Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-08-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 août 1858 10 août 1858
Description : 1858/08/10 (A3,N52). 1858/08/10 (A3,N52).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203098b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
MARDI 10 AOUT. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 399
du public. S'il est établi par cet exemple que des particuliers
peuvent commencer des entreprises énormes, attirer des indi-
vidus comme directeurs et actionnaires au moyen de repré-
sentations illusoires, et se fier au secours de la nation après
avoir eu recours à toutes les ressources qu'il est possible
d'obtenir autrement, il n'y aurait plus de terme à des œuvres
magnifiques, avec lesquelles des faiseurs de projets cherche-
raient sans scrupule à se faire une réputation aux dépens de
la communauté. Nous avons déjà eu des spécimens de cette
espèce dans lé tunnel de la Tamise et d'autres entreprises, qui,
malgré tous lès profits et gloires échus à quelques individus,
ont conduit à la ruine ceux qui s'y sont embarqués par la
seule raison qu'on devrait admettre dans ces cas, c'est-à-dire
par l'espoir certain d'un revenu suffisant. Il peut être beau
de dire que le tunnel de la Tamise , le Great-Eastern et
d'autres constructions analogues excitent l'admiration des
étrangers el devraient flatter notre orgueil. Mais il n'y a rien
d'étonnant dans ces entreprises que les dépenses; car c'est un
axiome qu'il n'y a pas d'impossibilité pour les ingénieurs, du
moment qu'ils ont des capitaux illimités à leur disposition. Si
nous désirons de la gloire nationale à ce prix, nous pouvons en
avoir quand il nous plaira. Mais il y a peu d'honneur pour des
hommes à montrer des monuments coûteux, et à dire : « Nous
avons exécuté cela avec telle et telle dépense et avec la ruine d'un
millier de familles à qui on disait qu'il pourrait être exécuté
au tiers de la somme dépensée. » Il est temps d'envisager ce
système sous son vrai jour, parce qu'il n'est pas seulement
une tache à la moralité du pays, mais aussi parce qu'il pro-
duit des effets qui menacent de rendre impossibles les entre-
prises par actions et de détruire cette confiance à l'aide de
laquelle les nations peuvent seules exécuter de grandes œu-
vres. Personne ne se fiera plus à des prospectus. Heureuse-
ment le public a le remède entre ses mains. Sans la tiédeur
avec laquelle il regarde les exploits de ceux qui ont acquis de
la célébrité par l'appauvrissement des autres, au moyen de
pratiques que des hommes plus capables, mais moins préten-
tieux et arrogants, auraient peut-être refusé d'employer, le
mal serait bientôt amoindri. Qu'on se rappelle que si l'auteur
d'un projet est resté, dans ses estimations, au-dessous de
l'œuvre qu'il s'est engagé d'achever, cela équivaut à l'aveu de
son ignorance ou de son manque de scrupules. Si les hommes
de la science qui se distinguent dans le monde aux frais des
actionnaires étaient certains, quelles que soient leurs ri-
chesses, d'être taxés par le public d'ignorants ou de gens sans
scrupules pour leur intérêt personnel , nous entendrions
moins parler d'entreprises monstres un demi-siècle avant
l'époque où elles pourraient être exécutées; mais nous aurions
la satisfaction plus solide de goûter les profits durables d'un
progrès constant. »
Pour tous les faits divers :
ERNEST DESPLACES.
NOUVELLES D'ÉGYPTE
(Correspondance particulière de /'ISTHME DE SUEZ.)
Alexandrie, le 18 juillet 1858.
Tous ces jours derniers, on avait répandu dans le pays des
bruits assez alarmants. On disait qu'une certaine quantité de
Bédouins, armés jusqu'aux dents, montés sur des dromadaires,
étaient partis du côté du mont Sinaï pour attaquer Suez par
terre, tandis qu'une flottille de barques, bien armées aussi,
partie des environs de Djeddah, voguait de son côté et tou-
jours sur Suez. Ce bruit et bien d'autres nouvelles avaient pro-
duit une certaine agitation parmi les Européens.
Le gouvernement, ému de ces craintes, vient de faire tom-
ber d'un coup tous ces échafaudages de nouvelles. Le ministre
des affaires étrangères, S. E. Chériff-Pacha, sur l'ordre de
S. A. le Vice-roi qui s'était transporté au Caire pour juger
par lui-même de l'état des esprits et de la situation, a assem-
blé cette après-midi le corps consulaire, et il lui a déclaré,
qu'après des enquêtes minutieuses , le gouvernement était en
mesure de déclarer de la manière là plus formelle, que le
pays jouissait de la plus parfaite tranquillité; que les préten-
dues caravanes de Bédouins et les barques armées se dirigeant
sur Suez, étaient tout bonnement des barques de pêcheurs et
de voyageurs, et que S. A. invitait MM. les consuls généraux
à rassurer leurs nationaux.
S. E. a ajouté, que S. A. voulant reconnaître par elle-même
la situation au dehors du pays, comptait, au premier jour,
pousser personnellement une reconnaissance jusqu'aux envi-
rons du mont Sinaï, qu'on donnait comme le quartier général
des futurs assaillants de Suez. Enfin, quoique le gouvernement
n'ait pas la moindre inquiétude, il a cru devoir néanmoins
prendre ses mesures pour recevoir vigoureusement les quel-
ques misérables fous qui oseraient rêver la moindre attaque
contre les Européens, dont les forces sont ici très-considé-
rables.
Alexandrie, le 24 juillet 1858.
Dans ma dernière lettre du 18 juillet courant, je vous
faisais part de certains bruits qui avaient couru au sujet de
la tranquillité du pays, et je vous disais que, bien que ces
bruits eussent été reconnus sans aucun fondement, le gou-
vernement avait pris néanmoins des dispositions fort sages et
très-énergiques, pour toute éventualité.
Depuis lors, les fêtes du Courbam-Baïram, les plus grandes
fêtes de l'année turque, se sont passées sans qu'on ait eu à
signaler le moindre désordre parmi cette population considé-
rable, que les fêtes ont jetée dans les rues cette année-ci,
comme les précédentes. Il en a été de même au Caire et dans
toutes les autres localités importantes; et cela nous démontre,
et la tranquillité de 1 Egypte, et la soumission et le respect
des Arabes pour les ordres du Vice-roi.
C'est dans la capitale que S. A. a passé le premier jour de
la grande fête. Le Vice-roi s'était rendu à cheval, en grande
cérémonie, comme d'usage, et escorté par sa garde, à la
citadelle du Caire, où il a reçu les félicitations des hauts
fonctionnaires et du corps consulaire de la capitale. Ensuite
S. A. est retournée à sa résidence de Mesk, aux portes
d'Alexandrie, où elle est encore maintenant.
Nous avons vu arriver avant hier un bateau à vapeur otto-
man (le Kars), qui est entré dans le port d'Alexandrie,
venant de Constantinople en trois jours. Ce bateau a amené
ici un personnage turc, avec un nombreux état-major; et on
dit qu'il va se rendre à Djeddah , pour procéder à une en-
quête sur les événements sanglants dont ce pays a été le
théâtre. Ce personnage est revêtu du titre de commissaire
spécial de la Porte. Il a eu hier une longue entrevue avec le
Vice-roi, qui doit, dit-on, à la demande du Sultan, envoyer
au premier jour à Djeddah un bataillon de troupes égyp-
tiennes. On assure même que cette troupe fait dans ce mo-
ment ses préparatifs de départ.
On attend aussi de Constantinople un corps de 800 hommes
de troupes du Sultan, destinées également pour Djeddah. On
du public. S'il est établi par cet exemple que des particuliers
peuvent commencer des entreprises énormes, attirer des indi-
vidus comme directeurs et actionnaires au moyen de repré-
sentations illusoires, et se fier au secours de la nation après
avoir eu recours à toutes les ressources qu'il est possible
d'obtenir autrement, il n'y aurait plus de terme à des œuvres
magnifiques, avec lesquelles des faiseurs de projets cherche-
raient sans scrupule à se faire une réputation aux dépens de
la communauté. Nous avons déjà eu des spécimens de cette
espèce dans lé tunnel de la Tamise et d'autres entreprises, qui,
malgré tous lès profits et gloires échus à quelques individus,
ont conduit à la ruine ceux qui s'y sont embarqués par la
seule raison qu'on devrait admettre dans ces cas, c'est-à-dire
par l'espoir certain d'un revenu suffisant. Il peut être beau
de dire que le tunnel de la Tamise , le Great-Eastern et
d'autres constructions analogues excitent l'admiration des
étrangers el devraient flatter notre orgueil. Mais il n'y a rien
d'étonnant dans ces entreprises que les dépenses; car c'est un
axiome qu'il n'y a pas d'impossibilité pour les ingénieurs, du
moment qu'ils ont des capitaux illimités à leur disposition. Si
nous désirons de la gloire nationale à ce prix, nous pouvons en
avoir quand il nous plaira. Mais il y a peu d'honneur pour des
hommes à montrer des monuments coûteux, et à dire : « Nous
avons exécuté cela avec telle et telle dépense et avec la ruine d'un
millier de familles à qui on disait qu'il pourrait être exécuté
au tiers de la somme dépensée. » Il est temps d'envisager ce
système sous son vrai jour, parce qu'il n'est pas seulement
une tache à la moralité du pays, mais aussi parce qu'il pro-
duit des effets qui menacent de rendre impossibles les entre-
prises par actions et de détruire cette confiance à l'aide de
laquelle les nations peuvent seules exécuter de grandes œu-
vres. Personne ne se fiera plus à des prospectus. Heureuse-
ment le public a le remède entre ses mains. Sans la tiédeur
avec laquelle il regarde les exploits de ceux qui ont acquis de
la célébrité par l'appauvrissement des autres, au moyen de
pratiques que des hommes plus capables, mais moins préten-
tieux et arrogants, auraient peut-être refusé d'employer, le
mal serait bientôt amoindri. Qu'on se rappelle que si l'auteur
d'un projet est resté, dans ses estimations, au-dessous de
l'œuvre qu'il s'est engagé d'achever, cela équivaut à l'aveu de
son ignorance ou de son manque de scrupules. Si les hommes
de la science qui se distinguent dans le monde aux frais des
actionnaires étaient certains, quelles que soient leurs ri-
chesses, d'être taxés par le public d'ignorants ou de gens sans
scrupules pour leur intérêt personnel , nous entendrions
moins parler d'entreprises monstres un demi-siècle avant
l'époque où elles pourraient être exécutées; mais nous aurions
la satisfaction plus solide de goûter les profits durables d'un
progrès constant. »
Pour tous les faits divers :
ERNEST DESPLACES.
NOUVELLES D'ÉGYPTE
(Correspondance particulière de /'ISTHME DE SUEZ.)
Alexandrie, le 18 juillet 1858.
Tous ces jours derniers, on avait répandu dans le pays des
bruits assez alarmants. On disait qu'une certaine quantité de
Bédouins, armés jusqu'aux dents, montés sur des dromadaires,
étaient partis du côté du mont Sinaï pour attaquer Suez par
terre, tandis qu'une flottille de barques, bien armées aussi,
partie des environs de Djeddah, voguait de son côté et tou-
jours sur Suez. Ce bruit et bien d'autres nouvelles avaient pro-
duit une certaine agitation parmi les Européens.
Le gouvernement, ému de ces craintes, vient de faire tom-
ber d'un coup tous ces échafaudages de nouvelles. Le ministre
des affaires étrangères, S. E. Chériff-Pacha, sur l'ordre de
S. A. le Vice-roi qui s'était transporté au Caire pour juger
par lui-même de l'état des esprits et de la situation, a assem-
blé cette après-midi le corps consulaire, et il lui a déclaré,
qu'après des enquêtes minutieuses , le gouvernement était en
mesure de déclarer de la manière là plus formelle, que le
pays jouissait de la plus parfaite tranquillité; que les préten-
dues caravanes de Bédouins et les barques armées se dirigeant
sur Suez, étaient tout bonnement des barques de pêcheurs et
de voyageurs, et que S. A. invitait MM. les consuls généraux
à rassurer leurs nationaux.
S. E. a ajouté, que S. A. voulant reconnaître par elle-même
la situation au dehors du pays, comptait, au premier jour,
pousser personnellement une reconnaissance jusqu'aux envi-
rons du mont Sinaï, qu'on donnait comme le quartier général
des futurs assaillants de Suez. Enfin, quoique le gouvernement
n'ait pas la moindre inquiétude, il a cru devoir néanmoins
prendre ses mesures pour recevoir vigoureusement les quel-
ques misérables fous qui oseraient rêver la moindre attaque
contre les Européens, dont les forces sont ici très-considé-
rables.
Alexandrie, le 24 juillet 1858.
Dans ma dernière lettre du 18 juillet courant, je vous
faisais part de certains bruits qui avaient couru au sujet de
la tranquillité du pays, et je vous disais que, bien que ces
bruits eussent été reconnus sans aucun fondement, le gou-
vernement avait pris néanmoins des dispositions fort sages et
très-énergiques, pour toute éventualité.
Depuis lors, les fêtes du Courbam-Baïram, les plus grandes
fêtes de l'année turque, se sont passées sans qu'on ait eu à
signaler le moindre désordre parmi cette population considé-
rable, que les fêtes ont jetée dans les rues cette année-ci,
comme les précédentes. Il en a été de même au Caire et dans
toutes les autres localités importantes; et cela nous démontre,
et la tranquillité de 1 Egypte, et la soumission et le respect
des Arabes pour les ordres du Vice-roi.
C'est dans la capitale que S. A. a passé le premier jour de
la grande fête. Le Vice-roi s'était rendu à cheval, en grande
cérémonie, comme d'usage, et escorté par sa garde, à la
citadelle du Caire, où il a reçu les félicitations des hauts
fonctionnaires et du corps consulaire de la capitale. Ensuite
S. A. est retournée à sa résidence de Mesk, aux portes
d'Alexandrie, où elle est encore maintenant.
Nous avons vu arriver avant hier un bateau à vapeur otto-
man (le Kars), qui est entré dans le port d'Alexandrie,
venant de Constantinople en trois jours. Ce bateau a amené
ici un personnage turc, avec un nombreux état-major; et on
dit qu'il va se rendre à Djeddah , pour procéder à une en-
quête sur les événements sanglants dont ce pays a été le
théâtre. Ce personnage est revêtu du titre de commissaire
spécial de la Porte. Il a eu hier une longue entrevue avec le
Vice-roi, qui doit, dit-on, à la demande du Sultan, envoyer
au premier jour à Djeddah un bataillon de troupes égyp-
tiennes. On assure même que cette troupe fait dans ce mo-
ment ses préparatifs de départ.
On attend aussi de Constantinople un corps de 800 hommes
de troupes du Sultan, destinées également pour Djeddah. On
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.94%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.94%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 15/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203098b/f15.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203098b/f15.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203098b/f15.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203098b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203098b
Facebook
Twitter