Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-02-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 février 1858 25 février 1858
Description : 1858/02/25 (A3,N41). 1858/02/25 (A3,N41).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203087j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
84 L'ISTHME DE SUEZ, JEUDI25 FÉVRIER.
tout entier. Cet article a pour but de réfuter certaines
assertions malveillantes de l'Ost-Deutsche Post, et qui
ont le tort d'être en outre absolument inexactes.
- L'Ost-Deutsche Post, dont nous avons déjà eu l'oc-
casion d'entretenir nos lecteurs, s'est fait l'écho à Vienne
du correspondant que le Morning Post a, ou se suppose,
en Égypte. Le journal allemand reprend à la suite les
inventions du journal ministériel de Londres, et il les
donne à son tour pour des nouveautés.
La Gazette autrichienne a trouvé sans doute comme
nous cette attitude de l'Ost-Deutsche Post à la fois peu
loyale et dangereuse pour les intérêts de l'Autriche. Voici
donc la réponse qu'elle fait à son confrère :
« Dans ses numéros des 27 et 28 janvier, l'Ost-Deutsche
Post a publié des « lettres d'Égypte », datées d'Alexandrie et
dont la tendance, tout en faisant semblant de reconnaître
l'importance de la grande entreprise du canal de Suez , est
d'ébranler les bases sur lesquelles cette entreprise repose, et
de discréditer le projet de M. de Lesseps en défigurant l'état
des choses et en groupant des chiffres purement imaginaires.
Ces « lettres d'Egypte » peuvent être considérées comme
le reflet des opinions publiées il y a deux ans par la Revue
d'Édimbourg. M. Barthélemy Saint-Hilaire a déjà réduit à
leur juste valeur toutes ces attaques et ces affirmations men-
songères ; et lorsqu'elles furent répétées au mois de juillet 1857
au sein du Parlement anglais, toute la presse du monde civi-
lisé et l'opinion publique se sont tournées contre elles. Néan-
moins, dans l'intérêt de la grande entreprise et en l'honneur
de la vérité, nous croyons devoir dire encore quelques mots
au sujet de ces « lettres d'Egypte n.
L'auteur de ces lettres fait preuve par rapport à la situa-
tion actuelle de l'affaire du canal de la même ignorance qui
a été manifestée au sein du Parlement par les fameux adver-
saires du canal. Nous, de notre côté, nous recevons de tout
autres renseignements relativement à l'opinion publique en
Égypte sur le canal de Suez , et les 50 millions de francs
souscrits en Égypte démontrent que la prétendue aversion
des Turcs et Arabes de distinction » est plutôt le vœu secret
du correspondant qu'une réalité. Quant à la question de l'em-
ploi des fellahs, elle a été réglée le 20 juillet 1856 de manière
à n'exercer aucune influence fâcheuse sur les travaux agri-
coles.
Nous en venons aux « objections techniques, nautiques,
politiques et financières » qui se trouvent dans ces lettres; il
semble vraiment que l'auteur ne connaisse pas les documents
publiés par M. de Lesseps, et nous le renvoyons à l'étude de
ces volumes, où il trouvera tous les renseignements néces-
saires.
Il résulte de ces documents que les chiffres présentés aux
actionnaires par M. de Lesseps « d'une manière optimiste )
, n'ont pas été adoptés par lui, mais par la Commission interna-
tionale après mûre réflexion et longues études. Nous sommes
donc en droit de repousser entièrement la prétention de l'Ost-
Deutsche Post, qui déclare ces chiffres inventés pour influencer
les actionnaires, et qui met à leur place des chiffres purement
imaginaires.
Il est aussi complétement faux que M. de Lesseps cherche
à donner à l'entreprise a un cachet exclusivement français ».
Il a déclare partout que l'entreprise était une entreprise uni-
verselle et internationale. Il a maintenu ce caractère interna-
tional dans tous ses documents et dans toutes ses démarches.
Il est faux également que « les grandes fournitures, les
constructions, les emplois, etc.,,, soient accaparés d'avance par
des Français, et que tout ce qui concerne l'exécution du canal
soit confié presque exclusivement à des mains françaises.
Le conseil d'administration, de qui dépendent toutes ces
mesures, et qui sera composé de membres de différentes na-
tions, n'est pas encore constitué; et par conséquent il ne peut
encore avoir distribué des emplois.
Le représentant de la Compagnie en Égypte est le digne
consul des Pays-Bas, M. Ruyssenaers, et le seul poste qui soit
déjà occupé, celui d'inspecteur des travaux, n'appartient pas à
un Français, mais à un Autrichien. La grande entreprise ne
saurait se réaliser que par la coopération de toutes les na-
tions, et cette manière de voir n'a jamais été déclinée par
M. de Lesseps. Nous sommes convaincu que le percement de
l'isthme de Suez s'achèvera dans le délai fixé et avec les frais
estimés d'avance.
Nous n'en croyons pas moins en attendant que le petit
nombre de personnes qui cherchent à plaire à la politique de
lord Palmerston portent grandement atteinte aux vrais intérêts
de l'Angleterre. Les événements de l'Inde auraient pris une
tout autre tournure si le canal eût été achevé. Celui qui est un
ami sincère de l'Angleterre mettra ses forces au service de
l'entreprise du canal de Suez. »
Nous ne pouvons qu'applaudir vivement à cette argu-
mentation si ferme et si sensée de la Gazette autri-
chienne, et nous la remercions de nous défendre avec
tant d'énergique sympathie.
Mais voici une autre réponse que s'est attirée Y Ost-
Deutsche Post et que nous empruntons au Moniteur de
laflotte du 14 février:
ENCORE (,L'OST-DEUTSCHE POST,I
ET LE CANAL DE SUEZ.
« Voici l'incroyable article que nous trouvons dans Y Ost-
Deutsche Post et qu'ont reproduit quelques journaux :
« L'affaire du canal de Suez a été débattue au sein du
Divan, et il a été décidé que l'on répondrait à M. de Lesseps
qu'on s'en tiendrait à la réponse faite par Réchid-Pacha à son
mémorandum. Voici cette réponse : Monsieur, je crois que
» vous n'avez pas fait allusion aux meetings anglais, parce
n qu'ils ont eu lieu après la prise de possession de l'île Périm.
» Vous serez obligé de me concéder que la conséquence immé-
» diate du projet du canal de l'isthme de Suez a été, pour la
» Porte, la perte de cette île, qui est la clef de la mer Rouge.
» Vous rappelez que vos efforts sont appuyés par plusieurs
» puissances européennes. Il me semble, à moi, que les inté-
» rêts vitaux de la Turquie, comme aussi de toute l'Europe,
» exigent avant tout qu'on s'occupe de rentrer en possession
» de l'île Périm. »
Autant de mots, autant d'erreurs, et quand nous disons
erreurs , la justice nous permettrait de prendre une tout autre
expression plus exacte et plus sévère, car nous sommes auto-
risé à donner le démenti le plus formel à toutes ces assertions
dictées par la malveillance la plus évidente.
En fait, il est faux que la question du canal de Suez, débat-
tue dans le Divan, en soit à ce point, qu'on ait arrêté déjà
une réponse à M. Ferdinand de Lesseps. Il est faux que Réchid-
Pacha ait fait la réponse qu'on lui prête, et qui aurait servi de
modèle à celle de ses successeurs. Le mémorandum de M. Fer-
dinand de Lesseps a été remis le 30 décembre 1857, et Réchid-
Pacha l'avait accueilli avec une très-grande faveur. Mais
comme le Grand Vizir était déjà souffrant et qu'il est mort
huit jours après, le 7 janvier 1858, il n'avait pas eu le temps
d'examiner de près ce grave document. Surtout il n'avait pas
eu le temps d'y répondre.
tout entier. Cet article a pour but de réfuter certaines
assertions malveillantes de l'Ost-Deutsche Post, et qui
ont le tort d'être en outre absolument inexactes.
- L'Ost-Deutsche Post, dont nous avons déjà eu l'oc-
casion d'entretenir nos lecteurs, s'est fait l'écho à Vienne
du correspondant que le Morning Post a, ou se suppose,
en Égypte. Le journal allemand reprend à la suite les
inventions du journal ministériel de Londres, et il les
donne à son tour pour des nouveautés.
La Gazette autrichienne a trouvé sans doute comme
nous cette attitude de l'Ost-Deutsche Post à la fois peu
loyale et dangereuse pour les intérêts de l'Autriche. Voici
donc la réponse qu'elle fait à son confrère :
« Dans ses numéros des 27 et 28 janvier, l'Ost-Deutsche
Post a publié des « lettres d'Égypte », datées d'Alexandrie et
dont la tendance, tout en faisant semblant de reconnaître
l'importance de la grande entreprise du canal de Suez , est
d'ébranler les bases sur lesquelles cette entreprise repose, et
de discréditer le projet de M. de Lesseps en défigurant l'état
des choses et en groupant des chiffres purement imaginaires.
Ces « lettres d'Egypte » peuvent être considérées comme
le reflet des opinions publiées il y a deux ans par la Revue
d'Édimbourg. M. Barthélemy Saint-Hilaire a déjà réduit à
leur juste valeur toutes ces attaques et ces affirmations men-
songères ; et lorsqu'elles furent répétées au mois de juillet 1857
au sein du Parlement anglais, toute la presse du monde civi-
lisé et l'opinion publique se sont tournées contre elles. Néan-
moins, dans l'intérêt de la grande entreprise et en l'honneur
de la vérité, nous croyons devoir dire encore quelques mots
au sujet de ces « lettres d'Egypte n.
L'auteur de ces lettres fait preuve par rapport à la situa-
tion actuelle de l'affaire du canal de la même ignorance qui
a été manifestée au sein du Parlement par les fameux adver-
saires du canal. Nous, de notre côté, nous recevons de tout
autres renseignements relativement à l'opinion publique en
Égypte sur le canal de Suez , et les 50 millions de francs
souscrits en Égypte démontrent que la prétendue aversion
des Turcs et Arabes de distinction » est plutôt le vœu secret
du correspondant qu'une réalité. Quant à la question de l'em-
ploi des fellahs, elle a été réglée le 20 juillet 1856 de manière
à n'exercer aucune influence fâcheuse sur les travaux agri-
coles.
Nous en venons aux « objections techniques, nautiques,
politiques et financières » qui se trouvent dans ces lettres; il
semble vraiment que l'auteur ne connaisse pas les documents
publiés par M. de Lesseps, et nous le renvoyons à l'étude de
ces volumes, où il trouvera tous les renseignements néces-
saires.
Il résulte de ces documents que les chiffres présentés aux
actionnaires par M. de Lesseps « d'une manière optimiste )
, n'ont pas été adoptés par lui, mais par la Commission interna-
tionale après mûre réflexion et longues études. Nous sommes
donc en droit de repousser entièrement la prétention de l'Ost-
Deutsche Post, qui déclare ces chiffres inventés pour influencer
les actionnaires, et qui met à leur place des chiffres purement
imaginaires.
Il est aussi complétement faux que M. de Lesseps cherche
à donner à l'entreprise a un cachet exclusivement français ».
Il a déclare partout que l'entreprise était une entreprise uni-
verselle et internationale. Il a maintenu ce caractère interna-
tional dans tous ses documents et dans toutes ses démarches.
Il est faux également que « les grandes fournitures, les
constructions, les emplois, etc.,,, soient accaparés d'avance par
des Français, et que tout ce qui concerne l'exécution du canal
soit confié presque exclusivement à des mains françaises.
Le conseil d'administration, de qui dépendent toutes ces
mesures, et qui sera composé de membres de différentes na-
tions, n'est pas encore constitué; et par conséquent il ne peut
encore avoir distribué des emplois.
Le représentant de la Compagnie en Égypte est le digne
consul des Pays-Bas, M. Ruyssenaers, et le seul poste qui soit
déjà occupé, celui d'inspecteur des travaux, n'appartient pas à
un Français, mais à un Autrichien. La grande entreprise ne
saurait se réaliser que par la coopération de toutes les na-
tions, et cette manière de voir n'a jamais été déclinée par
M. de Lesseps. Nous sommes convaincu que le percement de
l'isthme de Suez s'achèvera dans le délai fixé et avec les frais
estimés d'avance.
Nous n'en croyons pas moins en attendant que le petit
nombre de personnes qui cherchent à plaire à la politique de
lord Palmerston portent grandement atteinte aux vrais intérêts
de l'Angleterre. Les événements de l'Inde auraient pris une
tout autre tournure si le canal eût été achevé. Celui qui est un
ami sincère de l'Angleterre mettra ses forces au service de
l'entreprise du canal de Suez. »
Nous ne pouvons qu'applaudir vivement à cette argu-
mentation si ferme et si sensée de la Gazette autri-
chienne, et nous la remercions de nous défendre avec
tant d'énergique sympathie.
Mais voici une autre réponse que s'est attirée Y Ost-
Deutsche Post et que nous empruntons au Moniteur de
laflotte du 14 février:
ENCORE (,L'OST-DEUTSCHE POST,I
ET LE CANAL DE SUEZ.
« Voici l'incroyable article que nous trouvons dans Y Ost-
Deutsche Post et qu'ont reproduit quelques journaux :
« L'affaire du canal de Suez a été débattue au sein du
Divan, et il a été décidé que l'on répondrait à M. de Lesseps
qu'on s'en tiendrait à la réponse faite par Réchid-Pacha à son
mémorandum. Voici cette réponse : Monsieur, je crois que
» vous n'avez pas fait allusion aux meetings anglais, parce
n qu'ils ont eu lieu après la prise de possession de l'île Périm.
» Vous serez obligé de me concéder que la conséquence immé-
» diate du projet du canal de l'isthme de Suez a été, pour la
» Porte, la perte de cette île, qui est la clef de la mer Rouge.
» Vous rappelez que vos efforts sont appuyés par plusieurs
» puissances européennes. Il me semble, à moi, que les inté-
» rêts vitaux de la Turquie, comme aussi de toute l'Europe,
» exigent avant tout qu'on s'occupe de rentrer en possession
» de l'île Périm. »
Autant de mots, autant d'erreurs, et quand nous disons
erreurs , la justice nous permettrait de prendre une tout autre
expression plus exacte et plus sévère, car nous sommes auto-
risé à donner le démenti le plus formel à toutes ces assertions
dictées par la malveillance la plus évidente.
En fait, il est faux que la question du canal de Suez, débat-
tue dans le Divan, en soit à ce point, qu'on ait arrêté déjà
une réponse à M. Ferdinand de Lesseps. Il est faux que Réchid-
Pacha ait fait la réponse qu'on lui prête, et qui aurait servi de
modèle à celle de ses successeurs. Le mémorandum de M. Fer-
dinand de Lesseps a été remis le 30 décembre 1857, et Réchid-
Pacha l'avait accueilli avec une très-grande faveur. Mais
comme le Grand Vizir était déjà souffrant et qu'il est mort
huit jours après, le 7 janvier 1858, il n'avait pas eu le temps
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