Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 mars 1858 25 mars 1858
Description : 1858/03/25 (A3,N43). 1858/03/25 (A3,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203089c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
150 L'ISTHME DE SUEZ, JEUDI 25 MARS.
sont multipliées en même temps qu'elles étaient plus
faciles. Le service des dépêches, qui n'avait lieu d'abord
que tous les mois, a été doublé et s'est fait tous les
quinze jours ; bientôt ce progrès n'a pas suffi, et aujour-
d'hui la malle arrive toutes les semaines depuis le 1er jan-
vier de cette année.
La science n'est pas restée en arrière du commerce et
de la politique; et depuis les travaux admirables de Mo-
resby et Ehvon, entrepris pour préparer le service qu'on
voulait établir par la mer Rouge, il n'y a pas de mer
dont l'hydrographie soit mieux connue. Prochainement
la Compagnie de cabotage constituée par l'initiative de
S. A. le Vice-roi d'Egypte va commencer ses opérations ;
et l'on peut être assuré qu'il en sortira les renseignements
les plus nombreux et les plus précis.
En attendant, nous croyons devoir publier les lettres
qui nous sont adressées, et nous espérons qu'elles seront
suivies de plusieurs autres. Le but de notre correspon-
dant est à la fois commercial et politique. Il recherche
quels sont les lieux où il conviendrait de s'établir, et
ceux qui dès à présent offrent des relations lucratives.
Sous ces deux points de vue, les considérations auxquelles
il se livre méritent grande attention.
EHXEST DESPLACES.
PREMIÈRE LETTRE.
Des bords de la mer Rouge, février 1858.
Voilà de bien longues années que pour la première fois j'ai
visité les côtes dc4 la mer Rouge; et je les parcourais avant
même que les Anglais eussent pensé à s'emparer d'Aden pour
les intérêts de leur immense commerce dans les Indes, dans
la Chine, et en Australie. Dans ces derniers temps, j'ai eu plus
d'une fois l'occasion de revenir dans le golfe Arabique soit
par curiosité soit pour affaires; et je connais l'Arabie et
l'Abyssinie, ou du moins les villes maritimes qu'elles comptent
sur l'un et l'autre bord. Je suis allé aussi assez souvent à Aden.
J'ai donc pensé que quelques notes sur tous ces lieux encore
trop peu connus pourraient n'être pas sans intérêt pour vous.
La mer Rouge doit attirer de plus en plus l'attention des
peuples et des gouvernements européens, et il est bon que pour
l'avenir qui se prépare cliacun sache ce qui s'y passe actuelle-
ment.
Depuis dix ans la navigation dans ces parages a fait de
très-grands progrès; et on peut affirmer sans avoir à craindre
d'erreur que ces progrès ne sont rien encore en comparaison
de ceux qui auront lieu. L'Angleterre est obligée de réorgani-
ser de fond en comble son empire de l'Inde. La Chine, grâce
aux événements de Canton, va être ouverte. L'Australie n'en
sst qu'à ses premiers pas. Ce sont là tout autant d'éléments
nouveaux et immenses de prospérité ; et désormais il ne peut
pas y avoir d'autre route pour tous ces rapports que celle de
la mer Rouge. Le gouvernement anglais a bien essayé d'en-
voyer ses renforts dans l'Inde par le vieux et long chemin du
Cap ; mais il a vu ce qu'il avait failli lui en coûter, et il n'est
pas probable qu'il s'expose de nouveau à de si périlleux re-
tards. Depuis quatre mois il fait passer ses troupes unique-
ment par l'Egypte; et ce moyen lui semble trop commode
pour que dorénavant il en prenne un autre.
Ajoutez aux intérêts anglais ceux du gouvernement égyptien,
qui pense à utiliser sous peu la vaste étendue de côtes qu'il a
sur la mer Rouge; ajoutez encore les intérêts de toutes les
marines de la Méditerranée, qui n'attendent que le moment de
pénétrer par le canal qu'on leur promet dans des parages qui
leur sont interdits à présent; et vous verrez qu'il n'y a point
de mer à l'heure qu'il est où se préparent de plus grandes
choses que ce golfe à peu près oublié il y a moins d'un quart
de siècle. Les Anglais, qui ont la vue longue, ne se sont pas
contentés d'Aden; et ils ont pris l'année dernière l'ile Périm.
De quel droit? c'est ce que je ne saurais dire, et ce que je
n'examinerai point ici, laissant cette question à la diplomatie;
mais l'occupation de cette île qui commande l'entrée et la
sortie du golfe est un symptôme très-significatif. Je crois
qu'en Europe on y a attaché une grande importance. Nous
autres commerçants, voyageurs ou touristes, n'en avons pas été
moins émus. Il ne serait pas bon que la mer Rouge devint
un lac britannique. Les Anglais sont aujourd'hui à peu près
les seuls qui s'y montrent; et cela ce conçoit puisqu'ils pos-
sèdent en Asie les plus riches de toutes les colonies ; mais il est
bon aussi que les autres pavillons y paraissent, et c'est en
pensant à tout cela que j'ai rédigé les observations que je vous
communique.
Aujourd'hui que le commerce européen cherche à se créer
de tous côtés de nouvelles relations, soit pour l'écoulement de
ses produits fabriqués, soit pour l'approvisionnement en
matières premières de ses marchés et de ses industries si
diverses, il ne peut être sans intérêt de jeter un regard rapide
sur les ressources que présentent les contrées qui s'étendent
sur les deux bords de la mer Rouge du 10e au 30e degré de
latitude nord.
Le percement de l'isthme de Suez, le rêve des siècles passés
et dont l'initiative d'un homme plein de courage et de persé-
vérance nous permet d'espérer la réalisation prochaine, va
d'ailleurs attirer sur ces rivages l'attention du monde entier.
Sans doute le principal but que se propose la civilisation
moderne en accomplissant cette œuvre gigantesque, est d'éta-
blir des rapports directs avec les Indes, la Chine, l'Australie,
le Cap, régions immenses où l'industrie européenne doit
nécessairement prendre un essor que la difficulté des relations
a seule arrêté jusqu'à ce jour; mais il n'est pas non plus sans
importance d'étudier à l'avance les ressources de toute nature
que présentera la nouvelle voie de communication. Deux ordres
de considérations peuvent se présenter : d'abord quels sont
les points de relâche qu'elle peut offrir aux navires qui la
sillonneront, et aux opérations commerciales qui fourniront
un aliment à leur activité? Puis en second lieu, quelles sont
les influences politiques déjà établies sur son long parcours,
et les positions militaires qu'elle permettra de fonder aux
nations européennes , dont le pavillon réclamera trop souvent
une protection efficace?
Entraîné par mon goût pour les voyages, mêlé assez active-
ment à diverses spéculations de commerce et doué fort heu-
reusement d'une santé robuste , aussi utile ici que partout
ailleurs, j'ai eu plusieurs occasions d'entreprendre des excur-
sions sur les côtes de l'Yémen et de l'Abyssinie, et j'ai pu me
convaincre des avantages que trouverait le commerce français
dans ces parages si peu fréquentés par lui ; j'ai reconnu
quelles facilités de tout genre présenteraient certains points de
la côte pour la création d'établissements réunissant la double
condition de servir d'entrepôts aux marchandises de l'intérieur,
et d'offrir à nos bâtiments refuge et protection en cas de besoin.
Je commence par l'Yémen et la côte d'Arabie. Je passerai
ensuite sur la côte opposée.
On sait que le commerce de l'Yémen se fait par trois points
principaux sur le golfe Arabique : Moka, Hodeidah, Loheia.
sont multipliées en même temps qu'elles étaient plus
faciles. Le service des dépêches, qui n'avait lieu d'abord
que tous les mois, a été doublé et s'est fait tous les
quinze jours ; bientôt ce progrès n'a pas suffi, et aujour-
d'hui la malle arrive toutes les semaines depuis le 1er jan-
vier de cette année.
La science n'est pas restée en arrière du commerce et
de la politique; et depuis les travaux admirables de Mo-
resby et Ehvon, entrepris pour préparer le service qu'on
voulait établir par la mer Rouge, il n'y a pas de mer
dont l'hydrographie soit mieux connue. Prochainement
la Compagnie de cabotage constituée par l'initiative de
S. A. le Vice-roi d'Egypte va commencer ses opérations ;
et l'on peut être assuré qu'il en sortira les renseignements
les plus nombreux et les plus précis.
En attendant, nous croyons devoir publier les lettres
qui nous sont adressées, et nous espérons qu'elles seront
suivies de plusieurs autres. Le but de notre correspon-
dant est à la fois commercial et politique. Il recherche
quels sont les lieux où il conviendrait de s'établir, et
ceux qui dès à présent offrent des relations lucratives.
Sous ces deux points de vue, les considérations auxquelles
il se livre méritent grande attention.
EHXEST DESPLACES.
PREMIÈRE LETTRE.
Des bords de la mer Rouge, février 1858.
Voilà de bien longues années que pour la première fois j'ai
visité les côtes dc4 la mer Rouge; et je les parcourais avant
même que les Anglais eussent pensé à s'emparer d'Aden pour
les intérêts de leur immense commerce dans les Indes, dans
la Chine, et en Australie. Dans ces derniers temps, j'ai eu plus
d'une fois l'occasion de revenir dans le golfe Arabique soit
par curiosité soit pour affaires; et je connais l'Arabie et
l'Abyssinie, ou du moins les villes maritimes qu'elles comptent
sur l'un et l'autre bord. Je suis allé aussi assez souvent à Aden.
J'ai donc pensé que quelques notes sur tous ces lieux encore
trop peu connus pourraient n'être pas sans intérêt pour vous.
La mer Rouge doit attirer de plus en plus l'attention des
peuples et des gouvernements européens, et il est bon que pour
l'avenir qui se prépare cliacun sache ce qui s'y passe actuelle-
ment.
Depuis dix ans la navigation dans ces parages a fait de
très-grands progrès; et on peut affirmer sans avoir à craindre
d'erreur que ces progrès ne sont rien encore en comparaison
de ceux qui auront lieu. L'Angleterre est obligée de réorgani-
ser de fond en comble son empire de l'Inde. La Chine, grâce
aux événements de Canton, va être ouverte. L'Australie n'en
sst qu'à ses premiers pas. Ce sont là tout autant d'éléments
nouveaux et immenses de prospérité ; et désormais il ne peut
pas y avoir d'autre route pour tous ces rapports que celle de
la mer Rouge. Le gouvernement anglais a bien essayé d'en-
voyer ses renforts dans l'Inde par le vieux et long chemin du
Cap ; mais il a vu ce qu'il avait failli lui en coûter, et il n'est
pas probable qu'il s'expose de nouveau à de si périlleux re-
tards. Depuis quatre mois il fait passer ses troupes unique-
ment par l'Egypte; et ce moyen lui semble trop commode
pour que dorénavant il en prenne un autre.
Ajoutez aux intérêts anglais ceux du gouvernement égyptien,
qui pense à utiliser sous peu la vaste étendue de côtes qu'il a
sur la mer Rouge; ajoutez encore les intérêts de toutes les
marines de la Méditerranée, qui n'attendent que le moment de
pénétrer par le canal qu'on leur promet dans des parages qui
leur sont interdits à présent; et vous verrez qu'il n'y a point
de mer à l'heure qu'il est où se préparent de plus grandes
choses que ce golfe à peu près oublié il y a moins d'un quart
de siècle. Les Anglais, qui ont la vue longue, ne se sont pas
contentés d'Aden; et ils ont pris l'année dernière l'ile Périm.
De quel droit? c'est ce que je ne saurais dire, et ce que je
n'examinerai point ici, laissant cette question à la diplomatie;
mais l'occupation de cette île qui commande l'entrée et la
sortie du golfe est un symptôme très-significatif. Je crois
qu'en Europe on y a attaché une grande importance. Nous
autres commerçants, voyageurs ou touristes, n'en avons pas été
moins émus. Il ne serait pas bon que la mer Rouge devint
un lac britannique. Les Anglais sont aujourd'hui à peu près
les seuls qui s'y montrent; et cela ce conçoit puisqu'ils pos-
sèdent en Asie les plus riches de toutes les colonies ; mais il est
bon aussi que les autres pavillons y paraissent, et c'est en
pensant à tout cela que j'ai rédigé les observations que je vous
communique.
Aujourd'hui que le commerce européen cherche à se créer
de tous côtés de nouvelles relations, soit pour l'écoulement de
ses produits fabriqués, soit pour l'approvisionnement en
matières premières de ses marchés et de ses industries si
diverses, il ne peut être sans intérêt de jeter un regard rapide
sur les ressources que présentent les contrées qui s'étendent
sur les deux bords de la mer Rouge du 10e au 30e degré de
latitude nord.
Le percement de l'isthme de Suez, le rêve des siècles passés
et dont l'initiative d'un homme plein de courage et de persé-
vérance nous permet d'espérer la réalisation prochaine, va
d'ailleurs attirer sur ces rivages l'attention du monde entier.
Sans doute le principal but que se propose la civilisation
moderne en accomplissant cette œuvre gigantesque, est d'éta-
blir des rapports directs avec les Indes, la Chine, l'Australie,
le Cap, régions immenses où l'industrie européenne doit
nécessairement prendre un essor que la difficulté des relations
a seule arrêté jusqu'à ce jour; mais il n'est pas non plus sans
importance d'étudier à l'avance les ressources de toute nature
que présentera la nouvelle voie de communication. Deux ordres
de considérations peuvent se présenter : d'abord quels sont
les points de relâche qu'elle peut offrir aux navires qui la
sillonneront, et aux opérations commerciales qui fourniront
un aliment à leur activité? Puis en second lieu, quelles sont
les influences politiques déjà établies sur son long parcours,
et les positions militaires qu'elle permettra de fonder aux
nations européennes , dont le pavillon réclamera trop souvent
une protection efficace?
Entraîné par mon goût pour les voyages, mêlé assez active-
ment à diverses spéculations de commerce et doué fort heu-
reusement d'une santé robuste , aussi utile ici que partout
ailleurs, j'ai eu plusieurs occasions d'entreprendre des excur-
sions sur les côtes de l'Yémen et de l'Abyssinie, et j'ai pu me
convaincre des avantages que trouverait le commerce français
dans ces parages si peu fréquentés par lui ; j'ai reconnu
quelles facilités de tout genre présenteraient certains points de
la côte pour la création d'établissements réunissant la double
condition de servir d'entrepôts aux marchandises de l'intérieur,
et d'offrir à nos bâtiments refuge et protection en cas de besoin.
Je commence par l'Yémen et la côte d'Arabie. Je passerai
ensuite sur la côte opposée.
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