Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mars 1858 25 mars 1858
Description : 1858/03/25 (A3,N43). 1858/03/25 (A3,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203089c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
134 - L'ISTHME DE SUEZ, JEUDI 25 MARS.
qui pourraient le plus contribuer à ouvrir les yeux des peuples
continentaux sur les tendances peu généreuses de certaine po-
litique en Angleterre. La Grande-Bretagne n'a jamais été pré-
pondérante dans le monde par ses seules forces. Elle n'estja-
mais entrée dans la carrière des négociations ou des batailles
sans s'être préparé des alliés dont le concours lui assurait la
victoire, Lejouroù les puissances, unanimement désabusées par
des exemples d'égoïsme trop insupportables, l'abandonne-
raient à elle-même, le rôle qu'elle joue sur la scène du monde
deviendrait sans doute moins important.
Sans aller aussi loin dans cette hypothèse, un des plus élo-
quents et des plus sages orateurs du Parlement, M. Gladstone,
regarde comme dangereuse la position isolée que le ministère
précédent avait prise dans la question du canal de Suez. Par
deux fois, dans des circonstances solennelles, et entre autres
lors du débat sur l'amendement qui a .renversé le Cabinet,
M. Gladstone a prévenu le ministère qu'il faisait fausse route
et qu'il ne fallait pas soulever, en vue d'un intérêt plus que
problématique , l'irritation de l'Europe entière contre la
Grande-Bretagne. L'avis de M. Gladstone ne peut manquer
d'exercer une puissante influence sur lord Derby, qui avait
désiré de faire entrer cet homme d'État dans sa combinaison
ministérielle et qui a besoin de son appui dans la Chambre.
Enfin, un des principaux mobiles de l'opposition du pré-
cédent ambassadeur d'Angleterre à Constantinople provenait
surtout de ce que le percement de l'isthme de Suez, bien que
conçu dans l'intérêt universel et sur les bases d'une parfaite
égalité entre toutes es nations, a cependant une origine fran-
çaise. Ce sera, nous l'espérons, une des causes qui, au con-
traire, détermineront l'adhésion des hommes politiques à qui
l'Angleterre vient de confier ses destinées. Ce n'est pas tout
que de préconiser hautement l'alliance anglo-française. Encore
ne faut-il pas que cette alliance soit seulement en paroles. Un
allié, tout en cherchant fort naturellement la satisfaction de
ses intérêts, ne s'attache pas partout et toujours à contrecarrer
ceux de son allié; et pour diriger sa conduite, il ne s'applique
pas à prendre constamment le contre-pied des vues et des dé-
sirs de ce même allié.
Le percement de l'isthme, étant une de ces entreprises où
l'esprit d'antagonisme de l'ambassade britannique en Turquie
a surtout éclaté, sera aussi, nous l'espérons, un des pre-
miers gages de la réconciliation complète que le nouveau mi-
nistère est disposé à opérer. L'Europe entière , avec des senti-
ments divers au point de vue politique, mais avec une grande
unanimité de sympathie pour le projet en lui-même, attend la
Grande-Bretagne à cette épreuve, afin d'apprécier exactement
les sentiments et les tendances avec lesquels elle doit avoir à
compter désormais.
Quant à nous, nous avons grande confiance , et la sincérité
avec laquelle nous sommes toujours disposés en France à pra-
tiquer l'alliance anglaise nous répond, en quelque sorte, de
la réciprocité,
Mais si, ce qu'à Dieu ne plaise, nous nous trompions; si
l'épreuve était encore une fois défavorable, la Turquie lais-
serait-elle périr un projet si essentiel? Ne lui appartiendrait-il
pas, au contraire, de l'adopter en prouvant qu'elle ne se laisse
intimider par aucune influence étrangère?
On avait essayé de lui faire croire que son intégrité serait
menacée par le canal de Suez, et cela tandis qu'on la dépouil-
lait, sans autre forme de procès, de l'île Périm. C'était un
bien mauvais prétexte, et la Turquie n'a pu un seul instant
s'y laisser prendre. Nous avons déjà développé les raisons pour
lesquelles le canal de Suez, loin de porter atteinte à l'intégrité
et à l'indépendance del'Empirc ottoman, servirait à maintenir
intacte l'autorité de cet empire, en mettant à sa portée les
lieux saints de l'islamisme, qui actuellement sont à la merci
des insurrections.
La Presse d'Orient, journal de Constantinople, a fourni
dans un de ses derniers numéros, de nouveaux arguments, qui
prouvent jusqu'à l'évidence que cette entreprise a pour la
Turquie un intérêt capital. Ce journal expose, en effet, qu'à
l'époque où la puissance mahométane était à son apogée,
les sultans les plus célèbres comprirent dans le programme
de leur règne le percement de l'isthme de Suez. Sélim II,
Mourad III entre autres, avaient préparé l'exécution de ce
grand travail. La guerre, les embarras financiers y mirent
obstacle; mais personne ne soupçonnera ces souverains, qui
agissaient dans la plénitude de la puissance de l'Empire otto-
man , d'avoir médité une intreprise dangereuse pour l'indé-
pendance et l'intégrité de leur pouvoir.
Abd-ul-Medjid n'a donc qu'à suivre l'exemple de ses plus
illustres devanciers. Il est de notoriété publique que le Divan
n'éprouve aucune répugnance à confirmer la concession
accordée par le Vice-roi d'Égypte. S'il hésitait encore, ce
serait uniquement sous l'impression de la crainte que lord
Strattfortl avait réussi à inspirer aux hommes d'Etat de la
Turquie. Il est* temps de secouer ce joug. Ne serait-ce que
pour affirmer hautementeette indépendance qu on a représentée
si ridiculement comme menacée par le eanal de Suez, et qui, par
le fait, ne pouvait être compromise, en cette circonstance,
que par les intrigues d'un diplomate arrogant, nous voudrions,
à la place des conseillers de la Porte, adopter résolùment et
sans plus attendre le projet de percement de l'isthme.
Il ne manque pas de gens qui, voyant les embarras que la
lutte des races et des religions suscite à l'Empire ottoman,
disent que les beaux jours de cet empire sont définitivement
passés; qu'il est voué à une décadence croissante, et, finale-
ment, au joug étranger. Le meilleur moyen de leur donner
tort, c'est de s'affranchir de toute tutelle et de montrer par
des actes que la Turquie entend rester une puissance libre
et maîtresse d'elle-même. » p, DUBOIS.
Les réflexions de M. P. Dubois sont pleines de jus-
tesse ; et nous croyons qu'elles sont tout à fait de nature
à frapper le Cabinet de lord Derby. Il a une foule de
motifs de ne pas suivre sur bien des questions la politique
du Cabinet précédent; mais nulle part les motifs de
dissidence et de changement ne sont plus puissants que
dans la question du canal de Suez. Cette voie nouvelle
de communication doit être utile à l'Angleterre plus
qu'à qui que ce soit, parce que l'Angleterre a dans les
mers asiatiques de plus vastes intérêts que personne. Il
fallait donc un aveuglement bien obstiné pour ne pas
voir une vérité aussi claire ; et le Cabinet nouveau a tout
intérêt à répudier un héritage aussi compromettant que
celui-là, soit auprès de l'Europe entière, soit auprès du
commerce anglais lui-même.
ERNEST DESPLACES.
LE SIÈCLE ET LES rOEUX
DES CONSEILS GÉNÉRAUX DE L'EMPIRE FRANÇAIS
EN FAVEUR DU CANAL DE SUEZ.
Le Siècle, qui nous a prouvé bien des fois déjà sa sym-
pathie éclairée, consacre dans le numéro du 13 mars un
qui pourraient le plus contribuer à ouvrir les yeux des peuples
continentaux sur les tendances peu généreuses de certaine po-
litique en Angleterre. La Grande-Bretagne n'a jamais été pré-
pondérante dans le monde par ses seules forces. Elle n'estja-
mais entrée dans la carrière des négociations ou des batailles
sans s'être préparé des alliés dont le concours lui assurait la
victoire, Lejouroù les puissances, unanimement désabusées par
des exemples d'égoïsme trop insupportables, l'abandonne-
raient à elle-même, le rôle qu'elle joue sur la scène du monde
deviendrait sans doute moins important.
Sans aller aussi loin dans cette hypothèse, un des plus élo-
quents et des plus sages orateurs du Parlement, M. Gladstone,
regarde comme dangereuse la position isolée que le ministère
précédent avait prise dans la question du canal de Suez. Par
deux fois, dans des circonstances solennelles, et entre autres
lors du débat sur l'amendement qui a .renversé le Cabinet,
M. Gladstone a prévenu le ministère qu'il faisait fausse route
et qu'il ne fallait pas soulever, en vue d'un intérêt plus que
problématique , l'irritation de l'Europe entière contre la
Grande-Bretagne. L'avis de M. Gladstone ne peut manquer
d'exercer une puissante influence sur lord Derby, qui avait
désiré de faire entrer cet homme d'État dans sa combinaison
ministérielle et qui a besoin de son appui dans la Chambre.
Enfin, un des principaux mobiles de l'opposition du pré-
cédent ambassadeur d'Angleterre à Constantinople provenait
surtout de ce que le percement de l'isthme de Suez, bien que
conçu dans l'intérêt universel et sur les bases d'une parfaite
égalité entre toutes es nations, a cependant une origine fran-
çaise. Ce sera, nous l'espérons, une des causes qui, au con-
traire, détermineront l'adhésion des hommes politiques à qui
l'Angleterre vient de confier ses destinées. Ce n'est pas tout
que de préconiser hautement l'alliance anglo-française. Encore
ne faut-il pas que cette alliance soit seulement en paroles. Un
allié, tout en cherchant fort naturellement la satisfaction de
ses intérêts, ne s'attache pas partout et toujours à contrecarrer
ceux de son allié; et pour diriger sa conduite, il ne s'applique
pas à prendre constamment le contre-pied des vues et des dé-
sirs de ce même allié.
Le percement de l'isthme, étant une de ces entreprises où
l'esprit d'antagonisme de l'ambassade britannique en Turquie
a surtout éclaté, sera aussi, nous l'espérons, un des pre-
miers gages de la réconciliation complète que le nouveau mi-
nistère est disposé à opérer. L'Europe entière , avec des senti-
ments divers au point de vue politique, mais avec une grande
unanimité de sympathie pour le projet en lui-même, attend la
Grande-Bretagne à cette épreuve, afin d'apprécier exactement
les sentiments et les tendances avec lesquels elle doit avoir à
compter désormais.
Quant à nous, nous avons grande confiance , et la sincérité
avec laquelle nous sommes toujours disposés en France à pra-
tiquer l'alliance anglaise nous répond, en quelque sorte, de
la réciprocité,
Mais si, ce qu'à Dieu ne plaise, nous nous trompions; si
l'épreuve était encore une fois défavorable, la Turquie lais-
serait-elle périr un projet si essentiel? Ne lui appartiendrait-il
pas, au contraire, de l'adopter en prouvant qu'elle ne se laisse
intimider par aucune influence étrangère?
On avait essayé de lui faire croire que son intégrité serait
menacée par le canal de Suez, et cela tandis qu'on la dépouil-
lait, sans autre forme de procès, de l'île Périm. C'était un
bien mauvais prétexte, et la Turquie n'a pu un seul instant
s'y laisser prendre. Nous avons déjà développé les raisons pour
lesquelles le canal de Suez, loin de porter atteinte à l'intégrité
et à l'indépendance del'Empirc ottoman, servirait à maintenir
intacte l'autorité de cet empire, en mettant à sa portée les
lieux saints de l'islamisme, qui actuellement sont à la merci
des insurrections.
La Presse d'Orient, journal de Constantinople, a fourni
dans un de ses derniers numéros, de nouveaux arguments, qui
prouvent jusqu'à l'évidence que cette entreprise a pour la
Turquie un intérêt capital. Ce journal expose, en effet, qu'à
l'époque où la puissance mahométane était à son apogée,
les sultans les plus célèbres comprirent dans le programme
de leur règne le percement de l'isthme de Suez. Sélim II,
Mourad III entre autres, avaient préparé l'exécution de ce
grand travail. La guerre, les embarras financiers y mirent
obstacle; mais personne ne soupçonnera ces souverains, qui
agissaient dans la plénitude de la puissance de l'Empire otto-
man , d'avoir médité une intreprise dangereuse pour l'indé-
pendance et l'intégrité de leur pouvoir.
Abd-ul-Medjid n'a donc qu'à suivre l'exemple de ses plus
illustres devanciers. Il est de notoriété publique que le Divan
n'éprouve aucune répugnance à confirmer la concession
accordée par le Vice-roi d'Égypte. S'il hésitait encore, ce
serait uniquement sous l'impression de la crainte que lord
Strattfortl avait réussi à inspirer aux hommes d'Etat de la
Turquie. Il est* temps de secouer ce joug. Ne serait-ce que
pour affirmer hautementeette indépendance qu on a représentée
si ridiculement comme menacée par le eanal de Suez, et qui, par
le fait, ne pouvait être compromise, en cette circonstance,
que par les intrigues d'un diplomate arrogant, nous voudrions,
à la place des conseillers de la Porte, adopter résolùment et
sans plus attendre le projet de percement de l'isthme.
Il ne manque pas de gens qui, voyant les embarras que la
lutte des races et des religions suscite à l'Empire ottoman,
disent que les beaux jours de cet empire sont définitivement
passés; qu'il est voué à une décadence croissante, et, finale-
ment, au joug étranger. Le meilleur moyen de leur donner
tort, c'est de s'affranchir de toute tutelle et de montrer par
des actes que la Turquie entend rester une puissance libre
et maîtresse d'elle-même. » p, DUBOIS.
Les réflexions de M. P. Dubois sont pleines de jus-
tesse ; et nous croyons qu'elles sont tout à fait de nature
à frapper le Cabinet de lord Derby. Il a une foule de
motifs de ne pas suivre sur bien des questions la politique
du Cabinet précédent; mais nulle part les motifs de
dissidence et de changement ne sont plus puissants que
dans la question du canal de Suez. Cette voie nouvelle
de communication doit être utile à l'Angleterre plus
qu'à qui que ce soit, parce que l'Angleterre a dans les
mers asiatiques de plus vastes intérêts que personne. Il
fallait donc un aveuglement bien obstiné pour ne pas
voir une vérité aussi claire ; et le Cabinet nouveau a tout
intérêt à répudier un héritage aussi compromettant que
celui-là, soit auprès de l'Europe entière, soit auprès du
commerce anglais lui-même.
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LE SIÈCLE ET LES rOEUX
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