Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-04-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 avril 1858 10 avril 1858
Description : 1858/04/10 (A3,N44). 1858/04/10 (A3,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62030901
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
SAMEDI 10 AVRIL. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 159
par ses ennemis de toute nation, et les aveux plus graves et
plus tristes encore de ses amis.
Ce sont là des symptômes de mauvais augure; mais il y en
a d'autres. Partout et toujours l'Angleterre aime à se mettre
à part, en dehors, ou, pour mieux dire, au-dessus des autres
nations. Elle affecte des procédés autocratiques; elle agit sans
avertir, sans consulter, sans se concerter, comme une nation
supérieure, aux yeux de laquelle les autres peuples ne comp-
tent pas, et qui poursuit son intérêt sans avoir égard à ce
qu'ils peuvent penser et dire. C'est ce qu'elle a fait en 1851
vis-à-vis de la Grèce; c'est ce qu'elle a fait à l'issue du traité de
Paris, lorsqu'elle s'est séparée de la France pour rentrer seule
dans la mer Noire, à propos de la difficulté soulevée par l'île
des Serpents ; c'est ce qu'elle a fait à l'occasion des Princi-
pautés, à l'égard desquelles elle change de politique; c'est
ce qu'elle fait en ce moment pour l'isthme de Suez, dont elle
combat le percement sans égard pour le sentiment unanime de
l'Europe; c'est ce qu'elle fait pour l'ile Périm, dont elle s'em-
pare audacieusement au mépris des traités, du droit public et
de l'intérêt universel.
Eh bien, disons-le hautement, ces procédés lestes et tran-
chants ne sont plus de ce temps-ci. Les essais d'autocratie
internationale n'ont pas porté bonheur dans ce siècle à ceux
qui les ont tentés. Lorsque Napoléon Ier, qui était un aussi
grand génie que lord Palmerston ou M. Disraëli, a voulu dé-
couper la carte et annexer des royaumes à l'Empire français
par simple décret au Moniteur, il a soulevé dans toute l'Eu-
rope une irritation contre laquelle ni son génie militaire ni les
efforts surhumains de la France n'ont pu longtemps prévaloir.
Lorsque, de nos jours, l'empereur Nicolas eut la faiblesse
de se laisser tenter par le rôle d'Agamemnon et de roi des
rois, il a attiré sur son pays une tempête où sa propre
politique a sombré sans retour, pour faire place à cette poli-
tique libérale et progressive dont il s'était montré l'adversaire
acharné.
Que l'Angleterre, à son tour, examine sa situation dans le
monde. Elle a blessé et refroidi la France, sa meilleure et sa plus
sincère alliée. Elle ne peut douter des sentiments de haine
invétérée que lui garde la Russie. La démocratie, qu'elle se
flatte de déchaîner à son gré, a appris le fond qu'elle doit
faire sur son. appui; l'Inde soulevée dévore ses soldats et son
argent; les États-Unis n'attendent que le moment de se sub-
stituer à sa suprématie maritime. La Prusse seule peut-être a
pour elle quelques sympathies, autant religieuses que politiques.
Se mettre seul contre tous pour défendre une mauvaise
cause, est-ce une politique raisonnable et qui puisse tenter
des hommes d'Etat sérieux?
Oui, l'Angleterre chercherait vainement à se le dissimuler,
il existe en ce moment contre elle, contre sa politique égoïste
et tranchante, une réaction universelle qu'elle aurait tort de
mépriser. Personne ne veut l'abaisser ni l'atteindre dans
l'exercice des sérieuses qualités qui ont fait sa grandeur poli-
tique et industrieUe ; mais on ne peut admettre qu'elle traite le
monde en pays conquis, qu'elle fasse plier l'intérêt universel
devant ses préjugés les plus étroits, qu'elle empêche seule une
entreprise demandée par toute l'Europe, et encore moins que,
prévoyant l'impuissance de son mauvais vouloir, elle se mette
en mesure de rendre le commerce de l'univers tributaire des
canons qu'elle établit dans une position dérobée en pleine
paix à une puissance alliée.
Si l'Angleterre a le droit d'agir de la sorte, elle est la
maîtresse du monde, et les autres nations ne sont plus que
ses vassales. » AD. GUÉROULT.
L'ARCHIDUC MAXIMILIEN
ET LE CANAL DE SUEZ.
La Gazette de Trieste du 26 mars publie la corres-
pondance suivante, que nous reproduisons avec grand
plaisir: - *
• Venise, le 23 mars 1858. 1
« Une députation de la Chambre de commerce a eu l'hoiii
neur, le 20 mars, de présenter au gouverneur général une
adresse pour le remercier des mesures prises par lui en vue de
favoriser le développement du commerce et de la navigation.
« Ce Prince a fait une réponse très-bienveillante en disant
qu'il ne négligerait jamais rien pour les intérêts du commerce
vénitien ; qu'il faisait les plus grands efforts pour rendre
possible aux navires l'approche de la gare, et pour obtenir
l'établissement de docks, de quais et de magasins près de l'em-
barcadère du chemin de fer, pour que le commerce de Venise
puisse s'assurer tous les avantages que font espérer l'ouver-
ture du canal de Suez et l'achèvement du chemin de fer du
Brenner, à la suite duquel Venise deviendrait le véritable port
central" de l'Allemagne du sud. »
La Gazette de Trieste ajoute : « On peut conclure de ces
paroles l'heureuse certitude que la réalisation du projet du
canal de Suez peut être considérée comme assurée. «
Nous partageons l'espoir de la Gazette de Trieste, et
nous adressons au Prince gouverneur général du royaume
Lombardo-Véniticn nos remercîments les plus sincères
et les plus respectueux.
G. WAGENER.
LA CHAMBRE DE COMMERCE DE MALTE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Le nombre des Chambres de commerce de tous les
pays qui ont manifesté publiquement des vœux pour la
réalisation du projet de la canalisation de l'isthme,
vient encore de s'augmenter; la Chambre de commerce de
Malte n'a pas voulu rester en arrière, et elle a enregistré
dans ses procès-verbaux la déclaration suivante :
La Valette, le 5 mars 1858.
La Chambre de commerce, à la demande faite par
M. Georges Zammit au nom de M. Ferdinand de Lesseps,
d'émettre un vote sur le projet de la canalisation de l'isthme
de Suez, après avoir entendu un mémoire présenté à la
Chambre par ledit M. Zammit, après avoir examiné les avan"
tages qui résulteraient d'une semblable entreprise pour le
commerce en général et l'île de Malte en particulier, à cause
de sa position géographique aussi bien qu'à cause des grandes
facilités qu'offrent ses ports ;
Déclare : Il est très-désirable que le projet de la canalisa-
tion de l'isthme de Suez soit mis à exécution.
La Chambre déclare en outre qu'une copie de cette résolu-
tion sera remise à M. Georges Zammit, pour être communiquée
à M. Ferdinand de Lesseps. -
GIOVANNI SCIORTINO, secrétaire.
Le mémoire de M. Zammit, que nous avons sous les,
yeux, est un extrait soigneusement fait de documents pu-
bliés par M. de Lesseps sur l'historique, les travaux de
la Commission, le projet définitif et l'avenir du canal;
par ses ennemis de toute nation, et les aveux plus graves et
plus tristes encore de ses amis.
Ce sont là des symptômes de mauvais augure; mais il y en
a d'autres. Partout et toujours l'Angleterre aime à se mettre
à part, en dehors, ou, pour mieux dire, au-dessus des autres
nations. Elle affecte des procédés autocratiques; elle agit sans
avertir, sans consulter, sans se concerter, comme une nation
supérieure, aux yeux de laquelle les autres peuples ne comp-
tent pas, et qui poursuit son intérêt sans avoir égard à ce
qu'ils peuvent penser et dire. C'est ce qu'elle a fait en 1851
vis-à-vis de la Grèce; c'est ce qu'elle a fait à l'issue du traité de
Paris, lorsqu'elle s'est séparée de la France pour rentrer seule
dans la mer Noire, à propos de la difficulté soulevée par l'île
des Serpents ; c'est ce qu'elle a fait à l'occasion des Princi-
pautés, à l'égard desquelles elle change de politique; c'est
ce qu'elle fait en ce moment pour l'isthme de Suez, dont elle
combat le percement sans égard pour le sentiment unanime de
l'Europe; c'est ce qu'elle fait pour l'ile Périm, dont elle s'em-
pare audacieusement au mépris des traités, du droit public et
de l'intérêt universel.
Eh bien, disons-le hautement, ces procédés lestes et tran-
chants ne sont plus de ce temps-ci. Les essais d'autocratie
internationale n'ont pas porté bonheur dans ce siècle à ceux
qui les ont tentés. Lorsque Napoléon Ier, qui était un aussi
grand génie que lord Palmerston ou M. Disraëli, a voulu dé-
couper la carte et annexer des royaumes à l'Empire français
par simple décret au Moniteur, il a soulevé dans toute l'Eu-
rope une irritation contre laquelle ni son génie militaire ni les
efforts surhumains de la France n'ont pu longtemps prévaloir.
Lorsque, de nos jours, l'empereur Nicolas eut la faiblesse
de se laisser tenter par le rôle d'Agamemnon et de roi des
rois, il a attiré sur son pays une tempête où sa propre
politique a sombré sans retour, pour faire place à cette poli-
tique libérale et progressive dont il s'était montré l'adversaire
acharné.
Que l'Angleterre, à son tour, examine sa situation dans le
monde. Elle a blessé et refroidi la France, sa meilleure et sa plus
sincère alliée. Elle ne peut douter des sentiments de haine
invétérée que lui garde la Russie. La démocratie, qu'elle se
flatte de déchaîner à son gré, a appris le fond qu'elle doit
faire sur son. appui; l'Inde soulevée dévore ses soldats et son
argent; les États-Unis n'attendent que le moment de se sub-
stituer à sa suprématie maritime. La Prusse seule peut-être a
pour elle quelques sympathies, autant religieuses que politiques.
Se mettre seul contre tous pour défendre une mauvaise
cause, est-ce une politique raisonnable et qui puisse tenter
des hommes d'Etat sérieux?
Oui, l'Angleterre chercherait vainement à se le dissimuler,
il existe en ce moment contre elle, contre sa politique égoïste
et tranchante, une réaction universelle qu'elle aurait tort de
mépriser. Personne ne veut l'abaisser ni l'atteindre dans
l'exercice des sérieuses qualités qui ont fait sa grandeur poli-
tique et industrieUe ; mais on ne peut admettre qu'elle traite le
monde en pays conquis, qu'elle fasse plier l'intérêt universel
devant ses préjugés les plus étroits, qu'elle empêche seule une
entreprise demandée par toute l'Europe, et encore moins que,
prévoyant l'impuissance de son mauvais vouloir, elle se mette
en mesure de rendre le commerce de l'univers tributaire des
canons qu'elle établit dans une position dérobée en pleine
paix à une puissance alliée.
Si l'Angleterre a le droit d'agir de la sorte, elle est la
maîtresse du monde, et les autres nations ne sont plus que
ses vassales. » AD. GUÉROULT.
L'ARCHIDUC MAXIMILIEN
ET LE CANAL DE SUEZ.
La Gazette de Trieste du 26 mars publie la corres-
pondance suivante, que nous reproduisons avec grand
plaisir: - *
• Venise, le 23 mars 1858. 1
« Une députation de la Chambre de commerce a eu l'hoiii
neur, le 20 mars, de présenter au gouverneur général une
adresse pour le remercier des mesures prises par lui en vue de
favoriser le développement du commerce et de la navigation.
« Ce Prince a fait une réponse très-bienveillante en disant
qu'il ne négligerait jamais rien pour les intérêts du commerce
vénitien ; qu'il faisait les plus grands efforts pour rendre
possible aux navires l'approche de la gare, et pour obtenir
l'établissement de docks, de quais et de magasins près de l'em-
barcadère du chemin de fer, pour que le commerce de Venise
puisse s'assurer tous les avantages que font espérer l'ouver-
ture du canal de Suez et l'achèvement du chemin de fer du
Brenner, à la suite duquel Venise deviendrait le véritable port
central" de l'Allemagne du sud. »
La Gazette de Trieste ajoute : « On peut conclure de ces
paroles l'heureuse certitude que la réalisation du projet du
canal de Suez peut être considérée comme assurée. «
Nous partageons l'espoir de la Gazette de Trieste, et
nous adressons au Prince gouverneur général du royaume
Lombardo-Véniticn nos remercîments les plus sincères
et les plus respectueux.
G. WAGENER.
LA CHAMBRE DE COMMERCE DE MALTE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Le nombre des Chambres de commerce de tous les
pays qui ont manifesté publiquement des vœux pour la
réalisation du projet de la canalisation de l'isthme,
vient encore de s'augmenter; la Chambre de commerce de
Malte n'a pas voulu rester en arrière, et elle a enregistré
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La Valette, le 5 mars 1858.
La Chambre de commerce, à la demande faite par
M. Georges Zammit au nom de M. Ferdinand de Lesseps,
d'émettre un vote sur le projet de la canalisation de l'isthme
de Suez, après avoir entendu un mémoire présenté à la
Chambre par ledit M. Zammit, après avoir examiné les avan"
tages qui résulteraient d'une semblable entreprise pour le
commerce en général et l'île de Malte en particulier, à cause
de sa position géographique aussi bien qu'à cause des grandes
facilités qu'offrent ses ports ;
Déclare : Il est très-désirable que le projet de la canalisa-
tion de l'isthme de Suez soit mis à exécution.
La Chambre déclare en outre qu'une copie de cette résolu-
tion sera remise à M. Georges Zammit, pour être communiquée
à M. Ferdinand de Lesseps. -
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Le mémoire de M. Zammit, que nous avons sous les,
yeux, est un extrait soigneusement fait de documents pu-
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