Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-08-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 août 1858 10 août 1858
Description : 1858/08/10 (A3,N52). 1858/08/10 (A3,N52).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203098b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
408 - L'ISTHME DE SUEZ. MARDI 10 AOUT.
ils traitent néanmoins avec le plus grand mépris les fan-
farons, les querelleurs, les calomniateurs, et la moindre
violation de la vérité est punie sévèrement. Tant que leurs
institutions administratives ne sont pas en jeu, ils sont francs,
hospitaliers et amis fidèles jusqu'à la mort. Un Japonais
brave tout danger pour servir un ami, aucune torture ne
saurait le forcer à trahir la confiance que l'on a placée en lui;
et même l'étranger qui cherche un asile auprès de lui, sera
défendu jusqu'à la dernière goutte de sang. Dans leur com-
merce entre eux et avec les étrangers, ils sont très-cérémo-
nieux, et leur politesse est devenue proverbiale. La musique,
la danse et le théâtre, sont leurs amusements principaux. Le
beau sexe jouit d'une grande liberté, dont il abuse du reste
très-rarement ou même jamais , surtout dans les classes éle-
vées. Tandis que la femme partage les droits honorifiques de
l'homme, et qu'elle est traitée avec tous les égards voulus, il
est permis à ce dernier d'entretenir encore tout un harem,
suivant son goût et sa fortune. Les femmes japonaises des
classes élevées ont une grâce indescriptible, des manières
élégantes et pleines de charme. Le contact intime avec elles
civilise les manières des hommes, et un gentleman japonais
est en effet un homme de distinction et de noble tenue.
» Les attentats à la propriété sont très-rares au Japon,
non-seulement grâce à la rigueur des lois, mais aussi grâce
au caractère fier du peuple, qui abhorre toute fraude, vol et
rapine; cette qualité le distingue profondément des Chinois,
et sera d'un grand avantage pour nos relations futures avec le
Japon.
» La religion primitive est appelée Sinsyn, des deux mots :
sin, les dieux, et syn, la foi; les partisans de cette religion
s'appellent Sintous. La déesse que l'on vénère le plus parmi
toutes les déités, s'appelle Ten-sio-dai-tsin, ou déesse du
Soleil. En outre il y a le bouddhisme, venu de Chine, et il est
peut-être encore plus répandu que le Sinsyn.
» Les Japonais travaillent très-bien le bois; cependant ils
ne produisent que peu d'objets réellement utiles, du moins
pour les Européens. Les objets en bois sont laqués pour la
plus grande partie, et nul peuple ne saurait égaler les Japo-
nais dans cette fabrication ; souvent on se sert aussi du pa-
pier mâché en place du bois. Le prix des laques diffère con-
sidérablement , suivant la grandeur et la finesse de l'objet;
mais il est toujours très-élevé. D'ailleurs l'exportation des
laques rencontre encore le moins "d obstacles; et quand le
commerce sera plus régulier, les Japonais fabriqueront des
meubles à l'européenne d'après les modèles qu'on leur appor-
tera.
» Les articles en métal occupent une place importante
parmi les produits de l'industrie japonaise. On travaille avec
beaucoup d'art et d'habileté le cuivre, l'or, l'argent, et un al-
liage d'or et de cuivre appelé sowas, mais surtout le fer. Les
Japonais savent produire un acier de première qualité, et
possèdent évidemment un secret précieux pour lui donner la
trempe. On assure qu'un bon glaive japonais peut fendre le -
corps d'un homme d'un seul coup.
» Le papier constitue un troisième article que les Japo-
nais fabriquent avec une habileté particulière. On ne l'emploie
pas seulement pour écrire, mais aussi pour en couvrir les murs,
pour faire des mouchoirs et des serviettes, pour l'emballage
des marchandises et surtout pour étoffe de vêtements, les Ja-
ponais n'étant pas très-versés dans la fabrication du calicot,
da la mousseline ou du coton. Le papier servant d'étoffes et
de mouchoirs est très-doux et excessivement solide. On le fa-
brique avec l'écorce du mûrier, de la manière suivante :
l'arbre ayant perdu ses feuilles au mois de décembre, on
coupe les branches, longues de huit pieds, on les réunit en
faisceau pour les rôtir sur des cendres chaudes jusqu'à ce que
l'écorce se soit rétrécie, par le dessèchement, d'un demi-pouce
à peu près à chaque bout de la branche. Ces faisceaux ayant
été complétement refroidis dans l'air, on enlève l'écorce pour
la faire tremper dans l'eau pendant trois ou quatre heures,
après quoi on ôte avec un couteau la peau fine et noire qui
recouvre l'écorce. Cette opération étant terminée, on procède
au triage de l'écorce, en séparant les parties grossières et les
parties fines; ces dernières donnent le papier le plus beau et
le plus blanc. Plus les branches sont vieilles, plus le papier
devient grossier. L'écorce est alors recuite dans de l'eau, ou
peut-être aussi dans une solution de potasse, remuée et lavée,
jusqu'à ce que, par tout ce maniement, qui exige une grande
habitude, on obtienne une pâte qu'il faut filtrer et mêler avec
une infusion de riz; c'est cette pâte que l'on enlève en cou-
ches minces, à l'aide de châssis de paille que l'on pose l'un
au-dessus de l'autre, en les séparant par des brins de paille.
Les tas formés de ces châssis sont soumis à une pression lé-
gère d'abord, et plus forte ensuite, pour faire sortir l'eau. Les
feuilles, qui laissent facilement écouler l'eau à travers les cou-
ches de paille, sont alors séparées, séchées au soleil, et réa-,
nies en paquets pour la vente.
» Quoique la soie japonaise soit de qualité inférieure, on
en fabrique néanmoins de bons articles. Des étoffes très-ri-
ches et d'une merveilleuse beauté, souvent entrelacées de fils
d'or ou d'argent, sont fabriquées plus belles qu'en Chine, avec
de la soie de Chiné, et, à ce qu'on dit, par des nobles, mal-
heureux exilés dans une île déserte et forcés de travaille?
pour leur subsistance. L'exportation de ces soieries de qualité
supérieure n'est pas permise. Les Japonais ne travaillent pas
la laine pour des tissus, et, quant aux cotonnades, elles sont
en petite quantité et de qualité inférieure.
» Il y a beaucoup de vanneries au Japon où l'on fabrique
des chapeaux, des nattes et surtout des souliers. La consom-
mation de ces articles, particulièrement des souliers de paille,
dépasse toute imagination. La population entière se sert de
ces souliers, ou plutôt sandales en paille de riz; les hauts
dignitaires font seuls exception quelquefois, et portent des san-
dales brodées. Les Japonais estiment une journée de marche
par le nombre des souliers usés, et les chemins en sont litté-
ralement couverts; ils ne se servent jamais de Mrifiers de
cuir, et la fabrication du cuir est en général fort peu impor-
tante.
» Les Japonais connaissent l'avantage de la division du
travail; on assure que leurs usines, tisseries, brasseries et
distilleries sont très-étendues, et que quelques vanneries oc-
cupent des milliers d'ouvriers. »
Nous espérons bien que la Gazette de Cologne conti-
nuera les curieux extraits de l'ouvrage de M. Luhdorf.
Ces témoignages étant ceux d'un témoin oculaire, ac-
quièrent par cela même un grand intérêt.
G. WAGENER.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARIS. TVPCGRAFUIE DE HENRI PLON, IUPRIUBIR DE L EMPEREUR, RUE GARANCIÈRB, 8.
ils traitent néanmoins avec le plus grand mépris les fan-
farons, les querelleurs, les calomniateurs, et la moindre
violation de la vérité est punie sévèrement. Tant que leurs
institutions administratives ne sont pas en jeu, ils sont francs,
hospitaliers et amis fidèles jusqu'à la mort. Un Japonais
brave tout danger pour servir un ami, aucune torture ne
saurait le forcer à trahir la confiance que l'on a placée en lui;
et même l'étranger qui cherche un asile auprès de lui, sera
défendu jusqu'à la dernière goutte de sang. Dans leur com-
merce entre eux et avec les étrangers, ils sont très-cérémo-
nieux, et leur politesse est devenue proverbiale. La musique,
la danse et le théâtre, sont leurs amusements principaux. Le
beau sexe jouit d'une grande liberté, dont il abuse du reste
très-rarement ou même jamais , surtout dans les classes éle-
vées. Tandis que la femme partage les droits honorifiques de
l'homme, et qu'elle est traitée avec tous les égards voulus, il
est permis à ce dernier d'entretenir encore tout un harem,
suivant son goût et sa fortune. Les femmes japonaises des
classes élevées ont une grâce indescriptible, des manières
élégantes et pleines de charme. Le contact intime avec elles
civilise les manières des hommes, et un gentleman japonais
est en effet un homme de distinction et de noble tenue.
» Les attentats à la propriété sont très-rares au Japon,
non-seulement grâce à la rigueur des lois, mais aussi grâce
au caractère fier du peuple, qui abhorre toute fraude, vol et
rapine; cette qualité le distingue profondément des Chinois,
et sera d'un grand avantage pour nos relations futures avec le
Japon.
» La religion primitive est appelée Sinsyn, des deux mots :
sin, les dieux, et syn, la foi; les partisans de cette religion
s'appellent Sintous. La déesse que l'on vénère le plus parmi
toutes les déités, s'appelle Ten-sio-dai-tsin, ou déesse du
Soleil. En outre il y a le bouddhisme, venu de Chine, et il est
peut-être encore plus répandu que le Sinsyn.
» Les Japonais travaillent très-bien le bois; cependant ils
ne produisent que peu d'objets réellement utiles, du moins
pour les Européens. Les objets en bois sont laqués pour la
plus grande partie, et nul peuple ne saurait égaler les Japo-
nais dans cette fabrication ; souvent on se sert aussi du pa-
pier mâché en place du bois. Le prix des laques diffère con-
sidérablement , suivant la grandeur et la finesse de l'objet;
mais il est toujours très-élevé. D'ailleurs l'exportation des
laques rencontre encore le moins "d obstacles; et quand le
commerce sera plus régulier, les Japonais fabriqueront des
meubles à l'européenne d'après les modèles qu'on leur appor-
tera.
» Les articles en métal occupent une place importante
parmi les produits de l'industrie japonaise. On travaille avec
beaucoup d'art et d'habileté le cuivre, l'or, l'argent, et un al-
liage d'or et de cuivre appelé sowas, mais surtout le fer. Les
Japonais savent produire un acier de première qualité, et
possèdent évidemment un secret précieux pour lui donner la
trempe. On assure qu'un bon glaive japonais peut fendre le -
corps d'un homme d'un seul coup.
» Le papier constitue un troisième article que les Japo-
nais fabriquent avec une habileté particulière. On ne l'emploie
pas seulement pour écrire, mais aussi pour en couvrir les murs,
pour faire des mouchoirs et des serviettes, pour l'emballage
des marchandises et surtout pour étoffe de vêtements, les Ja-
ponais n'étant pas très-versés dans la fabrication du calicot,
da la mousseline ou du coton. Le papier servant d'étoffes et
de mouchoirs est très-doux et excessivement solide. On le fa-
brique avec l'écorce du mûrier, de la manière suivante :
l'arbre ayant perdu ses feuilles au mois de décembre, on
coupe les branches, longues de huit pieds, on les réunit en
faisceau pour les rôtir sur des cendres chaudes jusqu'à ce que
l'écorce se soit rétrécie, par le dessèchement, d'un demi-pouce
à peu près à chaque bout de la branche. Ces faisceaux ayant
été complétement refroidis dans l'air, on enlève l'écorce pour
la faire tremper dans l'eau pendant trois ou quatre heures,
après quoi on ôte avec un couteau la peau fine et noire qui
recouvre l'écorce. Cette opération étant terminée, on procède
au triage de l'écorce, en séparant les parties grossières et les
parties fines; ces dernières donnent le papier le plus beau et
le plus blanc. Plus les branches sont vieilles, plus le papier
devient grossier. L'écorce est alors recuite dans de l'eau, ou
peut-être aussi dans une solution de potasse, remuée et lavée,
jusqu'à ce que, par tout ce maniement, qui exige une grande
habitude, on obtienne une pâte qu'il faut filtrer et mêler avec
une infusion de riz; c'est cette pâte que l'on enlève en cou-
ches minces, à l'aide de châssis de paille que l'on pose l'un
au-dessus de l'autre, en les séparant par des brins de paille.
Les tas formés de ces châssis sont soumis à une pression lé-
gère d'abord, et plus forte ensuite, pour faire sortir l'eau. Les
feuilles, qui laissent facilement écouler l'eau à travers les cou-
ches de paille, sont alors séparées, séchées au soleil, et réa-,
nies en paquets pour la vente.
» Quoique la soie japonaise soit de qualité inférieure, on
en fabrique néanmoins de bons articles. Des étoffes très-ri-
ches et d'une merveilleuse beauté, souvent entrelacées de fils
d'or ou d'argent, sont fabriquées plus belles qu'en Chine, avec
de la soie de Chiné, et, à ce qu'on dit, par des nobles, mal-
heureux exilés dans une île déserte et forcés de travaille?
pour leur subsistance. L'exportation de ces soieries de qualité
supérieure n'est pas permise. Les Japonais ne travaillent pas
la laine pour des tissus, et, quant aux cotonnades, elles sont
en petite quantité et de qualité inférieure.
» Il y a beaucoup de vanneries au Japon où l'on fabrique
des chapeaux, des nattes et surtout des souliers. La consom-
mation de ces articles, particulièrement des souliers de paille,
dépasse toute imagination. La population entière se sert de
ces souliers, ou plutôt sandales en paille de riz; les hauts
dignitaires font seuls exception quelquefois, et portent des san-
dales brodées. Les Japonais estiment une journée de marche
par le nombre des souliers usés, et les chemins en sont litté-
ralement couverts; ils ne se servent jamais de Mrifiers de
cuir, et la fabrication du cuir est en général fort peu impor-
tante.
» Les Japonais connaissent l'avantage de la division du
travail; on assure que leurs usines, tisseries, brasseries et
distilleries sont très-étendues, et que quelques vanneries oc-
cupent des milliers d'ouvriers. »
Nous espérons bien que la Gazette de Cologne conti-
nuera les curieux extraits de l'ouvrage de M. Luhdorf.
Ces témoignages étant ceux d'un témoin oculaire, ac-
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