Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-04-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 avril 1858 25 avril 1858
Description : 1858/04/25 (A3,N45). 1858/04/25 (A3,N45).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203091f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
•DIMANCHE 25 AVRIL. - JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 197
menés contre des coreligionnaires, et ils se vantaient d'avoir
"toujours tiré à côté dans toutes les rencontres.
Pour comprendre l'impossibilité de ne pas blesser le senti-
ment religieux des Hindous, on n'a qu'à se rappeler tous les
préjugés de leur religion. Négliger quelque cérémonie ou
observance insignifiante'est un péché mortel. Un Hindou ne
mangera jamais en commun avec un mahométan ; mais ce
n'est pas tout; parmi cent individus, il y en a toujours quatre-
vingt-dix avec lesquels il ne mangerait pas, parce qu'ils ne
sont pas de la même sous-division d'une caste. C'est au point
que deux Hindous ne mangeront pas ensemble, à moins d'être
frères ou cousins. Une armée composée de pareils soldats doit
toujours être placée dans des circonstances particulières pour
ne pas devenir complétement inutile; et à l'étranger, elle sera
rarement bonne à quelque chose. Il vaudrait donc bien mieux
n'en faire qu'une armée de police ou la recruter parmi les
.castes inférieures qui n'ont pas ces préjugés des brahmanes
ou autres classes plus élevées.
Hedagut-Ali recommande les Santhals comme étant faits
CA d'excellente étoffe", et disposés à aller partout et à faire
n'importe quoi. En tout cas, c'est une chose essentielle que de
résoudre la question de la réorganisation de l'armée indigène ;
mais si le péril ne se trouve que dans l'ancienne armée dès
cipayes, il ne faut pas désespérer de faire disparaître pour
toujours toute espèce de danger.
La plupart des journaux anglais ont reproduit ces considé-
rations de Hedagut-Ali, et il nous a paru qu'elles méritaient
en effet quelque attention.
t ERNEST DESPLACES.
SITUATION ACTUELLE D'ADEN.
Le Times du 31 mars publiait sur Aden et l'île Périm
.la correspondance suivante, datée d'Aden , 12 mars , où
se trouvent des détails intéressants :
« A en juger par la question faite au premier Lord de la
Trésorerie par un des membres de notre assemblée législa-
tive , si l'île Périm sera déclarée port franc, nous sommes
portés à croire que le public anglais est en général peu au
courant d'Aden et de ses environs. Quoique cet endroit soit la
station principale entre Suez et l'Inde, il n'y a rien qui puisse
en faire emporter aux passagers des grands vapeurs un sou-
venir agréable ou même exact. Des tas de charbon sur la
plage témoignent, il est vrai, de l'utilité de cette place, et on
reconnaît volontiers la commodité de cette station ; mais un
petit nombre de ceux qui y passent et repassent tous les mois
ont une juste idée de l'importance d'Aden, en dehors de ces
avantages qui sautent tout de suite aux yeux. Le gouverne-
ment français sait très-bien ce que vaut Aden, et il est à
espérer que le gouvernement anglais ne l'ignore pas non plus ;
néanmoins les habitants d'Aden eux-mêmes ont de bonnes
raisons pour croire que les autorités sont très-négligeutes à
établir cette importance sur une base solide.
Pour la centième fois peut-être depuis quelques années,
les communications avec l'intérieur du pays sont encore
entièrement coupées, et à chaque instant nous pouvons
nous attendre à ce que notre approvisionnement d'eau
sera complétement arrêté par une petite tribu arabe,.dont
le chef, stipendiaire très - libéralement payé du gouverne-
ment anglais, est devenu si insolent et si intraitable, que
le commandant d'Aden , pour conserver sa dignité, a du lui
retirer sa solde annuelle après plusieurs mois de négociations
infructueuses. Ceci a eu lieu vers le 1er mars, et depuis ce
temps ce chef, qui se fait appeler Sultan , a défendu à ses su-
jets d'apporter des provisions, a arrêté des caravanes traver-
sant son territoire, et placé sur la route, hors la portée de nos
canons, une bande de voleurs qui pillent tous ceux qui veu-
lent communiquer avec nous. C'est à cause de cet état de siège
que pas un chameau n'est entré à Aden depuis le 1er mars;
tous nos approvisionnements sont supprimés* et les 23,000 ,
habitants sont obligés de vivre sur ce qu'il y a en magasin, et
dépendent entièrement pour leur lendemain des importations
très-incertaines et limitées par mer. Dans six semaines, la
mousson du sud-ouest commencera, et alors il n'y aura que
très-peu d'arrivages; nous courons donc risque de mourir
littéralement de faim pendant la saison chaude. Ce ne sont
pas les habitants seuls qui souffriront; tout le commerce avec
l'intérieur est suspendu, et les agents de plusieurs maisons
européennes se plaignent qu'il n'arrive pas de café et qu'ils
sont obligés de retenir leurs bâtiments à grands frais. Plu-
sieurs navires qui sont dans le port manquent d'eau et ne
peuvent s'en procurer. La source, de l'autre côté du port, en
donne à peine assez pour la marine militaire et une partie de
la garnison; et les sources de Cheik-Othman sont gardées par
le chef arabe. Des nouvelles récemment arrivées prétendent
même que la source de l'autre côté du port est également
tombée au pouvoir de ce chef malveillant.
On ne comprend pas pourquoi le commandant, qui a
des forces suffisantes, ne va pas déloger ces hommes. Avec
une compagnie d'infanterie indigène et quelques canons on
* pourrait reprendre et maintenir ces sources, ce qui serait
en même temps le meilleur moyen pour rouvrir les commu-
nications et ramener le chef arabe à la raison. Quelques-uns
disent que le commandant est empêché par ses instructions
d'entreprendre un pareil mouvement sans .l'approbation ex-
presse du gouvernement; il paraît en effet en être ainsi.
D'autres prétendent qu'il faut de la cavalerie légère que nous
n'avons pas. Quoiqu'il en soit, c'est une tache à notre hon-
neur national d'être obligés, dans une position aussi impor-
tante qu'Aden, de nous soumettre à de pareilles indignités et
de subir les vexations de quelques petites tribus, arabes. Si le
commandant est réellement retenu par ses instructions de ne
rien entreprendre, il est fort à plaindre ; car, selon un grand
nombre de personnes, notre garnison est assez forte pour re-
fouler les Arabes sans aucun danger pour nous-mêmes.
Je viens d'apprendre que plusieurs graads convois de café
destinés pour Aden ont été retenus par le chef de Lahadj, et
que ses gens assassinent et pillent tous ceux qui veulent nous
apporter des provisions.
Une autre nouvelle que je viens de recevoir, c'est que les
chefs somalis de Aïn-Tarad, en exécution d'un traité conclu
avec nous il y a deux ans, ont saisi un bungalo avec soixante
esclaves, et ont envoyé des messagers à notre résident pour
le prier d'envoyer les prendre. Eh bien ! quoique nous ayons
dans le port une chaloupe de guerre et un- vapeur, tous les
deux sont enLsi mauvais état qu'ils ne peuvent ê.tre chargés
d'une telle mission. D'après des informations dignes de con-
fiance, il n'y a pas moins de cinq cents esclaves nouvellement
importés de la côte d'Afrique; et cet odieux trafic prend une
effrayante extension. Néanmoins Aden, qui pourrait mettre un
terme à ce commerce abominable, n'a pas même les moyens
d'entreprendre quelque chose. »
Il n'est pas probable, si ces plaintes sont exactes
comme nous le croyons, que cet état de choses dure
longtemps à Aden. D'abord il y a péril en la demeure',
menés contre des coreligionnaires, et ils se vantaient d'avoir
"toujours tiré à côté dans toutes les rencontres.
Pour comprendre l'impossibilité de ne pas blesser le senti-
ment religieux des Hindous, on n'a qu'à se rappeler tous les
préjugés de leur religion. Négliger quelque cérémonie ou
observance insignifiante'est un péché mortel. Un Hindou ne
mangera jamais en commun avec un mahométan ; mais ce
n'est pas tout; parmi cent individus, il y en a toujours quatre-
vingt-dix avec lesquels il ne mangerait pas, parce qu'ils ne
sont pas de la même sous-division d'une caste. C'est au point
que deux Hindous ne mangeront pas ensemble, à moins d'être
frères ou cousins. Une armée composée de pareils soldats doit
toujours être placée dans des circonstances particulières pour
ne pas devenir complétement inutile; et à l'étranger, elle sera
rarement bonne à quelque chose. Il vaudrait donc bien mieux
n'en faire qu'une armée de police ou la recruter parmi les
.castes inférieures qui n'ont pas ces préjugés des brahmanes
ou autres classes plus élevées.
Hedagut-Ali recommande les Santhals comme étant faits
CA d'excellente étoffe", et disposés à aller partout et à faire
n'importe quoi. En tout cas, c'est une chose essentielle que de
résoudre la question de la réorganisation de l'armée indigène ;
mais si le péril ne se trouve que dans l'ancienne armée dès
cipayes, il ne faut pas désespérer de faire disparaître pour
toujours toute espèce de danger.
La plupart des journaux anglais ont reproduit ces considé-
rations de Hedagut-Ali, et il nous a paru qu'elles méritaient
en effet quelque attention.
t ERNEST DESPLACES.
SITUATION ACTUELLE D'ADEN.
Le Times du 31 mars publiait sur Aden et l'île Périm
.la correspondance suivante, datée d'Aden , 12 mars , où
se trouvent des détails intéressants :
« A en juger par la question faite au premier Lord de la
Trésorerie par un des membres de notre assemblée législa-
tive , si l'île Périm sera déclarée port franc, nous sommes
portés à croire que le public anglais est en général peu au
courant d'Aden et de ses environs. Quoique cet endroit soit la
station principale entre Suez et l'Inde, il n'y a rien qui puisse
en faire emporter aux passagers des grands vapeurs un sou-
venir agréable ou même exact. Des tas de charbon sur la
plage témoignent, il est vrai, de l'utilité de cette place, et on
reconnaît volontiers la commodité de cette station ; mais un
petit nombre de ceux qui y passent et repassent tous les mois
ont une juste idée de l'importance d'Aden, en dehors de ces
avantages qui sautent tout de suite aux yeux. Le gouverne-
ment français sait très-bien ce que vaut Aden, et il est à
espérer que le gouvernement anglais ne l'ignore pas non plus ;
néanmoins les habitants d'Aden eux-mêmes ont de bonnes
raisons pour croire que les autorités sont très-négligeutes à
établir cette importance sur une base solide.
Pour la centième fois peut-être depuis quelques années,
les communications avec l'intérieur du pays sont encore
entièrement coupées, et à chaque instant nous pouvons
nous attendre à ce que notre approvisionnement d'eau
sera complétement arrêté par une petite tribu arabe,.dont
le chef, stipendiaire très - libéralement payé du gouverne-
ment anglais, est devenu si insolent et si intraitable, que
le commandant d'Aden , pour conserver sa dignité, a du lui
retirer sa solde annuelle après plusieurs mois de négociations
infructueuses. Ceci a eu lieu vers le 1er mars, et depuis ce
temps ce chef, qui se fait appeler Sultan , a défendu à ses su-
jets d'apporter des provisions, a arrêté des caravanes traver-
sant son territoire, et placé sur la route, hors la portée de nos
canons, une bande de voleurs qui pillent tous ceux qui veu-
lent communiquer avec nous. C'est à cause de cet état de siège
que pas un chameau n'est entré à Aden depuis le 1er mars;
tous nos approvisionnements sont supprimés* et les 23,000 ,
habitants sont obligés de vivre sur ce qu'il y a en magasin, et
dépendent entièrement pour leur lendemain des importations
très-incertaines et limitées par mer. Dans six semaines, la
mousson du sud-ouest commencera, et alors il n'y aura que
très-peu d'arrivages; nous courons donc risque de mourir
littéralement de faim pendant la saison chaude. Ce ne sont
pas les habitants seuls qui souffriront; tout le commerce avec
l'intérieur est suspendu, et les agents de plusieurs maisons
européennes se plaignent qu'il n'arrive pas de café et qu'ils
sont obligés de retenir leurs bâtiments à grands frais. Plu-
sieurs navires qui sont dans le port manquent d'eau et ne
peuvent s'en procurer. La source, de l'autre côté du port, en
donne à peine assez pour la marine militaire et une partie de
la garnison; et les sources de Cheik-Othman sont gardées par
le chef arabe. Des nouvelles récemment arrivées prétendent
même que la source de l'autre côté du port est également
tombée au pouvoir de ce chef malveillant.
On ne comprend pas pourquoi le commandant, qui a
des forces suffisantes, ne va pas déloger ces hommes. Avec
une compagnie d'infanterie indigène et quelques canons on
* pourrait reprendre et maintenir ces sources, ce qui serait
en même temps le meilleur moyen pour rouvrir les commu-
nications et ramener le chef arabe à la raison. Quelques-uns
disent que le commandant est empêché par ses instructions
d'entreprendre un pareil mouvement sans .l'approbation ex-
presse du gouvernement; il paraît en effet en être ainsi.
D'autres prétendent qu'il faut de la cavalerie légère que nous
n'avons pas. Quoiqu'il en soit, c'est une tache à notre hon-
neur national d'être obligés, dans une position aussi impor-
tante qu'Aden, de nous soumettre à de pareilles indignités et
de subir les vexations de quelques petites tribus, arabes. Si le
commandant est réellement retenu par ses instructions de ne
rien entreprendre, il est fort à plaindre ; car, selon un grand
nombre de personnes, notre garnison est assez forte pour re-
fouler les Arabes sans aucun danger pour nous-mêmes.
Je viens d'apprendre que plusieurs graads convois de café
destinés pour Aden ont été retenus par le chef de Lahadj, et
que ses gens assassinent et pillent tous ceux qui veulent nous
apporter des provisions.
Une autre nouvelle que je viens de recevoir, c'est que les
chefs somalis de Aïn-Tarad, en exécution d'un traité conclu
avec nous il y a deux ans, ont saisi un bungalo avec soixante
esclaves, et ont envoyé des messagers à notre résident pour
le prier d'envoyer les prendre. Eh bien ! quoique nous ayons
dans le port une chaloupe de guerre et un- vapeur, tous les
deux sont enLsi mauvais état qu'ils ne peuvent ê.tre chargés
d'une telle mission. D'après des informations dignes de con-
fiance, il n'y a pas moins de cinq cents esclaves nouvellement
importés de la côte d'Afrique; et cet odieux trafic prend une
effrayante extension. Néanmoins Aden, qui pourrait mettre un
terme à ce commerce abominable, n'a pas même les moyens
d'entreprendre quelque chose. »
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comme nous le croyons, que cet état de choses dure
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