Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-10-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 octobre 1856 25 octobre 1856
Description : 1856/10/25 (A1,N9). 1856/10/25 (A1,N9).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202054v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 133
mements européens, la sympathie de tous les peuples,
le concours des capitaux de tous les pays. -
La Turquie peut-elle moins faire pour l'Europe et le
^onde qu'elle ne fait d'un autre côté pour l'Angle-
terre?
Le Journal de Constantinople, en rédigeant les mo-
Ms qui ont déterminé le projet du chemin de l'Euphrate,
lloUS a fourni les meilleurs arguments en faveur du ca-
nal de Suez.
Nous avons toutefois à compléter les renseignements
Natifs à cette question par les informations habituelle-
ment sûres du journal anglais le Times, qui a accueilli
*»ec une grande faveur le projet du chemin de fer de
1 Euphrate, Il publie, dans son numéro du 15 de ce
lllois, la correspondance suivante de Constantinople :
Je vous ai déjà dit combien ce projet était populaire
Parmi les populations turques, parce que chez les masses il
Parlait à leur imagination, et chez quelques autres son im-
mense importance pour le développement du bien-être des
contrées à traverser était frappante. Aussi le général Chesney
It sir John M'Neill furent-ils admirablement reçus, et n'ont-ils
Jusqu'à présent pas à se plaindre. Bien qu'en Turquie promet-
te et tenir soient deux choses bien distinctes, cependant je
crois qu'il n'y aura pas d'opposition, malgré des difficultés
considérables, dont je vais vous entretenir.
* La première question et en même temps la plus naturelle
qui fut posée au général Chesney et à sir John M'Neill fut
ccUe-ci : Ce chemin sera-t-il rémunératoire ? car comme son
cOQt total est estimé à environ huit millions, et que les Turcs
doivent garantir sur cette somme 6 pour 100 d'intérêt, il est
Juste qu'ils fassent dès l'abord cette question.
» Il est évident que dans une entreprise aussi colossale que
chemin de fer de l'Euphrate; qui traverse des contrées re-
tativement peu connues en ce qui touche les ressources qu'el-
les offrent, les calculs n'ont pu être faits avec la même exac-
titude que pour des chemins de fer ordinaires ; mais on peut
cependant se rendre compte approximativement du mouve-
ment commercial probable, et cela prouve certainement
que cette ligne sera rémunératoire. Il serait cependant néces-
saire de tenir compte pour cela autant du trafic local que du
mouvement commercial de l'Inde. C'est un fait bien connu
que c'est toujours le mouvement commercial local qui donne
le plus beau résultat. En ayant toujours ceci présent à l'esprit,
il serait de la plus haute importance de toucher aux points
intermédiaires, qu'on pourrait rendre les plus nombreux
Sans cependant allonger le tracé. Ceci pourrait se faire d'au-
tant plus aisément qu'il se trouve comparativement peu de
centres commerciaux sur le parcours de la ligne, et qu'ils sont
en outre situés dans une telle position qu'en les suivant
aussi près que possible des obstacles physiques seront en
lllême temps évités. La Compagnie semble avoir parfaitement
compris ceci, et le général Chesney a pu placer sous les yeux
de la Commission des relevés approximatifs du mouvement
commercial des différentes places, et de l'accroissement pro-
bable du trafic qui rencontrait pour difficulté principale le
banque de moyens de transport.
» Un point aussi qu'on ne saurait laisser d'examiner,
c'est la construction graduelle de la ligne; et la déci-
sion de la Compagnie de construire d'abord la section de
l'Euphrate à la Méditerranée a été prise sous ce point de vue.
Le choix du tracé est d'autant plus heureux que la ligne tou-
chera à l'ancienne route de l'intérieur qui a été suivie pendant
des siècles. La construction graduelle de la ligne aura ensuite
pour résultat de détruire les préventions qui peuvent exister
dans ces contrées contre les chemins. de fer ou toute autre
innovation, en démontrant aux producteurs les avantages
qu'ils pourront en retirer. La plus grande difficulté éclatera
dès que le chemin de fer commencera à entrer dans le rayon
des Bédouins. Par ce motif, les Turcs seraient désireux de
voir suivre la rive gauche de l'Euphrate. On atteindrait par là
deux buts : 1° le chemin de fer s'étendrait le long des centres
commerciaux, qui sont presque tous situés sur le Tigre; 2° la
garde de la ligne sera beaucoup plus facile.
» Le domaine proprement dit des Bédouins est sur la rive
droite de l'Euphrate, qui, si elle était suivie sur toute sa
longueur, pourrait difficilement être défendue contre leurs
attaques, tandis que quelques blockhaus de distance en dis-
tance, avec des colonnes volantes, suffiraient pour garder la
rive gauche. Les Turcs pencheraient pour la défense de la rive
gauche, parce que là se trouve un intérêt plus immédiat pour
eux. Tout le pays compris entre l'Euphrate et le Tigre paye
en ce moment ses contributions non aux Turcs mais aux
Bédouins, et tous ces impôts, qui s'élèvent à environ dix-huit
millions de piastres, viendraient alors remplir les coffres du
trésor turc.
» Les arrangements préliminaires avec le gouvernement
ayant été établis, bien que toutefois il n'y ait rien de défi-
nitif, le général Chesney et sir John M'Neill se sont rendus
en Syrie pour choisir le point de départ de la ligne sur la
Méditerranée, et pour explorer le pays jusqu'à l'Euphrate.
Un des trois points qu'on pense devoir être le plus conve-
nables serait, ou l'embouchure de l'Oronte, ou l'ancien port
de Séleucie, ou bien Alexandrette. Ce dernier semble peu
convenable à cause de la chaîne de montagnes qui le sépare
de l'intérieur. A Séleucie, l'objection qu'on soulève serait la
difficulté de mettre à l'abri des sables le port, puisque l'an-
cienne rade a été comblée par eux. L'embouchure de l'Oronte
étant une route toute tracée par la rivière paraît offrir les
plus grandes probabilités, mais comme aucune de ces places
n'a été examinée au point de vue de l'établissement d'un
chemin de fer, nous attendrons le résultat du voyage du géné-
ral Chesney et de sir John M'Neill.
» Mais toutes ces considérations doivent être reléguées sur le
second plan vis-à-vis d'une considération plus importante. La
Turquie pourra-t-elle, si les choses restent dans l'état actuel,
payer les 6 pour 100 d'intérêt qu'elle garantit sur un capital
de huit millions de livres sterling. Il est hors de doute qu'il
ne peut exister aucun être humain capable d'avoir une con-
naissance claire des finances turques, mais cependant il y a
les faits qui parlent d'eux-mêmes. Le second semestre du der-
nier emprunt était dû le mois passé, et le gouvernement turc
fut obligé d'emprunter la somme nécessaire pour y faire face
à la maison de Rothschild, à laquelle elle sera remboursée par
pactes mensuels avec un intérêt de 7 pour 100 et 2 pour 100
de commission.
» En outre il a été emprunté dans la même maison de ban-
que une autre somme pour les dépenses courantes. Vous voyez
par là qu'il existe de bonnes raisons pour se demander si,
même animé d'un vif désir de le faire, le gouvernement turc
peut s'embarquer dans de grandes opérations industrielles
avant d'avoir pris d'autres arrangements financiers.
G. LOTHES.
mements européens, la sympathie de tous les peuples,
le concours des capitaux de tous les pays. -
La Turquie peut-elle moins faire pour l'Europe et le
^onde qu'elle ne fait d'un autre côté pour l'Angle-
terre?
Le Journal de Constantinople, en rédigeant les mo-
Ms qui ont déterminé le projet du chemin de l'Euphrate,
lloUS a fourni les meilleurs arguments en faveur du ca-
nal de Suez.
Nous avons toutefois à compléter les renseignements
Natifs à cette question par les informations habituelle-
ment sûres du journal anglais le Times, qui a accueilli
*»ec une grande faveur le projet du chemin de fer de
1 Euphrate, Il publie, dans son numéro du 15 de ce
lllois, la correspondance suivante de Constantinople :
Je vous ai déjà dit combien ce projet était populaire
Parmi les populations turques, parce que chez les masses il
Parlait à leur imagination, et chez quelques autres son im-
mense importance pour le développement du bien-être des
contrées à traverser était frappante. Aussi le général Chesney
It sir John M'Neill furent-ils admirablement reçus, et n'ont-ils
Jusqu'à présent pas à se plaindre. Bien qu'en Turquie promet-
te et tenir soient deux choses bien distinctes, cependant je
crois qu'il n'y aura pas d'opposition, malgré des difficultés
considérables, dont je vais vous entretenir.
* La première question et en même temps la plus naturelle
qui fut posée au général Chesney et à sir John M'Neill fut
ccUe-ci : Ce chemin sera-t-il rémunératoire ? car comme son
cOQt total est estimé à environ huit millions, et que les Turcs
doivent garantir sur cette somme 6 pour 100 d'intérêt, il est
Juste qu'ils fassent dès l'abord cette question.
» Il est évident que dans une entreprise aussi colossale que
chemin de fer de l'Euphrate; qui traverse des contrées re-
tativement peu connues en ce qui touche les ressources qu'el-
les offrent, les calculs n'ont pu être faits avec la même exac-
titude que pour des chemins de fer ordinaires ; mais on peut
cependant se rendre compte approximativement du mouve-
ment commercial probable, et cela prouve certainement
que cette ligne sera rémunératoire. Il serait cependant néces-
saire de tenir compte pour cela autant du trafic local que du
mouvement commercial de l'Inde. C'est un fait bien connu
que c'est toujours le mouvement commercial local qui donne
le plus beau résultat. En ayant toujours ceci présent à l'esprit,
il serait de la plus haute importance de toucher aux points
intermédiaires, qu'on pourrait rendre les plus nombreux
Sans cependant allonger le tracé. Ceci pourrait se faire d'au-
tant plus aisément qu'il se trouve comparativement peu de
centres commerciaux sur le parcours de la ligne, et qu'ils sont
en outre situés dans une telle position qu'en les suivant
aussi près que possible des obstacles physiques seront en
lllême temps évités. La Compagnie semble avoir parfaitement
compris ceci, et le général Chesney a pu placer sous les yeux
de la Commission des relevés approximatifs du mouvement
commercial des différentes places, et de l'accroissement pro-
bable du trafic qui rencontrait pour difficulté principale le
banque de moyens de transport.
» Un point aussi qu'on ne saurait laisser d'examiner,
c'est la construction graduelle de la ligne; et la déci-
sion de la Compagnie de construire d'abord la section de
l'Euphrate à la Méditerranée a été prise sous ce point de vue.
Le choix du tracé est d'autant plus heureux que la ligne tou-
chera à l'ancienne route de l'intérieur qui a été suivie pendant
des siècles. La construction graduelle de la ligne aura ensuite
pour résultat de détruire les préventions qui peuvent exister
dans ces contrées contre les chemins. de fer ou toute autre
innovation, en démontrant aux producteurs les avantages
qu'ils pourront en retirer. La plus grande difficulté éclatera
dès que le chemin de fer commencera à entrer dans le rayon
des Bédouins. Par ce motif, les Turcs seraient désireux de
voir suivre la rive gauche de l'Euphrate. On atteindrait par là
deux buts : 1° le chemin de fer s'étendrait le long des centres
commerciaux, qui sont presque tous situés sur le Tigre; 2° la
garde de la ligne sera beaucoup plus facile.
» Le domaine proprement dit des Bédouins est sur la rive
droite de l'Euphrate, qui, si elle était suivie sur toute sa
longueur, pourrait difficilement être défendue contre leurs
attaques, tandis que quelques blockhaus de distance en dis-
tance, avec des colonnes volantes, suffiraient pour garder la
rive gauche. Les Turcs pencheraient pour la défense de la rive
gauche, parce que là se trouve un intérêt plus immédiat pour
eux. Tout le pays compris entre l'Euphrate et le Tigre paye
en ce moment ses contributions non aux Turcs mais aux
Bédouins, et tous ces impôts, qui s'élèvent à environ dix-huit
millions de piastres, viendraient alors remplir les coffres du
trésor turc.
» Les arrangements préliminaires avec le gouvernement
ayant été établis, bien que toutefois il n'y ait rien de défi-
nitif, le général Chesney et sir John M'Neill se sont rendus
en Syrie pour choisir le point de départ de la ligne sur la
Méditerranée, et pour explorer le pays jusqu'à l'Euphrate.
Un des trois points qu'on pense devoir être le plus conve-
nables serait, ou l'embouchure de l'Oronte, ou l'ancien port
de Séleucie, ou bien Alexandrette. Ce dernier semble peu
convenable à cause de la chaîne de montagnes qui le sépare
de l'intérieur. A Séleucie, l'objection qu'on soulève serait la
difficulté de mettre à l'abri des sables le port, puisque l'an-
cienne rade a été comblée par eux. L'embouchure de l'Oronte
étant une route toute tracée par la rivière paraît offrir les
plus grandes probabilités, mais comme aucune de ces places
n'a été examinée au point de vue de l'établissement d'un
chemin de fer, nous attendrons le résultat du voyage du géné-
ral Chesney et de sir John M'Neill.
» Mais toutes ces considérations doivent être reléguées sur le
second plan vis-à-vis d'une considération plus importante. La
Turquie pourra-t-elle, si les choses restent dans l'état actuel,
payer les 6 pour 100 d'intérêt qu'elle garantit sur un capital
de huit millions de livres sterling. Il est hors de doute qu'il
ne peut exister aucun être humain capable d'avoir une con-
naissance claire des finances turques, mais cependant il y a
les faits qui parlent d'eux-mêmes. Le second semestre du der-
nier emprunt était dû le mois passé, et le gouvernement turc
fut obligé d'emprunter la somme nécessaire pour y faire face
à la maison de Rothschild, à laquelle elle sera remboursée par
pactes mensuels avec un intérêt de 7 pour 100 et 2 pour 100
de commission.
» En outre il a été emprunté dans la même maison de ban-
que une autre somme pour les dépenses courantes. Vous voyez
par là qu'il existe de bonnes raisons pour se demander si,
même animé d'un vif désir de le faire, le gouvernement turc
peut s'embarquer dans de grandes opérations industrielles
avant d'avoir pris d'autres arrangements financiers.
G. LOTHES.
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