News croit devoir prendre un
ton de raillerie; mais le fond de ses arguments n'en est
pas moins puissant :
« En nous promenant un beau jour au milieu de quelques
vieilles ruines, nous nous amusâmes à surveiller les opéra-
tions de deux petits garçons, occupés à dénicher des hiboux.
Ils s'étaient pourvus à cet effet de quelques fragments d'un
miroir, attachés à une perche, et ils firent rejaillir à l'aide de
cet instrument de la lumière réfléchie dans les trous, où ils
soupçonnaient que les hiboux s'étaient cachés. Les malheu-
reux oiseaux, éblouis et effrayés par ces feux follets, cher-
1° M. Stéphenson a pu bien faire de dédaigner les at-
taques anonymes et celles des journaux. Mais nous
croyons qu'il aurait du, depuis un an passé, répondre à la
Commission internationale et à l'illustre M. Paléocapa
qui ont réfuté péremptoirement son opininion sur le ca-
nal de Suez. Il aurait dû répondre à M. Conrad, prési-
dent de la Commission internationale, et à M. le baron
Charles Dupin, sénateur, qui ont, l'un devant l'Institut
royal des ingénieurs de Hollande , et l'autre devant [ In-
stitut impérial de France, réfuté tous les arguments
techniques de M. Stéphenson.
2° En fait, M. Talabot n'a pas déclaré que le tracé di-
rect fût impossible parce que la mer Rouge était de ni-
veau avec la Méditerranée. Ceci est une idée personnelle
à M. Stéphenson. M. Talabot a repoussé le tracé direct,
parce que, selon lui, le port n'était pas exécutable dans
la baie de Péluse. On peut voir dans le mémoire de
M. Talabot qu'il n'a jamais dit autre chose, et voilà
comment il a été amené à proposer le tracé indirect,
que la Commission internationale a jugé. M. Stéphenson
prête donc à M. Talabot une opinion qui n'est pas la
sienne; et M. Stéphenson aurait pu s'en apercevoir en
relisant sa propre lettre et les détails qu'il y consigne
lui-même.
3° M. Stéphenson aurait pu remarquer aussi qu'il
donne pleine raison à M. de Négrelli, tout en prétendant
le réfuter, quand il reconnaît n'avoir vu ni le lac Men-
zaleh ni la baie de Péluse. C'est dans la baie de Péluse
et dans le lac Menzaleh que peuvent se trouver les dif-
ficultés d'exécution que l'on discute. Il n'y a de difficul-
tés, de l'aveu de tout le monde, ni à Suez, ni dans les lacs
Amers , ni au lac Timsali, ni au lac Ballah. M. Stéphen-
son étant toujours resté à plus de dix lieues de la baie
de Péluse et du lac Menzaleh, M. de Négrelli est en droit
de lui dire et de soutenir que M. Stéphenson n'a pas vu
les lieux. Ce serait équivoquer que de prétendre le con-
traire. On n'a jamais dit à M. Stéphenson qu'il ne fût
pas allé dans l'isthme ; loin de là; mais on a dit et l'on
répète qu'il n'a pas suivi le tracé du canal, et que sur ce
point il ne peut alléguer le témoignage d'une exploration
personnelle.
40 Les promoteurs du canal de Suez n'ont pas été
blessés de la persistance de M. Stéphenson. Il était par-
faitement dans son droit de refuser son concours ; mais
plus tard on a réfuté les assertions de M. Stéphenson qui
ne paraissaient pas exactes. Quant aux organes payés,
nous ne répondons pas, par un sentiment de dignité que
nos lecteurs apprécieront. Nous avons dit tout à l'heure
à qui M. Stéphenson s'était abstenu de répondre, et les
autorités que nous lui avons citées ne sont pas apparem-
ment des organes payés.
5° M. de Négrelli n'a jamais eu d'autre opinion sur le
canal que celle qu'on lui connaît; et il a toujours été
'partisan du tracé direct. Les membres de la Commission
internationale peuvent attester que, quand il les rejoi-
gnit le 18 novembre 1855 à Alexandrie, il leur commu-
niqua ses travaux de 1847, où il n'était question que du
tracé direct tel à peu près qu'il a été adopté depuis.
M. Stéphenson prête donc à M. de Négrelli l'opinion de
M. Talabot et la sienne en 1847; mais ce n'est pas la
faute de M. de Négrelli.
6° M. Stéphenson triomphe trop aisément de l'asser-
tion de M. de Négrelli qui suppose que la marée se fait
sentir jusqu'à Windsor, Mais comme M. de Négrelli
parle aussi des fenêtres du Parlement, et que le Parle-
ment n'est pas à Windsor, mais à Westminster-Hall à
Londres, sur le bord de la Tamise, il n'y a là qu'une
confusion de mots et pas du tout une erreur de fait. Le
raisonnement de M. de Négrelli n'en est pas moins juste.
7° Libre à M. Stéphenson de croire que le canal de
Suez tel qu'on le propose est inexécutable, et que l'en-
treprise ne sera pas rémunératoire. Mais dans le Parle-
ment anglais, il ne s'agissait pas de cela, et personne
d'ailleurs n'est forcé de souscrire. Jusqu'à présent même
les promoteurs du canal se sont abstenus d'ouvrir au-
cune souscription. Il s'agissait donc à la Chambre des
Communes d'une question toute politique, comme l'a
prouvé la discussion du 1er juin; et nous ne pouvons
nous défendre de croire que M. Stéphenson a servi de
mauvaises passions en venant prêter l'autorité techni-
que de son nom à des attaques inconvenantes de lord
Palmerston.
C'est là ce qui a frappé M. de Négrelli ; et il n'a pas
cru devoir garder, après ce second discours, la réserve
qu'il avait observée après le premier. Nous ne pouvons
que féliciter M. de Négrelli d'avoir parlé et d'avoir
exposé sincèrement au public la vérité des faits.
Quant à la science historique de M. Stéphenson, nous
nous permettrons de la révoquer en doute; et nous affir-
mons qu'il n'y a pas dans les auteurs de l'antiquité un
seul passage qui puisse faire croire qu'Alexandre le
Grand ait été déterminé dans son choix par les motifs
que lui prête si gratuitement l'ingénieur anglais. La na-
ture avait creusé un double port des deux côtés de l'île
de Pharos, tandis qu'elle n'en avait pas fait sur la baie
de Péluse. Voilà pourquoi Alexandre a fondé le port
d'Alexandrie, à un petit village nommé Rhakotis où les
indigènes avaient établi déjà quelques pêcheries. On
peut voir à cet égard Strabon , Arrien et les autres.
Il ne paraît pas que la lettre de M. Stéphenson ait
mieux réussi en Angleterre que sur le continent. Le
Daily-News l'a attaquée, ainsi que le Morning Star, et
même un correspondant du Times.
Voici d'abord un excellent article du Daily-News,
5 août 1858. Le Daily-News croit devoir prendre un
ton de raillerie; mais le fond de ses arguments n'en est
pas moins puissant :
« En nous promenant un beau jour au milieu de quelques
vieilles ruines, nous nous amusâmes à surveiller les opéra-
tions de deux petits garçons, occupés à dénicher des hiboux.
Ils s'étaient pourvus à cet effet de quelques fragments d'un
miroir, attachés à une perche, et ils firent rejaillir à l'aide de
cet instrument de la lumière réfléchie dans les trous, où ils
soupçonnaient que les hiboux s'étaient cachés. Les malheu-
reux oiseaux, éblouis et effrayés par ces feux follets, cher-
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