Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-04-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 avril 1858 25 avril 1858
Description : 1858/04/25 (A3,N45). 1858/04/25 (A3,N45).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203091f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
DIMANCHE 25 AVRIL. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS: 199
ont envoyé chacune une dépêche séparée à Péking, et fixent
le 30 mars comme terme du délai pour l'arrivée d'un com-
missaire à Shang-haï. Ce commissaire viendra sans doute; et
lord Elgin a exprimé la conviction de pouvoir retourner en
Angleterre vers le mois de juin.
Lorsque Yeh fut fait prisonnier, sa correspondance privée
lomba entre les mains des alliés, et les lettres échangées avec
Péking démontrèrent qu'il ne serait pas difficile d'obtenir de
l'empereur des conditions excellentes. Quelque hautain que le
vice-roi ait été dans sa conduite envers les étrangers, le fait
est que Yeh, comme je l'ai toujours dit, désirait arranger les
affaires, mais qu'il n'a pas pu obtenir une entrevue avec les
nouveaux ambassadeurs.
Les Cantonnais étant maîtrisés, et de vieilles iiisultes ven-
gées, à tort ou à raison, n'importe, lord Elgin est disposé à
agir honorablement et équitablement envers l'empire déchu,
qui est presque à la merci des alliés. Au grand mécontente-
ment des Anglais qui résident ici, lord Elgin est revenu à la
politique qu'il avait adoptée au commencement; et le résultat
sera, je pense, un arrangement prompt et facile dés questions
pendantes.
Il est douteux que l'on demande quelque indemnité pécu-
niaire ; dans tous les cas, on ne prendra pas de nouveaux terri-
toires. La vraie politique de l'Angleterre est incontestablement
de relever la Chine et non de la détruire, et c'est là ce que
lord Elgin cherche à faire à présent, en dépit des vues égoïstes
et étroites de ses compatriotes qui sont ici.
L'ordre du jour de l'amiral Rigault de Genouilly disant
que les Français avaient escaladé les premiers les murs de la
ville, est parfaitement exact; mais quelques amours-propres
s'en sont émus; et pour tout concilier, on a dit que ce coup de
main" avait été fait par des matelots qui étaient partis avant
le temps fixé, de sorte qu'il y en eut un de. tué et un autre de
blesse fort inutilement.
Voilà les seuls détails un peu importants que je puis au-
jourd'hui vous transmettre. Si les négociations ne peuvent
aboutir avec le Céleste Empire, les alliés seront contraints
d'employer de nouveau la force. Mais il y a lieu d'espérer
qu'on pourra se passer d'y avoir recours. »
UN DE vos AnoNNÉs.
Le correspondant du Times à Canton donne de curieux dé-
tails sut* l'état des prisons de cette ville chinoise. Une procla-
mation , arrachée à Peh-kweï, avait accordé une amnistie
générale à tous ceux qui avaient été punis pour avoir trafiqué
avec les étrangers. Les commissaires des trois puissances
alliées résolurentt en conséquence, de s'assurer si l'amnistie
était pleinement exécutée.
Le correspondant du Times dit qu'il lui est impossible
d aborder sans répugnance les détails qu'il a à donner. On n'a
trouvé dans les prisons que des malheureux qui mouraient de
faim et qui étaient couverts de vermine et de toute espèce de
maladies cutanées.
« La prison chinoise, dit-il, se compose d'un ensemble de
petites cours, entourées d'une muraille générale. Autour de
ces petites cours sont disposées des espèces de loges sem-
blables à celles dans lesquelles, dans d'autres pays, on en-
ferme les animaux féroces. Ces repaires sont grillés de bâtons
de bambou, qui sont tellement rapprochés qu'il est impossible
que la lumière parvienne jusqu'au fond. On permet aux pri-
sonniers ordinaires de rester dans les cours pendant le jour.
Leurs pieds sont réunis par de lourds anneaux de fer et une
courte chaîne. Une odeur épouvantable s'exhale de ces affreux
séjours. La visite de lord Elgin a eu lieu en plein jour. L'am-
bassadeur crut d'abord que toutes les loges étaient vides ; il
lui semblait cependant avoir entendu du bruit dans l'une
d'elles. Lord Elgin s'en approcha, et recula aussitôt frappé
par l'odeur qui s'en échappait. Il la fit ouvrir et aperçut un
spectacle horrible. Un cadavrb gisait là, à moitié mangé par
des rats, et d'autres prisonniers étaient assis tout autour.
"L'ambassadeur les fit retirer; c'étaient des squelettes plu-
tôt que des hommes vivants. On les étendit sur le sot; ils
étaient trop épuisés pour pouvoir parler. Ces prisonniers
avaient été à moitié tués à coups de bambou, puis jetés dans
le trou où on venait de les .découvrir pour y périr. Lsur crime
était d'avoir tenté de fuir.
» L'aspect horrible de leurs plaies et des lambeaux qui cou-
vraient encore leurs corps amaigris au delà de toute descrip-
tion, était moins poignant cependant que l'expression de leurs
yeux. L'horreur de leur regard épouvantait les spectateurs.
Un sergent français fut pris d'une telle fureur, que l'on crai-
gnait qu'il n'assaillit les gardiens avec sa baïonnette.
» Il y avait quatre jours que ces malheureux étaient sans
nourriture, et ceux d'entre eux qui n'avaient pas su réprimer
les cris que la faim leur arrachait avaient reçu de nouveaux
coups. -
» Depuis le commencement de l'année quinze prisonniers
étaient morts dans cette cellule.
>> Les commissaires alliés passèrent en revue 6,000 prison-
niers, qui tous leur arrachèrent des cris d'horreur.
,, Il paraît tout à fait certain, dit le correspondant du Times,
que depuis le commencement des derniers troubles, six Eu-
ropéens, dont deux Français et quatre Anglais, sont morts
dans ces affreuses prisons. ]
ERNEST DESPLACES.
FAITS DIVERS.
La ville de Lucknow a été prise par les Anglais et définiti-
vement occupée le 19 mars.
Les insurgés ont perdu une grande partie de leur artillerie ;
mais ils ont pu se retirer au nombre de 50,000 à peu près.
On a envoyé de très-forts détachements à leur poursuite;
mais la saison des grandes chaleurs, qui commencent avec le
mois d'avril, empêchera qu'on ne puisse pousser la guerre
aussi vivement que le voudrait le général en chef, sir Colin
Campbell.
— Le brick le Génie, qui, à l'époque des dernières nou-
velles que nous avons reçues de la mer Rouge, se trouvait à
Aden, a été à même de venir en aide au navire anglais le
William-Castle, qu'il a rencontré dans l'ouest, et qui, parti
de Liverpool depuis cinq mois, manquait d'eau pour continuer
sa route jusqu'à Bombay, lieu de sa destination.
Le Génie, avant d'arriver à Aden, a relâché à Gollonsier,
village de l'île de Socotora. Ce mouillage offre peu de sécu-
rité; les habitants du village sont en majeure partie des
Arabes de la côte qui ont dépouillé les anciens propriétaires.
Ils sont aussi misérables qu'à l'époque où M. l'amiral Jehenne
y a passé avec la Prévoyante; le pays paraît même offrir
moins de ressources qu'alors; l'exportation de l'aloës diminue
journellement; toute l'île n'offre à la vue que des montagnes
déchirées et quelques vallées d'une stérilité poussée à l'excès.
Aussi, les Anglais qui depuis 1816 ont essayé deux fois d'y
planter leur pavillon, paraissent-ils avoir aujourd'hui entiè-
rement abandonné tout projet d'établissement. Cependant, le
ont envoyé chacune une dépêche séparée à Péking, et fixent
le 30 mars comme terme du délai pour l'arrivée d'un com-
missaire à Shang-haï. Ce commissaire viendra sans doute; et
lord Elgin a exprimé la conviction de pouvoir retourner en
Angleterre vers le mois de juin.
Lorsque Yeh fut fait prisonnier, sa correspondance privée
lomba entre les mains des alliés, et les lettres échangées avec
Péking démontrèrent qu'il ne serait pas difficile d'obtenir de
l'empereur des conditions excellentes. Quelque hautain que le
vice-roi ait été dans sa conduite envers les étrangers, le fait
est que Yeh, comme je l'ai toujours dit, désirait arranger les
affaires, mais qu'il n'a pas pu obtenir une entrevue avec les
nouveaux ambassadeurs.
Les Cantonnais étant maîtrisés, et de vieilles iiisultes ven-
gées, à tort ou à raison, n'importe, lord Elgin est disposé à
agir honorablement et équitablement envers l'empire déchu,
qui est presque à la merci des alliés. Au grand mécontente-
ment des Anglais qui résident ici, lord Elgin est revenu à la
politique qu'il avait adoptée au commencement; et le résultat
sera, je pense, un arrangement prompt et facile dés questions
pendantes.
Il est douteux que l'on demande quelque indemnité pécu-
niaire ; dans tous les cas, on ne prendra pas de nouveaux terri-
toires. La vraie politique de l'Angleterre est incontestablement
de relever la Chine et non de la détruire, et c'est là ce que
lord Elgin cherche à faire à présent, en dépit des vues égoïstes
et étroites de ses compatriotes qui sont ici.
L'ordre du jour de l'amiral Rigault de Genouilly disant
que les Français avaient escaladé les premiers les murs de la
ville, est parfaitement exact; mais quelques amours-propres
s'en sont émus; et pour tout concilier, on a dit que ce coup de
main" avait été fait par des matelots qui étaient partis avant
le temps fixé, de sorte qu'il y en eut un de. tué et un autre de
blesse fort inutilement.
Voilà les seuls détails un peu importants que je puis au-
jourd'hui vous transmettre. Si les négociations ne peuvent
aboutir avec le Céleste Empire, les alliés seront contraints
d'employer de nouveau la force. Mais il y a lieu d'espérer
qu'on pourra se passer d'y avoir recours. »
UN DE vos AnoNNÉs.
Le correspondant du Times à Canton donne de curieux dé-
tails sut* l'état des prisons de cette ville chinoise. Une procla-
mation , arrachée à Peh-kweï, avait accordé une amnistie
générale à tous ceux qui avaient été punis pour avoir trafiqué
avec les étrangers. Les commissaires des trois puissances
alliées résolurentt en conséquence, de s'assurer si l'amnistie
était pleinement exécutée.
Le correspondant du Times dit qu'il lui est impossible
d aborder sans répugnance les détails qu'il a à donner. On n'a
trouvé dans les prisons que des malheureux qui mouraient de
faim et qui étaient couverts de vermine et de toute espèce de
maladies cutanées.
« La prison chinoise, dit-il, se compose d'un ensemble de
petites cours, entourées d'une muraille générale. Autour de
ces petites cours sont disposées des espèces de loges sem-
blables à celles dans lesquelles, dans d'autres pays, on en-
ferme les animaux féroces. Ces repaires sont grillés de bâtons
de bambou, qui sont tellement rapprochés qu'il est impossible
que la lumière parvienne jusqu'au fond. On permet aux pri-
sonniers ordinaires de rester dans les cours pendant le jour.
Leurs pieds sont réunis par de lourds anneaux de fer et une
courte chaîne. Une odeur épouvantable s'exhale de ces affreux
séjours. La visite de lord Elgin a eu lieu en plein jour. L'am-
bassadeur crut d'abord que toutes les loges étaient vides ; il
lui semblait cependant avoir entendu du bruit dans l'une
d'elles. Lord Elgin s'en approcha, et recula aussitôt frappé
par l'odeur qui s'en échappait. Il la fit ouvrir et aperçut un
spectacle horrible. Un cadavrb gisait là, à moitié mangé par
des rats, et d'autres prisonniers étaient assis tout autour.
"L'ambassadeur les fit retirer; c'étaient des squelettes plu-
tôt que des hommes vivants. On les étendit sur le sot; ils
étaient trop épuisés pour pouvoir parler. Ces prisonniers
avaient été à moitié tués à coups de bambou, puis jetés dans
le trou où on venait de les .découvrir pour y périr. Lsur crime
était d'avoir tenté de fuir.
» L'aspect horrible de leurs plaies et des lambeaux qui cou-
vraient encore leurs corps amaigris au delà de toute descrip-
tion, était moins poignant cependant que l'expression de leurs
yeux. L'horreur de leur regard épouvantait les spectateurs.
Un sergent français fut pris d'une telle fureur, que l'on crai-
gnait qu'il n'assaillit les gardiens avec sa baïonnette.
» Il y avait quatre jours que ces malheureux étaient sans
nourriture, et ceux d'entre eux qui n'avaient pas su réprimer
les cris que la faim leur arrachait avaient reçu de nouveaux
coups. -
» Depuis le commencement de l'année quinze prisonniers
étaient morts dans cette cellule.
>> Les commissaires alliés passèrent en revue 6,000 prison-
niers, qui tous leur arrachèrent des cris d'horreur.
,, Il paraît tout à fait certain, dit le correspondant du Times,
que depuis le commencement des derniers troubles, six Eu-
ropéens, dont deux Français et quatre Anglais, sont morts
dans ces affreuses prisons. ]
ERNEST DESPLACES.
FAITS DIVERS.
La ville de Lucknow a été prise par les Anglais et définiti-
vement occupée le 19 mars.
Les insurgés ont perdu une grande partie de leur artillerie ;
mais ils ont pu se retirer au nombre de 50,000 à peu près.
On a envoyé de très-forts détachements à leur poursuite;
mais la saison des grandes chaleurs, qui commencent avec le
mois d'avril, empêchera qu'on ne puisse pousser la guerre
aussi vivement que le voudrait le général en chef, sir Colin
Campbell.
— Le brick le Génie, qui, à l'époque des dernières nou-
velles que nous avons reçues de la mer Rouge, se trouvait à
Aden, a été à même de venir en aide au navire anglais le
William-Castle, qu'il a rencontré dans l'ouest, et qui, parti
de Liverpool depuis cinq mois, manquait d'eau pour continuer
sa route jusqu'à Bombay, lieu de sa destination.
Le Génie, avant d'arriver à Aden, a relâché à Gollonsier,
village de l'île de Socotora. Ce mouillage offre peu de sécu-
rité; les habitants du village sont en majeure partie des
Arabes de la côte qui ont dépouillé les anciens propriétaires.
Ils sont aussi misérables qu'à l'époque où M. l'amiral Jehenne
y a passé avec la Prévoyante; le pays paraît même offrir
moins de ressources qu'alors; l'exportation de l'aloës diminue
journellement; toute l'île n'offre à la vue que des montagnes
déchirées et quelques vallées d'une stérilité poussée à l'excès.
Aussi, les Anglais qui depuis 1816 ont essayé deux fois d'y
planter leur pavillon, paraissent-ils avoir aujourd'hui entiè-
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