Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 mars 1858 25 mars 1858
Description : 1858/03/25 (A3,N43). 1858/03/25 (A3,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203089c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
152 L'ISTHME DE SUEZ. JEUDI 25 MARS.
PARIS. TYPOGRAPHIE DE HENRI PLOf, IMPRIMEUR DE L'EMPEREUR, RUE GARANCIÈRE , 8.
Voilà les renseignements très-généraux que je voulais vous
communiquer sur le commerce des côtes d'Arabie,
Dans les diverses excursions que j'ai faites sur les deux
bords de la mer Rouge, je me suis arrêté sur la rive orientale,
à la hauteur du vingtième degré, et de là j'ai traversé le
golfe Arabique pour redescendre vers Aden en côtoyant l'Abys-
sinie, le territoire des Danakils et des Somaulis; c'est donc
en suivant cet itinéraire que je présenterai la suite de mes
observations, qui auront la même généralité que celles que je
viens de vous présenter sur l'Arabie.
Malgré mon vif désir de visiter la partie de la côte de la
Nubie qui baigne la mer Rouge depuis le Ras-Roway jusqu'au
Ras-el-Kasaïne, je fus forcé d'y renoncer, parce que la petite
Marque sur laquelle je naviguais était en trop mauvais état.
On se figure difficilement combien l'art de la construction et
celui de la navigation sont arriérés parmi les indigènes.
Massouah. — Je commence ma revue occidentale par la
ville de Massouah, située par 15° 35' lat. N. et 37° 17'
long. E.
On sait que l'île de Massouah sert d'entrepôt à la plus
grande partie du commerce de l'Abyssinie; elle est séparée de
la terre par un canal d'un quart de mille de large environ
qui lui sert de port. Cette île basse, formée de coraux, très-
sablonneuse et très-aride, possède une prétendue garnison
turque, composée principalement de pillards et commandée
par un effendi, dont le soin le plus pressant est d'accroître sa
fortune par tous les moyens de rapine qui se présentent à
lui. Aussi son autorité est-elle rarement respectée des chefs
du littoral, qui sont continuellement en état d'hostilité soit
avec lui, soit entre eux.
L'Angleterre entretient à Massouah un consul qui a su pro-
fiter habilement de cet état de dissensions intestines pour
étendre l'influence anglaise dans ces contrées. L'agent consu-
laire de France, autant que j'en puis juger, ne paraît pas
avoir été guidé par le même mobile. Il est vrai que la France
n'a pas un Aden dans le voisinage.
Le commerce de Massouah pourrait, sous un gouverne-
ment plus préoccupé du bien-être du pays qu'il administre,
prendre une extension considérable. Malheureusement il n'en
est pas ainsi, et les marchands de l'intérieur ne trouvent dans
ce port que dégoûts et avanies de toute sorte. Ils y viennent
cependant en assez grand nombre; car cette île est si heureu-
sement placée qu'elle exporte par année pour plus de 2 mil-
lions de francs de produits divers. Le café, la myrrhe, l'en-
cens, les peaux, la gomme, l'ivoire, le séné, la mantègue,
la poudre d'or se partagent cette somme. Par contre, elle
reçoit pour 2 millions de tissus de coton, cotons en laine,
soieries, soies écrues et bleues, drap rouge et bleu, armes à
feu (à mèche), le riz, le sucre, le thé, le plomb, le fer, le
cuivre et des bois de construction, etc., etc. Mais une forte
partie de cette somme est importée en numéraire, la plupart
du temps en marie-thérèses d'Autriche appelées thalaris (de
thaler sans doute), qui valent 5 fr. 60 cent. C'est comme notre
ancien écu de 6 francs.
C'est à la facilité que présente la défense de la petite île de
Massouah qu'il faut attribuer la prépondérance qu'a prise son
commerce sur divers autres points du littoral abyssin. Les
Turcs depuis quelques années empiétent considérablement
dréftcdes chefs du littoral; ils y ont plusieurs villages,
Xidriti un se ftmme Arkiko, et qui possède quelques vieux
forts çt une garjracn de Turcs, véritables bandits.
;', ::
Quoique Massouah semble être bien placée pour servir
d'entrepôt aux produits de l'Abyssinie, il ne faudrait pas en
conclure qu'aucun autre point de cette côte ne pourrait pas
entrer en concurrence avec elle. Je pourrais en citer plus d'un
qui serait dans ce cas.
Les deux baies d'Oakel et d'Amphilla n'offriraient pas à la
navigation un abri moins sûr que Massouah; situées plus au
sud, elles deviendraient d'excellents ports, sans qu'on s'y
donnât grand'peine. Mais que peut-on attendre de l'adminisi-
tration turque, placée si mal, que loin de créer elle laisse
dépérir entre ses mains, lorsqu'elle ne les détruit pas de propos
délibéré, les richesses naturelles que lui ont léguées les
siècles passés? Si le canal de Suez était ouvert et que des
bâtiments turcs pussent aller directement de Constantinople
dans la mer Rouge, je ne doute pas que les choses n'y
devinssent beaucoup meilleures dans l'intérêt de la Turquie et
des populations.
Aujourd'hui, la première des deux baies dont je viens de
parler est à peine habitée et son commerce est nul. Au fond
de la seconde est situé un village d'environ 1,500 habitants,
qui possède quelques barques et dont les troupeaux sont
la richesse principale. C'est fort peu de chose; mais tout cela
pourrait aisément grandir.
Edd. — Edd, petit village, bâti au fond d'une baie assez
sûre sous le 14e degré de latitude nord, réunit également, outre
Oakel et Amphilla, toutes les conditions qui pourraient en faire
un point intéressant.
Une chose que vous n'apprendrez peut-être pas sans quelque
surprise, c'est qu'une riche maison française vient d'y établir
un comptoir. Il est permis d'espérer que par l'intelligence de
ses agents, les avantages naturels de cette position feront
réussir une tentative dont dépend peut-être l'avenir de notre
influence commerciale dans la mer Rouge.
Le commerce d'Edd, presque nul jusqu'à ce jour, deviendra
sans doute plus important. Les Abyssiniens ne pourront man-
quer de trouver de grands avantages à diriger leurs produits
sur ce nouveau marché, de préférence à celui de Massouah,
où ils ont à supporter toutes les avanies dont est si prodigue
l'étrange administration qui régit cette ville.
Edd est le terme extrême, dans l'itinéraire suivi par moi, qui
mérite au point de vue commercial quelque attention sur la
côte de l'Abyssinie.
Bientôt après avoir quitté ce territoire, où le caractère hos-
pitalier "de ses habitants rend une exploration sûre et facile
pour le voyageur, on rencontre des tribus de Danakils établies
à Billoul et à Aigth. Ces deux points font un petit commerce
avec Aden, Moka-et Hodéidah, commerce composé en ma-
jeure partie de mantègue, plumes d autruches, nattes et
pailles de nattes. On trouve sur toute cette côte de nombreux
troupeaux de bestiaux, qui font la richesse des habitants;
mais après avoir dépassé le cap Doomairah, on ne rencontre
plus qu'à de très-rares intervalles quelques pauvres tribus
nomades.
Cette côte basse ne'présente aucun bon mouillage; et il
faut arriver jusqu'à la baie d'Aboc avant de pouvoir trouver
un point de relâche.
Mais cette lettre est déjà bien longue it je vous parlerai
d'Aboc une autre fois. Ur; DE VOS ABO%'NÉS.
UN DE VOS ABOXNÉS.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARIS. TYPOGRAPHIE DE HENRI PLOf, IMPRIMEUR DE L'EMPEREUR, RUE GARANCIÈRE , 8.
Voilà les renseignements très-généraux que je voulais vous
communiquer sur le commerce des côtes d'Arabie,
Dans les diverses excursions que j'ai faites sur les deux
bords de la mer Rouge, je me suis arrêté sur la rive orientale,
à la hauteur du vingtième degré, et de là j'ai traversé le
golfe Arabique pour redescendre vers Aden en côtoyant l'Abys-
sinie, le territoire des Danakils et des Somaulis; c'est donc
en suivant cet itinéraire que je présenterai la suite de mes
observations, qui auront la même généralité que celles que je
viens de vous présenter sur l'Arabie.
Malgré mon vif désir de visiter la partie de la côte de la
Nubie qui baigne la mer Rouge depuis le Ras-Roway jusqu'au
Ras-el-Kasaïne, je fus forcé d'y renoncer, parce que la petite
Marque sur laquelle je naviguais était en trop mauvais état.
On se figure difficilement combien l'art de la construction et
celui de la navigation sont arriérés parmi les indigènes.
Massouah. — Je commence ma revue occidentale par la
ville de Massouah, située par 15° 35' lat. N. et 37° 17'
long. E.
On sait que l'île de Massouah sert d'entrepôt à la plus
grande partie du commerce de l'Abyssinie; elle est séparée de
la terre par un canal d'un quart de mille de large environ
qui lui sert de port. Cette île basse, formée de coraux, très-
sablonneuse et très-aride, possède une prétendue garnison
turque, composée principalement de pillards et commandée
par un effendi, dont le soin le plus pressant est d'accroître sa
fortune par tous les moyens de rapine qui se présentent à
lui. Aussi son autorité est-elle rarement respectée des chefs
du littoral, qui sont continuellement en état d'hostilité soit
avec lui, soit entre eux.
L'Angleterre entretient à Massouah un consul qui a su pro-
fiter habilement de cet état de dissensions intestines pour
étendre l'influence anglaise dans ces contrées. L'agent consu-
laire de France, autant que j'en puis juger, ne paraît pas
avoir été guidé par le même mobile. Il est vrai que la France
n'a pas un Aden dans le voisinage.
Le commerce de Massouah pourrait, sous un gouverne-
ment plus préoccupé du bien-être du pays qu'il administre,
prendre une extension considérable. Malheureusement il n'en
est pas ainsi, et les marchands de l'intérieur ne trouvent dans
ce port que dégoûts et avanies de toute sorte. Ils y viennent
cependant en assez grand nombre; car cette île est si heureu-
sement placée qu'elle exporte par année pour plus de 2 mil-
lions de francs de produits divers. Le café, la myrrhe, l'en-
cens, les peaux, la gomme, l'ivoire, le séné, la mantègue,
la poudre d'or se partagent cette somme. Par contre, elle
reçoit pour 2 millions de tissus de coton, cotons en laine,
soieries, soies écrues et bleues, drap rouge et bleu, armes à
feu (à mèche), le riz, le sucre, le thé, le plomb, le fer, le
cuivre et des bois de construction, etc., etc. Mais une forte
partie de cette somme est importée en numéraire, la plupart
du temps en marie-thérèses d'Autriche appelées thalaris (de
thaler sans doute), qui valent 5 fr. 60 cent. C'est comme notre
ancien écu de 6 francs.
C'est à la facilité que présente la défense de la petite île de
Massouah qu'il faut attribuer la prépondérance qu'a prise son
commerce sur divers autres points du littoral abyssin. Les
Turcs depuis quelques années empiétent considérablement
dréftcdes chefs du littoral; ils y ont plusieurs villages,
Xidriti un se ftmme Arkiko, et qui possède quelques vieux
forts çt une garjracn de Turcs, véritables bandits.
;', ::
Quoique Massouah semble être bien placée pour servir
d'entrepôt aux produits de l'Abyssinie, il ne faudrait pas en
conclure qu'aucun autre point de cette côte ne pourrait pas
entrer en concurrence avec elle. Je pourrais en citer plus d'un
qui serait dans ce cas.
Les deux baies d'Oakel et d'Amphilla n'offriraient pas à la
navigation un abri moins sûr que Massouah; situées plus au
sud, elles deviendraient d'excellents ports, sans qu'on s'y
donnât grand'peine. Mais que peut-on attendre de l'adminisi-
tration turque, placée si mal, que loin de créer elle laisse
dépérir entre ses mains, lorsqu'elle ne les détruit pas de propos
délibéré, les richesses naturelles que lui ont léguées les
siècles passés? Si le canal de Suez était ouvert et que des
bâtiments turcs pussent aller directement de Constantinople
dans la mer Rouge, je ne doute pas que les choses n'y
devinssent beaucoup meilleures dans l'intérêt de la Turquie et
des populations.
Aujourd'hui, la première des deux baies dont je viens de
parler est à peine habitée et son commerce est nul. Au fond
de la seconde est situé un village d'environ 1,500 habitants,
qui possède quelques barques et dont les troupeaux sont
la richesse principale. C'est fort peu de chose; mais tout cela
pourrait aisément grandir.
Edd. — Edd, petit village, bâti au fond d'une baie assez
sûre sous le 14e degré de latitude nord, réunit également, outre
Oakel et Amphilla, toutes les conditions qui pourraient en faire
un point intéressant.
Une chose que vous n'apprendrez peut-être pas sans quelque
surprise, c'est qu'une riche maison française vient d'y établir
un comptoir. Il est permis d'espérer que par l'intelligence de
ses agents, les avantages naturels de cette position feront
réussir une tentative dont dépend peut-être l'avenir de notre
influence commerciale dans la mer Rouge.
Le commerce d'Edd, presque nul jusqu'à ce jour, deviendra
sans doute plus important. Les Abyssiniens ne pourront man-
quer de trouver de grands avantages à diriger leurs produits
sur ce nouveau marché, de préférence à celui de Massouah,
où ils ont à supporter toutes les avanies dont est si prodigue
l'étrange administration qui régit cette ville.
Edd est le terme extrême, dans l'itinéraire suivi par moi, qui
mérite au point de vue commercial quelque attention sur la
côte de l'Abyssinie.
Bientôt après avoir quitté ce territoire, où le caractère hos-
pitalier "de ses habitants rend une exploration sûre et facile
pour le voyageur, on rencontre des tribus de Danakils établies
à Billoul et à Aigth. Ces deux points font un petit commerce
avec Aden, Moka-et Hodéidah, commerce composé en ma-
jeure partie de mantègue, plumes d autruches, nattes et
pailles de nattes. On trouve sur toute cette côte de nombreux
troupeaux de bestiaux, qui font la richesse des habitants;
mais après avoir dépassé le cap Doomairah, on ne rencontre
plus qu'à de très-rares intervalles quelques pauvres tribus
nomades.
Cette côte basse ne'présente aucun bon mouillage; et il
faut arriver jusqu'à la baie d'Aboc avant de pouvoir trouver
un point de relâche.
Mais cette lettre est déjà bien longue it je vous parlerai
d'Aboc une autre fois. Ur; DE VOS ABO%'NÉS.
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