Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1858 10 juillet 1858
Description : 1858/07/10 (A3,N50). 1858/07/10 (A3,N50).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203096h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
340 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 10 JUILLET.
» Si les principes à établir dans cette question sont sem-
blables à ceux sur lesquels les grandes puissances ont réglé
la navigation du Danube, il y aura peu de jalousies pour
intervenir. D'après le traité de Paris, la navigation du Danube
sera surveillée par une commission internationale. Cet
arrangement implique naturellement une modification des
droits souverains du Sultan; mais cette modification ne sera
pas plus étendue pour la navigation du canal de Suez que
pour celle du Danube.
» Ceux qui craignent une usurpation insidieuse de pouvoir
exclusif sur le canal de la part de la France doivent se rap-
peler que la question touche aux droits de souveraineté du
Sultan, et que des concessions territoriales ou une supréma-
tie politique accordées par le Vice-roi d'Égypte n'engagent ni
le Sultan ni les puissances européennes. La dernière décision
est par conséquent à Constantinople. Nous n'avons donc au-
cune crainte que le gouvernement français acquière des pou-
voirs exagérés, quelle que soit la convention qu'on ait pu
conclure avec le Vice-roi. En effet, nous croyons qu'une
stricte application du traité de Paris empêchera chaque puis-
sance d'obtenir une telle concession de la Porte, à l'exclusion
des autres parties contractantes du traité.
» Néanmoins, il est d'une grande importance, sinon pour
la paix de l'Europe, du moins pour le maintien de nos bonnes
relations avec la France, que cette question soit réglée.
» Elle a pris maintenant, pour la première fois, une forme
pratique. Nous voyons que, quel que soit le dernier arrange-
ment , le canal lui-même est inévitable. Lord Palmerston peut,
à tort ou à raison, avoir résolu de s'opposer à cette mesure à
Constantinople, pendant ces quinze dernières années; mais il
est évident à présent que cette opposition n'aura plus d'effet
dorénavant; et un changement de circonstances exige un
changement de politique.
» Nous en venons à cette crainte bien hypothétique, ou que
le pouvoir français ne fasse tort aux intérêts anglais, ou que
la France, en exerçant sur le canal une influence pareille à
celle de la Russie sur le Danube, ne devienne pour la Turquie,
au sud, un ennemi, comme la Russie l'a été au nord. Nous
considérons toute crainte de ce genre comme chimérique.
Mais pour amener cette parité des intérêts dans le canal, qui
autrement pourrait être écarté, il est évident qu'avec le con-
sentement de la Porte, et par un acte international, la navi-
gation du canal doit être sauvegardée par une commission eu-
ropéenne composée de toutes les puissances maritimes, et de
celles qui surveillent aujourd'hui la navigation du Danube. Si
lord Malmesbury ou son successeur voulait promptement ré-
gler la question sur cette base, il ferait beaucoup pour rassu-
rer l'esprit public et pour hâter avant l'opération la bonne
intelligence des nations parla création d'un grand instrument
politique et commercial. Nous désirons que toutes les nations
prennent part au droit de navigation du canal ; mais nous pro-
posons que le contrôle de cette navigation soit confié aux dé-
légués de certaines puissances ayant droit à ce contrôle, soit
par l'importance de leur commerce avec l'Inde, soit par leur
participation au dernier règlement des affaires de Turquie.
En vertu de l'une et de l'autre de ces deux conditions, l'An-
gleterre a un droit prééminent à la première place parmi les
puissances surveillantes, et elle est dans la position de récla-
mer et de maintenir ce droit. »
Avant d'examiner le fond même de cet article, nous
tenons d'abord à remercier l'auteur de ce remarquable
travail de la sympathie qu'il montre pour la grande en-
treprise du canal de Suez, et de la haute intelligence
dont il fait preuve par la manière dont il la juge. On se
rappelle qu'en Irlande M. de Lesseps a trouve un accueil
très-bienveillant, et que trois meetings, ceux de Dublin,
de Belfast et de Cork, ont témoigne que l'Irlande ne
voulait pas rester étrangère à ces grands intérêts de civi-
lisation et d'humanité.
Nous sommes d'accord sur la plupart des points avec
l'auteur de l'article que nous venons de citer en partie.
Mais voici deux questions sur lesquelles nous ne pou-
vons pas être du même avis que lui.
En premier lieu, aucune nation ne peut prétendre à
exercer sur le canal de Suez un contrôle prépondérant.
Le canal de Suez est une œuvre d'utilité universelle ; et
toutes les nations doivent en profiter également. On ne
voit pas pourquoi l'une d'entre elles, ni la France ni
l'Angleterre, aurait dans cette question une prééminence
qui serait de nature à inquiéter et a froisser toutes les
autres. L'exemple même de la navigation du Danube
qu'invoque l'auteur semble aller contre son opinion, et
prouver en faveur de la nôtre. La navigation du Danube,
garantie par toutes les puissances signataires du traité de
Paris, a été l'objet de stipulations communes, en tant
qu'elle doit être réglée d'un commun accord. On ne voit
pas que l'une des grandes puissances ait réclamé sur le
Danube des droits de surveillance qui n'appartiendraient
pas aux autres.
Si pour le canal de Suez quelque gouvernement peut
réclamer un contrôle, si ce n'est particulier, du moins
plus direct, c'est l'Egypte, puisque le canal est sur son
territoire. C'est absolument comme l'Autriche et la Tur-
quie sont plus directement intéressées à la navigation du
Danube que la France ou l'Angleterre ou la Sardaigne;
mais l'Autriche et la Turquie ne réclament pas une sur-
veillance exclusive ou prépondérante.
Voilà pour le premier point.
Quant au second, qui s'y rattache de très-près, nous
dirons à l'auteur de l'article que ces discussions diplo-
matiques ne nous semblent pas encore utiles. Le moment
n'est pas venu de les agiter pratiquement. La Compa-
gnie du canal de Suez, chargée des travaux sur le sol
de l'isthme et dans les deux rades, n'est pas encore for-
mée; et quand bien même les travaux seraient commen-
cés, les puissances auraient bien le temps, pendant qu'ils
se poursuivraient, de s'entendre entre elles sur la neu-
tralité du futur canal. C'est une question très-importante
et tout à fait inévitable. Les puissances s'entendront à
cette époque comme elles se sont entendues pour le Bos-
phore de Constantinople, comme elles travaillent à s'en-
tendre sur la navigation et les bouches du Danube.
Jusque-là, il est bon de ne pas compliquer les choses ;
et on courrait risque de retarder la solution en mêlant à
la questiou actuelle des questions ultérieures.
Mais encore une fois, au lieu de marquer ces dissen-
timents, nous préférons remercier l'auteur dont nous
apprécions le remarquable talent. Il a pris la question
du canal de Suez du point de vue véritable, en en faisant
un intérêt de premier ordre pour toutes les nations civi-
» Si les principes à établir dans cette question sont sem-
blables à ceux sur lesquels les grandes puissances ont réglé
la navigation du Danube, il y aura peu de jalousies pour
intervenir. D'après le traité de Paris, la navigation du Danube
sera surveillée par une commission internationale. Cet
arrangement implique naturellement une modification des
droits souverains du Sultan; mais cette modification ne sera
pas plus étendue pour la navigation du canal de Suez que
pour celle du Danube.
» Ceux qui craignent une usurpation insidieuse de pouvoir
exclusif sur le canal de la part de la France doivent se rap-
peler que la question touche aux droits de souveraineté du
Sultan, et que des concessions territoriales ou une supréma-
tie politique accordées par le Vice-roi d'Égypte n'engagent ni
le Sultan ni les puissances européennes. La dernière décision
est par conséquent à Constantinople. Nous n'avons donc au-
cune crainte que le gouvernement français acquière des pou-
voirs exagérés, quelle que soit la convention qu'on ait pu
conclure avec le Vice-roi. En effet, nous croyons qu'une
stricte application du traité de Paris empêchera chaque puis-
sance d'obtenir une telle concession de la Porte, à l'exclusion
des autres parties contractantes du traité.
» Néanmoins, il est d'une grande importance, sinon pour
la paix de l'Europe, du moins pour le maintien de nos bonnes
relations avec la France, que cette question soit réglée.
» Elle a pris maintenant, pour la première fois, une forme
pratique. Nous voyons que, quel que soit le dernier arrange-
ment , le canal lui-même est inévitable. Lord Palmerston peut,
à tort ou à raison, avoir résolu de s'opposer à cette mesure à
Constantinople, pendant ces quinze dernières années; mais il
est évident à présent que cette opposition n'aura plus d'effet
dorénavant; et un changement de circonstances exige un
changement de politique.
» Nous en venons à cette crainte bien hypothétique, ou que
le pouvoir français ne fasse tort aux intérêts anglais, ou que
la France, en exerçant sur le canal une influence pareille à
celle de la Russie sur le Danube, ne devienne pour la Turquie,
au sud, un ennemi, comme la Russie l'a été au nord. Nous
considérons toute crainte de ce genre comme chimérique.
Mais pour amener cette parité des intérêts dans le canal, qui
autrement pourrait être écarté, il est évident qu'avec le con-
sentement de la Porte, et par un acte international, la navi-
gation du canal doit être sauvegardée par une commission eu-
ropéenne composée de toutes les puissances maritimes, et de
celles qui surveillent aujourd'hui la navigation du Danube. Si
lord Malmesbury ou son successeur voulait promptement ré-
gler la question sur cette base, il ferait beaucoup pour rassu-
rer l'esprit public et pour hâter avant l'opération la bonne
intelligence des nations parla création d'un grand instrument
politique et commercial. Nous désirons que toutes les nations
prennent part au droit de navigation du canal ; mais nous pro-
posons que le contrôle de cette navigation soit confié aux dé-
légués de certaines puissances ayant droit à ce contrôle, soit
par l'importance de leur commerce avec l'Inde, soit par leur
participation au dernier règlement des affaires de Turquie.
En vertu de l'une et de l'autre de ces deux conditions, l'An-
gleterre a un droit prééminent à la première place parmi les
puissances surveillantes, et elle est dans la position de récla-
mer et de maintenir ce droit. »
Avant d'examiner le fond même de cet article, nous
tenons d'abord à remercier l'auteur de ce remarquable
travail de la sympathie qu'il montre pour la grande en-
treprise du canal de Suez, et de la haute intelligence
dont il fait preuve par la manière dont il la juge. On se
rappelle qu'en Irlande M. de Lesseps a trouve un accueil
très-bienveillant, et que trois meetings, ceux de Dublin,
de Belfast et de Cork, ont témoigne que l'Irlande ne
voulait pas rester étrangère à ces grands intérêts de civi-
lisation et d'humanité.
Nous sommes d'accord sur la plupart des points avec
l'auteur de l'article que nous venons de citer en partie.
Mais voici deux questions sur lesquelles nous ne pou-
vons pas être du même avis que lui.
En premier lieu, aucune nation ne peut prétendre à
exercer sur le canal de Suez un contrôle prépondérant.
Le canal de Suez est une œuvre d'utilité universelle ; et
toutes les nations doivent en profiter également. On ne
voit pas pourquoi l'une d'entre elles, ni la France ni
l'Angleterre, aurait dans cette question une prééminence
qui serait de nature à inquiéter et a froisser toutes les
autres. L'exemple même de la navigation du Danube
qu'invoque l'auteur semble aller contre son opinion, et
prouver en faveur de la nôtre. La navigation du Danube,
garantie par toutes les puissances signataires du traité de
Paris, a été l'objet de stipulations communes, en tant
qu'elle doit être réglée d'un commun accord. On ne voit
pas que l'une des grandes puissances ait réclamé sur le
Danube des droits de surveillance qui n'appartiendraient
pas aux autres.
Si pour le canal de Suez quelque gouvernement peut
réclamer un contrôle, si ce n'est particulier, du moins
plus direct, c'est l'Egypte, puisque le canal est sur son
territoire. C'est absolument comme l'Autriche et la Tur-
quie sont plus directement intéressées à la navigation du
Danube que la France ou l'Angleterre ou la Sardaigne;
mais l'Autriche et la Turquie ne réclament pas une sur-
veillance exclusive ou prépondérante.
Voilà pour le premier point.
Quant au second, qui s'y rattache de très-près, nous
dirons à l'auteur de l'article que ces discussions diplo-
matiques ne nous semblent pas encore utiles. Le moment
n'est pas venu de les agiter pratiquement. La Compa-
gnie du canal de Suez, chargée des travaux sur le sol
de l'isthme et dans les deux rades, n'est pas encore for-
mée; et quand bien même les travaux seraient commen-
cés, les puissances auraient bien le temps, pendant qu'ils
se poursuivraient, de s'entendre entre elles sur la neu-
tralité du futur canal. C'est une question très-importante
et tout à fait inévitable. Les puissances s'entendront à
cette époque comme elles se sont entendues pour le Bos-
phore de Constantinople, comme elles travaillent à s'en-
tendre sur la navigation et les bouches du Danube.
Jusque-là, il est bon de ne pas compliquer les choses ;
et on courrait risque de retarder la solution en mêlant à
la questiou actuelle des questions ultérieures.
Mais encore une fois, au lieu de marquer ces dissen-
timents, nous préférons remercier l'auteur dont nous
apprécions le remarquable talent. Il a pris la question
du canal de Suez du point de vue véritable, en en faisant
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