Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-10-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 octobre 1856 25 octobre 1856
Description : 1856/10/25 (A1,N9). 1856/10/25 (A1,N9).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202054v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
142 L'ISTHME DE SUEZ,
notre opinion est qu'il n'y a pas de réponse satisfaisante à
faire; sans attacher beaucoup d'importance à l'alliance, nous
croyons devoir protester, dans l'intérêt de la liberté du progrès
commercial, contre l'étroite résistance de ces politiques an-
glais qui s'opposent à la jonction, par un canal maritime, de
la mer Méditerranée et de la mer Rouge. »
Après avoir mis sous les yeux de nos lecteurs cette remar-
quable discussion, nous devons y faire une réserve impor-
tante. En comparant, dans leurs diverses conditions, le chemin
de fer de la vallée de l'Euphrate et le canal de Suez , le rédac-
teur du Morning Star qualifie la première d'entreprise an-
glaise, et l'autre d'entreprisefrançaise. Le chemin de fer de l'Eu-
phrate est effectivement une entreprise anglaise, placée sous
le patronage du gouvernement anglais; c'est incontestable, et
nous ne nous en plaignons pas; que le bien se fasse, que la
civilisation s'enrichisse d'un instrument nouveau, quel qu'en
soit l'auteur ou le bénéficiaire, notre concours et nos vœux
sont avec lui; nous l'avons déjà prouvé et la presse française
est d'accord avec nous. Mais que le canal de Suez soit une en-
treprise française, faite exclusivement par la France et pour la
France, il nous est impossible de laisser passer cette erreur
radicale échappée à l'honorable et sincère écrivain. L'entre-
prise du canal des Deux Mers servira puissamment sans doute
les intérêts commerciaux et maritimes de la France, comme
ceux des autres pays, mais elle n'est ni française, ni anglaise,
ni allemande, c'est une œuvre d'utilité commune à tous; elle
est universelle. Tel est le caractère essentiel que lui donne sa
constitution , son contrat; nous avons à cœur et il nous appar-
tient de le lui conserver intact. La concession est réservée im-
pérativement à une compagnie universelle ; les droits et les
charges y seront les mêmes pour tous les peuples et pour tous
les pavillons. Chaque peuple a sa part dans la distribution
financière, et en vertu des statuts, chacun aura sa représentation
dans la constitution administrative. Dans l'acte de concession,
dans les statuts de la compagnie, S. A. le Vice-roi a voulu
soigneusement accumuler les garanties qu'il entendait donner
à l'intérêt universel, à l'exclusion d'un égoïsme national ou
commercial, quel qu'il fût. Le gouvernement égyptien protes-
terait contre toute pensée qui ne serait pas conforme aux prin-
cipes dont le mandataire du Vice-roi ne s'est point écarté, et
cette protestation, nous avons aussi des titres pour la faire
en notre nom.
Nous terminons enfin notre revue en citant un conseil fort
sage donné par le Daily News du 17 :
« Au lieu de nous opposer à la France et par suite d'exciter
de la jalousie contre nous, nous devrions marcher d'accord
avec elle. Puisqu'un Français se dévoue au percement de
l'isthme de Suez, que les Anglais lui prêtent le concours de
tout leur appui. Si la France travaille à l'ouverture du Pruth
et du Danube, aidons-la; car dans des projets et des plans de
ce genre l'Angleterre tirera un profit dix fois plus considé-
rable que les Français, bien que ces derniers, ayant beau-
coup moins à y gagner, prennent le plus de peine pour com-
mencer. »
ERNEST DESPLACES.
PAUL REYNIER.
Nous avons promis, dans notre numéro du 10 septeni'
bre, de consacrer un souvenir à la mémoire de panl
Reynier, notre jeune collaborateur, mort à Paris le
11 mars 1856. Nous tenons aujourd'hui parole , et nos
lecteurs, habitués au grave sujet que nous traitons d o1'
dinaire exclusivement, ne seront point trop étonnés 51
nous sortons de notre domaine spécial pour leur parler
aujourd'hui de poésie, et s'ils trouvent des vers dafl8
nos colonnes qui ne contiennent guère que des fg'ts
commerciaux et des chiffres. C'est que le jeune Reynler
était poêle ; et puisqu'il a dévoué à notre entreprise leS
rares facultés dont le ciel l'avait orné, nous ne vOY0115
pas pourquoi nous ne le louerions point du plus énli"
nent des dons qu'il avait reçus, tout en rappelant les
services qu'il a rendus à notre œuvre.
Paul Reynier était né à Marseille le 10 mai 1832, et
il avait reçu de son père, aujourd'hui conservateur de
la bibliothèque de cette ville , une excellente éducatioJ1
classique. Il en avait profité avec ardeur ; et nourri dans
l'admiration et la vive intelligence des modèles antiques,
il s'était formé un goût sûr à cette école que rien 'le
remplace pour les délicatesses et les grâces de l'esprit
Mais quoique sa vocation poétique se fût déclarée de
très-bonne heure, il avait cherché aussitôt qu'il l'avait
pu une carrière sérieuse qui soulageât les charges de sa
famille. Son père, lié dès longtemps avec le docteu1
Clot-Bey, l'avait suivi quelques années en Egypte; et le
jeune Paul y avait passé une partie de son enfance en y
apprenant l'arabe comme sa propre langue. Plus tard
le docteur Clot-Bey, retournant en Égypte après la
mort d'Abbas-Pacha, l'y avait ramené; il connut aloes
M. Ferdinand de Lesseps, qui conçut bientôt pour 1°'
la plus grande estime et une sorte d'affection patcf
nelle. M. Ferdinand de Lesseps se l'attacha conifl16
secrétaire ; c'est en cette qualité que le jeune ReyniCr
fit avec lui le voyage de 1854, qui devait inaugurer le
projet du canal maritime de Suez, et avec nous le second
voyage de 1855 et de 1856, en compagnie de la Conl'
mission internationale.
Nous avons pu tous dans ce voyage apprécier le ca-
ractère et le cœur de ce jeune homme, ses qualités ausSI
aimables que solides, son âme aussi pure qu'éclairée, et
nous avons été saisis d'une douloureuse émotion quand
nous avons appris quelques jours après son retour 3
Paris, deux mois à peine après le nôtre, qu'il était ravI
à l'amitié de tous ceux qui le connaissaient. La mort a
rarement frappé une victime plus regrettable. Mourir Li
vingt-trois ans plein de force, plein de sentiments ad'
mirables, de piété sincère et ardente, d'espérances léS1"
times, c'est bien triste, non pour celui qui part sitôt,
mais pour la famille qui le pleure. Sa mère, accourt
de Marseille, ne trouva plus qu'un corps sans vie.
notre opinion est qu'il n'y a pas de réponse satisfaisante à
faire; sans attacher beaucoup d'importance à l'alliance, nous
croyons devoir protester, dans l'intérêt de la liberté du progrès
commercial, contre l'étroite résistance de ces politiques an-
glais qui s'opposent à la jonction, par un canal maritime, de
la mer Méditerranée et de la mer Rouge. »
Après avoir mis sous les yeux de nos lecteurs cette remar-
quable discussion, nous devons y faire une réserve impor-
tante. En comparant, dans leurs diverses conditions, le chemin
de fer de la vallée de l'Euphrate et le canal de Suez , le rédac-
teur du Morning Star qualifie la première d'entreprise an-
glaise, et l'autre d'entreprisefrançaise. Le chemin de fer de l'Eu-
phrate est effectivement une entreprise anglaise, placée sous
le patronage du gouvernement anglais; c'est incontestable, et
nous ne nous en plaignons pas; que le bien se fasse, que la
civilisation s'enrichisse d'un instrument nouveau, quel qu'en
soit l'auteur ou le bénéficiaire, notre concours et nos vœux
sont avec lui; nous l'avons déjà prouvé et la presse française
est d'accord avec nous. Mais que le canal de Suez soit une en-
treprise française, faite exclusivement par la France et pour la
France, il nous est impossible de laisser passer cette erreur
radicale échappée à l'honorable et sincère écrivain. L'entre-
prise du canal des Deux Mers servira puissamment sans doute
les intérêts commerciaux et maritimes de la France, comme
ceux des autres pays, mais elle n'est ni française, ni anglaise,
ni allemande, c'est une œuvre d'utilité commune à tous; elle
est universelle. Tel est le caractère essentiel que lui donne sa
constitution , son contrat; nous avons à cœur et il nous appar-
tient de le lui conserver intact. La concession est réservée im-
pérativement à une compagnie universelle ; les droits et les
charges y seront les mêmes pour tous les peuples et pour tous
les pavillons. Chaque peuple a sa part dans la distribution
financière, et en vertu des statuts, chacun aura sa représentation
dans la constitution administrative. Dans l'acte de concession,
dans les statuts de la compagnie, S. A. le Vice-roi a voulu
soigneusement accumuler les garanties qu'il entendait donner
à l'intérêt universel, à l'exclusion d'un égoïsme national ou
commercial, quel qu'il fût. Le gouvernement égyptien protes-
terait contre toute pensée qui ne serait pas conforme aux prin-
cipes dont le mandataire du Vice-roi ne s'est point écarté, et
cette protestation, nous avons aussi des titres pour la faire
en notre nom.
Nous terminons enfin notre revue en citant un conseil fort
sage donné par le Daily News du 17 :
« Au lieu de nous opposer à la France et par suite d'exciter
de la jalousie contre nous, nous devrions marcher d'accord
avec elle. Puisqu'un Français se dévoue au percement de
l'isthme de Suez, que les Anglais lui prêtent le concours de
tout leur appui. Si la France travaille à l'ouverture du Pruth
et du Danube, aidons-la; car dans des projets et des plans de
ce genre l'Angleterre tirera un profit dix fois plus considé-
rable que les Français, bien que ces derniers, ayant beau-
coup moins à y gagner, prennent le plus de peine pour com-
mencer. »
ERNEST DESPLACES.
PAUL REYNIER.
Nous avons promis, dans notre numéro du 10 septeni'
bre, de consacrer un souvenir à la mémoire de panl
Reynier, notre jeune collaborateur, mort à Paris le
11 mars 1856. Nous tenons aujourd'hui parole , et nos
lecteurs, habitués au grave sujet que nous traitons d o1'
dinaire exclusivement, ne seront point trop étonnés 51
nous sortons de notre domaine spécial pour leur parler
aujourd'hui de poésie, et s'ils trouvent des vers dafl8
nos colonnes qui ne contiennent guère que des fg'ts
commerciaux et des chiffres. C'est que le jeune Reynler
était poêle ; et puisqu'il a dévoué à notre entreprise leS
rares facultés dont le ciel l'avait orné, nous ne vOY0115
pas pourquoi nous ne le louerions point du plus énli"
nent des dons qu'il avait reçus, tout en rappelant les
services qu'il a rendus à notre œuvre.
Paul Reynier était né à Marseille le 10 mai 1832, et
il avait reçu de son père, aujourd'hui conservateur de
la bibliothèque de cette ville , une excellente éducatioJ1
classique. Il en avait profité avec ardeur ; et nourri dans
l'admiration et la vive intelligence des modèles antiques,
il s'était formé un goût sûr à cette école que rien 'le
remplace pour les délicatesses et les grâces de l'esprit
Mais quoique sa vocation poétique se fût déclarée de
très-bonne heure, il avait cherché aussitôt qu'il l'avait
pu une carrière sérieuse qui soulageât les charges de sa
famille. Son père, lié dès longtemps avec le docteu1
Clot-Bey, l'avait suivi quelques années en Egypte; et le
jeune Paul y avait passé une partie de son enfance en y
apprenant l'arabe comme sa propre langue. Plus tard
le docteur Clot-Bey, retournant en Égypte après la
mort d'Abbas-Pacha, l'y avait ramené; il connut aloes
M. Ferdinand de Lesseps, qui conçut bientôt pour 1°'
la plus grande estime et une sorte d'affection patcf
nelle. M. Ferdinand de Lesseps se l'attacha conifl16
secrétaire ; c'est en cette qualité que le jeune ReyniCr
fit avec lui le voyage de 1854, qui devait inaugurer le
projet du canal maritime de Suez, et avec nous le second
voyage de 1855 et de 1856, en compagnie de la Conl'
mission internationale.
Nous avons pu tous dans ce voyage apprécier le ca-
ractère et le cœur de ce jeune homme, ses qualités ausSI
aimables que solides, son âme aussi pure qu'éclairée, et
nous avons été saisis d'une douloureuse émotion quand
nous avons appris quelques jours après son retour 3
Paris, deux mois à peine après le nôtre, qu'il était ravI
à l'amitié de tous ceux qui le connaissaient. La mort a
rarement frappé une victime plus regrettable. Mourir Li
vingt-trois ans plein de force, plein de sentiments ad'
mirables, de piété sincère et ardente, d'espérances léS1"
times, c'est bien triste, non pour celui qui part sitôt,
mais pour la famille qui le pleure. Sa mère, accourt
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