Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-06-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juin 1858 25 juin 1858
Description : 1858/06/25 (A3,N49). 1858/06/25 (A3,N49).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62030953
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
308 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 25 JUIN.
les arrangements existants, et que de présenter un obstacle
insurmontable à des améliorations futures. »
Nous laissons naturellement les plaisanteries du
Times pour ce qu'elles valent. Elles sont d'un goût pas-
sablement équivoque, et nous doutons qu'elles charment
beaucoup le public anglais auquel elles s'adressent.
Mais franchement, nous trouvons que la verve du Times
baisse d'une façon étonnante ; et l'article que nous
venons de citer, s'il est égal aux précédents par la
raison, en est fort loin par le talent. C'est l'effet d'une
mauvaise cause, et le Times a beau se battre les flancs,
il ne peut contre la vérité trouver rien qui vaille. Il est
à bout d'arguments, et son arsenal est bien près d'être
épuisé, puisqu'il en est déjà réduit à de si pauvres re-
dites.
En effet, voyez un peu le Times qui reproche à
M. Roebuck de ne pas connaître le sujet qu'il est venu
défendre devant la Chambre des Communes! Et le
Times , comme il connaît lui-même ce dont il parle !
Il vante encore les opinions de M. Stephenson, et il ne
paraît pas se douter que les réfutations dont M. Ste-
phenson a été l'objet de la part de MM. Paléocapa,
Conrad et Charles Dupin, sont restées sans réponse de
la part du prudent ingénieur anglais. Le Times vante
aussi le système de lord Palmerston, qui s'imagine
qu'un canal de cent mètres de large pourrait rendre
l'Egypte indépendante de la Turquie, malgré les traités
européens.
Mais la logique du Times ne vaut pas encore sa
science historique; et pour lui, l'idée d'unir les deux
mers remonte à l'expédition française de 1798. Le
Times ignore sans doute que l'idée est aussi ancienne
à peu près que l'Egypte elle-même, et que les Pharaons
ont construit un canal dont le sol de l'isthme porte
encore des traces nombreuses. Le canal proposé par
M. Lepère au général Bonaparte était précisément la
restauration des antiques travaux. Mais le Times est
magnanime, et il ne s'oppose pas à cette idée du canal
de Suez parce qu'elle est française ; il s'y oppose unique-
ment parce qu'elle est impraticable. Alors à quoi bon
s'y opposer? Si le canal est impossible, laissez faire la
nature; elle sera plus forte que vous contre les impru-
dents qui essayeront de surmonter des obstacles insur-
montables.
Le Times, qui se fait ingénieur à défaut de lord Pal-
merston , déclare que le canal coûtera vingt millions de
livres sterling, c'est-à-dire cinq cents millions de francs.
Il est probable que le grand journal anglais qui a tant
de ressources, aurtf envoyé des ingénieurs tout exprès
dans l'isthme pour refaire les études de la Commission
internationale. Cependant il ne le dit pas précisément; et
jusqu'à ce qu'il nous donne cette assurance de nouvelles
investigations, nous préférerons, avec l'Europe savante,
les projets et le devis des hommes éminents qui se sont
rendus sur les lieux, et qui ne se sont prononcés
qu'après un examen long et attentif.
Mais le Times en est encore aux vases de la baie de
Péluse et à l'ensablement du canal. Il a ses caries par-
ticulières du port Saïd, comme il a ses plans de l'isthme ;
et des ingénieurs compétents à lui connus, mais qu'il
se garde bien de nommer, lui ont assuré tout bas qu'il
faudrait une énorme machine à vapeur pour désensabler
le canal. Ces juges si éclairés lui ont même démontré qu'il
n'y aurait pas un seul passager qui consentît à prendre
le canal de Suez, et que ce malencontreux canal ne ser-
virait tout au plus qu'aux marchandises encombrantes.
C'est si peu de chose en effet que trois ou quatre mil-
lions de tonnes venant chaque année des mers de l'Asie,
sans compter l'accroissement certain que promet l'ave-
nir! Voilà tout au plus à quoi servira le canal; et le
Times en conclut bravement que ce n'est pas la peine
de le faire.
C'est donc bien entendu, et la Turquie, traduisez le
cabinet anglais, est parfaitement sage de ne pas per-
mettre l'entreprise que soutient M. Roebuck et qui n'est
bonne qu'à faire des dupes; car le Times, en fidèle écho
de ses patrons, prend la défense des bourses anglaises
auxquelles on ne demande rien, et que ce perfide canal
va dévaliser avec la plus déloyale astuce, sans leur
faire le moindre appel.
Telle est l'argumentation du Times; et le ton que
prend le grand journal n'est pas plus sérieux que celui
que nous prenons nous-mêmes pour lui répondre. C'est
vraiment par trop faible, et le Times qui reproche aux
autres leur ignorance devrait bien aussi avoir quelque
sentiment de la sienne. Au fond, il vaudrait mieux être
plus franc , et dire hardiment avec lord Palmerston
qu'on repousse le canal de Suez parce qu'il est con-
traire à l'intérêt anglais. L'objection ne serait pas
bonne, parce que le canal loin de nuire à l'Angleterre,
doit lui être immensément utile; mais du moins elle
serait franche; et l'on aurait même une apparence
de patriotisme à la soutenir. Mais raisonner comme
fait le Times dans l'article que nous citons, c'est ne
pas se respecter assez soi-même; et quand on prend
en main une si faible cause, il faut se donner au moins
la peine de l'étudier pour en tirer le meilleur parti
possible. C'est un avis que nous donnons au Times,
bien persuadé qu'il n'en profitera pas.
ERNEST DESPLACES.
LE «DAILY-NEIVS» ET LA DISCUSSION DU 1er JUIN
DANS LE PARLEMENT ANGLAIS.
Le Daily-News du 3 juin a consacré l'article suivant
à la discussion de la Chambre des Communes sur le
canal de Suez :
a La Chambre des Communes, par son vote de mardi soir,
a donné sa sanction à cette politique d'intervention irritante
qui a déjà provoqué des sentiments si peu bienveillants et tant
de folles dépenses. Elle a fait plus : elle a donné sa sanction
à une politique qui, en sjappuyant sur des principes étroits
et erronés, place la première nation maritime de la terre, à
l'occasion du problème maritime le plus important du jour,
en opposition, non-seulement avec les vœux déclarés de toutes
les autres puissances de l'Europe, mais aussi avec les-intérêts
les arrangements existants, et que de présenter un obstacle
insurmontable à des améliorations futures. »
Nous laissons naturellement les plaisanteries du
Times pour ce qu'elles valent. Elles sont d'un goût pas-
sablement équivoque, et nous doutons qu'elles charment
beaucoup le public anglais auquel elles s'adressent.
Mais franchement, nous trouvons que la verve du Times
baisse d'une façon étonnante ; et l'article que nous
venons de citer, s'il est égal aux précédents par la
raison, en est fort loin par le talent. C'est l'effet d'une
mauvaise cause, et le Times a beau se battre les flancs,
il ne peut contre la vérité trouver rien qui vaille. Il est
à bout d'arguments, et son arsenal est bien près d'être
épuisé, puisqu'il en est déjà réduit à de si pauvres re-
dites.
En effet, voyez un peu le Times qui reproche à
M. Roebuck de ne pas connaître le sujet qu'il est venu
défendre devant la Chambre des Communes! Et le
Times , comme il connaît lui-même ce dont il parle !
Il vante encore les opinions de M. Stephenson, et il ne
paraît pas se douter que les réfutations dont M. Ste-
phenson a été l'objet de la part de MM. Paléocapa,
Conrad et Charles Dupin, sont restées sans réponse de
la part du prudent ingénieur anglais. Le Times vante
aussi le système de lord Palmerston, qui s'imagine
qu'un canal de cent mètres de large pourrait rendre
l'Egypte indépendante de la Turquie, malgré les traités
européens.
Mais la logique du Times ne vaut pas encore sa
science historique; et pour lui, l'idée d'unir les deux
mers remonte à l'expédition française de 1798. Le
Times ignore sans doute que l'idée est aussi ancienne
à peu près que l'Egypte elle-même, et que les Pharaons
ont construit un canal dont le sol de l'isthme porte
encore des traces nombreuses. Le canal proposé par
M. Lepère au général Bonaparte était précisément la
restauration des antiques travaux. Mais le Times est
magnanime, et il ne s'oppose pas à cette idée du canal
de Suez parce qu'elle est française ; il s'y oppose unique-
ment parce qu'elle est impraticable. Alors à quoi bon
s'y opposer? Si le canal est impossible, laissez faire la
nature; elle sera plus forte que vous contre les impru-
dents qui essayeront de surmonter des obstacles insur-
montables.
Le Times, qui se fait ingénieur à défaut de lord Pal-
merston , déclare que le canal coûtera vingt millions de
livres sterling, c'est-à-dire cinq cents millions de francs.
Il est probable que le grand journal anglais qui a tant
de ressources, aurtf envoyé des ingénieurs tout exprès
dans l'isthme pour refaire les études de la Commission
internationale. Cependant il ne le dit pas précisément; et
jusqu'à ce qu'il nous donne cette assurance de nouvelles
investigations, nous préférerons, avec l'Europe savante,
les projets et le devis des hommes éminents qui se sont
rendus sur les lieux, et qui ne se sont prononcés
qu'après un examen long et attentif.
Mais le Times en est encore aux vases de la baie de
Péluse et à l'ensablement du canal. Il a ses caries par-
ticulières du port Saïd, comme il a ses plans de l'isthme ;
et des ingénieurs compétents à lui connus, mais qu'il
se garde bien de nommer, lui ont assuré tout bas qu'il
faudrait une énorme machine à vapeur pour désensabler
le canal. Ces juges si éclairés lui ont même démontré qu'il
n'y aurait pas un seul passager qui consentît à prendre
le canal de Suez, et que ce malencontreux canal ne ser-
virait tout au plus qu'aux marchandises encombrantes.
C'est si peu de chose en effet que trois ou quatre mil-
lions de tonnes venant chaque année des mers de l'Asie,
sans compter l'accroissement certain que promet l'ave-
nir! Voilà tout au plus à quoi servira le canal; et le
Times en conclut bravement que ce n'est pas la peine
de le faire.
C'est donc bien entendu, et la Turquie, traduisez le
cabinet anglais, est parfaitement sage de ne pas per-
mettre l'entreprise que soutient M. Roebuck et qui n'est
bonne qu'à faire des dupes; car le Times, en fidèle écho
de ses patrons, prend la défense des bourses anglaises
auxquelles on ne demande rien, et que ce perfide canal
va dévaliser avec la plus déloyale astuce, sans leur
faire le moindre appel.
Telle est l'argumentation du Times; et le ton que
prend le grand journal n'est pas plus sérieux que celui
que nous prenons nous-mêmes pour lui répondre. C'est
vraiment par trop faible, et le Times qui reproche aux
autres leur ignorance devrait bien aussi avoir quelque
sentiment de la sienne. Au fond, il vaudrait mieux être
plus franc , et dire hardiment avec lord Palmerston
qu'on repousse le canal de Suez parce qu'il est con-
traire à l'intérêt anglais. L'objection ne serait pas
bonne, parce que le canal loin de nuire à l'Angleterre,
doit lui être immensément utile; mais du moins elle
serait franche; et l'on aurait même une apparence
de patriotisme à la soutenir. Mais raisonner comme
fait le Times dans l'article que nous citons, c'est ne
pas se respecter assez soi-même; et quand on prend
en main une si faible cause, il faut se donner au moins
la peine de l'étudier pour en tirer le meilleur parti
possible. C'est un avis que nous donnons au Times,
bien persuadé qu'il n'en profitera pas.
ERNEST DESPLACES.
LE «DAILY-NEIVS» ET LA DISCUSSION DU 1er JUIN
DANS LE PARLEMENT ANGLAIS.
Le Daily-News du 3 juin a consacré l'article suivant
à la discussion de la Chambre des Communes sur le
canal de Suez :
a La Chambre des Communes, par son vote de mardi soir,
a donné sa sanction à cette politique d'intervention irritante
qui a déjà provoqué des sentiments si peu bienveillants et tant
de folles dépenses. Elle a fait plus : elle a donné sa sanction
à une politique qui, en sjappuyant sur des principes étroits
et erronés, place la première nation maritime de la terre, à
l'occasion du problème maritime le plus important du jour,
en opposition, non-seulement avec les vœux déclarés de toutes
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