Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-06-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juin 1858 25 juin 1858
Description : 1858/06/25 (A3,N49). 1858/06/25 (A3,N49).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62030953
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
VENDREDI 25 JUIN. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 305
et trouvé le même résultat. A la suite de ces travaux, ils éla-
borèrent un avant-projet de percement de l'isthme, après que
la concession eut été accordée à M. de Lesseps, en 1854.
» M. Talabot a publié, de son côté, un projet dans lequel,
abandonnant l'union directe des deux mers, il propose de
creuser un canal de Suez au lac Timsah, et delà, par l'Ouadée-
Toumilat, et en traversant le Nil, jusqu'à Alexandrie.
» Moi, de mon côté, je trouvai le résultat des nivellements
très-favorable à l'union directe des deux mers, l'égalité de
leurs niveaux dispensant de la construction des écluses. Ce-
pendant je restai sur la réserve avec mon opinion, jusqu'à ce
que mes prévisions fussent confirmées par l'exploration du
terrain et les sondages ordonnés.
» Par suite de l'exploration du terrain, exécutée au mois de
décembre 1855 par la Commission internationale, j'ai acquis
la conviction de l'exécution facile du percement, ainsi que de
la possibilité de construire des entrées et des ports sûrs aux
deux extrémités du canal et au lac Timsah. Et à peine l'explo-
ration du désert et des deux golfes était-elle terminée, que,
fortifié dans mes longues expériences par les nouvelles études,
je me prononçai définitivement, étant'encore dans le golfe
de Péluse, pour l'union directe des deux mers au moyen d'un
canal libre.
» Je ne partage pas l'opinion de mon honorable ami d'Angle-
terre, que le canal, faute de courant, deviendra un fossé
vaseux et stagnant.
» Les grands bassins dans l'intérieur de l'isthme formeront
des surfaces d'eau très-considérable, et qui entretiendront,
comme tous les lacs intérieurs, le mouvement constant des
eaux. La différence des marées, dans les deux mers, com-
muniquera au canal l'agitation qu'ont les mers elles-mêmes.
Le canal ne peut être considéré que comme la continuation
des deux mers, qui mêlent leurs eaux dans les deux bassins.
Que mon honorable ami essaye d'observer par les fenêtres
du Parlement, où il a développé de si singulières connais-
sances hydrauliques, il verra que le reflux de la Tamise jus-
qu'au delà de Windsor est causé par la marée montante et par
l'agitation communiquée au fleuve; quoique Windsor soit à
plusieurs lieues de la mer, néanmoins l'influence de la marée
sur les eaux intérieures se fait sentir régulièrement. De même,
la Méditerranée et la mer Rouge agiteront le canal de Suez.
Les eaux iront et viendront; en un mot, elles prendront
part à tous les mouvements de la mer. Car le canal, nous le
répétons, n'est qu'une prolongation, des deux mers, jusqu'à
leur point d'union dans le bassin des Lacs-Amers, et il sera
continuellement alimenté par elles. Cette agitation se mani-
feste dans toutes les lagunes ou canaux qui communiquent
avec la mer. Ainsi le lac Menzaleh, alimenté et animé par
la Méditerranée, s'étend très-loin dans le pays, sans devenir
une mare stagnante.
» Mon honorable ami comprendra donc qu'il n'aura pas
dans « l'Autrichien )) un appui pour sa manière de voir, et
que ce dernier ne renonce pas à des données historiques, ni
à sa conviction formée après un examen sérieux, à savoir
que le percement de l'isthme de Suez, en vue de l'établisse-
ment d'un canal maritime pour unir les deux mers, est d'une
exécution facile au point de vue technique. »
» Vienne, le 10 juin 1858. -
» NÉGRELLI , ingénieur. »
Cette réponse est péremptoire, et elle en exige une
autre de M. Stephenson. Dès qu'il l'aura faite, nous au-
rons soin de là communiquer à nos lecteurs.
G. WAGENER.
LE « CONSTITUTIONNEL » DU 12 JUIN
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous donnons plus loin une revue -spéciale des prin-
cipaux articles qu'a inspirés à la presse européenne la
discussion du Parlement anglais; mais nous croyons de-
voir détachèr de cette revue l'article suivant du Consti-
tutionnel, où nos lecteurs trouveront des aperçus nou-
veaux et des déclarations que nous recommandons à
toute leur attention.
Voici cet article: -
« Il y a huit jours, la Chambre des Communes d'Angleterre
délibérait sur une motion qu'elle aurait dû approuver sans
débats. C'était celle de M. Roebuck, qui proposait de décla-
rer que le gouvernement britannique devait cesser de peser
sur la Porte Ottomane, pour. l'obliger à différer au moins la
sanction officielle qu'elle voudrait donner au percement de
l'isthme de Suez. La majorité, on le sait, a repoussé cette mo-
tion. Elie-doit aujourd'hui bien regretter cette décision. Si
elle a connaissance du sentiment que son vote a fait naître
dans toute l'Europe; si elle se rend compte du danger auquel
elle expose l'Angleterre, en accréditant la pensée que les in-
térêts britanniques sont contraires aux vœux légitimes du
reste du monde, et qu'ils ne transigeront point, elle doit être
inquiète des suites de son vote, et un peu troublée d'avoir
donné cette preuve irréfléchie d'égoïsme.
» L'influence de l'Angleterre dans les affaires générales du
monde se soutient au moyen des alliances qu'elle contracte
sur tout le continent; c'est avec l'aide d'alliés qu'elle a fondé
sa puissance et qu'elle la maintient, surtout en ce moment,
où tant de causes d'affaiblissement se révèlent dans son orga-
nisation intérieure et dans ses possessions lointaines. Or, s'il
devenait avéré que cette puissance, longtemps regardée comme
la sauvegarde des intérêts de l'Europe, ne se soutient, au
contraire, qu'à condition de les blesser, ne s'exposerait-elle
pas à voir se refroidir les sympathies dont elle a si grand be-
soin? La Grande-Bretagne, entourée d'un cercle. de gouver-
nements polis mais réservés, pourrait finir par être isolée dans
toutes les questions diplomatiques, et les peuples cesseraient
de croire à son influence.
:) Voilà pourtant quelles graves conséquences peut produire
une affaire en apparence petite et secondaire au milieu des
grandes questions de la politique quotidienne. L'isthme dé
Suez est une sorte de pierre de touche qui peut faire connaître
au monde si l'Angleterre est sincère quand elle se dit animée
du désir de répandre la civilisation , de travailler au progrès
de l'humanité, de propager la liberté du commerce dans des
vues philanthropiques plus encore que dans son propre inté-
rêt; l'isthme de Suez est l'épreuve de la politique anglaise ;
selon que cette affaire est traitée en Angleterre, on peut juger
si cette politique est conservatrice, comme le monde l'a cru
durant la première moitié de ce siècle, ou si elle est, au con-
traire, égoïste et étroite.
» Nous avions donc raison de dire en commençant que bien
des membres de la majorité doivent en être au regret de leur
vote, qui, d'ailleurs, nous le croyons fermement, ne répond
pas aux sentiments de la nation. Les Anglais ont trop de bon
sens pratique pour s'associer à une telle faute.
» La Chambre s'est laissé éblouir par des sophismes. Elle
ignorait les faits de la cause, comme on dit en termes de pa-
lais. Puis, eût-elle été mieux instruite, elle avait des obliga-
tions de partis ; elle n'a pas pu déserter le drapeau de ses chefs.
et trouvé le même résultat. A la suite de ces travaux, ils éla-
borèrent un avant-projet de percement de l'isthme, après que
la concession eut été accordée à M. de Lesseps, en 1854.
» M. Talabot a publié, de son côté, un projet dans lequel,
abandonnant l'union directe des deux mers, il propose de
creuser un canal de Suez au lac Timsah, et delà, par l'Ouadée-
Toumilat, et en traversant le Nil, jusqu'à Alexandrie.
» Moi, de mon côté, je trouvai le résultat des nivellements
très-favorable à l'union directe des deux mers, l'égalité de
leurs niveaux dispensant de la construction des écluses. Ce-
pendant je restai sur la réserve avec mon opinion, jusqu'à ce
que mes prévisions fussent confirmées par l'exploration du
terrain et les sondages ordonnés.
» Par suite de l'exploration du terrain, exécutée au mois de
décembre 1855 par la Commission internationale, j'ai acquis
la conviction de l'exécution facile du percement, ainsi que de
la possibilité de construire des entrées et des ports sûrs aux
deux extrémités du canal et au lac Timsah. Et à peine l'explo-
ration du désert et des deux golfes était-elle terminée, que,
fortifié dans mes longues expériences par les nouvelles études,
je me prononçai définitivement, étant'encore dans le golfe
de Péluse, pour l'union directe des deux mers au moyen d'un
canal libre.
» Je ne partage pas l'opinion de mon honorable ami d'Angle-
terre, que le canal, faute de courant, deviendra un fossé
vaseux et stagnant.
» Les grands bassins dans l'intérieur de l'isthme formeront
des surfaces d'eau très-considérable, et qui entretiendront,
comme tous les lacs intérieurs, le mouvement constant des
eaux. La différence des marées, dans les deux mers, com-
muniquera au canal l'agitation qu'ont les mers elles-mêmes.
Le canal ne peut être considéré que comme la continuation
des deux mers, qui mêlent leurs eaux dans les deux bassins.
Que mon honorable ami essaye d'observer par les fenêtres
du Parlement, où il a développé de si singulières connais-
sances hydrauliques, il verra que le reflux de la Tamise jus-
qu'au delà de Windsor est causé par la marée montante et par
l'agitation communiquée au fleuve; quoique Windsor soit à
plusieurs lieues de la mer, néanmoins l'influence de la marée
sur les eaux intérieures se fait sentir régulièrement. De même,
la Méditerranée et la mer Rouge agiteront le canal de Suez.
Les eaux iront et viendront; en un mot, elles prendront
part à tous les mouvements de la mer. Car le canal, nous le
répétons, n'est qu'une prolongation, des deux mers, jusqu'à
leur point d'union dans le bassin des Lacs-Amers, et il sera
continuellement alimenté par elles. Cette agitation se mani-
feste dans toutes les lagunes ou canaux qui communiquent
avec la mer. Ainsi le lac Menzaleh, alimenté et animé par
la Méditerranée, s'étend très-loin dans le pays, sans devenir
une mare stagnante.
» Mon honorable ami comprendra donc qu'il n'aura pas
dans « l'Autrichien )) un appui pour sa manière de voir, et
que ce dernier ne renonce pas à des données historiques, ni
à sa conviction formée après un examen sérieux, à savoir
que le percement de l'isthme de Suez, en vue de l'établisse-
ment d'un canal maritime pour unir les deux mers, est d'une
exécution facile au point de vue technique. »
» Vienne, le 10 juin 1858. -
» NÉGRELLI , ingénieur. »
Cette réponse est péremptoire, et elle en exige une
autre de M. Stephenson. Dès qu'il l'aura faite, nous au-
rons soin de là communiquer à nos lecteurs.
G. WAGENER.
LE « CONSTITUTIONNEL » DU 12 JUIN
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous donnons plus loin une revue -spéciale des prin-
cipaux articles qu'a inspirés à la presse européenne la
discussion du Parlement anglais; mais nous croyons de-
voir détachèr de cette revue l'article suivant du Consti-
tutionnel, où nos lecteurs trouveront des aperçus nou-
veaux et des déclarations que nous recommandons à
toute leur attention.
Voici cet article: -
« Il y a huit jours, la Chambre des Communes d'Angleterre
délibérait sur une motion qu'elle aurait dû approuver sans
débats. C'était celle de M. Roebuck, qui proposait de décla-
rer que le gouvernement britannique devait cesser de peser
sur la Porte Ottomane, pour. l'obliger à différer au moins la
sanction officielle qu'elle voudrait donner au percement de
l'isthme de Suez. La majorité, on le sait, a repoussé cette mo-
tion. Elie-doit aujourd'hui bien regretter cette décision. Si
elle a connaissance du sentiment que son vote a fait naître
dans toute l'Europe; si elle se rend compte du danger auquel
elle expose l'Angleterre, en accréditant la pensée que les in-
térêts britanniques sont contraires aux vœux légitimes du
reste du monde, et qu'ils ne transigeront point, elle doit être
inquiète des suites de son vote, et un peu troublée d'avoir
donné cette preuve irréfléchie d'égoïsme.
» L'influence de l'Angleterre dans les affaires générales du
monde se soutient au moyen des alliances qu'elle contracte
sur tout le continent; c'est avec l'aide d'alliés qu'elle a fondé
sa puissance et qu'elle la maintient, surtout en ce moment,
où tant de causes d'affaiblissement se révèlent dans son orga-
nisation intérieure et dans ses possessions lointaines. Or, s'il
devenait avéré que cette puissance, longtemps regardée comme
la sauvegarde des intérêts de l'Europe, ne se soutient, au
contraire, qu'à condition de les blesser, ne s'exposerait-elle
pas à voir se refroidir les sympathies dont elle a si grand be-
soin? La Grande-Bretagne, entourée d'un cercle. de gouver-
nements polis mais réservés, pourrait finir par être isolée dans
toutes les questions diplomatiques, et les peuples cesseraient
de croire à son influence.
:) Voilà pourtant quelles graves conséquences peut produire
une affaire en apparence petite et secondaire au milieu des
grandes questions de la politique quotidienne. L'isthme dé
Suez est une sorte de pierre de touche qui peut faire connaître
au monde si l'Angleterre est sincère quand elle se dit animée
du désir de répandre la civilisation , de travailler au progrès
de l'humanité, de propager la liberté du commerce dans des
vues philanthropiques plus encore que dans son propre inté-
rêt; l'isthme de Suez est l'épreuve de la politique anglaise ;
selon que cette affaire est traitée en Angleterre, on peut juger
si cette politique est conservatrice, comme le monde l'a cru
durant la première moitié de ce siècle, ou si elle est, au con-
traire, égoïste et étroite.
» Nous avions donc raison de dire en commençant que bien
des membres de la majorité doivent en être au regret de leur
vote, qui, d'ailleurs, nous le croyons fermement, ne répond
pas aux sentiments de la nation. Les Anglais ont trop de bon
sens pratique pour s'associer à une telle faute.
» La Chambre s'est laissé éblouir par des sophismes. Elle
ignorait les faits de la cause, comme on dit en termes de pa-
lais. Puis, eût-elle été mieux instruite, elle avait des obliga-
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