Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-11-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 novembre 1856 10 novembre 1856
Description : 1856/11/10 (A1,N10). 1856/11/10 (A1,N10).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020558
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
]56 L'ISTHME DE SUEZ,
voir apprécier d'une manière exacte les progrès accomplis.
L'année 1834 pouvant être considérée, sous le rapport des
affaires commerciales, comme une époque régulière et nor-
male, on ne s'exposera certainement pas, en la comparant
à 1854, année affectée par tant de causes adverses, à être
taxé d'exagération ; on sera plutôt au-dessous de la vé-
rité.
D'après les documents officiels, le commerce entre la France
et l'Egypte n'a rien moins que triplé depuis vingt ans;
de 7 millions de francs, la valeur du mouvement général at-
teint, en 1854, 25 millions, et il est à remarquer, à l'appui
de ce que nous disions tout à l'heure, qu'en 1853 le total
s'était élevé à près de 27 millions.
Les importations en France surtout présentent un accrois-
sement considérable, il est de 300 pour 100; celui des expor-
tations n'est que de 150 pour 100. Parmi les produits égyp-
tiens, les uns ont doublé leur chiffre, les autres, nuls à
l'importation il y a vingt ans, sont aujourd'hui l'objet d'un
commerce considérable. Parmi ces derniers , on peut citer les
graines oléagineuses, et particulièrement la graine de sésame,
contre laquelle la France échangeait pour près de 2 millions
de francs de marchandises. Ce progrès est dû tout entier au
développement qu'ont pris nos huileries et nos savonneries de
Marseille. Le coton en laine d'Egypte, bien que le com-
merce ait tenté de s'en passer pour n'avoir recours qu'au coton
d'Amérique, supérieur en qualité, continue à être une des
branches les plus avantageuses des transactions égyptiennes.
Les graines à ensemencer ont également pris un essor ra-
pide, leur introduction en France n'a commencé à s'étendre
qu'en 1841 ; jusque-là, les valeurs importées en étaient insi-
gnifiantes. Les gommes pures exotiques ont décuplé leur mou-
vement; celui du froment a pris, durant ces derniers temps
surtout, une importance toujours croissante.
De notre côté, nous envoyons à l'Egypte des tissus, de
l'acide stéarique ouvré, de la poterie, de la mercerie, des ou-
vrages en métaux, du sucre raffiné, etc. Parmi nos tissus,
ceux de coton sont les plus recherchés.
Outre ces produits, l'Egypte demande à l'étranger des quan-
tités toujours plus considérables de combustible. En effet, le
peu de manufactures qui existent dans ce pays, vu l'absence
de chutes d'eau, ne peuvent employer que la vapeur comme
force motrice; et l'industrie agricole y a de plus en plus re-
cours pour alimenter les machines destinées à l'irrigation, si
nécessaire en ce pays où le sable ne demande pour être ferti-
lisé que le contact d'une eau qui, par les dépôts qu'elle laisse,
rend fécond ce qui auparavant était aride. L'Angleterre, si
riche en combustible et en minerai de fer, pourra plus que la
France encore profiter de l'extension de la vapeur en Egypte.
C'est un nouveau débouché qui va tout naturellement s'ouvrir
pour sa houille et ses machines.
Les progrès accomplis par le mouvement maritime, de 1834
à 1854, sont supérieurs à ceux du commerce; ils s'élèvent
à 365 pour 100 pour les bâtiments, et à 392 pour 100 quant
au tonnage.
L'intérêt que nous avons à voir s'accroître notre mouvement
commercial avec ce pays ressort de la manière la plus évi-
dente de l'examen des tableaux officiels. On y voit que la ma-
jeure partie de ces transports s'est effectuée sous pavillon fran-
çais; ainsi, en 1834, sur quarante-trois bâtiments, quatre
seulement étaient étrangers; en 1854, la proportion est de 83
pour 100 en notre faveur. Sur deux cents navires, cent soixante-
six étaient français, et trente-quatre appartenaient au pa-
villon tiers. L'Egypte ne figure donc pas dans ce mouvement.
Mais elle ne pourra manquer de développer sa marine lorsque,
traversée par le canal, elle possédera de nouveaux ports d'un
accès facile et sûr à la grande navigation. Péluse, Timsah,
Suez, lui procureront un revenu dont elle pourra consacrer
une partie à accroître son matériel maritime et à porter son
pavillon dans les mers asiatiques et européennes.
Voici, pour compléter ce qui concerne les rapports de la
France avec l'Egypte, le tableau du mouvement général de
notre commerce avec ce pays depuis vingt ans :
MOUVEMENT
---- --:-- --
AN NÉE S. DE L. NI\VtGATION.
ANNEES" DU COMMERCE DB M NAVIGATION.
--------- -------.
GÉNÉRAL..
GÉNÉRAL. Navires. Tonnages.
--
1834 7,432,000 fr. 43 8,835
1S35 5,885,000 71 15,304
1836 11,498,000 87 18,345
1837-1846 12,715,000 101 27,194
1847 26,130,000 248 48,080
1848 15,499,000 97 22,744
1849 18,434,000 127 32,362
1850 21,561,000 163 38,780
1851 17,374,000 143 37,344
1852 26,897,000 188 37,708
1853 26,953,000 275 59,951
1854 24,569,000 200 43,468
Après l'aperçu général que nous venons de tracer, il nous
reste à donner, pour chacun des pays ou possessions compo-
sant le vaste ensemble du monde indien, quelques détails
propres à faire juger des variations qu'y a subies notre com-
merce.
Et avant tout, posons une remarque générale : nous n'avons
jusqu'ici, pour les produits de l'Inde, que de faibles consom-
mateurs, et cette situation semble dériver en partie de la force
des choses. Nous n'avons à y prendre ni les soies, que donne
notre sol, ni le thé, qui entre pour si peu dans nos habitudes
de consommation. Restent, comme articles de grande naviga-
tion, les sucres et les cafés, que le régime de faveur accordé
aux produits similaires de nos colonies exclut à peu près de
nos marchés. Nos retours des pays de l'Inde sont donc, en
fait, de très-difficile composition.
De plus, quels objets l'Europe porte-t-elle principalement
aux Indes? des cotonnades. Or, pour cet important article,
nous sommes malheureusement primés encore par l'Angle-
terre et souvent même par l'Amérique. Cela veut-il dire
que nous devions désespérer de voir s'étendre le cercle de nos
affaires avec le monde indien? Nullement : les tarifs ne sont
pas immuables; les habitudes se modifient; l'industrie se per-
fectionne ; les courants commerciaux, moyennant certains ef-
forts d'intelligence et de capitaux, s'élargissent peu à peu.
L'Inde, en outre, abonde en une foule de produits végétaux,
de matières alimentaires, tinctoriales ou textiles, dont nous
pouvons, comme nos voisins du détroit, apprendre à faire un
objet de trafic. Enfin notre marine peut, comme celle de l'An-
gleterre et des Etats-Unis, concourir à ce grand mouvement
d'opérations qu'effectuent entre elles les diverses colonies
orientales. L'avenir, en un mot, nous est ouvert, comme à
nos compétiteurs; et la création du canal maritime de Suez
nous offrira, comme à eux, si notre commerce le veut forte-
ment, les moyens de développer nos transactions dans les 1
mers de l'extrême Asie.
Etablissons d'abord le chiffre comparatif de notre commerce
avec les pays du monde indien :
voir apprécier d'une manière exacte les progrès accomplis.
L'année 1834 pouvant être considérée, sous le rapport des
affaires commerciales, comme une époque régulière et nor-
male, on ne s'exposera certainement pas, en la comparant
à 1854, année affectée par tant de causes adverses, à être
taxé d'exagération ; on sera plutôt au-dessous de la vé-
rité.
D'après les documents officiels, le commerce entre la France
et l'Egypte n'a rien moins que triplé depuis vingt ans;
de 7 millions de francs, la valeur du mouvement général at-
teint, en 1854, 25 millions, et il est à remarquer, à l'appui
de ce que nous disions tout à l'heure, qu'en 1853 le total
s'était élevé à près de 27 millions.
Les importations en France surtout présentent un accrois-
sement considérable, il est de 300 pour 100; celui des expor-
tations n'est que de 150 pour 100. Parmi les produits égyp-
tiens, les uns ont doublé leur chiffre, les autres, nuls à
l'importation il y a vingt ans, sont aujourd'hui l'objet d'un
commerce considérable. Parmi ces derniers , on peut citer les
graines oléagineuses, et particulièrement la graine de sésame,
contre laquelle la France échangeait pour près de 2 millions
de francs de marchandises. Ce progrès est dû tout entier au
développement qu'ont pris nos huileries et nos savonneries de
Marseille. Le coton en laine d'Egypte, bien que le com-
merce ait tenté de s'en passer pour n'avoir recours qu'au coton
d'Amérique, supérieur en qualité, continue à être une des
branches les plus avantageuses des transactions égyptiennes.
Les graines à ensemencer ont également pris un essor ra-
pide, leur introduction en France n'a commencé à s'étendre
qu'en 1841 ; jusque-là, les valeurs importées en étaient insi-
gnifiantes. Les gommes pures exotiques ont décuplé leur mou-
vement; celui du froment a pris, durant ces derniers temps
surtout, une importance toujours croissante.
De notre côté, nous envoyons à l'Egypte des tissus, de
l'acide stéarique ouvré, de la poterie, de la mercerie, des ou-
vrages en métaux, du sucre raffiné, etc. Parmi nos tissus,
ceux de coton sont les plus recherchés.
Outre ces produits, l'Egypte demande à l'étranger des quan-
tités toujours plus considérables de combustible. En effet, le
peu de manufactures qui existent dans ce pays, vu l'absence
de chutes d'eau, ne peuvent employer que la vapeur comme
force motrice; et l'industrie agricole y a de plus en plus re-
cours pour alimenter les machines destinées à l'irrigation, si
nécessaire en ce pays où le sable ne demande pour être ferti-
lisé que le contact d'une eau qui, par les dépôts qu'elle laisse,
rend fécond ce qui auparavant était aride. L'Angleterre, si
riche en combustible et en minerai de fer, pourra plus que la
France encore profiter de l'extension de la vapeur en Egypte.
C'est un nouveau débouché qui va tout naturellement s'ouvrir
pour sa houille et ses machines.
Les progrès accomplis par le mouvement maritime, de 1834
à 1854, sont supérieurs à ceux du commerce; ils s'élèvent
à 365 pour 100 pour les bâtiments, et à 392 pour 100 quant
au tonnage.
L'intérêt que nous avons à voir s'accroître notre mouvement
commercial avec ce pays ressort de la manière la plus évi-
dente de l'examen des tableaux officiels. On y voit que la ma-
jeure partie de ces transports s'est effectuée sous pavillon fran-
çais; ainsi, en 1834, sur quarante-trois bâtiments, quatre
seulement étaient étrangers; en 1854, la proportion est de 83
pour 100 en notre faveur. Sur deux cents navires, cent soixante-
six étaient français, et trente-quatre appartenaient au pa-
villon tiers. L'Egypte ne figure donc pas dans ce mouvement.
Mais elle ne pourra manquer de développer sa marine lorsque,
traversée par le canal, elle possédera de nouveaux ports d'un
accès facile et sûr à la grande navigation. Péluse, Timsah,
Suez, lui procureront un revenu dont elle pourra consacrer
une partie à accroître son matériel maritime et à porter son
pavillon dans les mers asiatiques et européennes.
Voici, pour compléter ce qui concerne les rapports de la
France avec l'Egypte, le tableau du mouvement général de
notre commerce avec ce pays depuis vingt ans :
MOUVEMENT
---- --:-- --
AN NÉE S. DE L. NI\VtGATION.
ANNEES" DU COMMERCE DB M NAVIGATION.
--------- -------.
GÉNÉRAL..
GÉNÉRAL. Navires. Tonnages.
--
1834 7,432,000 fr. 43 8,835
1S35 5,885,000 71 15,304
1836 11,498,000 87 18,345
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1847 26,130,000 248 48,080
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1849 18,434,000 127 32,362
1850 21,561,000 163 38,780
1851 17,374,000 143 37,344
1852 26,897,000 188 37,708
1853 26,953,000 275 59,951
1854 24,569,000 200 43,468
Après l'aperçu général que nous venons de tracer, il nous
reste à donner, pour chacun des pays ou possessions compo-
sant le vaste ensemble du monde indien, quelques détails
propres à faire juger des variations qu'y a subies notre com-
merce.
Et avant tout, posons une remarque générale : nous n'avons
jusqu'ici, pour les produits de l'Inde, que de faibles consom-
mateurs, et cette situation semble dériver en partie de la force
des choses. Nous n'avons à y prendre ni les soies, que donne
notre sol, ni le thé, qui entre pour si peu dans nos habitudes
de consommation. Restent, comme articles de grande naviga-
tion, les sucres et les cafés, que le régime de faveur accordé
aux produits similaires de nos colonies exclut à peu près de
nos marchés. Nos retours des pays de l'Inde sont donc, en
fait, de très-difficile composition.
De plus, quels objets l'Europe porte-t-elle principalement
aux Indes? des cotonnades. Or, pour cet important article,
nous sommes malheureusement primés encore par l'Angle-
terre et souvent même par l'Amérique. Cela veut-il dire
que nous devions désespérer de voir s'étendre le cercle de nos
affaires avec le monde indien? Nullement : les tarifs ne sont
pas immuables; les habitudes se modifient; l'industrie se per-
fectionne ; les courants commerciaux, moyennant certains ef-
forts d'intelligence et de capitaux, s'élargissent peu à peu.
L'Inde, en outre, abonde en une foule de produits végétaux,
de matières alimentaires, tinctoriales ou textiles, dont nous
pouvons, comme nos voisins du détroit, apprendre à faire un
objet de trafic. Enfin notre marine peut, comme celle de l'An-
gleterre et des Etats-Unis, concourir à ce grand mouvement
d'opérations qu'effectuent entre elles les diverses colonies
orientales. L'avenir, en un mot, nous est ouvert, comme à
nos compétiteurs; et la création du canal maritime de Suez
nous offrira, comme à eux, si notre commerce le veut forte-
ment, les moyens de développer nos transactions dans les 1
mers de l'extrême Asie.
Etablissons d'abord le chiffre comparatif de notre commerce
avec les pays du monde indien :
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