Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-10-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 octobre 1856 25 octobre 1856
Description : 1856/10/25 (A1,N9). 1856/10/25 (A1,N9).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202054v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
HO L'ISTHME DE SUEZ,
» Ces avantages ont été déjà compris par l'Angleterre, bien
que dans ce pays se soient rencontrés les adversaires les plus
acharnés du percement de l'isthme de Suez. On ne compren-
drait guère que leurs arguments contre une entreprise d'in-
térêt général n'eussent pour but que de monopoliser, pour
ainsi dire, le transport à travers cette langue de terre des
marchandises et des dépêches qui, pour venir de l'Inde en
Europe, ne prennent plus la voie du Cap.
» Ce monopole a pourtant lieu actuellement. L'Angleterre
a parfaitement compris qu'il était d'un haut intérêt pour son
commerce d'abréger le parcours que suivent les marchandises
en évitant des chances de perte. Aussi un service actif de
transit s'opère-t-il, pour son compte, à travers l'Egypte, de
la mer Rouge à la Méditerranée.
» Si jamais une grande entreprise eut le bonheur d'avoir
des précédents favorables, c'est assurément le percement de
l'isthme de Suez. En effet, tandis que les arguments les plus
péremptoires démontrent l'utilité, disons mieux, la nécessité
d'ouvrir une pareille communication entre les deux mers, le
commerce le plus important du monde, celui de l'Angleterre,
prend déjà cette voie, en surmontant les difficultés que peu-
vent présenter le transbordement des marchandises, leur
transport par terre et les frais supplémentaires que ces di-
verses opérations occasionnent.
» Il est vrai que ces frais sont largement compensés par
l'économie du temps qui résulte de l'adoption de la voie de
Suez. L'économie d'argent en est la conséquence. Ainsi se
trouvent réunies les deux conditions essentielles que l'Angle-
terre exige dans ses opérations commerciales.
» N'y a-t-il pas là un argument irréfragable pour détruire
les objections que certains hommes d'Etat et certains publi-
cistes peuvent soulever contre le canal de Suez ? Si déjà, mal-
gré toutes les difficultés de la route de terre, les marchandises
prennent cette voie, à plus forte raison les navires suivront
le nouveau bosphore, grâce auquel seront évités des trans-
bordements coùteux et des retards toujours regrettables. )
Le Diario de Barcelona du 14 octobre contient de son côté
des observations sur la conduite de l'Angleterre dans la
question du canal maritime de Suez. La loyauté espagnole
s'étonne de voir quelques hommes d'Etat, renfermés dans un
étroit égoïsme, impossible à satisfaire aujourd'hui, imprimer
à la politique d'une grande et puissante nation une direction
que désavouent les sentiments de leur propre pays.
Nous citons un extrait de cet article, dû à la plume élégante
de don Antonio Brusi, une des notabilités littéraires et indus-
trielles de la Catalogue :
« Les nouvelles qui nous arrivent par différentes voies sur
la conduite de l'Angleterre dans la question de la coupure de
l'isthme de Suez ne nous laissent aucun doute sur l'existence
d'une opposition suscitée par de hauts fonctionnaires de ce
pays; cette opposition contre une œuvre qui a obtenu l'assen-
timent de la majorité de l'Europe mérite de fixer l'attention de
la presse du continent et de tous les hommes animés de
l'amour du bien général.
» Nous croyons qu'il suffira de préciser la question et de
répandre sur elle toute la lumière qu'appellent son importance
et sa grandeur pour voir disparaître les difficultés, soit que
leurs instigateurs cachés renoncent d'eux-mêmes à les main-
tenir, soit que les forces qui leur résistent réussissent à les
vaincre dans une lutte franche et loyale
« Il faut mettre l'Angleterre, qui se vante toujours d'être à
la tête de la civilisation européenne, dans la nécessité de voir
avec satisfaction le progrès des autres nations, parce que, en
définitive, ce progrès lui profitera à elle-même; il faut la
contraindre à changer d'allure et à abandonner son opposition,
ou bien elle sera obligée de confesser qu'elle ne veut seule-
ment le progrès qu'autant qu'il ne peut affecter la prépotence
maritime dont elle abuse dans l'état présent des choses à
l'égard des autres nations.
» Le canal de Suez a le grand tort de placer, pour toutes
les nations maritimes, les affaires de l'Orient presque à la
même distance et dans les mêmes conditions que celles de
l'Occident.
» Si telle est la pensée de l'Angleterre et qu'elle veuille y
persister, il faudra bien en prendre acte et la mettre en COU-
tradiclion flagrante avec tous les beaux principes dont elle Se
pare, surtout depuis que, montée sur son cheval de bataille,
le libre échange, elle semble s'être constituée en nouveau che*
valier sans peur et sans reproche. La sincérité sied à la poli-
tique des nations comme aux individus. »
La presse anglaise, au surplus, ne traite pas avec moins
de sévérité que la presse continentale, l'opposition anglaise à
Constantinople. Pas un journal dans tout le Royaume-Uni n'a
prononcé un mot d'approbation ou même d'excuse sur la pO-
litique qu'on prête en cette occasion à l'ambassadeur britan-
nique. Le silence des uns, le blâme explicite des autres, voilà
tout ce que cette conduite semble avoir recueilli dans l'opinion
du pays qu'elle pense servir. Ainsi, dans l'article que nous
avons déjà cité, le London News ne peut pas admettre le faux"
fuyant d'une opposition souterraine ou muette. Il demande des
explications, et après avoir montré le cabinet" de Londres
comme arrêtant seul l'exécution de l'entreprise :
« Il serait plus satisfaisant, dit-il, de présenter les objec-
tions qu'on peut avoir contre une entreprise qui, au premier
aperçu, nous promet des avantages tellement signalés. A tout
événement, si, comme on le rapporte, le gouvernement est
opposé à l'exécution du canal, nous avons le droit de réclamer
que les organes du gouvernement nous en disent les rai-
sons. »
Le Railway Times, de son côté, s'attache plus spécialement
à la discussion des actes attribués à l'ambassadeur anglais. H
déclare que s'ils sont réels, l'opinion publique les condamne,
et qu'ils ne seraient point susceptibles de justification devant
le parlement.
Le Morning Star, dans un article ayant pour titre Nos rc-
lations avec la France, s'exprime ainsi :
« Il serait vraiment pitoyable qu'une alliance qu'on a célé-
brée et fait sonner bien haut, comme la garantie de la civili-
sation et de la liberté du monde, fût destinée à en arriver à
une fin sans dignité, et c'est aussi avec un véritable regret que
nous voyons une pure question « de boutique, » comme l'on
dit, venir placer la France d'un côté , et l'Angleterre de l'autre.
Après avoir combattu côte à côte pour chasser la Russie de la
Turquie, ce à quoi elles n'ont pas réussi, elles sont aujour-
d'hui sur le point de se quereller au sujet de certains projets
commerciaux, querelle à laquelle le Sultan se trouve, bien mal-
gré lui, prendre doublement part.
» La France désire voir établir un canal maritime à travers
l'isthme de Suez, de la Méditerranée à la mer Rouge, et l'An-
gleterre s'y oppose; en même temps, un autre projet d'un
chemin de fer qui partirait d'un des ports syriens, traverserait le
désert et aboutirait à l'Euphrate, se reliant ainsi avec le golfe
Persique, a été vu avec faveur dans notre pays. Quand nous
disons que l'Angleterre s'oppose au canal de Suez, nous vou-
lons parler de la conduite de lord Palmerston à Londres et de
lord de Redcliffe à Constantinople, et non de la société géné-
rale ou marchande de l'Angleterre. Peut-être, en effet, lord
Clarendon, et avec lui le petit nombre des hommes politi-
» Ces avantages ont été déjà compris par l'Angleterre, bien
que dans ce pays se soient rencontrés les adversaires les plus
acharnés du percement de l'isthme de Suez. On ne compren-
drait guère que leurs arguments contre une entreprise d'in-
térêt général n'eussent pour but que de monopoliser, pour
ainsi dire, le transport à travers cette langue de terre des
marchandises et des dépêches qui, pour venir de l'Inde en
Europe, ne prennent plus la voie du Cap.
» Ce monopole a pourtant lieu actuellement. L'Angleterre
a parfaitement compris qu'il était d'un haut intérêt pour son
commerce d'abréger le parcours que suivent les marchandises
en évitant des chances de perte. Aussi un service actif de
transit s'opère-t-il, pour son compte, à travers l'Egypte, de
la mer Rouge à la Méditerranée.
» Si jamais une grande entreprise eut le bonheur d'avoir
des précédents favorables, c'est assurément le percement de
l'isthme de Suez. En effet, tandis que les arguments les plus
péremptoires démontrent l'utilité, disons mieux, la nécessité
d'ouvrir une pareille communication entre les deux mers, le
commerce le plus important du monde, celui de l'Angleterre,
prend déjà cette voie, en surmontant les difficultés que peu-
vent présenter le transbordement des marchandises, leur
transport par terre et les frais supplémentaires que ces di-
verses opérations occasionnent.
» Il est vrai que ces frais sont largement compensés par
l'économie du temps qui résulte de l'adoption de la voie de
Suez. L'économie d'argent en est la conséquence. Ainsi se
trouvent réunies les deux conditions essentielles que l'Angle-
terre exige dans ses opérations commerciales.
» N'y a-t-il pas là un argument irréfragable pour détruire
les objections que certains hommes d'Etat et certains publi-
cistes peuvent soulever contre le canal de Suez ? Si déjà, mal-
gré toutes les difficultés de la route de terre, les marchandises
prennent cette voie, à plus forte raison les navires suivront
le nouveau bosphore, grâce auquel seront évités des trans-
bordements coùteux et des retards toujours regrettables. )
Le Diario de Barcelona du 14 octobre contient de son côté
des observations sur la conduite de l'Angleterre dans la
question du canal maritime de Suez. La loyauté espagnole
s'étonne de voir quelques hommes d'Etat, renfermés dans un
étroit égoïsme, impossible à satisfaire aujourd'hui, imprimer
à la politique d'une grande et puissante nation une direction
que désavouent les sentiments de leur propre pays.
Nous citons un extrait de cet article, dû à la plume élégante
de don Antonio Brusi, une des notabilités littéraires et indus-
trielles de la Catalogue :
« Les nouvelles qui nous arrivent par différentes voies sur
la conduite de l'Angleterre dans la question de la coupure de
l'isthme de Suez ne nous laissent aucun doute sur l'existence
d'une opposition suscitée par de hauts fonctionnaires de ce
pays; cette opposition contre une œuvre qui a obtenu l'assen-
timent de la majorité de l'Europe mérite de fixer l'attention de
la presse du continent et de tous les hommes animés de
l'amour du bien général.
» Nous croyons qu'il suffira de préciser la question et de
répandre sur elle toute la lumière qu'appellent son importance
et sa grandeur pour voir disparaître les difficultés, soit que
leurs instigateurs cachés renoncent d'eux-mêmes à les main-
tenir, soit que les forces qui leur résistent réussissent à les
vaincre dans une lutte franche et loyale
« Il faut mettre l'Angleterre, qui se vante toujours d'être à
la tête de la civilisation européenne, dans la nécessité de voir
avec satisfaction le progrès des autres nations, parce que, en
définitive, ce progrès lui profitera à elle-même; il faut la
contraindre à changer d'allure et à abandonner son opposition,
ou bien elle sera obligée de confesser qu'elle ne veut seule-
ment le progrès qu'autant qu'il ne peut affecter la prépotence
maritime dont elle abuse dans l'état présent des choses à
l'égard des autres nations.
» Le canal de Suez a le grand tort de placer, pour toutes
les nations maritimes, les affaires de l'Orient presque à la
même distance et dans les mêmes conditions que celles de
l'Occident.
» Si telle est la pensée de l'Angleterre et qu'elle veuille y
persister, il faudra bien en prendre acte et la mettre en COU-
tradiclion flagrante avec tous les beaux principes dont elle Se
pare, surtout depuis que, montée sur son cheval de bataille,
le libre échange, elle semble s'être constituée en nouveau che*
valier sans peur et sans reproche. La sincérité sied à la poli-
tique des nations comme aux individus. »
La presse anglaise, au surplus, ne traite pas avec moins
de sévérité que la presse continentale, l'opposition anglaise à
Constantinople. Pas un journal dans tout le Royaume-Uni n'a
prononcé un mot d'approbation ou même d'excuse sur la pO-
litique qu'on prête en cette occasion à l'ambassadeur britan-
nique. Le silence des uns, le blâme explicite des autres, voilà
tout ce que cette conduite semble avoir recueilli dans l'opinion
du pays qu'elle pense servir. Ainsi, dans l'article que nous
avons déjà cité, le London News ne peut pas admettre le faux"
fuyant d'une opposition souterraine ou muette. Il demande des
explications, et après avoir montré le cabinet" de Londres
comme arrêtant seul l'exécution de l'entreprise :
« Il serait plus satisfaisant, dit-il, de présenter les objec-
tions qu'on peut avoir contre une entreprise qui, au premier
aperçu, nous promet des avantages tellement signalés. A tout
événement, si, comme on le rapporte, le gouvernement est
opposé à l'exécution du canal, nous avons le droit de réclamer
que les organes du gouvernement nous en disent les rai-
sons. »
Le Railway Times, de son côté, s'attache plus spécialement
à la discussion des actes attribués à l'ambassadeur anglais. H
déclare que s'ils sont réels, l'opinion publique les condamne,
et qu'ils ne seraient point susceptibles de justification devant
le parlement.
Le Morning Star, dans un article ayant pour titre Nos rc-
lations avec la France, s'exprime ainsi :
« Il serait vraiment pitoyable qu'une alliance qu'on a célé-
brée et fait sonner bien haut, comme la garantie de la civili-
sation et de la liberté du monde, fût destinée à en arriver à
une fin sans dignité, et c'est aussi avec un véritable regret que
nous voyons une pure question « de boutique, » comme l'on
dit, venir placer la France d'un côté , et l'Angleterre de l'autre.
Après avoir combattu côte à côte pour chasser la Russie de la
Turquie, ce à quoi elles n'ont pas réussi, elles sont aujour-
d'hui sur le point de se quereller au sujet de certains projets
commerciaux, querelle à laquelle le Sultan se trouve, bien mal-
gré lui, prendre doublement part.
» La France désire voir établir un canal maritime à travers
l'isthme de Suez, de la Méditerranée à la mer Rouge, et l'An-
gleterre s'y oppose; en même temps, un autre projet d'un
chemin de fer qui partirait d'un des ports syriens, traverserait le
désert et aboutirait à l'Euphrate, se reliant ainsi avec le golfe
Persique, a été vu avec faveur dans notre pays. Quand nous
disons que l'Angleterre s'oppose au canal de Suez, nous vou-
lons parler de la conduite de lord Palmerston à Londres et de
lord de Redcliffe à Constantinople, et non de la société géné-
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