Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1858 10 juillet 1858
Description : 1858/07/10 (A3,N50). 1858/07/10 (A3,N50).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203096h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
SAMEDI 10 JUILLET. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 359
des étrangers. D'ailleurs la population de Canton est
connue pour la plus arrogante et la plus turbulente de
l'Empire, tout aussi ambarrassante souvent pour le
gouvernement lui-même que pour les étrangers; se con-
sidérant comme infiniment supérieure aux populations
des autres provinces, qui ne les aiment guère. Aussi la
prise de Canton n'a-t-elle pas trop chagriné le gouver-
nement; il se sera réjoui, au contraire, de cette humi-
liation des Cantonnais, qui, à l'avenir, rabattront un
peu de leur orgueil, et s'accommoderont mieux aux
ordres venus de Péking. Il ne faut pas s'étonner que
cet échec ait produit si peu d'effet sur les populations
chinoises, par exemple celles du nord, qui savent à
peine ce qui s'est passé, et ne s'en occupent pas plus
que de n'importe quel événement en pays étranger.
C'est que la Chine manque absolument d'unité natio-
nale; chaque province est pour ainsi dire un pays à
part, ayant une population et une langue toutes diffé-
rentes de celles du voisin. Néanmoins l'occupation de
Canton est un puissant moyen d'action, si l'on en pro-
fite sagement, pour obtenir satisfaction à toutes les de-
mandes des Européens.
Ce que l'Angleterre veut, c'est du commerce, et c'est
vers ce but que doivent tendre tous ses efforis. Mais,
pour les faire réussir, il faut une entente complète avec
la France, avec les autres puissances européennes, afin
de ne pas donner prise aux ruses des astucieux diplo-
mates chinois, et afin d'exercer sur le gouvernement
Céleste une pression à laquelle il ne saurait résister. Ce
gouvernement craint, avant tout, deux choses : la pro-
pagande et la conquête, et il sait très-bien que le dan-
ger ne pourrait venir que du côté de la mer par les An-
glais, et du côté du nord par les Russes.
Quant à l'Angleterre, selon l'auteur anonyme de la
brochure, elle ne pense pas à acquérir de nouveaux
territoires, et la Russie n'est pas encore assez solide-
ment établie sur le fleuve Amour pour se hasarder dans
des entreprises de conquête. Sous ce rapport, il est donc
facile d'obtenir une entente complète entre toutes les
puissances. Pour rassurer plus complétement le gou-
vernement de Péking, il serait bon que les puissances
s'engageassent formellement à ne faire aucune espèce
d'envahissement territorial. Pour la propagande reli-
gieuse, l'entente serait encore facile à établir. Sous la
condition d'une entière tolérance envers les mission-
naires étrangers , les puissances pourraient prendre
l'obligation de ne pas s'immiscer dans les affaires reli-
gieuses. De cette manière , on aurait écarté les deux
craintes princi pales des Chinois, qui seules ont été les
causes de toutes les restrictions prises contre le com-
merce étranger, et il n'y aurait plus de difficultés à ob-
tenir des conditions favorables.
Pour l'Angleterre aussi bien que pour les autres puis-
sances, les intérêts commerciaux viennent en première
ligne; c'est par eux qu'il faut commencer, même au
point de vue religieux ; car le commerce est le pionnier
de la propagande chrétienne. De plus, la concession faite
à la susceptibilité chinoise par rapport à cette propa-
gande est dans l'intérêt même du christianisme. D'a-
bord l'abstention de toute intervention empêchera des
conflits pareils à ceux du dernier siècle entre les diffé-
rentes religions ; et ensuite, on donnerait moins raison à
la méfiance des Chinois, qui identifient toujours la pro-
pagande religieuse et la propagande politique. Les mis-
sionnaires trouveraient ainsi les voies plus libres, et
pourraient travailler avec moins de danger et plus de
succès à la conversion du Céleste Empire.
Après ces deux légères concessions : abstention de
toute conquête et de toute intervention dans la propa-
gande religieuse, les puissances occidentales auraient à
formuler leurs demandes, qui, suivant l'opinion des né-
gociants, consisteraient principalement en ceci :
1° Accès plus facile dans l'intérieur et sur le littoral,
avec participation au cabotage national et au commerce
intérieur, soit en supprimant entièrement, soit en modi-
fiant les restrictions actuelles ;
2° Relations directes et permanentes avec Péking ;
3° Modifications au tarif des droits maritimes, et dans
le mode de perception ;
4° Modifications pour les droits intérieurs ou droits
de transit ;
5° Règlement du commerce de l'opium ;
6° Uniformité des monnaies.
L'auteur examine successivement ces différentes ques-
tions, que nous parcourrons aussi en suivant ses indica-
tions.
Accès plus facile des districts producteurs des grands
articles d'exportation de Chine, du thé et de la soie;
accès plus facile des grands marchés intérieurs, centres
de la consommation et de la distribution des produits in-
dustriels européens : c'est là ce qui constitue le grand
besoin du commerce anglais et du commerce de toutes
les nations. Ces facilités doivent former indubitablement
l'objet principal des négociations. Il faudra augmenter
le nombre des ports où il y a des consuls, ouvrir tout le
commerce du littoral, et de plus, les grandes voies du
commerce intérieur avec libre accès aux districts pro-
ducteurs et aux principaux marchés de consommation ;
enfin il faudra s'assurer tous les avantages dont joui-
raient les Chinois en Angleterre, s'ils voulaient y venir
faire du commerce.
Pour vaincre la haine et la méfiance des Chinois, ob-
stacles principaux à tout rapprochement, il est indis-
pensable de changer complétement les relations diplo-
matiques avec la cour de Péking et de ne pas se laisser
tenir à distance. Faut-il ou non établir des relations di-
rectes avec le gouvernement de Chine ? Telle est la ques-
tion. Les Européens y rencontreront une vive résistance;
car ce sera le renversement complet de l'ancien système
suivi depuis des siècles , et la conviction que les chances
d'une collision et d'événements funestes augmentent en
proportion des points de contact entre les deux races.
L'entreprise est difficile, et les dangers sont évidents;
mais les avantages le sont aussi ; et c'est même le seul
moyen d'obtenir quelque grande amélioration dans nos
relations, et l'ouverture réelle de l'empire chinois au
des étrangers. D'ailleurs la population de Canton est
connue pour la plus arrogante et la plus turbulente de
l'Empire, tout aussi ambarrassante souvent pour le
gouvernement lui-même que pour les étrangers; se con-
sidérant comme infiniment supérieure aux populations
des autres provinces, qui ne les aiment guère. Aussi la
prise de Canton n'a-t-elle pas trop chagriné le gouver-
nement; il se sera réjoui, au contraire, de cette humi-
liation des Cantonnais, qui, à l'avenir, rabattront un
peu de leur orgueil, et s'accommoderont mieux aux
ordres venus de Péking. Il ne faut pas s'étonner que
cet échec ait produit si peu d'effet sur les populations
chinoises, par exemple celles du nord, qui savent à
peine ce qui s'est passé, et ne s'en occupent pas plus
que de n'importe quel événement en pays étranger.
C'est que la Chine manque absolument d'unité natio-
nale; chaque province est pour ainsi dire un pays à
part, ayant une population et une langue toutes diffé-
rentes de celles du voisin. Néanmoins l'occupation de
Canton est un puissant moyen d'action, si l'on en pro-
fite sagement, pour obtenir satisfaction à toutes les de-
mandes des Européens.
Ce que l'Angleterre veut, c'est du commerce, et c'est
vers ce but que doivent tendre tous ses efforis. Mais,
pour les faire réussir, il faut une entente complète avec
la France, avec les autres puissances européennes, afin
de ne pas donner prise aux ruses des astucieux diplo-
mates chinois, et afin d'exercer sur le gouvernement
Céleste une pression à laquelle il ne saurait résister. Ce
gouvernement craint, avant tout, deux choses : la pro-
pagande et la conquête, et il sait très-bien que le dan-
ger ne pourrait venir que du côté de la mer par les An-
glais, et du côté du nord par les Russes.
Quant à l'Angleterre, selon l'auteur anonyme de la
brochure, elle ne pense pas à acquérir de nouveaux
territoires, et la Russie n'est pas encore assez solide-
ment établie sur le fleuve Amour pour se hasarder dans
des entreprises de conquête. Sous ce rapport, il est donc
facile d'obtenir une entente complète entre toutes les
puissances. Pour rassurer plus complétement le gou-
vernement de Péking, il serait bon que les puissances
s'engageassent formellement à ne faire aucune espèce
d'envahissement territorial. Pour la propagande reli-
gieuse, l'entente serait encore facile à établir. Sous la
condition d'une entière tolérance envers les mission-
naires étrangers , les puissances pourraient prendre
l'obligation de ne pas s'immiscer dans les affaires reli-
gieuses. De cette manière , on aurait écarté les deux
craintes princi pales des Chinois, qui seules ont été les
causes de toutes les restrictions prises contre le com-
merce étranger, et il n'y aurait plus de difficultés à ob-
tenir des conditions favorables.
Pour l'Angleterre aussi bien que pour les autres puis-
sances, les intérêts commerciaux viennent en première
ligne; c'est par eux qu'il faut commencer, même au
point de vue religieux ; car le commerce est le pionnier
de la propagande chrétienne. De plus, la concession faite
à la susceptibilité chinoise par rapport à cette propa-
gande est dans l'intérêt même du christianisme. D'a-
bord l'abstention de toute intervention empêchera des
conflits pareils à ceux du dernier siècle entre les diffé-
rentes religions ; et ensuite, on donnerait moins raison à
la méfiance des Chinois, qui identifient toujours la pro-
pagande religieuse et la propagande politique. Les mis-
sionnaires trouveraient ainsi les voies plus libres, et
pourraient travailler avec moins de danger et plus de
succès à la conversion du Céleste Empire.
Après ces deux légères concessions : abstention de
toute conquête et de toute intervention dans la propa-
gande religieuse, les puissances occidentales auraient à
formuler leurs demandes, qui, suivant l'opinion des né-
gociants, consisteraient principalement en ceci :
1° Accès plus facile dans l'intérieur et sur le littoral,
avec participation au cabotage national et au commerce
intérieur, soit en supprimant entièrement, soit en modi-
fiant les restrictions actuelles ;
2° Relations directes et permanentes avec Péking ;
3° Modifications au tarif des droits maritimes, et dans
le mode de perception ;
4° Modifications pour les droits intérieurs ou droits
de transit ;
5° Règlement du commerce de l'opium ;
6° Uniformité des monnaies.
L'auteur examine successivement ces différentes ques-
tions, que nous parcourrons aussi en suivant ses indica-
tions.
Accès plus facile des districts producteurs des grands
articles d'exportation de Chine, du thé et de la soie;
accès plus facile des grands marchés intérieurs, centres
de la consommation et de la distribution des produits in-
dustriels européens : c'est là ce qui constitue le grand
besoin du commerce anglais et du commerce de toutes
les nations. Ces facilités doivent former indubitablement
l'objet principal des négociations. Il faudra augmenter
le nombre des ports où il y a des consuls, ouvrir tout le
commerce du littoral, et de plus, les grandes voies du
commerce intérieur avec libre accès aux districts pro-
ducteurs et aux principaux marchés de consommation ;
enfin il faudra s'assurer tous les avantages dont joui-
raient les Chinois en Angleterre, s'ils voulaient y venir
faire du commerce.
Pour vaincre la haine et la méfiance des Chinois, ob-
stacles principaux à tout rapprochement, il est indis-
pensable de changer complétement les relations diplo-
matiques avec la cour de Péking et de ne pas se laisser
tenir à distance. Faut-il ou non établir des relations di-
rectes avec le gouvernement de Chine ? Telle est la ques-
tion. Les Européens y rencontreront une vive résistance;
car ce sera le renversement complet de l'ancien système
suivi depuis des siècles , et la conviction que les chances
d'une collision et d'événements funestes augmentent en
proportion des points de contact entre les deux races.
L'entreprise est difficile, et les dangers sont évidents;
mais les avantages le sont aussi ; et c'est même le seul
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