Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-04-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 avril 1858 10 avril 1858
Description : 1858/04/10 (A3,N44). 1858/04/10 (A3,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62030901
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
158 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 10 AVRIL.
est dans ses vues de laisser à la Porte Ottomane toute sa
liberté d'action dans la question du canal de Suez.
Si le gouvernement anglais a l'intention sincère de conser-
ver l'indépendance de l'Empire turc, il me semble que l'on
peut espérer, comme une conséquence naturelle, quel'Angle-
* terre donnera l'exemple en mettant ses bonnes intentions en
pratique et en permettant à la Turquie d'agir dans toute son
indépendance.
Cet acte contribuerait plus que tout autre à rendre à la
Turquie une force morale qu'il est de l'intérêt de l'Angleterre
de lui conserver; et le Sultan serait heureux de saisir cette
occasion qui lui permettrait de satisfaire un désir qu'il nourrit
depuis si longtemps.
J'ai pris la liberté de m'adresser directement à Votre Seigneu-
rie, afin d'éviter s'il est possible, dans le sein du Parlement, de
nouveaux débats; et en considération des derniers malentendus
regrettables avec nos alliés, j'ai cru que ce serait la marche
la plus sage et la plus prudente.
Votre Seigneurie remarquera que j'ai eu a consulter les
sentiments que dicte le patriotisme et aussi mon devoir de
représentant d'une compagnie dont je suis chargé de plaider
et de protéger les intérêts ; et j'ose exprimer la ferme assurance
que Votre Seigneurie appuiera mes humbles efforts pour évi-
ter tout ce qui pourrait troubler dans le moindre degré la
bonne entente entre notre pays et nos alliés.
Je demande encore la permission de soumettre à Votre
Seigneurie une lettre adressée par M. Ferd. de Lesseps à la
Sublime Porte et portant la date du 29 décembre 1857.
J'ai l'honneur d'être, Milord, de Votre Seigneurie le très-
humble serviteur.
Signé : DAMEL ADOLPHE LAXGE,
représentant en Angleterre de la Compagnie
du canal de l'isthme de Suez.
Londres, G mars 1858.
LA « PRESSE n ET LA POLITIQUE ANGLAISE
DANS LA QUESTION DE SUEZ ET DE PÉRIM.
La Presse du 31 mars contenait un très-remarquable
article de M. Ad. Guéroult sur la politique de l'Angle-
terre dans les deux questions du canal de Suez et de
l'île Périm. Nous le reproduisons en entier.
SUEZ ET PÉRIM.
u Les récentes interpellations de M. Griffith dans la Chambre
des Communes nous ont fait voir que les dispositions du gou-
vernement anglais à l'égard du percement de l'isthme de Suez
n'ont pas senaiblement varié depuis que lord Derby a rem-
placé lord Palmerston à la tête du Cabinet. M. Disraeli, dans
sa réponse, 9. fait juste ce qu'avait fait lord Palmerston : il a
considéré l'opération d'art comme chimérique, et ajourné
aux calendes grecques l'examen de la question politique. S'il
existe quelque différence entre les sympathies des uhigs et
celles des tories, ce n'est pas sur ce point. Les uns comme les
autres semblent considérer d'un œil jaloux une entreprise
qui, tout en servant les intérêts de l'Angleterre, serait en
même temps profitable à ceux de la France, de l'Espagne, de
l'Autriche, de l'Italie, de la Grèce, de la Russie, qui a reçu à
diverses reprises les encouragements de ces puissances, et
qui rapprocherait utilement la civilisation et le commerce
occidental des contrées de l'extrême Orient.
On a beau prouver que l'Angleterre, qui, à elle seule, fait
plus d'affaires dans l'Inde et en Chine que tout le reste de
l'Europe, retirerait plus d'avantages qu'aucune autre puissance
d'une route qui supprime un détour de trois mille lieues; il
semble que le vieil esprit anglais n'estime que les avantages
dont l'Angleterre doit seule profiler, et que le bien qu'elle peut
recueillir lui paraît fade, si elle doit le partager avec le reste
du genre humain.
Toutefois, l'incrédulité des hommes d'Etat anglais à l'en-
droit de la possibilité pratique du percement de l'isthme n'est
pas si grande qu'ils veulent bien le dire. Et la preuve, c'est
qu'ils viennent de se mettre en règle contre cette éventualité
prétendue chimérique, en s'emparant, contre tout droit, de
l'île Périm, qui domine absolument la navigation de la mer
Rouge. S'emparer, en pleine paix, sans cause ni prétexte,
d'un territoire appartenant à une puissance amie, c'est en tout
temps quelque chose qui ressemble fort à un acte de piraterie;
seulement, dans la circonstance présente, cet acte de piraterie
est en même temps un acte de foi dans la possibilité de l'en-
treprise si hautement déclarée chimérique. Le vœu de l'An-
gleterre est de tenir fermée la porte de ce passage; mais s'il
doit s'ouvrir un jour, il faut qu'elle en soit la gardienne et la
dominatrice absolue, et que les flottes marchandes de toutes
les nations commerçantes soient contraintes de passer sous le
feu de ses canons.
L'égoïsme anglais, dans sa candeur, n'a pas trouvé que
cette manière d'agir nécessitât un mot d'excuse ou d'explica-
tion. Que le progrès du genre humain, que le contact fécond
de l'Orient et de l'Occident, que le réveil de peuples endormis
d'un sommeil séculaire, que l'échange et la multiplication des
richesses des deux mondes européen et asiatique soient retardés
par son mauvais vouloir et son esprit de monopole, l'Angle-
terre ne s'en émeut pas; elle s'assied bravement en travers de
la route, et déclare que personne ne passera, jusqu'au mo-
ment où, grâce à l'occupation de Périm et aux fortifications
qu'elle y fait élever en toute hâte, elle se croira assez forte
pour laisser ouvrir une porte dont elle tiendra les clefs, et
qu'elle pourra toujours fermer à sa convenance.
L'Angleterre fait-elle partie de la société des nations?
A-t-elle vis-à-vis des autres peuples des devoirs à remplir
aussi bien que des droits à exercer? En voyant ses façons
d'agir, il serait permis d'en douter.
Nous ne sommes les ennemis d'aucun peuple, de l'Angle-
terre moins que de tout autre. Nous professons la plus haute
estime pour les qualités sérieuses et viriles de la race anglo-
saxonne. Ses fils sont les premiers travailleurs du monde. Ils
ont, dans la pratique de leurs institutions, montré une suite,
une prudence, une modération, une ténacité admirables; ils
sont, depuis un siècle, placés à l'avant-garde politique du
genre humain ; ils lui ont montré le premier exemple d'une
liberté énergiquement conquise et sagement conservée. Ils
ont donné à l'Europe entière, et à nous en particulier, d'excel-
lentes leçons politiques, dont nous avons, hélas! assez mal
profilé, et des leçons industrielles dont nous avons déjà fait
et dont nous paraissons appelés à faire de jour en jour un
meilleur usage.
Si, en échange de tout ce que nous avons reçu d'elle, l'An-
gleterre nous permettait de lui donner un bon conseil, nous
lui dirions qu'il est grand temps pour elle de renoncer, dans
ses relations extérieures, à ces procédés autocratiques qui
blessent la fierté des autres peuples, et qui finiraient par sou-
lever contre elle une formidable unanimité de récriminations
et de haines. L'Angleterre n'est point aimée dans le monde;
elle le sait bien. Lorsque éclata la révolte des Indes, elle a pu
entendre et constater elle-même les cris de jubilation poussés
est dans ses vues de laisser à la Porte Ottomane toute sa
liberté d'action dans la question du canal de Suez.
Si le gouvernement anglais a l'intention sincère de conser-
ver l'indépendance de l'Empire turc, il me semble que l'on
peut espérer, comme une conséquence naturelle, quel'Angle-
* terre donnera l'exemple en mettant ses bonnes intentions en
pratique et en permettant à la Turquie d'agir dans toute son
indépendance.
Cet acte contribuerait plus que tout autre à rendre à la
Turquie une force morale qu'il est de l'intérêt de l'Angleterre
de lui conserver; et le Sultan serait heureux de saisir cette
occasion qui lui permettrait de satisfaire un désir qu'il nourrit
depuis si longtemps.
J'ai pris la liberté de m'adresser directement à Votre Seigneu-
rie, afin d'éviter s'il est possible, dans le sein du Parlement, de
nouveaux débats; et en considération des derniers malentendus
regrettables avec nos alliés, j'ai cru que ce serait la marche
la plus sage et la plus prudente.
Votre Seigneurie remarquera que j'ai eu a consulter les
sentiments que dicte le patriotisme et aussi mon devoir de
représentant d'une compagnie dont je suis chargé de plaider
et de protéger les intérêts ; et j'ose exprimer la ferme assurance
que Votre Seigneurie appuiera mes humbles efforts pour évi-
ter tout ce qui pourrait troubler dans le moindre degré la
bonne entente entre notre pays et nos alliés.
Je demande encore la permission de soumettre à Votre
Seigneurie une lettre adressée par M. Ferd. de Lesseps à la
Sublime Porte et portant la date du 29 décembre 1857.
J'ai l'honneur d'être, Milord, de Votre Seigneurie le très-
humble serviteur.
Signé : DAMEL ADOLPHE LAXGE,
représentant en Angleterre de la Compagnie
du canal de l'isthme de Suez.
Londres, G mars 1858.
LA « PRESSE n ET LA POLITIQUE ANGLAISE
DANS LA QUESTION DE SUEZ ET DE PÉRIM.
La Presse du 31 mars contenait un très-remarquable
article de M. Ad. Guéroult sur la politique de l'Angle-
terre dans les deux questions du canal de Suez et de
l'île Périm. Nous le reproduisons en entier.
SUEZ ET PÉRIM.
u Les récentes interpellations de M. Griffith dans la Chambre
des Communes nous ont fait voir que les dispositions du gou-
vernement anglais à l'égard du percement de l'isthme de Suez
n'ont pas senaiblement varié depuis que lord Derby a rem-
placé lord Palmerston à la tête du Cabinet. M. Disraeli, dans
sa réponse, 9. fait juste ce qu'avait fait lord Palmerston : il a
considéré l'opération d'art comme chimérique, et ajourné
aux calendes grecques l'examen de la question politique. S'il
existe quelque différence entre les sympathies des uhigs et
celles des tories, ce n'est pas sur ce point. Les uns comme les
autres semblent considérer d'un œil jaloux une entreprise
qui, tout en servant les intérêts de l'Angleterre, serait en
même temps profitable à ceux de la France, de l'Espagne, de
l'Autriche, de l'Italie, de la Grèce, de la Russie, qui a reçu à
diverses reprises les encouragements de ces puissances, et
qui rapprocherait utilement la civilisation et le commerce
occidental des contrées de l'extrême Orient.
On a beau prouver que l'Angleterre, qui, à elle seule, fait
plus d'affaires dans l'Inde et en Chine que tout le reste de
l'Europe, retirerait plus d'avantages qu'aucune autre puissance
d'une route qui supprime un détour de trois mille lieues; il
semble que le vieil esprit anglais n'estime que les avantages
dont l'Angleterre doit seule profiler, et que le bien qu'elle peut
recueillir lui paraît fade, si elle doit le partager avec le reste
du genre humain.
Toutefois, l'incrédulité des hommes d'Etat anglais à l'en-
droit de la possibilité pratique du percement de l'isthme n'est
pas si grande qu'ils veulent bien le dire. Et la preuve, c'est
qu'ils viennent de se mettre en règle contre cette éventualité
prétendue chimérique, en s'emparant, contre tout droit, de
l'île Périm, qui domine absolument la navigation de la mer
Rouge. S'emparer, en pleine paix, sans cause ni prétexte,
d'un territoire appartenant à une puissance amie, c'est en tout
temps quelque chose qui ressemble fort à un acte de piraterie;
seulement, dans la circonstance présente, cet acte de piraterie
est en même temps un acte de foi dans la possibilité de l'en-
treprise si hautement déclarée chimérique. Le vœu de l'An-
gleterre est de tenir fermée la porte de ce passage; mais s'il
doit s'ouvrir un jour, il faut qu'elle en soit la gardienne et la
dominatrice absolue, et que les flottes marchandes de toutes
les nations commerçantes soient contraintes de passer sous le
feu de ses canons.
L'égoïsme anglais, dans sa candeur, n'a pas trouvé que
cette manière d'agir nécessitât un mot d'excuse ou d'explica-
tion. Que le progrès du genre humain, que le contact fécond
de l'Orient et de l'Occident, que le réveil de peuples endormis
d'un sommeil séculaire, que l'échange et la multiplication des
richesses des deux mondes européen et asiatique soient retardés
par son mauvais vouloir et son esprit de monopole, l'Angle-
terre ne s'en émeut pas; elle s'assied bravement en travers de
la route, et déclare que personne ne passera, jusqu'au mo-
ment où, grâce à l'occupation de Périm et aux fortifications
qu'elle y fait élever en toute hâte, elle se croira assez forte
pour laisser ouvrir une porte dont elle tiendra les clefs, et
qu'elle pourra toujours fermer à sa convenance.
L'Angleterre fait-elle partie de la société des nations?
A-t-elle vis-à-vis des autres peuples des devoirs à remplir
aussi bien que des droits à exercer? En voyant ses façons
d'agir, il serait permis d'en douter.
Nous ne sommes les ennemis d'aucun peuple, de l'Angle-
terre moins que de tout autre. Nous professons la plus haute
estime pour les qualités sérieuses et viriles de la race anglo-
saxonne. Ses fils sont les premiers travailleurs du monde. Ils
ont, dans la pratique de leurs institutions, montré une suite,
une prudence, une modération, une ténacité admirables; ils
sont, depuis un siècle, placés à l'avant-garde politique du
genre humain ; ils lui ont montré le premier exemple d'une
liberté énergiquement conquise et sagement conservée. Ils
ont donné à l'Europe entière, et à nous en particulier, d'excel-
lentes leçons politiques, dont nous avons, hélas! assez mal
profilé, et des leçons industrielles dont nous avons déjà fait
et dont nous paraissons appelés à faire de jour en jour un
meilleur usage.
Si, en échange de tout ce que nous avons reçu d'elle, l'An-
gleterre nous permettait de lui donner un bon conseil, nous
lui dirions qu'il est grand temps pour elle de renoncer, dans
ses relations extérieures, à ces procédés autocratiques qui
blessent la fierté des autres peuples, et qui finiraient par sou-
lever contre elle une formidable unanimité de récriminations
et de haines. L'Angleterre n'est point aimée dans le monde;
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