Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-11-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 novembre 1856 25 novembre 1856
Description : 1856/11/25 (A1,N11). 1856/11/25 (A1,N11).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202056p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
160 L'ISTHME DE SUEZ,
Par compensation, l'Angleterre ferait également de
Carak une tète de pont sur la frontière opposée, et les
deux drapeaux de la Grande-Bretagne et de la Russie,
placés ainsi en face l'un de l'autre, s'observeraient à
travers la Perse, qui les empêcherait de se heurter, jus-
qu'à ce qu'elle servît de champ clos pour vider la
grande question de savoir à qui appartiendra définiti-
vement la suprématie en Asie.
Le shah entretient à Carak une garnison de deux
cents hommes. Sans doute il ne compte pas sur cette
petite troupe pour résister à une armée expéditionnaire
de quinze mille soldats. Mais lorsque Carak sera pris,
il ne sera pas possible d'y déposer plus d'un millier
d'Anglais, à cause de l'exiguïté du territoire et de la
rareté de l'eau. Le reste des troupes suivra la desti-
nation, qui est Bouchir, le principal port que la Perse
possède sur le golfe.
Bouchir, qu'on appelle aussi Aboulchez ou Bender-
Bouchez, est situé dans le Fardistan,et dépend de Schi-
raz, capitale de cette province. On y fait quelque com-
merce, principalement en denrées de l'Inde, telles que
le sucre, l'indigo, les épices. Quelques Européens y
ont des comptoirs. Mais jusqu'à présent les produits
de la Perse se sont particulièrement écoulés par sa
frontière russe, et c'est également par la même fron-
tière qu'elle reçoit une grande partie des objets étran-
gers nécessaires pour sa consommation. Elle est égale-
ment en relation avec l'Europe par la Turquie d'Asie.
Le port de Bouchir ne reçoit guère que les marchan-
dises échangées avec l'empire anglo-indien.
L'escadre anglaise, après avoir transformé Carak en
lieu de dépôt pour les vivres, approvisionnements, hô-
pitaux, devait paraître devant Bouchir, que la cour
persane, avec la négligence habituelle aux Orientaux,
paraît avoir laissée à peu près sans défense. Toutefois,
comme il est impossible aux gros bâtiments de guerre
d'approcher suffisamment pour bombarder la ville, on
n'a pas pu songer à ce moyen expéditif de la réduire.
Si la garnison persane n'est pas effrayée par la seule
apparition du pavillon anglais, et si elle ne se hâte pas
d'évacuer la place, il deviendra nécessaire d'opérer un
débarquement. Le côté qui présente le plus d'avantages
pour attaquer la place est défendu par une redoute
qu'un officier français y a fait établir. C'est le seul ou-
vrage qui puisse offrir quelque résistance ; car, une fois
enlevé, toute une face des fortifications anciennes de la
ville peut être prise d'enfilade. Pour peu que les Per-
sans sachent faire de ce poste un autre Arab-Tabia et
s'y défendent comme les Egyptiens se sont défendus
à Silistrie, l'armée anglaise peut courir de grands ris-
ques.
En effet, le climat de Bouchir est redoutable. A l'époque
des chaleurs, les émanations qui s'élèvent du sol ma-
récageux sont mortelles ; et pour peu que les Persans
tinssent l'armée anglaise pendant quelques mois devant
la place, la maladie ferait de terribles ravages dans ses
rangs.
En admettant que le corps expéditionnaire ne ren-
contre pas une longue résistance et se rende facilement
maître de Bouchir, reste à savoir si l'occupation de ce
port suffira pour amener le shah de Perse à abandonner
ses projets sur Hérat. Il ne paraît pas que la douane
de Bouchir lui rapporte beaucoup. Dans tous les cas,
les revenus de ce port sont affermés; et, d'après la
supposition des feuilles anglaises, c'est le fermier et
non le trésor souverain qui sera victime de la guerre.
Nonobstant le cas de force majeure, ce fermier sera tenu
d'exécuter ses engagements et de verser dans les coffres
de l'État la somme qu'il s'est obligé à payer. ais
Pour soumettre le souverain de la Perse, les AnglaIs
se verraient alors contraints de s'avancer dans l'intérieur
de l'Iran, au risque des soulèvements qui pourraient
en résulter et qui mettraient en péril le trône du shah.
Mais alors celui-ci s'adresserait sans doute aux Russes,
et demanderait leur protection. Les journaux qui font
ces hypothèses, d'après l'inspiration évidente de per-
sonnages bien informés, supposent qu'en recevant cette
demande d'intervention, la Russie ferait avancer un
corps d'armée de 25,000 hommes, afin, disent-ils,
de se trouver en forces égales à celles du corps expé-
ditionnaire anglais. C'est précisément cette observation
qui nous faisait dire en commençant que l'effectif de
l'armée anglaise devait se rapprocher plutôt du chiffre
de quinze mille hommes que de celui de dix mille.
Au demeurant, que les Anglais réussissent ou non
dans leur entreprise, qu'ils obligent ou non le souve-
rain de la Perse à la soumission , ce qui paraît certain ,
c'est qu'ils n'abandonneront pas l'île de Carak, qui
dès à présent pourrait être considérée comme annexée
aux possessions britanniques. Peut-être, après tout,
l'île n'est-elle pas si inhospitalière que les journaux
anglais le disent. Mais ce qui n'est pas moins certain
que son occupation projetée, c'est qu'elle n'est point
destinée à devenir une place de commerce. Si le chemin
de fer de l'Euphrate est un jour construit, une ville
sortira bien vite de terre, sur le continent même, à
l'endroit où le chemin aboutira à la mer. Les destinées
de cette ville seront très-belles ; elle sera l'entrepôt de
toutes les marchandises et de tous les voyageurs qui,
pouvant supporter des frais de transport très-élevés,
prendront la voie de terre entre l'Asie et l'Europe; et
elle fournira au canal de Suez un contingent de tonnage
qui s'augmentera en raison directe des progrès de la
civilisation et de l'industrie dans les régions asiatiques.
P. DUBOIS.
RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET HISTORIQES
SUR LE PERCEMENT DE I/LSTHME DE SUEZ.
Par Don J. A. Llobet y Vall Llosera.
M. Llobet y Vall Llosera a lu un mémoire, sous le titre que
nous venons de citer, à l'Académie des sciences naturelles et
arts de Barcelone, dans sa séance du 30 mai dernier. C'est un
exposé très-clair et très-exact de la question au point de vue
de la géologie et de l'histoire.
M. Llobet s'est attaché également à éclaircir les problèmes
Par compensation, l'Angleterre ferait également de
Carak une tète de pont sur la frontière opposée, et les
deux drapeaux de la Grande-Bretagne et de la Russie,
placés ainsi en face l'un de l'autre, s'observeraient à
travers la Perse, qui les empêcherait de se heurter, jus-
qu'à ce qu'elle servît de champ clos pour vider la
grande question de savoir à qui appartiendra définiti-
vement la suprématie en Asie.
Le shah entretient à Carak une garnison de deux
cents hommes. Sans doute il ne compte pas sur cette
petite troupe pour résister à une armée expéditionnaire
de quinze mille soldats. Mais lorsque Carak sera pris,
il ne sera pas possible d'y déposer plus d'un millier
d'Anglais, à cause de l'exiguïté du territoire et de la
rareté de l'eau. Le reste des troupes suivra la desti-
nation, qui est Bouchir, le principal port que la Perse
possède sur le golfe.
Bouchir, qu'on appelle aussi Aboulchez ou Bender-
Bouchez, est situé dans le Fardistan,et dépend de Schi-
raz, capitale de cette province. On y fait quelque com-
merce, principalement en denrées de l'Inde, telles que
le sucre, l'indigo, les épices. Quelques Européens y
ont des comptoirs. Mais jusqu'à présent les produits
de la Perse se sont particulièrement écoulés par sa
frontière russe, et c'est également par la même fron-
tière qu'elle reçoit une grande partie des objets étran-
gers nécessaires pour sa consommation. Elle est égale-
ment en relation avec l'Europe par la Turquie d'Asie.
Le port de Bouchir ne reçoit guère que les marchan-
dises échangées avec l'empire anglo-indien.
L'escadre anglaise, après avoir transformé Carak en
lieu de dépôt pour les vivres, approvisionnements, hô-
pitaux, devait paraître devant Bouchir, que la cour
persane, avec la négligence habituelle aux Orientaux,
paraît avoir laissée à peu près sans défense. Toutefois,
comme il est impossible aux gros bâtiments de guerre
d'approcher suffisamment pour bombarder la ville, on
n'a pas pu songer à ce moyen expéditif de la réduire.
Si la garnison persane n'est pas effrayée par la seule
apparition du pavillon anglais, et si elle ne se hâte pas
d'évacuer la place, il deviendra nécessaire d'opérer un
débarquement. Le côté qui présente le plus d'avantages
pour attaquer la place est défendu par une redoute
qu'un officier français y a fait établir. C'est le seul ou-
vrage qui puisse offrir quelque résistance ; car, une fois
enlevé, toute une face des fortifications anciennes de la
ville peut être prise d'enfilade. Pour peu que les Per-
sans sachent faire de ce poste un autre Arab-Tabia et
s'y défendent comme les Egyptiens se sont défendus
à Silistrie, l'armée anglaise peut courir de grands ris-
ques.
En effet, le climat de Bouchir est redoutable. A l'époque
des chaleurs, les émanations qui s'élèvent du sol ma-
récageux sont mortelles ; et pour peu que les Persans
tinssent l'armée anglaise pendant quelques mois devant
la place, la maladie ferait de terribles ravages dans ses
rangs.
En admettant que le corps expéditionnaire ne ren-
contre pas une longue résistance et se rende facilement
maître de Bouchir, reste à savoir si l'occupation de ce
port suffira pour amener le shah de Perse à abandonner
ses projets sur Hérat. Il ne paraît pas que la douane
de Bouchir lui rapporte beaucoup. Dans tous les cas,
les revenus de ce port sont affermés; et, d'après la
supposition des feuilles anglaises, c'est le fermier et
non le trésor souverain qui sera victime de la guerre.
Nonobstant le cas de force majeure, ce fermier sera tenu
d'exécuter ses engagements et de verser dans les coffres
de l'État la somme qu'il s'est obligé à payer. ais
Pour soumettre le souverain de la Perse, les AnglaIs
se verraient alors contraints de s'avancer dans l'intérieur
de l'Iran, au risque des soulèvements qui pourraient
en résulter et qui mettraient en péril le trône du shah.
Mais alors celui-ci s'adresserait sans doute aux Russes,
et demanderait leur protection. Les journaux qui font
ces hypothèses, d'après l'inspiration évidente de per-
sonnages bien informés, supposent qu'en recevant cette
demande d'intervention, la Russie ferait avancer un
corps d'armée de 25,000 hommes, afin, disent-ils,
de se trouver en forces égales à celles du corps expé-
ditionnaire anglais. C'est précisément cette observation
qui nous faisait dire en commençant que l'effectif de
l'armée anglaise devait se rapprocher plutôt du chiffre
de quinze mille hommes que de celui de dix mille.
Au demeurant, que les Anglais réussissent ou non
dans leur entreprise, qu'ils obligent ou non le souve-
rain de la Perse à la soumission , ce qui paraît certain ,
c'est qu'ils n'abandonneront pas l'île de Carak, qui
dès à présent pourrait être considérée comme annexée
aux possessions britanniques. Peut-être, après tout,
l'île n'est-elle pas si inhospitalière que les journaux
anglais le disent. Mais ce qui n'est pas moins certain
que son occupation projetée, c'est qu'elle n'est point
destinée à devenir une place de commerce. Si le chemin
de fer de l'Euphrate est un jour construit, une ville
sortira bien vite de terre, sur le continent même, à
l'endroit où le chemin aboutira à la mer. Les destinées
de cette ville seront très-belles ; elle sera l'entrepôt de
toutes les marchandises et de tous les voyageurs qui,
pouvant supporter des frais de transport très-élevés,
prendront la voie de terre entre l'Asie et l'Europe; et
elle fournira au canal de Suez un contingent de tonnage
qui s'augmentera en raison directe des progrès de la
civilisation et de l'industrie dans les régions asiatiques.
P. DUBOIS.
RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET HISTORIQES
SUR LE PERCEMENT DE I/LSTHME DE SUEZ.
Par Don J. A. Llobet y Vall Llosera.
M. Llobet y Vall Llosera a lu un mémoire, sous le titre que
nous venons de citer, à l'Académie des sciences naturelles et
arts de Barcelone, dans sa séance du 30 mai dernier. C'est un
exposé très-clair et très-exact de la question au point de vue
de la géologie et de l'histoire.
M. Llobet s'est attaché également à éclaircir les problèmes
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