Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-10-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 octobre 1856 25 octobre 1856
Description : 1856/10/25 (A1,N9). 1856/10/25 (A1,N9).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202054v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
130 L'ISTHME DE SUEZ,
p
dans deux circonstances mémorables, le partage de
l'Empire Ottoman a été proposé par la même ambition,
à la France d'abord, à l'Angleterre ensuite, en plaçant
dans les conditions du marché Constantinople d'un côté,
l'Egypte de l'autre.
Les événements récents ont prouvé que la Turquie
ne serait pas seule à repousser les attaques du côté de
Constantinople.
Quant à l'Occident, nous savons que jamais l'Angle-
terre et la France ne pourraient se mettre d'accord sur
la possession de l'Egypte par l'une d'elles. Mais quelle
différence de sécurité si, de nationale entre ces deux
puissances, la question devenait européenne; si par la
possession d'une route neutralisée entre les deux plus
opulentes mers du globe, l'Egypte, sous la suzeraineté
du Sultan, rendait solidaires de sa situation l'Autriche,
par la prospérité de l'Adriatique et le développement
de son commerce maritime; l'Italie et la France, par
leurs ports de la Méditerranée; l'Angleterre, par ses
communications avec l'Inde et l'Australie; l'Espagne,
par ses possessions coloniales et son littoral méditerra-
néen; la Hollande, par ses intérêts à Sumatra, à Java
et à Bornéo; les Etats-Unis d'Amérique, par une abré-
viation de près de trois mille lieues pour leurs ports de
l'océan Atlantique dans leur navigation avec l'océan
Austral !
Ajoutons que, par tous les intérêts attachés au main-
tien du statu quo, le canal de Suez est destiné à relier
encore davantage l'Egypte au reste de l'Empire. Tout
antagonisme entre le vassal et le suzerain peut à jamais
disparaître, non-seulement par les considérations exté-
rieures que nous venons d'indiquer, mais encore par un
motif puissant de politique intérieure. En effet, comme
le canal de Suez sera la démonstration matérielle de ce
principe, quelquefois méconnu, que la prospérité et la
puissance de l'Egypte sont des éléments essentiels de
vitalité pour la Turquie, la fidélité du vassal sera d'au-
tant plus assurée que les partisans de l'affaiblissement
de l'Egypte auront perdu toute influence dans les con-
seils de la Porte.
Montrons maintenant que, dans cette question, l'inté-
rêt politique se fortifie de l'intérêt religieux, et que
souvent ils se fondent l'un dans l'autre.
La puissance des sultans, successeurs des califes, est
à la fois un pouvoir politique et un suprême pontificat,
le Grand Seigneur est le chef et le protecteur de la reli-
gion musulmane en même temps que le souverain des
territoires dont se composent ses États.
Personne n'ignore l'importance attachée par les
croyants à la possession des villes saintes, regardée
par eux comme une condition essentielle de l'autorité
spirituelle du Sultan ; mais l'on connaît aussi les diffi-
cultés et les lenteurs des communications actuelles
entre la Turquie et l'Arabie, les espaces dévorants à
franchir, les déserts à traverser pour envoyer directe-
ment des forces suffisantes au maintien d'une supréma-
tie nécessaire.
L'ouverture du canal de Suez fera disparaître tous ces
obstacles : Constantinople pourra communiquer en quel-
ques jours avec les côtes de l'Arabie; une route mari
time toujours praticable et facile lui permettra de pou1'
voir à toutes les éventualités, et replacera réellement les
sanctuaires de la foi sous l'action directe du pontdc
souverain.
L'exécution de l'entreprise résolue par le Vice:roi
d'Egypte facilite encore et multiplie, au profit- de 1 aIl"
torité du Sultan, l'un des actes de foi les plus chers à 111
piété musulmane, et affranchit les sujets de l'emplrc
des périls du saint pèlerinage, marqués aujourd'hui sur
les routes des caravanes par les ossements dont elle5
sont annuellement blanchies.
Plus indirectement, mais non moins réellement, lc
canal de Suez rend le même service aux populat'011*
musulmanes de l'Asie et de l'Afrique orientale et ce"'
traie. En unissant les deux mers, il introduit dans la
mer Rouge et met à la disposition des hadjis de ce5
contrées les moyens de communication nombreux c'
perfectionnés que possède la navigation de la Aléd"
terranée ; il rattache plus étroitement à l'influence dll
sultan des peuplades qui reconnaissent et respecte"'
déjà sa suprématie religieuse.
Ce serait une erreur de croire qu'il n'y a point dec0
côté une action très-sérieuse à exercer dans l'avenir
pour le gouvernement du Grand Seigneur. Un des sl1'
vants voyageurs qui connaissent le mieux le Soudan,
M. le comte d'Escayrac de Lauture, nous appre"1
qu'au milieu de leurs guerres, les rois du pays out
souvent invoqué l'intervention morale et l'arbitrage dll
sultan de Constantinople.
Sous le rapport commercial, la Turquie recueillera
de l'union des deux mers des avantages non moins évi'
dents que sous les rapports politique et religieux.
Sans remonter aux souvenirs de la vieille Byzance,
Constantinople fut, à certaines époques du moyen â8e,
l'un des grands entrepôts du commerce entre l'occidelli
et l'Orient. Par l'Euphrate, par les hauts plateaux de
l'Asie elle recevait les produits de l'Inde, les soieries de
la Chine; et les denrées de l'Orient embarquées dans leS
ports de la mer Noire venaient s'entreposer aux rives (Il'
Bosphore. Les Vénitiens et les Génois étaient les facteur
de ces importantes relations.
Par des voies perfectionnées, par des combinaisons
différentes, le percement de l'isthme doit offrir au cou1'
merce et à la navigation de Constantinople une carrière
encore plus riche à exploiter.
Un seul fait matériel suffit à indiquer les avantage5
que cette ville est en droit d'attendre de la route no"'
velle.
De tous les grands ports européens, Constantinople
est celui que le canal maritime rapproche le plus des
Indes et de la Chine; il en est aujourd'hui le plus éloi'
gné : il est à 6,000 lieues de Bombay, il n'en sera pltIS
qu'à 1,800 lieues; il deviendra nécessairement l'entre'
pôt d'une partie du commerce qui s'établira entre les
mers orientales et la mer Noire, et l'on pourra se faire
une idée de ce mouvement en remarquant que Trébi'
zonde et Odessa sont moins éloignées de Suez que
Trieste et Marseille.
p
dans deux circonstances mémorables, le partage de
l'Empire Ottoman a été proposé par la même ambition,
à la France d'abord, à l'Angleterre ensuite, en plaçant
dans les conditions du marché Constantinople d'un côté,
l'Egypte de l'autre.
Les événements récents ont prouvé que la Turquie
ne serait pas seule à repousser les attaques du côté de
Constantinople.
Quant à l'Occident, nous savons que jamais l'Angle-
terre et la France ne pourraient se mettre d'accord sur
la possession de l'Egypte par l'une d'elles. Mais quelle
différence de sécurité si, de nationale entre ces deux
puissances, la question devenait européenne; si par la
possession d'une route neutralisée entre les deux plus
opulentes mers du globe, l'Egypte, sous la suzeraineté
du Sultan, rendait solidaires de sa situation l'Autriche,
par la prospérité de l'Adriatique et le développement
de son commerce maritime; l'Italie et la France, par
leurs ports de la Méditerranée; l'Angleterre, par ses
communications avec l'Inde et l'Australie; l'Espagne,
par ses possessions coloniales et son littoral méditerra-
néen; la Hollande, par ses intérêts à Sumatra, à Java
et à Bornéo; les Etats-Unis d'Amérique, par une abré-
viation de près de trois mille lieues pour leurs ports de
l'océan Atlantique dans leur navigation avec l'océan
Austral !
Ajoutons que, par tous les intérêts attachés au main-
tien du statu quo, le canal de Suez est destiné à relier
encore davantage l'Egypte au reste de l'Empire. Tout
antagonisme entre le vassal et le suzerain peut à jamais
disparaître, non-seulement par les considérations exté-
rieures que nous venons d'indiquer, mais encore par un
motif puissant de politique intérieure. En effet, comme
le canal de Suez sera la démonstration matérielle de ce
principe, quelquefois méconnu, que la prospérité et la
puissance de l'Egypte sont des éléments essentiels de
vitalité pour la Turquie, la fidélité du vassal sera d'au-
tant plus assurée que les partisans de l'affaiblissement
de l'Egypte auront perdu toute influence dans les con-
seils de la Porte.
Montrons maintenant que, dans cette question, l'inté-
rêt politique se fortifie de l'intérêt religieux, et que
souvent ils se fondent l'un dans l'autre.
La puissance des sultans, successeurs des califes, est
à la fois un pouvoir politique et un suprême pontificat,
le Grand Seigneur est le chef et le protecteur de la reli-
gion musulmane en même temps que le souverain des
territoires dont se composent ses États.
Personne n'ignore l'importance attachée par les
croyants à la possession des villes saintes, regardée
par eux comme une condition essentielle de l'autorité
spirituelle du Sultan ; mais l'on connaît aussi les diffi-
cultés et les lenteurs des communications actuelles
entre la Turquie et l'Arabie, les espaces dévorants à
franchir, les déserts à traverser pour envoyer directe-
ment des forces suffisantes au maintien d'une supréma-
tie nécessaire.
L'ouverture du canal de Suez fera disparaître tous ces
obstacles : Constantinople pourra communiquer en quel-
ques jours avec les côtes de l'Arabie; une route mari
time toujours praticable et facile lui permettra de pou1'
voir à toutes les éventualités, et replacera réellement les
sanctuaires de la foi sous l'action directe du pontdc
souverain.
L'exécution de l'entreprise résolue par le Vice:roi
d'Egypte facilite encore et multiplie, au profit- de 1 aIl"
torité du Sultan, l'un des actes de foi les plus chers à 111
piété musulmane, et affranchit les sujets de l'emplrc
des périls du saint pèlerinage, marqués aujourd'hui sur
les routes des caravanes par les ossements dont elle5
sont annuellement blanchies.
Plus indirectement, mais non moins réellement, lc
canal de Suez rend le même service aux populat'011*
musulmanes de l'Asie et de l'Afrique orientale et ce"'
traie. En unissant les deux mers, il introduit dans la
mer Rouge et met à la disposition des hadjis de ce5
contrées les moyens de communication nombreux c'
perfectionnés que possède la navigation de la Aléd"
terranée ; il rattache plus étroitement à l'influence dll
sultan des peuplades qui reconnaissent et respecte"'
déjà sa suprématie religieuse.
Ce serait une erreur de croire qu'il n'y a point dec0
côté une action très-sérieuse à exercer dans l'avenir
pour le gouvernement du Grand Seigneur. Un des sl1'
vants voyageurs qui connaissent le mieux le Soudan,
M. le comte d'Escayrac de Lauture, nous appre"1
qu'au milieu de leurs guerres, les rois du pays out
souvent invoqué l'intervention morale et l'arbitrage dll
sultan de Constantinople.
Sous le rapport commercial, la Turquie recueillera
de l'union des deux mers des avantages non moins évi'
dents que sous les rapports politique et religieux.
Sans remonter aux souvenirs de la vieille Byzance,
Constantinople fut, à certaines époques du moyen â8e,
l'un des grands entrepôts du commerce entre l'occidelli
et l'Orient. Par l'Euphrate, par les hauts plateaux de
l'Asie elle recevait les produits de l'Inde, les soieries de
la Chine; et les denrées de l'Orient embarquées dans leS
ports de la mer Noire venaient s'entreposer aux rives (Il'
Bosphore. Les Vénitiens et les Génois étaient les facteur
de ces importantes relations.
Par des voies perfectionnées, par des combinaisons
différentes, le percement de l'isthme doit offrir au cou1'
merce et à la navigation de Constantinople une carrière
encore plus riche à exploiter.
Un seul fait matériel suffit à indiquer les avantage5
que cette ville est en droit d'attendre de la route no"'
velle.
De tous les grands ports européens, Constantinople
est celui que le canal maritime rapproche le plus des
Indes et de la Chine; il en est aujourd'hui le plus éloi'
gné : il est à 6,000 lieues de Bombay, il n'en sera pltIS
qu'à 1,800 lieues; il deviendra nécessairement l'entre'
pôt d'une partie du commerce qui s'établira entre les
mers orientales et la mer Noire, et l'on pourra se faire
une idée de ce mouvement en remarquant que Trébi'
zonde et Odessa sont moins éloignées de Suez que
Trieste et Marseille.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.82%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.82%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6202054v/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6202054v/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6202054v/f2.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6202054v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6202054v
Facebook
Twitter