Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 mars 1858 25 mars 1858
Description : 1858/03/25 (A3,N43). 1858/03/25 (A3,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203089c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
JEUDI 25 MARS. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.. 135
excellent article de M. Louis Jourdan à l'examen des
vœux des Conseils généraux en faveur du canal de Suez.
L'auteur indique d'abord l'importance générale de cette
grande entreprise; et il félicite les corps électifs de nos
départements d'avoir si admirablement compris la ques-
tion qui leur était soumise. Il examine ensuite les mo-
tifs sur lesquels peut se fonder l'opposition de quelques
hommes d'Etat anglais; et il ne trouve pas de motifs
légitimes à cette résistance. Cette opinion du Siècle
mérite d'autant plus d'être remarquée que ce journal
s'est toujours montré un partisan ardent de l'alliance
anglo-française. Nous avions nous-mêmes exprimé bien
des fois une opinion analogue; mais de la part du Siècle
elle a d'autant plus de poids qu'elle semble plus désin-
téressée. ,
Voici les passages principaux de l'article de M. Louis
Jourdan :
VOEUX DES CONSEILS GÉNÉRAUX.
L'ISTHME DE SUEZ.
S'il était besoin d'une preuve éclatante à l'appui de ce que
nous avons dit si souvent au sujet de la transformation qui,
de jour en jour, change la vieille politique de lutte et d'anta-
gonisme en politique de travail et de concorde, nous la trou-
verions dans les développements que la plupart des Conseils
généraux ont donnés à leur vœu en faveur du percement de
l'isthme de Suez. N'est-ce pas un signe des temps en effet que
des propriétaires, des bourgeois, des manufacturiers désignes
par leurs concitoyens pour représenter les intérêts départe-
mentaux agitent dans leurs paisibles réunions les plus grands
problèmes qu'il soit donné à l'activité humaine de résoudre,
et tracent en quelque sorte le programme des œuvres pacifi-
ques vers l'accomplissement desquelles doivent tendre tous les
efforts des sociétés modernes ?
La grande majorité de nos Conseils électifs s'est occupée de
la question du percement de l'isthme de Suez, et tous, sans
exception , ont émis des vœux favorables pour la prompte
réalisation de cette entreprise gigantesque et pour que le gou-
vernement intervienne auprès des puissances étrangères dans
le but de faciliter l'accomplissement de ce vieux rêve.
Depuis vingt siècles, l'humanité songe à ouvrir aux com-
munications de l'Europe avec l'Asie et l'Afrique orientale une
voie moins lente et moins périlleuse que celle du grand Océan
par le cap de Bonne-Espérance. Combien de fous sublimes,
depuis les Pharaons jusqu'au jeune conquérant des Pyramides,
ont rêvé ce progrès pour les relations internationales ! Les
fous d'hier sont devenus les sages d'aujourd'hui, et après de
si longues vicissitudes, nous touchons enfin au moment où
1 intelligence humaine triomphera d'un des plus puissants
obstacles opposés à la civilisation ; car la civilisation , c'est ce
qui rapproche les races et les peuples divers, c'est ce qui fa-
cilite leurs échanges et accroît leur prospérité et leur mo-
ralité.
La France entière, par ses corps savants, par ses ingé-
nieurs, par ses Chambres de commerce, par ses Conseils gé-
néraux, s'est prononcée en faveur de l'oeuvre civilisatrice.
L'opinion publique, en Angleterre , en Allemagne, en Italie,
partout, s'est associée à celle de la France. D'où pourrait venir
l'opposition désormais ? L'Angleterre n'est-elle pas , plus
qu'aucune autre nation encore, intéressée à se frayer et à
frayer au monde entier une route plus directe et plus facile
vers le continent asiatique ? La politique de défiance et d'an-
tagonisme n'a-t-elle pas fait son temps aussi bien de ce côté
du détroit que de l'autre ?
Cette pensée a été exprimée et développée avec beaucoup
de sagesse par la plupart des Conseils généraux.
M. Louis Jourdan cite ici les vœux de plusieurs Con-
seils généraux, et entre autres celui du département de
l'Ain. Il analyse les arguments par lesquels il a combattu
la résistance anglaise, et il poursuit :
Nulle nation n'est plus que l'Angleterre intéressée à l'ou-
verture du canal de Suez, et cependant c'est dans le sein du
gouvernement anglais que se manifestent, dit-on, les plus
vives résistances. Pourquoi cela? L'Angleterre peut-elle son-
ger aujourd'hui à avoir le monopole du canal maritime? Le
temps des prétentions de cette nature est passé sans retour.
Le principe de la solidarité a remplacé celui de l'isolement,
et une nation ne peut plus espérer qu'elle fondera sa prospé-
rité et sa gloire sur la misère et l'humiliation des autres. Les
hommes d'Etat de la Grande-Bretagne, pas plus que ceux des
autres pays, ne peuvent se soustraire à l'évidence de cette
vérité.
On a souvent reproché à notre époque son apathie et son
indifférence. Il faut cependant rendre justice à l'élan unanime
avec lequel tous les peuples de l'Occident ont accueilli le pro-
jet de percement de l'isthme de Suez, depuis que M. Ferdi-
nand de Lesseps, secondé par les ingénieurs les plus éminents,
en a démontré la praticabilité. L'émotion généreuse que nous
avons tous ressentie en apprenant cette bonne nouvelle, a
plus d'une analogie avec celle qui se produisit en Europe
lorsqu'on découvrit le cap de Bonne-Espérance et le nouveau
monde. Il semble que tous les peuples aient voulu se préparer
à de nouvelles destinées. L'Autriche a prolongé ses chemins
de fer de la Lombardie jusqu'au port de Venise; ceux de
l'Allemagne, depuis l'Elbe et le Danube jusqu'au port de
Trieste. La Sardaigne a voté une loi pour l'agrandissement
de son port de Gènes ; elle a ouvert à ses chemins de fer les
Alpes et les Apennins. La Hollande a nommé une commission
composée de ses ingénieurs et de ses commerçants les plus
haut placés pour étudier les conséquences de l'entreprise et dé-
terminer la part qu'il lui conviendrait d'y prendre. Rome elle-
même a décrété l'établissement d'un nouveau port et la con-
struction de ses chemins de fer. L'Espagne se hâte de pousser
les siens jusqu'aux ports de Barcelone, Carthagène et Cadix.
La France ne reste pas inactive, et ses avant-gardes sur la
Méditerranée et l'Océan, Marseille, Nantes, le Havre, se pré-
parent à de brillantes destinées. Les vœux unanimes de nos
Conseils généraux ne suffiraient-ils pas, au besoin, à démon*
trer la grandeur et l'urgence de l'oeuvre sociale dont la solution
est si impatiemment attendue ?
Nous ne pouvons suivre les soixante-treize Conseils qui se
sont si énergiquement prononcés en faveur du percement de
l'isthme de Suez dans les considérations qu'ils ont exposées. Il
nous suffit de constater l'immense adhésion de la France, re-
présentée par la haute bourgeoisie , à cette entreprise gigan-
tesque, rêve d'hier, folie de la veille, qui demain sera la réalité
et le salut.
Le Conseil général des Côtes-du-Nord a parfaitement dé
montré que le percement de l'isthme de Suez était d'une né
cessité absolue, non-seulement pour l'ancien continent, auquel t
il faut un accès prompt et facile vers les Indes, mais encore
pour le pays traversé, pour l'Egypte. Le Conseil, persuadé que
la grandeur et la gloire de la France dépendent uniquement
aujourd'hui de l'extension naturelle du commerce, des facili-
tés croissantes données aux relations internationales, a émis
excellent article de M. Louis Jourdan à l'examen des
vœux des Conseils généraux en faveur du canal de Suez.
L'auteur indique d'abord l'importance générale de cette
grande entreprise; et il félicite les corps électifs de nos
départements d'avoir si admirablement compris la ques-
tion qui leur était soumise. Il examine ensuite les mo-
tifs sur lesquels peut se fonder l'opposition de quelques
hommes d'Etat anglais; et il ne trouve pas de motifs
légitimes à cette résistance. Cette opinion du Siècle
mérite d'autant plus d'être remarquée que ce journal
s'est toujours montré un partisan ardent de l'alliance
anglo-française. Nous avions nous-mêmes exprimé bien
des fois une opinion analogue; mais de la part du Siècle
elle a d'autant plus de poids qu'elle semble plus désin-
téressée. ,
Voici les passages principaux de l'article de M. Louis
Jourdan :
VOEUX DES CONSEILS GÉNÉRAUX.
L'ISTHME DE SUEZ.
S'il était besoin d'une preuve éclatante à l'appui de ce que
nous avons dit si souvent au sujet de la transformation qui,
de jour en jour, change la vieille politique de lutte et d'anta-
gonisme en politique de travail et de concorde, nous la trou-
verions dans les développements que la plupart des Conseils
généraux ont donnés à leur vœu en faveur du percement de
l'isthme de Suez. N'est-ce pas un signe des temps en effet que
des propriétaires, des bourgeois, des manufacturiers désignes
par leurs concitoyens pour représenter les intérêts départe-
mentaux agitent dans leurs paisibles réunions les plus grands
problèmes qu'il soit donné à l'activité humaine de résoudre,
et tracent en quelque sorte le programme des œuvres pacifi-
ques vers l'accomplissement desquelles doivent tendre tous les
efforts des sociétés modernes ?
La grande majorité de nos Conseils électifs s'est occupée de
la question du percement de l'isthme de Suez, et tous, sans
exception , ont émis des vœux favorables pour la prompte
réalisation de cette entreprise gigantesque et pour que le gou-
vernement intervienne auprès des puissances étrangères dans
le but de faciliter l'accomplissement de ce vieux rêve.
Depuis vingt siècles, l'humanité songe à ouvrir aux com-
munications de l'Europe avec l'Asie et l'Afrique orientale une
voie moins lente et moins périlleuse que celle du grand Océan
par le cap de Bonne-Espérance. Combien de fous sublimes,
depuis les Pharaons jusqu'au jeune conquérant des Pyramides,
ont rêvé ce progrès pour les relations internationales ! Les
fous d'hier sont devenus les sages d'aujourd'hui, et après de
si longues vicissitudes, nous touchons enfin au moment où
1 intelligence humaine triomphera d'un des plus puissants
obstacles opposés à la civilisation ; car la civilisation , c'est ce
qui rapproche les races et les peuples divers, c'est ce qui fa-
cilite leurs échanges et accroît leur prospérité et leur mo-
ralité.
La France entière, par ses corps savants, par ses ingé-
nieurs, par ses Chambres de commerce, par ses Conseils gé-
néraux, s'est prononcée en faveur de l'oeuvre civilisatrice.
L'opinion publique, en Angleterre , en Allemagne, en Italie,
partout, s'est associée à celle de la France. D'où pourrait venir
l'opposition désormais ? L'Angleterre n'est-elle pas , plus
qu'aucune autre nation encore, intéressée à se frayer et à
frayer au monde entier une route plus directe et plus facile
vers le continent asiatique ? La politique de défiance et d'an-
tagonisme n'a-t-elle pas fait son temps aussi bien de ce côté
du détroit que de l'autre ?
Cette pensée a été exprimée et développée avec beaucoup
de sagesse par la plupart des Conseils généraux.
M. Louis Jourdan cite ici les vœux de plusieurs Con-
seils généraux, et entre autres celui du département de
l'Ain. Il analyse les arguments par lesquels il a combattu
la résistance anglaise, et il poursuit :
Nulle nation n'est plus que l'Angleterre intéressée à l'ou-
verture du canal de Suez, et cependant c'est dans le sein du
gouvernement anglais que se manifestent, dit-on, les plus
vives résistances. Pourquoi cela? L'Angleterre peut-elle son-
ger aujourd'hui à avoir le monopole du canal maritime? Le
temps des prétentions de cette nature est passé sans retour.
Le principe de la solidarité a remplacé celui de l'isolement,
et une nation ne peut plus espérer qu'elle fondera sa prospé-
rité et sa gloire sur la misère et l'humiliation des autres. Les
hommes d'Etat de la Grande-Bretagne, pas plus que ceux des
autres pays, ne peuvent se soustraire à l'évidence de cette
vérité.
On a souvent reproché à notre époque son apathie et son
indifférence. Il faut cependant rendre justice à l'élan unanime
avec lequel tous les peuples de l'Occident ont accueilli le pro-
jet de percement de l'isthme de Suez, depuis que M. Ferdi-
nand de Lesseps, secondé par les ingénieurs les plus éminents,
en a démontré la praticabilité. L'émotion généreuse que nous
avons tous ressentie en apprenant cette bonne nouvelle, a
plus d'une analogie avec celle qui se produisit en Europe
lorsqu'on découvrit le cap de Bonne-Espérance et le nouveau
monde. Il semble que tous les peuples aient voulu se préparer
à de nouvelles destinées. L'Autriche a prolongé ses chemins
de fer de la Lombardie jusqu'au port de Venise; ceux de
l'Allemagne, depuis l'Elbe et le Danube jusqu'au port de
Trieste. La Sardaigne a voté une loi pour l'agrandissement
de son port de Gènes ; elle a ouvert à ses chemins de fer les
Alpes et les Apennins. La Hollande a nommé une commission
composée de ses ingénieurs et de ses commerçants les plus
haut placés pour étudier les conséquences de l'entreprise et dé-
terminer la part qu'il lui conviendrait d'y prendre. Rome elle-
même a décrété l'établissement d'un nouveau port et la con-
struction de ses chemins de fer. L'Espagne se hâte de pousser
les siens jusqu'aux ports de Barcelone, Carthagène et Cadix.
La France ne reste pas inactive, et ses avant-gardes sur la
Méditerranée et l'Océan, Marseille, Nantes, le Havre, se pré-
parent à de brillantes destinées. Les vœux unanimes de nos
Conseils généraux ne suffiraient-ils pas, au besoin, à démon*
trer la grandeur et l'urgence de l'oeuvre sociale dont la solution
est si impatiemment attendue ?
Nous ne pouvons suivre les soixante-treize Conseils qui se
sont si énergiquement prononcés en faveur du percement de
l'isthme de Suez dans les considérations qu'ils ont exposées. Il
nous suffit de constater l'immense adhésion de la France, re-
présentée par la haute bourgeoisie , à cette entreprise gigan-
tesque, rêve d'hier, folie de la veille, qui demain sera la réalité
et le salut.
Le Conseil général des Côtes-du-Nord a parfaitement dé
montré que le percement de l'isthme de Suez était d'une né
cessité absolue, non-seulement pour l'ancien continent, auquel t
il faut un accès prompt et facile vers les Indes, mais encore
pour le pays traversé, pour l'Egypte. Le Conseil, persuadé que
la grandeur et la gloire de la France dépendent uniquement
aujourd'hui de l'extension naturelle du commerce, des facili-
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