Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-07-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juillet 1858 25 juillet 1858
Description : 1858/07/25 (A3,N51). 1858/07/25 (A3,N51).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203097x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
384 L'ISTHME DE SUEZ. DIMANCHE 25 JUILLET.
pendant la période qui m'occupe, est de 25,200 âmes, et son
rapport à la population totale du pays, évaluéeà5,000,000 d'ha-
bitants, est comme 0,54 est à 100. Pendant les trois dernières
années du gouvernement d'Abbas-Pacha, la moyenne de l'aug-
mentation annuelle de la population n'avait été en Egypte, que
de 9,602 âmes.
Maintenant, si l'on compare cette situation de l'Egypte avec
celle de quelques autres Etats de l'Europe, par exemple la
France et la Belgique , on trouvera que dans le premier de ces
États, dont la population est de 36,000,000 d'habitants, la
balance entre les naissances et les décès, pendant la période
de 1851 à 1855, d'après les relevés officiels faits en 1856,
époque du dernier recensement fait en France, cette balance,
dis-je, n'a donné qu'un excédant de 256,000 naissances, ou
soit en moyenne une augmentation annuelle de population
de 51,200 âmes, laquelle réduite pour une année lunaire
donne 49,494; chiffre dont le rapport avec la population est
comme 0,13 est à 100. ,','
En Belgique, où la population est de 4,700,000 âmes, l'excès
des naissances sur les décès s'est élevé pendant les dernières
cinq années à 180,000, soit 36,000 par année; lequel réduit
pour une année lunaire donne le chiffre de 34,800, et rela-
tivement à la population le rapport de 0,74 à 100.
* Des écrivains distingués ont expliqué la position défavora-
ble, et purement accidentelle, de la France, relativement au
mouvement de sa population de 1851 à 1855, par la guerre
d'Orient et par trois années consécutives de mauvaises récoltes.
L'absence de' ces dernières causes et la prospérité du pays
expliquent également l'accroissement de la population en Bel-
gique.
• Pourquoi ne pourrait-on pas attribuer aux mêmes causes
quen Belgique, l'augmentation croissante de la population
E-gi te ? toul en Égypte, contrairement aux vaines déclama-
enet, tout en Egypte, contrairement aux vaines déclama-
des détracteurs de son gouvernement, concourt au bien-
e et l|la prospérité matérielle de sa population : liberté ab-
solue du commerce; liberté absolue pour la culture des terres;
abolition de tout monopole sur leurs produits; répartition des
impôts territoriaux égale pour tous indistinctement et en juste
proportion avec la qualité des terres cultivées; abolition des
corvées et de toute mesure qui jadis attachait le fellah à la
terre de son village.
Il suffit d'ouvrir les yeux pour voir le bien-être matériel en
Égypte de la classe des agriculteurs , conséquence nécessaire
de l'accroissement prodigieux des produits de son sol fécond et
de l'augmentation du prix de chaque chose.
Si je passe à un autre ordre de causes qui contribuent non
moins efficacement au bien-être des habitants et à l'aug-
mentation de la population d'un pays, je pourrais citer en fa-
veur de l'Égypte l'absence de toute épidémie, et surtout de la
petite-vérole, grâce à la propagation de la vaccination, qui est
aussi une des branches de l'administration sanitaire. Le chif-
fre des vaccinations annuelles s'élève à 100,000 environ, et,
pour la propager, le Vice-roi paye une prime d'une piastre
pour chaque enfant vacciné.
La petite-vérole qui décimait jadis la population a disparu
de l'Égyple, et ce n'est qu'à de rares intervalles que l'on voit
surgir quelques cas très-rares de cette maladie, moins encore
dans les campagnes que dans les villes. J'ajouterai à ces cau-
ses de bien-être, les hôpitaux établis dans les chefs-lieux des
provinces, où la population s'empresse de venir réclamer les
bienfaits de la médecine, les soins et médicaments donnés gra-
tuitement'à domicile par les médecins en chef de ces provinces
et par les médecins des districts.
Ainsi doivent tomber, devant l'évidence des faits, les criti-
ques que des esprits chagrins ou malintentionnés ne cessent
d'élever contre un gouvernement qui a plus fait pour le bon-
heur des peuples qu'aucun gouvernement de l'Orient et beau-
coup de gouvernements d'Europe, et qu'on peut placer de
pair, sous ce rapport, avec les gouvernements les plus éclai-
rés de ces derniers pays.. ; i
Je saisis également avec bonheur cette occasion pour vous
fournir des arguments irréfragables, puisqu'ils sont officiels,
contre les craintes élevées, dans un esprit d'opposition, au
canal de Suez, sur le sort des fellahs qui seront employés aux
travaux, en vous citant l'exemple de ce qui s'est passé pour le
curage du canal Mahmoudié.,
Il y a deux ans environ, plus de 115,000 fellahs, divisés
en sept corps de travailleurs, arrivèrent au jour fixé pour le
commencement des travaux, sur les lieux déterminés d'avance
pour chacune des divisions; chaque corps avait en tête ses
cheik-beled (maires de village ), avec musique et cortège de
chanteurs, et était accompagné des médecins de chaque dis-
trict. Les travailleurs trouvèrent préparé d'avance tout ce qui
était nécessaire à leur abri, à leur alimentation et au traite-
ment des malades. - ■■■->
Pendant les vingt jours de la durée des travaux du curage
du canal, les états officiels du médecin en chef de la province
deBéhéra, où est situé le canal Mahmoudié, ont constaté que
1645 malades en tout avaient reçu des soins médicaux, et que,
sur une population aussi nombreuse, il n'y avait eu que sept
décès. Ces chiffres sont officiels; ils sont tirés des documents
authentiques de l'administration sanitaire d'Egypte.
Ces états ont été soumis au conseil de l'intendance sani-
taire, composé, comme chacun sait, en grande partie des dé-
légués des consulats généraux d'Angleterre, d'Autriche, de
France, d'Espagne, de Prusse, de Russie, de Toscane. Ces
documents, soumis à l'examen et au contrôle de MM. les
membres de l'Intendance sanitaire, ont donc tous les carac-
tères voulus pour mériter toute confiance.
Alors, que peut-on répondre à de pareils arguments?
De tels faits ne sauraient être proclamés trop haut, parce
qu'ils feront la gloire du prince éclairé et généreux qui gou-
verne l'Egypte. Je les livre donc à votre haute appréciation,
avec la conscience d'avoir rempli un devoir rigoureux de ma
position, pour en faire l'usage que vous croirez le plus utile à
votre grande entreprise.
Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mes sentiments
d'estime la plus parfaite et de ma plus haute considération.
Le président de l'Intendance sanitaire. HLXIIIICY-BEY.
HEMUCY-BEY.
M. Henricy-Bey ne s'est pas trompé en pensant que
ces documents devaient fixer l'attention de l'Europe; et
nous le remercions pour notre part de nous les avoir fait
connaître. Mais nos lecteurs remarqueront combien les
renseignements consignés dans ce travail sont en parfait
accord avec ceux qu'a donnés notre honorable collabo-
rateur M. Paul Merruau, dans son excellent et si exact
ouvrage : L'Égypte contemporaine.
- ERNEST DESPLACES.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARIS. TYPOGRAPHIE DE HENRI PLON, IMPRIMEUR DE L EMPEREUR, RUE GAMNCtERE, 8.
pendant la période qui m'occupe, est de 25,200 âmes, et son
rapport à la population totale du pays, évaluéeà5,000,000 d'ha-
bitants, est comme 0,54 est à 100. Pendant les trois dernières
années du gouvernement d'Abbas-Pacha, la moyenne de l'aug-
mentation annuelle de la population n'avait été en Egypte, que
de 9,602 âmes.
Maintenant, si l'on compare cette situation de l'Egypte avec
celle de quelques autres Etats de l'Europe, par exemple la
France et la Belgique , on trouvera que dans le premier de ces
États, dont la population est de 36,000,000 d'habitants, la
balance entre les naissances et les décès, pendant la période
de 1851 à 1855, d'après les relevés officiels faits en 1856,
époque du dernier recensement fait en France, cette balance,
dis-je, n'a donné qu'un excédant de 256,000 naissances, ou
soit en moyenne une augmentation annuelle de population
de 51,200 âmes, laquelle réduite pour une année lunaire
donne 49,494; chiffre dont le rapport avec la population est
comme 0,13 est à 100. ,','
En Belgique, où la population est de 4,700,000 âmes, l'excès
des naissances sur les décès s'est élevé pendant les dernières
cinq années à 180,000, soit 36,000 par année; lequel réduit
pour une année lunaire donne le chiffre de 34,800, et rela-
tivement à la population le rapport de 0,74 à 100.
* Des écrivains distingués ont expliqué la position défavora-
ble, et purement accidentelle, de la France, relativement au
mouvement de sa population de 1851 à 1855, par la guerre
d'Orient et par trois années consécutives de mauvaises récoltes.
L'absence de' ces dernières causes et la prospérité du pays
expliquent également l'accroissement de la population en Bel-
gique.
• Pourquoi ne pourrait-on pas attribuer aux mêmes causes
quen Belgique, l'augmentation croissante de la population
E-gi te ? toul en Égypte, contrairement aux vaines déclama-
enet, tout en Egypte, contrairement aux vaines déclama-
des détracteurs de son gouvernement, concourt au bien-
e et l|la prospérité matérielle de sa population : liberté ab-
solue du commerce; liberté absolue pour la culture des terres;
abolition de tout monopole sur leurs produits; répartition des
impôts territoriaux égale pour tous indistinctement et en juste
proportion avec la qualité des terres cultivées; abolition des
corvées et de toute mesure qui jadis attachait le fellah à la
terre de son village.
Il suffit d'ouvrir les yeux pour voir le bien-être matériel en
Égypte de la classe des agriculteurs , conséquence nécessaire
de l'accroissement prodigieux des produits de son sol fécond et
de l'augmentation du prix de chaque chose.
Si je passe à un autre ordre de causes qui contribuent non
moins efficacement au bien-être des habitants et à l'aug-
mentation de la population d'un pays, je pourrais citer en fa-
veur de l'Égypte l'absence de toute épidémie, et surtout de la
petite-vérole, grâce à la propagation de la vaccination, qui est
aussi une des branches de l'administration sanitaire. Le chif-
fre des vaccinations annuelles s'élève à 100,000 environ, et,
pour la propager, le Vice-roi paye une prime d'une piastre
pour chaque enfant vacciné.
La petite-vérole qui décimait jadis la population a disparu
de l'Égyple, et ce n'est qu'à de rares intervalles que l'on voit
surgir quelques cas très-rares de cette maladie, moins encore
dans les campagnes que dans les villes. J'ajouterai à ces cau-
ses de bien-être, les hôpitaux établis dans les chefs-lieux des
provinces, où la population s'empresse de venir réclamer les
bienfaits de la médecine, les soins et médicaments donnés gra-
tuitement'à domicile par les médecins en chef de ces provinces
et par les médecins des districts.
Ainsi doivent tomber, devant l'évidence des faits, les criti-
ques que des esprits chagrins ou malintentionnés ne cessent
d'élever contre un gouvernement qui a plus fait pour le bon-
heur des peuples qu'aucun gouvernement de l'Orient et beau-
coup de gouvernements d'Europe, et qu'on peut placer de
pair, sous ce rapport, avec les gouvernements les plus éclai-
rés de ces derniers pays.. ; i
Je saisis également avec bonheur cette occasion pour vous
fournir des arguments irréfragables, puisqu'ils sont officiels,
contre les craintes élevées, dans un esprit d'opposition, au
canal de Suez, sur le sort des fellahs qui seront employés aux
travaux, en vous citant l'exemple de ce qui s'est passé pour le
curage du canal Mahmoudié.,
Il y a deux ans environ, plus de 115,000 fellahs, divisés
en sept corps de travailleurs, arrivèrent au jour fixé pour le
commencement des travaux, sur les lieux déterminés d'avance
pour chacune des divisions; chaque corps avait en tête ses
cheik-beled (maires de village ), avec musique et cortège de
chanteurs, et était accompagné des médecins de chaque dis-
trict. Les travailleurs trouvèrent préparé d'avance tout ce qui
était nécessaire à leur abri, à leur alimentation et au traite-
ment des malades. - ■■■->
Pendant les vingt jours de la durée des travaux du curage
du canal, les états officiels du médecin en chef de la province
deBéhéra, où est situé le canal Mahmoudié, ont constaté que
1645 malades en tout avaient reçu des soins médicaux, et que,
sur une population aussi nombreuse, il n'y avait eu que sept
décès. Ces chiffres sont officiels; ils sont tirés des documents
authentiques de l'administration sanitaire d'Egypte.
Ces états ont été soumis au conseil de l'intendance sani-
taire, composé, comme chacun sait, en grande partie des dé-
légués des consulats généraux d'Angleterre, d'Autriche, de
France, d'Espagne, de Prusse, de Russie, de Toscane. Ces
documents, soumis à l'examen et au contrôle de MM. les
membres de l'Intendance sanitaire, ont donc tous les carac-
tères voulus pour mériter toute confiance.
Alors, que peut-on répondre à de pareils arguments?
De tels faits ne sauraient être proclamés trop haut, parce
qu'ils feront la gloire du prince éclairé et généreux qui gou-
verne l'Egypte. Je les livre donc à votre haute appréciation,
avec la conscience d'avoir rempli un devoir rigoureux de ma
position, pour en faire l'usage que vous croirez le plus utile à
votre grande entreprise.
Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mes sentiments
d'estime la plus parfaite et de ma plus haute considération.
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ces documents devaient fixer l'attention de l'Europe; et
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