Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-05-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mai 1858 10 mai 1858
Description : 1858/05/10 (A3,N46). 1858/05/10 (A3,N46).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203092v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
-224 L'ISTHME DE SUEZ, LUNDI 10 MAI.
'r ; Une grande inégalité de niveau des deux mers fut
malheureusement reproduite, comme un fait d'observa-
tion, lorsque nous étions en Égypte il y a 60 ans.
- Chose singulière ! cette erreur, de date bien antérieure,
avait fait successivement ajourner, puis abandonner par
les anciens l'entreprise aquatique d'une communication
directe entre les deux mers, la même erreur paraîtrait,
au contraire, avoir rendu la même entreprise praticable
aux yeux de M. Stephenson.
Dès 1846, il se formait une société nouvelle pour pré-
parer la construction d'un canal entre la mer Rouge et la
Méditerranée ;el!e avait désiré, pour lumières principales,
MM. Paulin Talabot, Negrelli et Stephenson, dont
'aucun ne vint alors en Egypte. Le dernier croit se rap-
peler qu'il eSt au nombre des observateurs auxquels on
doit d'avoir découvert la presqu'égalité du niveau de la
mer Rouge et de la Méditerranée. Non, messieurs; il
n'y a point ici de partage. Cette découverte, car c'en
était une, appartient à l'un de nos compatriotes. Elle
appartient à M. Bourdaloue, qui l'a rendue irrécusable
dès 1847, non pas à la suite d'une visite faite en voya-
geurs curieux ; mais comme la conséquence finale d'une
opération patiemment, scientifiquement exécutée, avec
des instruments d'une rare précision, maniés par des ob-
servateurs exercés : opération vérifiée, sans désemparer,
par un contre-nivellement.
Ce résultat, dont la connaissance aurait dans les
siècles passés dissipé les craintes et levé les objections
des Egyptiens, des Grecs et des Romains, ce résultat en
a fait naître de nouvelles et d'insurmontables dans l'es-
prit du célèbre ingénieur britannique. Il aurait accepté
l'idée d'une espèce de bosphore, que projetait en
premier lieu M. Linant, d'un bosphore ouvert à
main d'homme et laissant couler par 10 mètres de
chute les eaux de l'Orient vers les mers de l'Occident.
Mais aussitôt qu'il faut concevoir un large et profond
canal, presque de niveau depuis Suez jusqu'à Péluse,
cette œuvre de l'art se présente à ses yeux comme une
espèce de mer morte, impraticable entre deux mers vi-
vaces, libres et fécondes. a La différence (des niveaux)
ayant été trouvée nulle, dit-il en propres termes, les
ingénieurs avec qui j'étais ont tous abandonné le projet,
et, je crois, avec raison.,, Ici les souvenirs de M. Stephen-
son paraissent le tromper encore. Trois ingénieurs étaient
consultés en 1847 sur la voie préférable pour traverser
l'isthme de Suez : de ces trois hommes distingués, d'un
côté M. Talabot étudie sérieusement et propose un canal
des deux mers qui devra joindre Alexandrie, le Caire et
Suez; de l'autre côté, M. Negrelli, se rapprochant des
idées de M. Linant-Bey, rédige l'avanNprojet d'un canal
direct entre Suez et Péluse; projet qu'il ne cesse depuis
lors de regarder comme préférable à tout autre; projet
qui vient se confondre avec les études sérieuses faites
sur les lieux par MM. Linant-Bey et Mougel-Bey, les
ingénieurs en chef du Vice-roi de l'Egypte : projet enfin
que, huit ans plus tard, le même M. Negrelli revient
examiner, pour l'améliorer encore et le sanctionner à son
tour comme membre de la Commission internationale.
L'éminent ingénieur anglais élève une objection extra-
ordinaire : il ne parait concevoir un canal entre deux
mers de niveau qu'à la condition de dériver une eau
fluviale pour l'alimenter. Il croit que tel est le système
adopté par les ingénieurs du Vice-roi, puis approuvé par
la Commission internationale. Telle est la pensée qu'il
condamne.
La Commission internationale n'a jamais accepté le
secours d'une alimentation fournie par le Nil ; elles'estap-
puyée sur un savant mémoire de son secrétaire, M. Lieus-
sou, pour examiner, non pas la stagnation des eaux
marines, mais pour présenter, en ayant égard au mouve-
ment des marées, ainsi qu'à la propagation des ondes :
1° le calcul des vitesses naturelles du fluide au débouché
de la mer Rouge et circulant par le canal, jusqu'aux lacs
Amers; 2° la vitesse de l'eau marine à partir de ces lacs,
jusqu'à la Méditerranée. C'est le mémoire approuvé par
l'Académie, d'après les conclusions de notre premier
rapport.
En définitive, lorsque M. Stephenson s'est prononcé si
fortement contre l'idée d'un canal maritime alimenté par
le Nil, et vers Suez et vers Péluse., il s'est prononcé
contre un système que la Commission internationale avait
formellement exclu.
Afin de justifier l'ingénieur dissident, disons avec
plaisir quelle apparence a pu l'induire en erreur. Depuis
quelque temps on creuse un canal en petite section, qui
conduira dans le val de Suez des eaux potables; elles
seront, dans le désert, à l'usage des travailleurs, lorsque
ceux-ci creuseront le grand canal maritime et lorsqu'il
faudra construire le port central de Timsah. Cette
rigole, qui servira plus tard à des irrigations, l'habile
ingénieur anglais l'aura prise pour la rigole alimentaire
du futur canal maritime. S'il avait lu la troisième série
des Documents publiés dès 1856, il se serait édifié sur
tous ces points.
A présent, pour qu'on n'ait point la pensée qu'à notre
tour nous ne rendons pas avec la plus complète exacti-
tude les idées et les jugements de M. Stephenson,
nous sommes heureux de citer ses expressions mêmes.
« J'ai, dit-il, exploré le terrain ; j'ai examiné la pos-
sibilité d'établir un canal, en admettant l'égalité du
niveau des deux mers, et que la prise d'eau fût placée
dans les parties supérieures du Nil; mais je suis arrivé
à cette conclusion que la chose est, je dirais ABSURDE,
si d'autres ingénieurs dont je respecte les opinions
n'avaient également examiné le terrain et déclaré que
l'entreprise était possible. »
Après avoir attribué aux ingénieurs du canal mari-
time de Suez un projet qui n'a jamais été le leur, et qui
lui paraît non-seulement déraisonnable, mais absurde,
M. Stephenson parle de la dépense et des revenus. Pour
la dépense, il ne contrôle aucun calcul, il ne critique
aucun devis ; il ne conteste aucun prix de main-d'œuvre
ou de matière, il ne contredit en rien les vérifications
exécutées par la Commission internationale. Sans recou-
rir à cette voie patiente et sûre, il semble placer les
déboursés nécessaires au delà des dépenses calculables.
'r ; Une grande inégalité de niveau des deux mers fut
malheureusement reproduite, comme un fait d'observa-
tion, lorsque nous étions en Égypte il y a 60 ans.
- Chose singulière ! cette erreur, de date bien antérieure,
avait fait successivement ajourner, puis abandonner par
les anciens l'entreprise aquatique d'une communication
directe entre les deux mers, la même erreur paraîtrait,
au contraire, avoir rendu la même entreprise praticable
aux yeux de M. Stephenson.
Dès 1846, il se formait une société nouvelle pour pré-
parer la construction d'un canal entre la mer Rouge et la
Méditerranée ;el!e avait désiré, pour lumières principales,
MM. Paulin Talabot, Negrelli et Stephenson, dont
'aucun ne vint alors en Egypte. Le dernier croit se rap-
peler qu'il eSt au nombre des observateurs auxquels on
doit d'avoir découvert la presqu'égalité du niveau de la
mer Rouge et de la Méditerranée. Non, messieurs; il
n'y a point ici de partage. Cette découverte, car c'en
était une, appartient à l'un de nos compatriotes. Elle
appartient à M. Bourdaloue, qui l'a rendue irrécusable
dès 1847, non pas à la suite d'une visite faite en voya-
geurs curieux ; mais comme la conséquence finale d'une
opération patiemment, scientifiquement exécutée, avec
des instruments d'une rare précision, maniés par des ob-
servateurs exercés : opération vérifiée, sans désemparer,
par un contre-nivellement.
Ce résultat, dont la connaissance aurait dans les
siècles passés dissipé les craintes et levé les objections
des Egyptiens, des Grecs et des Romains, ce résultat en
a fait naître de nouvelles et d'insurmontables dans l'es-
prit du célèbre ingénieur britannique. Il aurait accepté
l'idée d'une espèce de bosphore, que projetait en
premier lieu M. Linant, d'un bosphore ouvert à
main d'homme et laissant couler par 10 mètres de
chute les eaux de l'Orient vers les mers de l'Occident.
Mais aussitôt qu'il faut concevoir un large et profond
canal, presque de niveau depuis Suez jusqu'à Péluse,
cette œuvre de l'art se présente à ses yeux comme une
espèce de mer morte, impraticable entre deux mers vi-
vaces, libres et fécondes. a La différence (des niveaux)
ayant été trouvée nulle, dit-il en propres termes, les
ingénieurs avec qui j'étais ont tous abandonné le projet,
et, je crois, avec raison.,, Ici les souvenirs de M. Stephen-
son paraissent le tromper encore. Trois ingénieurs étaient
consultés en 1847 sur la voie préférable pour traverser
l'isthme de Suez : de ces trois hommes distingués, d'un
côté M. Talabot étudie sérieusement et propose un canal
des deux mers qui devra joindre Alexandrie, le Caire et
Suez; de l'autre côté, M. Negrelli, se rapprochant des
idées de M. Linant-Bey, rédige l'avanNprojet d'un canal
direct entre Suez et Péluse; projet qu'il ne cesse depuis
lors de regarder comme préférable à tout autre; projet
qui vient se confondre avec les études sérieuses faites
sur les lieux par MM. Linant-Bey et Mougel-Bey, les
ingénieurs en chef du Vice-roi de l'Egypte : projet enfin
que, huit ans plus tard, le même M. Negrelli revient
examiner, pour l'améliorer encore et le sanctionner à son
tour comme membre de la Commission internationale.
L'éminent ingénieur anglais élève une objection extra-
ordinaire : il ne parait concevoir un canal entre deux
mers de niveau qu'à la condition de dériver une eau
fluviale pour l'alimenter. Il croit que tel est le système
adopté par les ingénieurs du Vice-roi, puis approuvé par
la Commission internationale. Telle est la pensée qu'il
condamne.
La Commission internationale n'a jamais accepté le
secours d'une alimentation fournie par le Nil ; elles'estap-
puyée sur un savant mémoire de son secrétaire, M. Lieus-
sou, pour examiner, non pas la stagnation des eaux
marines, mais pour présenter, en ayant égard au mouve-
ment des marées, ainsi qu'à la propagation des ondes :
1° le calcul des vitesses naturelles du fluide au débouché
de la mer Rouge et circulant par le canal, jusqu'aux lacs
Amers; 2° la vitesse de l'eau marine à partir de ces lacs,
jusqu'à la Méditerranée. C'est le mémoire approuvé par
l'Académie, d'après les conclusions de notre premier
rapport.
En définitive, lorsque M. Stephenson s'est prononcé si
fortement contre l'idée d'un canal maritime alimenté par
le Nil, et vers Suez et vers Péluse., il s'est prononcé
contre un système que la Commission internationale avait
formellement exclu.
Afin de justifier l'ingénieur dissident, disons avec
plaisir quelle apparence a pu l'induire en erreur. Depuis
quelque temps on creuse un canal en petite section, qui
conduira dans le val de Suez des eaux potables; elles
seront, dans le désert, à l'usage des travailleurs, lorsque
ceux-ci creuseront le grand canal maritime et lorsqu'il
faudra construire le port central de Timsah. Cette
rigole, qui servira plus tard à des irrigations, l'habile
ingénieur anglais l'aura prise pour la rigole alimentaire
du futur canal maritime. S'il avait lu la troisième série
des Documents publiés dès 1856, il se serait édifié sur
tous ces points.
A présent, pour qu'on n'ait point la pensée qu'à notre
tour nous ne rendons pas avec la plus complète exacti-
tude les idées et les jugements de M. Stephenson,
nous sommes heureux de citer ses expressions mêmes.
« J'ai, dit-il, exploré le terrain ; j'ai examiné la pos-
sibilité d'établir un canal, en admettant l'égalité du
niveau des deux mers, et que la prise d'eau fût placée
dans les parties supérieures du Nil; mais je suis arrivé
à cette conclusion que la chose est, je dirais ABSURDE,
si d'autres ingénieurs dont je respecte les opinions
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l'entreprise était possible. »
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time de Suez un projet qui n'a jamais été le leur, et qui
lui paraît non-seulement déraisonnable, mais absurde,
M. Stephenson parle de la dépense et des revenus. Pour
la dépense, il ne contrôle aucun calcul, il ne critique
aucun devis ; il ne conteste aucun prix de main-d'œuvre
ou de matière, il ne contredit en rien les vérifications
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