Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-04-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 avril 1858 25 avril 1858
Description : 1858/04/25 (A3,N45). 1858/04/25 (A3,N45).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203091f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
] 94 L'ISTHME DE SUEZ, DIMANCHE 25 AVRIL.
LE NOUVEAU BILL SUR LES INDES.
Dans un banquet donné par le lord-maire le 5 avril,
aux ministres de la couronne, lord Derby a prononcé un
discours qui, parmi les questions politiques, n'a guère
touché que celle des Indes. Le premier Ministre a fait en-
tendre qu'il ne ferait pas de son bill une question de
Cabinet. Les intérêts de l'empire anglo-indien sont trop
considérables et trop complexes pour qu'on puisse les li-
vrer aux luttes des partis. Il faut que tout le monde sans
exception s'applique à rechercher seulement dans cette
discussion ce qu'il y a de mieux à faire pour le pays. Il
parait qu'en général cette idée a paru sage ; et quelle
que soif la destinée du bill, lord Derby restera pour le
moment à la tête des affaires.
La discussion d'ailleurs continue en dehors du Parle-
ment. Voici l'analyse de deux séances de la Cour des
Directeurs, et une pétition de la Chambre de commerce
de Manchester à la Chambre des Communes.
Dans la réunion du 7 avril, la Compagnie des Indes a voté
une pension annuelle de 1,000 livres pour le fils ainé du gé-
néral sir Henry Lawrence, et a entendu ensuite la lecture du
rapport des Directeurs sur les deux bills de l'Inde.
« Autrefois, dit ce rapport, lorsque les ministres de la cou-
ronne proposaient au Parlement quelques modifications de la
constitution de l'Inde, la substance de ces mesures était d'abord
communiquée officiellement à la Cour des Directeurs afin de
lui donner l'occasion de faire des observations. La correspon-
dance échangée entre le Cabinet et la Cour des Directeurs était
alors le meilleur rapport qu'il fût possible de faire. Mais cette
communication officielle n'ayant pas eu lieu à l'égard des
deux bills en question, les directeurs ont été obligés de faire
un rapport particulier. »
Le rapport rappelle avec satisfaction que dans les dernières
discussions du Parlement, le mérite de la Compagnie a été re-
connu généralement, et qu'il lui a été fait une réparation écla-
tante des blâmes et injures qui fondaient sur elle au moment
où l'insurrection éclata. Malgré ces brillants témoignages de la
bonté de l'administration actuelle de l'Inde, on se hâte de l'a-
bolir, et sans même rechercher les causes pour lesquelles l'an-
cien système a parfaitement bien opéré. Après avoir signalé
ce qu'il y a de particulier dans l'affaire de l'Inde, où une na-
tion est gouvernée par une autre à quelques milliers de lieues
de distance, le rapport passe à la critique des bills en ques-
tion.
Pour qu'un conseil puisse rendre des services , il faut qu'il
soit indépendant; mais, suivant l'opinion des directeurs, les
deux bills laissent à l'arbitraire du ministre le soin de confier
au conseil les fonctions qu'il lui plaira. Le ministre est sujet
au contrôle du Parlement et de la nation ; mais ces deux sur-
veillants feront à l'avenir comme jusqu'à présent, c'est-à-dire
qu'ils se soucieront fort peu des affaires d'une centaine de mil-
lions d'Indiens, et laisseront ce soin entièrement au ministre.
Et si pour une raison quelconque le Parlement s'occupe réel-
lement d'une question indienne, il manque absolument des
connaissances nécessaires pour prendre une sage décision; et
cette incompétence du Parlement est encore augmentée par
les deux bills qui excluent du Parlement tous les membres du
conseil de l'Inde. Ce système de faire gouverner une colonie
par un ministre et ses employés a fait perdre l'Amérique du
Nord. Il faut que tout gouvernement soit contre-balancé par
des institutions constitutionnelles ; mais dans le cas de l'Inde
on ne saurait trouver ce contre-poids que dans le gouverne-
ment lui-même, qui doit être composé de gens particulière-
ment intéressés aux affaires de l'Inde et qui aient de larges
connaissances sur ce pays. Cette réunion d'hommes devrait
être élue par un collège électoral composé de personnes qui,
auraient été pendant un certain temps au service de l'Inde ou
qui ont des intérêts continuels dans ce pays. Il devrait de plus
avoir la faculté de faire des enquêtes et de provoquer la dis-
cussion des questions de l'Inde. Mais toutes ces conditions sont
remplies par la Compagnie actuelle.
Une autre garantie constitutionnelle pour le bon gouverne-
ment de l'Inde est dans les formes de l'administration qui sont
la véritable constitution du pays. Les deux bills ont le tort de
donner beaucoup trop de pouvoir au ministre et trop peu au
conseil. Il ne suffit même pas que ce conseil ait seulement un
pouvoir consultatif; le bill de M. Disraëli ne lui laisse pas
même ce droit, le ministre n'étant aucunement obligé de le
consulter. Son unique pouvoir est de désapprouver une réso-
lution qui n'est pas seulement prise, mais qui déjà est écrite
dans une dépêche ; et on comprend qu'il doit résulter d'un pa-
reil état de choses une hostilité continuelle entre le ministre-
et les membres du conseil qui se permettraient de blâmer ses
mesures ou de demander la convocation du conseil en opposi-
tion au ministre.
En revanche, si par hasard le conseil et le ministre sont
d'accord, le dernier se retrancherait, en cas de responsabilité,
derrière le conseil. Le premier bill donne un peu plus de pou-
voir au conseil, surtout pour les questions de finance, de no-
mination ; mais ce pouvoir est considérablement affaibli, les
membres du conseil étant nommés par le ministre de l'Inde.
Le second bill admet un plus grand nombre de membres, et
la nomination ministérielle de la moitié seulement. Mais sui-
vant le rapport des directeurs, c'est encore trop; pour avoir
une majorité indépendante, on peut admettre tout au plus la
nomination d'un tiers des membres. Ils trouvent ensuite mau-
vais que chaque membre doive représenter une branche par-
ticulière du service de l'Inde, d'abord parce que l'on exclurait
de cette manière les hommes les plus éminents à moins d'une
vacance dans leurs branches de service, et ensuite parce qu'il
.est dangereux de faire représenter dans un tel conseil des in-
térêts exclusifs de différentes classes.
Quant à l'élection proposée de cinq membres par les collèges
parlementaires des cinq grandes villes d'Angleterre, le rapport
blâme très-sévèrement cette singulière proposition. Une nom-
breuse corporation dont la majorité est absolument ignorante
des affaires de l'Inde, ne peut pas avoir le droit de nommer
des gens qui doivent posséder des intérêts et des connaissances
tout particuliers, et dont les fonctions n'ont rien à faire avec
les intérêts des partis en Angleterre. Une autre objection est
dirigée contre la nomination des conseils dans l'Inde même par
le gouverneur général; jusqu'ici ces nominations se font
par les autorités en Angleterre, ce qui fait que les conseillers
apportent un esprit d'entière indépendance dans leurs délibé-
rations et exercent un contrôle impartial sur les actes du gou-
verneur. Le contraire serait à craindre si ces conseillers étaient
nommés par celui même dont ils doivent surveiller les actes.
Enfin un dernier point, sur lequel le rapport des directeurs
appelle l'attention de la Compagnie, est l'inconvénient et le dan.
ger qu'il y aurait à envoyer dans l'Inde une commission d'en-
quête comme le propose le bill de M. Disraeli. Une telle mesure
ébranlerait profondément l'autorité du gouvernement local et
pourrait amener de graves périls.
La discussion de ce rapport est ajournée au mardi 13 avril.
LE NOUVEAU BILL SUR LES INDES.
Dans un banquet donné par le lord-maire le 5 avril,
aux ministres de la couronne, lord Derby a prononcé un
discours qui, parmi les questions politiques, n'a guère
touché que celle des Indes. Le premier Ministre a fait en-
tendre qu'il ne ferait pas de son bill une question de
Cabinet. Les intérêts de l'empire anglo-indien sont trop
considérables et trop complexes pour qu'on puisse les li-
vrer aux luttes des partis. Il faut que tout le monde sans
exception s'applique à rechercher seulement dans cette
discussion ce qu'il y a de mieux à faire pour le pays. Il
parait qu'en général cette idée a paru sage ; et quelle
que soif la destinée du bill, lord Derby restera pour le
moment à la tête des affaires.
La discussion d'ailleurs continue en dehors du Parle-
ment. Voici l'analyse de deux séances de la Cour des
Directeurs, et une pétition de la Chambre de commerce
de Manchester à la Chambre des Communes.
Dans la réunion du 7 avril, la Compagnie des Indes a voté
une pension annuelle de 1,000 livres pour le fils ainé du gé-
néral sir Henry Lawrence, et a entendu ensuite la lecture du
rapport des Directeurs sur les deux bills de l'Inde.
« Autrefois, dit ce rapport, lorsque les ministres de la cou-
ronne proposaient au Parlement quelques modifications de la
constitution de l'Inde, la substance de ces mesures était d'abord
communiquée officiellement à la Cour des Directeurs afin de
lui donner l'occasion de faire des observations. La correspon-
dance échangée entre le Cabinet et la Cour des Directeurs était
alors le meilleur rapport qu'il fût possible de faire. Mais cette
communication officielle n'ayant pas eu lieu à l'égard des
deux bills en question, les directeurs ont été obligés de faire
un rapport particulier. »
Le rapport rappelle avec satisfaction que dans les dernières
discussions du Parlement, le mérite de la Compagnie a été re-
connu généralement, et qu'il lui a été fait une réparation écla-
tante des blâmes et injures qui fondaient sur elle au moment
où l'insurrection éclata. Malgré ces brillants témoignages de la
bonté de l'administration actuelle de l'Inde, on se hâte de l'a-
bolir, et sans même rechercher les causes pour lesquelles l'an-
cien système a parfaitement bien opéré. Après avoir signalé
ce qu'il y a de particulier dans l'affaire de l'Inde, où une na-
tion est gouvernée par une autre à quelques milliers de lieues
de distance, le rapport passe à la critique des bills en ques-
tion.
Pour qu'un conseil puisse rendre des services , il faut qu'il
soit indépendant; mais, suivant l'opinion des directeurs, les
deux bills laissent à l'arbitraire du ministre le soin de confier
au conseil les fonctions qu'il lui plaira. Le ministre est sujet
au contrôle du Parlement et de la nation ; mais ces deux sur-
veillants feront à l'avenir comme jusqu'à présent, c'est-à-dire
qu'ils se soucieront fort peu des affaires d'une centaine de mil-
lions d'Indiens, et laisseront ce soin entièrement au ministre.
Et si pour une raison quelconque le Parlement s'occupe réel-
lement d'une question indienne, il manque absolument des
connaissances nécessaires pour prendre une sage décision; et
cette incompétence du Parlement est encore augmentée par
les deux bills qui excluent du Parlement tous les membres du
conseil de l'Inde. Ce système de faire gouverner une colonie
par un ministre et ses employés a fait perdre l'Amérique du
Nord. Il faut que tout gouvernement soit contre-balancé par
des institutions constitutionnelles ; mais dans le cas de l'Inde
on ne saurait trouver ce contre-poids que dans le gouverne-
ment lui-même, qui doit être composé de gens particulière-
ment intéressés aux affaires de l'Inde et qui aient de larges
connaissances sur ce pays. Cette réunion d'hommes devrait
être élue par un collège électoral composé de personnes qui,
auraient été pendant un certain temps au service de l'Inde ou
qui ont des intérêts continuels dans ce pays. Il devrait de plus
avoir la faculté de faire des enquêtes et de provoquer la dis-
cussion des questions de l'Inde. Mais toutes ces conditions sont
remplies par la Compagnie actuelle.
Une autre garantie constitutionnelle pour le bon gouverne-
ment de l'Inde est dans les formes de l'administration qui sont
la véritable constitution du pays. Les deux bills ont le tort de
donner beaucoup trop de pouvoir au ministre et trop peu au
conseil. Il ne suffit même pas que ce conseil ait seulement un
pouvoir consultatif; le bill de M. Disraëli ne lui laisse pas
même ce droit, le ministre n'étant aucunement obligé de le
consulter. Son unique pouvoir est de désapprouver une réso-
lution qui n'est pas seulement prise, mais qui déjà est écrite
dans une dépêche ; et on comprend qu'il doit résulter d'un pa-
reil état de choses une hostilité continuelle entre le ministre-
et les membres du conseil qui se permettraient de blâmer ses
mesures ou de demander la convocation du conseil en opposi-
tion au ministre.
En revanche, si par hasard le conseil et le ministre sont
d'accord, le dernier se retrancherait, en cas de responsabilité,
derrière le conseil. Le premier bill donne un peu plus de pou-
voir au conseil, surtout pour les questions de finance, de no-
mination ; mais ce pouvoir est considérablement affaibli, les
membres du conseil étant nommés par le ministre de l'Inde.
Le second bill admet un plus grand nombre de membres, et
la nomination ministérielle de la moitié seulement. Mais sui-
vant le rapport des directeurs, c'est encore trop; pour avoir
une majorité indépendante, on peut admettre tout au plus la
nomination d'un tiers des membres. Ils trouvent ensuite mau-
vais que chaque membre doive représenter une branche par-
ticulière du service de l'Inde, d'abord parce que l'on exclurait
de cette manière les hommes les plus éminents à moins d'une
vacance dans leurs branches de service, et ensuite parce qu'il
.est dangereux de faire représenter dans un tel conseil des in-
térêts exclusifs de différentes classes.
Quant à l'élection proposée de cinq membres par les collèges
parlementaires des cinq grandes villes d'Angleterre, le rapport
blâme très-sévèrement cette singulière proposition. Une nom-
breuse corporation dont la majorité est absolument ignorante
des affaires de l'Inde, ne peut pas avoir le droit de nommer
des gens qui doivent posséder des intérêts et des connaissances
tout particuliers, et dont les fonctions n'ont rien à faire avec
les intérêts des partis en Angleterre. Une autre objection est
dirigée contre la nomination des conseils dans l'Inde même par
le gouverneur général; jusqu'ici ces nominations se font
par les autorités en Angleterre, ce qui fait que les conseillers
apportent un esprit d'entière indépendance dans leurs délibé-
rations et exercent un contrôle impartial sur les actes du gou-
verneur. Le contraire serait à craindre si ces conseillers étaient
nommés par celui même dont ils doivent surveiller les actes.
Enfin un dernier point, sur lequel le rapport des directeurs
appelle l'attention de la Compagnie, est l'inconvénient et le dan.
ger qu'il y aurait à envoyer dans l'Inde une commission d'en-
quête comme le propose le bill de M. Disraeli. Une telle mesure
ébranlerait profondément l'autorité du gouvernement local et
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