Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-10-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 octobre 1856 10 octobre 1856
Description : 1856/10/10 (A1,N8). 1856/10/10 (A1,N8).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202053f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
114 L'ISTHME DE SUEZ,
ses tyrans. Sans doute l'Egypte a beaucoup à faire en-
core ; mais il faudrait être aveugle ou injuste pour nier
qu'elle a fait des prodiges depuis plus d'un demi-siècle.
Proportion gardée, il n'y a peut-être pas de pays au
monde qui, dans cet intervalle, ait fait un chemin plus
rapide, malgré des intermittences regrettables et d'iné-
vitables rpfipfirme
vitables .&.,"",-.,.&,-,&&u.
A ces progrès vraiment étonnants, il y a deux causes
principales, l'une qui ne tient qu'à l'Egypte même, et
l'autre qui lui vient du dehors. Il est bien probable que
sans l'expédition française de 1798, scientifique au
moins autant que militaire, l'étincelle n'aurait pas jailli ;
et il a fallu les germes déposés par nous pour que Mé-
hémet-Ali pût songer à l'œuvre difficile qu'il a poursuivie
durant sa vie entière. Les coups terribles que le général
Bonaparte avait portés à la tyrannie des beys préparèrent
le coup décisif qui, douze ans plus tard, leur fut porté
par une main non moins sûre.
A cette première cause, qui est en quelque sorte con-
temporaine, il faut en ajouter une autre qui est beaucoup
plus vieille, mais qui est peut-être aussi efficace. Ce n'est
pas en vain qu'un pays a passé par toutes les phases de
développement et de puissance qu'a traversées l'Egypte.
Elle avait eu la civilisation la plus brillante de l'époque
sous les Pharaons, sous les Ptolémées et même un in
stant sous les Romains. Alexandrie, capitale alors de
l'Egypte, avait été, six siècles durant, le centre des lu-
mières et de la science. Il est vrai que plus tard une
longue obscurité avait succédé. Mais le pays qui avait
vu tant de grandes choses ne pouvait être à jamais stérile,
et il suffisait de quelques circonstances favorables pour
qu'il ressuscitât dans son sein cette civilisation pour la-
quelle il avait jadis tant fait. La race des Fellahs si op-
primée, si abattue, était toujours cette race qui avait
bâti les grands monuments pharaoniques, couvert les
bords du Nil de canaux , et qui avait eu plus d'une fois
le bon esprit de demander aux étrangers les arts qu'elle
ne pouvait pas cultiver spontanément.
Voilà donc sous quel aspect doit se présenter l'Egypte
à la politique ou plutôt à la sympathie des peuples civi-
lisés. Elle les a tous devancés jadis dans la carrière où
ils marchent eux-mêmes à cette heure si glorieusement.
Par le malheur des temps, elle en est un instant sortie,
bien malgré elle; aujourd'hui qu'elle y est rentrée, il
appartient à ceux qui sont plus puissants et plus avancés
qu'elle de lui tendre en toute sincérité une main secou-
rable et fraternelle. Toute autre conduite à l'égard de
l'Egypte serait aussi peu intelligente qu'elle serait dan-
gereuse, et pour ceux qui la tiendraient et pour le pays
lui-même.
Nous reconnaissons d'ailleurs avec plaisir que c'est
bien là l'esprit général dans lequel ont été conçus les
traités qui régissent le sort de l'Egypte, et qui l'ont fait
entrer en quelque sorte, en même temps que la Turquie
elle-même, dans le concert européen. C'est un grand
honneur pour l'Egypte, et en même temps une grande
sécurité pour elle et pour le repos du monde entier. Mais
il ne suffit pas de principes généraux et purement
théoriques. Il faut aussi que l'application s'y conforme ,
et que dans le détail des relations on observe scrupu*
leusementles maximes posées dans ces grands contrats
A ce point de vue, nous blâmons tous les actes du genie
de celui dont parlait récemment le Times" et qu'il ex:
pliquait dans une lettre que nous avons reproduite, etoU
respire le sentiment de la plus haute et de la plus pr,,,
dente impartialité.
Si ces considérations sont aussi justes que nous le
pensons, il en résulte que l'Égypte ne doit être un objet
de convoitise pour personne, et encore bien moins pour
aucune des puissances qui en ont garanti l'existence. Ce
serait un péril fort grand que de nourrir des an'ièie
pensées de ce genre; et chacun doit avoir cette pers","
sion sincère que l'Égypte, dans les conditions d'iu('e
pendance mitigée qu'on lui a faites, doit à janlalS
s'appartenir à elle-même ; et que sauf les liens qui Ilat-
tachent à la Porte, et qu'elle ne veut pas rompre, conHlie
elle l'a prouvé de reste, elle ne peut être la vassale Ou
la possession exclusive de qui que ce soit, en dehors du
pouvoir régulier et bienfaisant qui y est établi. Nous ne
nions pas que l'expédition française de 1798 n'ait p11
laisser de fâcheux souvenirs ; et qu'en se reportant à ces
temps, qui ne peuvent plus revenir, on ne puisse ravivé
des craintes d'ailleurs bien vaines. Mais il faudrait des
esprits bien prévenus pour accueillir des appréhension
aussi chimériques. C'était la nécessité d'une lutte fornw
dable, passée sans retour, qui avait imposé à la France
une entreprise dont la triste issue n'est pas faite pour
encourager un essai nouveau. Depuis cette époque, (IOIT
un demi-siècle nous sépare, il n'est personne qui ne
doive reconnaître la parfaite loyauté de la politique fraW
çaise à l'égard de l'Égypte ; et nous prêter des projc"
renouvelés de conquêtes, c'est un rêve ou une calomnlc
qui ne mérite même pas les regards des gens sérieux.
Mais il ne suffit pas que toute pensée de convoitise Oe
de domination ultérieure soit écartée par toutes les puis'
sances qui sont en relation avec l'Egypte, il faut el1
outre éviter avec le plus grand soin d'en faire l'arène et
la victime de rivalités fâcheuses. Chacun des peuples qUI
commercent avec cette terre fertile, trouve, dans les
échanges qu'il fait avec elle, des bénéfices considérables;
l'Égypte elle-même n'en fait pas moins de son côté ;
gypte e e-meme n en lai pas moms (e son co e ;
la statistique de ces dernières années prouve combieJl
ces relations pacifiques ont été profitables pour tout le
monde. Il ne faudrait donc pas troubler cet heureux état
de choses par des luttes d'influence qui gâteraient la
bonne harmonie, et qui ne pourraient, en définitive, que
nuire à ceux qui se seraient livré ces stériles combats.
Il n'y a point de priviléges à obtenir pour soi, point de
priviléges à ravir à d'autres. Il n'y a qu'à jouir loyale"
ment, et avec une activité de bon exemple, des avan'
tages faits à tous par des traités que tous ont acceptes'
et qu'il faut sincèrement pratiquer.
Il est clair que cette sagesse de conduite dépend beaw
coup des personnes; et que le plus souvent ces fâcheuse5
contentions tiennent aux caractères des individus biell
plutôt qu'aux instructions qu'ils reçoivent. La loyauté de
tous les gouvernements qui ont leurs représentants cIl
Egypte ne peut être révoquée en doute ; et les agents
ses tyrans. Sans doute l'Egypte a beaucoup à faire en-
core ; mais il faudrait être aveugle ou injuste pour nier
qu'elle a fait des prodiges depuis plus d'un demi-siècle.
Proportion gardée, il n'y a peut-être pas de pays au
monde qui, dans cet intervalle, ait fait un chemin plus
rapide, malgré des intermittences regrettables et d'iné-
vitables rpfipfirme
vitables .&.,"",-.,.&,-,&&u.
A ces progrès vraiment étonnants, il y a deux causes
principales, l'une qui ne tient qu'à l'Egypte même, et
l'autre qui lui vient du dehors. Il est bien probable que
sans l'expédition française de 1798, scientifique au
moins autant que militaire, l'étincelle n'aurait pas jailli ;
et il a fallu les germes déposés par nous pour que Mé-
hémet-Ali pût songer à l'œuvre difficile qu'il a poursuivie
durant sa vie entière. Les coups terribles que le général
Bonaparte avait portés à la tyrannie des beys préparèrent
le coup décisif qui, douze ans plus tard, leur fut porté
par une main non moins sûre.
A cette première cause, qui est en quelque sorte con-
temporaine, il faut en ajouter une autre qui est beaucoup
plus vieille, mais qui est peut-être aussi efficace. Ce n'est
pas en vain qu'un pays a passé par toutes les phases de
développement et de puissance qu'a traversées l'Egypte.
Elle avait eu la civilisation la plus brillante de l'époque
sous les Pharaons, sous les Ptolémées et même un in
stant sous les Romains. Alexandrie, capitale alors de
l'Egypte, avait été, six siècles durant, le centre des lu-
mières et de la science. Il est vrai que plus tard une
longue obscurité avait succédé. Mais le pays qui avait
vu tant de grandes choses ne pouvait être à jamais stérile,
et il suffisait de quelques circonstances favorables pour
qu'il ressuscitât dans son sein cette civilisation pour la-
quelle il avait jadis tant fait. La race des Fellahs si op-
primée, si abattue, était toujours cette race qui avait
bâti les grands monuments pharaoniques, couvert les
bords du Nil de canaux , et qui avait eu plus d'une fois
le bon esprit de demander aux étrangers les arts qu'elle
ne pouvait pas cultiver spontanément.
Voilà donc sous quel aspect doit se présenter l'Egypte
à la politique ou plutôt à la sympathie des peuples civi-
lisés. Elle les a tous devancés jadis dans la carrière où
ils marchent eux-mêmes à cette heure si glorieusement.
Par le malheur des temps, elle en est un instant sortie,
bien malgré elle; aujourd'hui qu'elle y est rentrée, il
appartient à ceux qui sont plus puissants et plus avancés
qu'elle de lui tendre en toute sincérité une main secou-
rable et fraternelle. Toute autre conduite à l'égard de
l'Egypte serait aussi peu intelligente qu'elle serait dan-
gereuse, et pour ceux qui la tiendraient et pour le pays
lui-même.
Nous reconnaissons d'ailleurs avec plaisir que c'est
bien là l'esprit général dans lequel ont été conçus les
traités qui régissent le sort de l'Egypte, et qui l'ont fait
entrer en quelque sorte, en même temps que la Turquie
elle-même, dans le concert européen. C'est un grand
honneur pour l'Egypte, et en même temps une grande
sécurité pour elle et pour le repos du monde entier. Mais
il ne suffit pas de principes généraux et purement
théoriques. Il faut aussi que l'application s'y conforme ,
et que dans le détail des relations on observe scrupu*
leusementles maximes posées dans ces grands contrats
A ce point de vue, nous blâmons tous les actes du genie
de celui dont parlait récemment le Times" et qu'il ex:
pliquait dans une lettre que nous avons reproduite, etoU
respire le sentiment de la plus haute et de la plus pr,,,
dente impartialité.
Si ces considérations sont aussi justes que nous le
pensons, il en résulte que l'Égypte ne doit être un objet
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aucune des puissances qui en ont garanti l'existence. Ce
serait un péril fort grand que de nourrir des an'ièie
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sion sincère que l'Égypte, dans les conditions d'iu('e
pendance mitigée qu'on lui a faites, doit à janlalS
s'appartenir à elle-même ; et que sauf les liens qui Ilat-
tachent à la Porte, et qu'elle ne veut pas rompre, conHlie
elle l'a prouvé de reste, elle ne peut être la vassale Ou
la possession exclusive de qui que ce soit, en dehors du
pouvoir régulier et bienfaisant qui y est établi. Nous ne
nions pas que l'expédition française de 1798 n'ait p11
laisser de fâcheux souvenirs ; et qu'en se reportant à ces
temps, qui ne peuvent plus revenir, on ne puisse ravivé
des craintes d'ailleurs bien vaines. Mais il faudrait des
esprits bien prévenus pour accueillir des appréhension
aussi chimériques. C'était la nécessité d'une lutte fornw
dable, passée sans retour, qui avait imposé à la France
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encourager un essai nouveau. Depuis cette époque, (IOIT
un demi-siècle nous sépare, il n'est personne qui ne
doive reconnaître la parfaite loyauté de la politique fraW
çaise à l'égard de l'Égypte ; et nous prêter des projc"
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qui ne mérite même pas les regards des gens sérieux.
Mais il ne suffit pas que toute pensée de convoitise Oe
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sances qui sont en relation avec l'Egypte, il faut el1
outre éviter avec le plus grand soin d'en faire l'arène et
la victime de rivalités fâcheuses. Chacun des peuples qUI
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l'Égypte elle-même n'en fait pas moins de son côté ;
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la statistique de ces dernières années prouve combieJl
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monde. Il ne faudrait donc pas troubler cet heureux état
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nuire à ceux qui se seraient livré ces stériles combats.
Il n'y a point de priviléges à obtenir pour soi, point de
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ment, et avec une activité de bon exemple, des avan'
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et qu'il faut sincèrement pratiquer.
Il est clair que cette sagesse de conduite dépend beaw
coup des personnes; et que le plus souvent ces fâcheuse5
contentions tiennent aux caractères des individus biell
plutôt qu'aux instructions qu'ils reçoivent. La loyauté de
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