Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-02-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 février 1858 25 février 1858
Description : 1858/02/25 (A3,N41). 1858/02/25 (A3,N41).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203087j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
Ï04F L'ISTHME DE SUEZ. JEUDI 25 FÉVRIER.
difficultés sont réduites à leur minimum par la formation
d'une race de vigoureux portefaix à Canton.
Mais il y a une route qui conduit, derrière ces montagnes,
dans l'intérieur de l'empire, offrant toutes facilités possibles
et qui donne accès, par d'innombrables embranchements, à
toutes les parties de la Chine. Celte porte d'entrée est le
Yang-tsé-kiang. Lorsque les navires de l'Europe auront la per-
mission de naviguer sur ce fleuve, ils pourront déposer leurs
marchandises dans toutes les villes de l'intérieur.
Des renseignements puisés à bonne source permettent au
correspondant du Times de donner la description de cette
grande voie fluviale, encore inconnue aux Européens dans sa
plus grande partie :
« Après nous être frayé un chemin à travers les bas-fonds
de l'embouchure, dit-il, nous entrons dans la rivière la plus
large, la plus profonde et la plus abondante du monde. Sur un
parcours de 200 milles, nous traversons la riche province de
Kiang-si, passant devant des villes et des mouillages inconnus
aux bâtiments de guerre. Nous ne nous arrêtons ni à Che-
kiang, ni à Nan-king, car ces grandes villes ne sont plus que
les sièges dévastés d'une puissance de pirates. Tout ce qu'il y
avait de beau dans la capitale du sud de l'Empire, même la
fameuse tour de poreelaine, a été follement détruit. Enfermés
(lu côté de la terre par les impériaux assiégeants, les insurgés
se maintiennent par le pillage du riche pays sur les bords de
ia rivière, et les impériaux ne sont guère un fléau plus doux
pour le pays derrière leur camp. Le commerce s'est enfui de
ces contrées. Tout ce que nous pouvons demander à ces pil-
lards, c'est de nous laisser passer en paix.
* Jusqu'ici nous avons été dans une rivière qui a haute et
basse marée. A partir de là, quoique nous comptions encore
la largeur de la rivière par milles, et sa profondeur par
dizaines de brasses, nos vapeurs chargés de marchandises
seront obligés de lutter contre un fleuve qui ne change pas.
Nous traversons la province riche et fort peuplée d'An-hui ; et
dans notre voyage de 200 milles à travers cette province, nous
rencontrons, outre une suite non interrompue de villes, deux
cités de première classe où nous pouvons bien nous arrêter un
instant pour déployer nos marchandises et alléger notre car-
gaison.
» Ensuite nous arrivons aux provinces de Hu-peh et de
Ho-nan; la première sur la rive du nord, l'autre sur la rive
du sud. C'est le pays qui produit les thés les plus fins. C'est
là que croissent les arbres copak, que des hommes transpor-
tent à dos et par-dessus les montagnes à Canton, au lieu de
leur faire descendre l'immense fleuve qui est à leur disposi-
tion. Il y a des lacs et de larges rivières qui s'y versent; un
réseau de canaux les met en communication entre eux ; mais
ce qui est mieux encore, c'est là que le grand fleuve du Han ,
sur les bords duquel on trouve les plus grandes villes et un
commerce animé, verse ses eaux dans le Yang-tsé-kiang.
» A ce confluent même se trouvent deux villes énormes.
Wuchung, et sur l'autre riveHunnan, avec des faubourgs
immenses qui s'étendent au loin. La population de ces villes
est différemment estimée à 3 millions et 5 millions d'âmes;
mais ce qui est bien plus important, c'est que ces deux villes
sont indubitablement les premiers grands entrepôts du com-
merce de la Chine. Voilà un marché qui pourrait donner suf-
fisamment de besogne à Manchester, Leeds, Sheffield et Nott-
ingham, si nous avions seulement des échantillons de ce que
les Chinois désirent avoir. Tant que les Chinois se tiennent
encore sur la réserve par rapport à nos marchandises, il se-
rait bon de faire stationner un bâtiment-magasin dans ces
larges et profondes eaux, car on dit qu'il y a cinq milles
d'une rive à l'autre. »
Ces détails sont fort intéressants, ainsi qu'on peut le
voir, et on doit les regarder comme parfaitement exacts,
puisque c'est un témoin oculaire qui les donne. La Chine
est plus riche et plus féconde encore qu'on ne le sup-
pose , malgré toutes les hypothèses qu'on a faites sur sa
fécondité et sa richesse. C'est là ce qui donne une im-
portance si considérable aux événements qui se passent
à Canton, et qui peuvent d'un moment à l'autre ouvrir
cet empire, le plus peuplé du monde , à l'industrie et à
la civilisation de l'Europe.
Le correspondant du Tintes a bien raison de le dire,
ce qui manque surtout au commerce étranger pour réus-
sir en Chine, c'est de savoir quels sont les goûts des
Chinois. Il est évident que la Chine est un pays très-
civilisé , fort différent sans doute dece que nous sommes ;
mais l'industrie qui lui est spéciale a été poussée fort
loin, et les spécimens que nous en connaissons depuis
deux ou trois siècles, ne peuvent que nous en donner la
plus haute idée. Il y a donc une multitude innombrable
de consommateurs en Chine ; et du moment qu'on pourra
matériellement communiquer avec eux, ils seront une
foule d'objets à .échanger contre ceux que les étrangers
leur apporteront. Il ne s'agit pas seulement d'un peuple
nombreux et d'une contrée fort riche naturellement. Il
s'agit d'une nation qui a su merveilleusement exploiter
les ressources que le ciel lui a données, et qui peut en-
treren relations réciproquement fructueuses, même avec
les nations les plus avancées du globe.
Il en résulterait qu'au lieu de solder avec des métaux
précieux, et surtout avec de l'argent, tout ce qu'on
achète en Chine, on pourrait bientôt le solder avec des
produits venus de l'Europe ou de l'Amérique. Ainsi fini-
rait l'état anormal où sont aujourd'hui tous nos rapports
commerciaux avec ces pays lointains. Ce n'est pas la
Chine toute seule qui absorbe les métaux précieux,
dont la rareté a déterminé parmi nous la crise dont nous
souffrons encore. L'Inde en enlève sa part ; mais on
sait aussi que de l'Inde, où ils sont d'abord transportés,
ces métaux vont en grande partie dans le Céleste Empire ;
et si la Chine étaitouverte, nul doute que cette situation
ne dût être promptement modifiée.
Mais çes questions sont trop vastes pour que nous
puissions les traiter incidemment. Nous comptons y
revenir plus du long; car tous ces faits se rattachent de
très-près à la question du canal de Suez, puisque tous
les progrès que le commerce peut faire dans ces contrées
sont aussi un progrès dans la navigation. La route du cap
de Bonne-Espérance pouvait suffire il y a trois siècles,
et même au siècle dernier. Aujourd'hui elle devient de
plus en plus insuffisante, et l'union des deux mers est
la seule solution de ce grand problème.
G. WAGENER.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
fARII. TYPOGRAPHIE DE agnai PWN, IUPRIIISCA DE LlfMPKRKtJB, BUll OtMKCtËBB. 8.
difficultés sont réduites à leur minimum par la formation
d'une race de vigoureux portefaix à Canton.
Mais il y a une route qui conduit, derrière ces montagnes,
dans l'intérieur de l'empire, offrant toutes facilités possibles
et qui donne accès, par d'innombrables embranchements, à
toutes les parties de la Chine. Celte porte d'entrée est le
Yang-tsé-kiang. Lorsque les navires de l'Europe auront la per-
mission de naviguer sur ce fleuve, ils pourront déposer leurs
marchandises dans toutes les villes de l'intérieur.
Des renseignements puisés à bonne source permettent au
correspondant du Times de donner la description de cette
grande voie fluviale, encore inconnue aux Européens dans sa
plus grande partie :
« Après nous être frayé un chemin à travers les bas-fonds
de l'embouchure, dit-il, nous entrons dans la rivière la plus
large, la plus profonde et la plus abondante du monde. Sur un
parcours de 200 milles, nous traversons la riche province de
Kiang-si, passant devant des villes et des mouillages inconnus
aux bâtiments de guerre. Nous ne nous arrêtons ni à Che-
kiang, ni à Nan-king, car ces grandes villes ne sont plus que
les sièges dévastés d'une puissance de pirates. Tout ce qu'il y
avait de beau dans la capitale du sud de l'Empire, même la
fameuse tour de poreelaine, a été follement détruit. Enfermés
(lu côté de la terre par les impériaux assiégeants, les insurgés
se maintiennent par le pillage du riche pays sur les bords de
ia rivière, et les impériaux ne sont guère un fléau plus doux
pour le pays derrière leur camp. Le commerce s'est enfui de
ces contrées. Tout ce que nous pouvons demander à ces pil-
lards, c'est de nous laisser passer en paix.
* Jusqu'ici nous avons été dans une rivière qui a haute et
basse marée. A partir de là, quoique nous comptions encore
la largeur de la rivière par milles, et sa profondeur par
dizaines de brasses, nos vapeurs chargés de marchandises
seront obligés de lutter contre un fleuve qui ne change pas.
Nous traversons la province riche et fort peuplée d'An-hui ; et
dans notre voyage de 200 milles à travers cette province, nous
rencontrons, outre une suite non interrompue de villes, deux
cités de première classe où nous pouvons bien nous arrêter un
instant pour déployer nos marchandises et alléger notre car-
gaison.
» Ensuite nous arrivons aux provinces de Hu-peh et de
Ho-nan; la première sur la rive du nord, l'autre sur la rive
du sud. C'est le pays qui produit les thés les plus fins. C'est
là que croissent les arbres copak, que des hommes transpor-
tent à dos et par-dessus les montagnes à Canton, au lieu de
leur faire descendre l'immense fleuve qui est à leur disposi-
tion. Il y a des lacs et de larges rivières qui s'y versent; un
réseau de canaux les met en communication entre eux ; mais
ce qui est mieux encore, c'est là que le grand fleuve du Han ,
sur les bords duquel on trouve les plus grandes villes et un
commerce animé, verse ses eaux dans le Yang-tsé-kiang.
» A ce confluent même se trouvent deux villes énormes.
Wuchung, et sur l'autre riveHunnan, avec des faubourgs
immenses qui s'étendent au loin. La population de ces villes
est différemment estimée à 3 millions et 5 millions d'âmes;
mais ce qui est bien plus important, c'est que ces deux villes
sont indubitablement les premiers grands entrepôts du com-
merce de la Chine. Voilà un marché qui pourrait donner suf-
fisamment de besogne à Manchester, Leeds, Sheffield et Nott-
ingham, si nous avions seulement des échantillons de ce que
les Chinois désirent avoir. Tant que les Chinois se tiennent
encore sur la réserve par rapport à nos marchandises, il se-
rait bon de faire stationner un bâtiment-magasin dans ces
larges et profondes eaux, car on dit qu'il y a cinq milles
d'une rive à l'autre. »
Ces détails sont fort intéressants, ainsi qu'on peut le
voir, et on doit les regarder comme parfaitement exacts,
puisque c'est un témoin oculaire qui les donne. La Chine
est plus riche et plus féconde encore qu'on ne le sup-
pose , malgré toutes les hypothèses qu'on a faites sur sa
fécondité et sa richesse. C'est là ce qui donne une im-
portance si considérable aux événements qui se passent
à Canton, et qui peuvent d'un moment à l'autre ouvrir
cet empire, le plus peuplé du monde , à l'industrie et à
la civilisation de l'Europe.
Le correspondant du Tintes a bien raison de le dire,
ce qui manque surtout au commerce étranger pour réus-
sir en Chine, c'est de savoir quels sont les goûts des
Chinois. Il est évident que la Chine est un pays très-
civilisé , fort différent sans doute dece que nous sommes ;
mais l'industrie qui lui est spéciale a été poussée fort
loin, et les spécimens que nous en connaissons depuis
deux ou trois siècles, ne peuvent que nous en donner la
plus haute idée. Il y a donc une multitude innombrable
de consommateurs en Chine ; et du moment qu'on pourra
matériellement communiquer avec eux, ils seront une
foule d'objets à .échanger contre ceux que les étrangers
leur apporteront. Il ne s'agit pas seulement d'un peuple
nombreux et d'une contrée fort riche naturellement. Il
s'agit d'une nation qui a su merveilleusement exploiter
les ressources que le ciel lui a données, et qui peut en-
treren relations réciproquement fructueuses, même avec
les nations les plus avancées du globe.
Il en résulterait qu'au lieu de solder avec des métaux
précieux, et surtout avec de l'argent, tout ce qu'on
achète en Chine, on pourrait bientôt le solder avec des
produits venus de l'Europe ou de l'Amérique. Ainsi fini-
rait l'état anormal où sont aujourd'hui tous nos rapports
commerciaux avec ces pays lointains. Ce n'est pas la
Chine toute seule qui absorbe les métaux précieux,
dont la rareté a déterminé parmi nous la crise dont nous
souffrons encore. L'Inde en enlève sa part ; mais on
sait aussi que de l'Inde, où ils sont d'abord transportés,
ces métaux vont en grande partie dans le Céleste Empire ;
et si la Chine étaitouverte, nul doute que cette situation
ne dût être promptement modifiée.
Mais çes questions sont trop vastes pour que nous
puissions les traiter incidemment. Nous comptons y
revenir plus du long; car tous ces faits se rattachent de
très-près à la question du canal de Suez, puisque tous
les progrès que le commerce peut faire dans ces contrées
sont aussi un progrès dans la navigation. La route du cap
de Bonne-Espérance pouvait suffire il y a trois siècles,
et même au siècle dernier. Aujourd'hui elle devient de
plus en plus insuffisante, et l'union des deux mers est
la seule solution de ce grand problème.
G. WAGENER.
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