Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-10-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 octobre 1856 10 octobre 1856
Description : 1856/10/10 (A1,N8). 1856/10/10 (A1,N8).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202053f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
126 L'ISTHME DE SUEZ,
feraient loi, à tout jamais, pour la grandeur des na-
vires trafiquant avec l'océan Indien.
Les écluses proposées à 113 kilomètres l'une de
l'autre ne serviraient pas à maintenir plus élevée la
hauteur de l'eau du canal entre les deux points extrê-
mes, en exploitant le flux plus élevé de la mer Rouge,
parce que ce flux, qui en moyenne n'atteint que 5 p.
8 p., pourrait à peine parcourir pendant sa durée la
distance entre Suez et les Lacs Amers.
Le maintien du niveau du canal, depuis les Lacs
Amers jusqu'à Péluse, ne retirerait donc aucun profit
de ce flux plus élevé de la mer Rouge. Il perdrait plutôt
considérablement par l'évaporation naturelle; et, mal-
gré tous les moyens qu'on pourrait y opposer, la sta-
gnation de l'eau entre les écluses favoriserait peu à peu
l'ensablement du canal.
Ainsi, point d'écluses; mais un canal toujours libre,
toujours suffisamment entretenu par l'eau des deux
mers ; toujours accessible aux navires marchands de
toute grandeur; canal dont les rives devront, partout
où le sable domine , recevoir un revêtement en pierres;
et à peu près au milieu du canal, dans le bassin naturel
du lac Timsah, un vaste port préparé par la nature,
où le canal maritime se reliera avec le Nil.
C'est ici, mais seulement ici, que des écluses sont
indispensables. Elles le sont, parce que le Nil, près du
Caire, est environ de quatorze mètres plus élevé que ne
le sera le niveau du canal maritime au lac Timsah; et
parce que l'eau du Nil ne doit pas entrer dans le canal,
tant pour des raisons hygiéniques, que pour éviter
l'envasement.
Le but du canal d'eau douce est de pourvoir au besoin
d'eau à l'époque des travaux, comme aussi plus tard,
et dans tous les temps, de satisfaire aux besoins des
navires qui feront le trajet, et de la culture qui s'éta-
blira; de fertiliser l'immense plaine qui longera le canal
maritime, et de la relier à l'intérieur du pays.
De cette manière, les voies de communication de
l'Egypte obtiendront un complément qui développera
dans toutes les autres branches du commerce une acti-
vité dont l'étendue est incalculable.
Le pays sera baigné de trois côtés par la mer; sa
force productive sera considérablement augmentée. Il
sera ouvert à l'esprit d'entreprise de toutes les nations
un vaste champ sur lequel les capitaux qui ne peuvent,
par la voie du Cap, fructifier qu'une fois par an, trou-
veront un quadruple emploi, et par conséquent une
rémunération proportionnelle ; tandis que le port d'A-
lexandrie, toujours florissant par le commerce de l'Egypte
avec l'Europe, verra son importance augmentée encore
par la force productive du pays, et par le commerce
entre l'Europe et les Indes, dont la plus grande partie
prend aujourd'hui, au détriment de l'Egypte, la voie
du Cap, exploitée à peu près exclusivement par l'An-
gleterre.
DE NEGRELLI MOLDELBE,
Membre de la Commission internationale.
LE CHAMEAU.
Suite et tin.*
L'allure du chameau n'est lente qu'à l'apparence. Cornute
ses jambes sont fort grandes, le pas est fort allongé, et
l'animal, sans se presser, peut faire une bonne lieue à l'heure.
Quand il se met au trot, il en fait aisément trois et quatre, et
il soutient cette allure pendant vingt-quatre heures de suite-
Jugez du chemin qu'il fait. Aristote prétend qu'il y a des dro-
madaires qui dépassent les chevaux les plus rapides à la
course, et notamment les chevaux de Nissa ; il en donne la
raison que je viens de dire moi-même : la longueur de leur
pas. Je ne conteste point cette assertion, qui peut être vraie de
quelques dromadaires d'élite, mais ceci doit s'entendre exclu*
sivement du trot. Les nôtres, en général, auraient eu, je
crois, la plus grande peine à se mettre au galop, et je ual
rien vu qui pût faire soupçonner qu'ils voulussent prendre
cette effrayante allure.
Sur les chevaux, le galop est ordinairement plus doux et
plus commode que le trot, parce que les réactions sont plus
longues. Sur le chameau, le galop est absolument intolérable-
Il est vrai que les chameaux ne se le permettent guère q"
l'époque du rut. Mais dans ces moments, il n'y a pas de cava-
lier qui puisse se maintenir en selle, quelque force, quelque
souplesse qu'il ait. Bon gré, mal gré, il faut tomber avec ph's
ou moins de danger et de contusions. Pour réfréner ces pértl-
leux emportements, on passe un fil dans la narine du cha-
meau au moyen d'une aiguille, et l'on est sûr avec ce frein,
tout léger qu'il est, de le dompter ou plutôt de lui rendre sa
douceur habituelle. Il n'y a guère de Bédouin, quand il monte
à dromadaire, qui n'ait dans sa poche son aiguille et son fil;
et quand il a été terrassé, il fait cette petite opération à sa bête,
dès qu'il la rattrape.
Mais même sans cette folie passagère du rut, le chameau
peut faire des courses incroyables, et rien qu'au trot. Méhé-
met-Ali, de retour d'une expédition en Arabie, apprit à SueZ
qu'une révolte était imminente au Caire, il partit sur-le-
champ, et en 9 heures il fit les 32 lieues sans s'arrêter. Ce
qu'il y eut peut-être de plus étonnant encore, c'est que son
saïs, fidèle jusqu'à en mourir, fit les 32 lieues aussi vite que
le chameau, en s'attachant par la main aux cordons et aux
banderoles qui pendent d'ordinaire aux selles richement or-
nées. Ce fait est'parfaitement notoire en Égypte, et le saïs
vécut de très-longues années encore après cette course fabu-
leuse et à toute volée.
M. le lieutenant Wellstcd a vu une course de chameaux
qu'on fit jouter comme joutent nos chevaux de race. C'était
dans la tribu de Généha, une des plus importantes du Hedjaz
(Travels in Arabia, t. Ier, p. 71). Malgré toute son estime
pour le chameau, il ne put beaucoup l'admirer sous cet aspect
insolite. Des chameaux courir à qui gagnera le prix de la vi-
tesse ! C'était une étrange idée, qui ne convenait guère à la
gravité de la bête. Elle n'est pas faite pour perdre ainsi ses
forces et son temps; elle n'a rien de la légèreté et de l'élégance
qui conviennent à ces parades. Au trot, la chose eùt peut-être
été possible ; au galop, il paraît qu'elle réussit assez mal. Les
chameaux, après une assez faible course, étaient hors d'eux;
et si l'on n'eût arrêté assez promptement cette excitation ex-
traordinaire, il serait arrivé plus d'un malheur.
Loin de croire avec Aristote que le chameau peut rivaliser
avec le cheval, M. Wellsted croit que le galop d'un chameau
va tout au plus au tiers de celui d'un cheval vigoureux. Autant
que j'en puis juger, l'évaluation comparative doit être exacte;
il est clair pour moi que le chameau doit être distancé en
* Voir le numéro du 25 septembre.
feraient loi, à tout jamais, pour la grandeur des na-
vires trafiquant avec l'océan Indien.
Les écluses proposées à 113 kilomètres l'une de
l'autre ne serviraient pas à maintenir plus élevée la
hauteur de l'eau du canal entre les deux points extrê-
mes, en exploitant le flux plus élevé de la mer Rouge,
parce que ce flux, qui en moyenne n'atteint que 5 p.
8 p., pourrait à peine parcourir pendant sa durée la
distance entre Suez et les Lacs Amers.
Le maintien du niveau du canal, depuis les Lacs
Amers jusqu'à Péluse, ne retirerait donc aucun profit
de ce flux plus élevé de la mer Rouge. Il perdrait plutôt
considérablement par l'évaporation naturelle; et, mal-
gré tous les moyens qu'on pourrait y opposer, la sta-
gnation de l'eau entre les écluses favoriserait peu à peu
l'ensablement du canal.
Ainsi, point d'écluses; mais un canal toujours libre,
toujours suffisamment entretenu par l'eau des deux
mers ; toujours accessible aux navires marchands de
toute grandeur; canal dont les rives devront, partout
où le sable domine , recevoir un revêtement en pierres;
et à peu près au milieu du canal, dans le bassin naturel
du lac Timsah, un vaste port préparé par la nature,
où le canal maritime se reliera avec le Nil.
C'est ici, mais seulement ici, que des écluses sont
indispensables. Elles le sont, parce que le Nil, près du
Caire, est environ de quatorze mètres plus élevé que ne
le sera le niveau du canal maritime au lac Timsah; et
parce que l'eau du Nil ne doit pas entrer dans le canal,
tant pour des raisons hygiéniques, que pour éviter
l'envasement.
Le but du canal d'eau douce est de pourvoir au besoin
d'eau à l'époque des travaux, comme aussi plus tard,
et dans tous les temps, de satisfaire aux besoins des
navires qui feront le trajet, et de la culture qui s'éta-
blira; de fertiliser l'immense plaine qui longera le canal
maritime, et de la relier à l'intérieur du pays.
De cette manière, les voies de communication de
l'Egypte obtiendront un complément qui développera
dans toutes les autres branches du commerce une acti-
vité dont l'étendue est incalculable.
Le pays sera baigné de trois côtés par la mer; sa
force productive sera considérablement augmentée. Il
sera ouvert à l'esprit d'entreprise de toutes les nations
un vaste champ sur lequel les capitaux qui ne peuvent,
par la voie du Cap, fructifier qu'une fois par an, trou-
veront un quadruple emploi, et par conséquent une
rémunération proportionnelle ; tandis que le port d'A-
lexandrie, toujours florissant par le commerce de l'Egypte
avec l'Europe, verra son importance augmentée encore
par la force productive du pays, et par le commerce
entre l'Europe et les Indes, dont la plus grande partie
prend aujourd'hui, au détriment de l'Egypte, la voie
du Cap, exploitée à peu près exclusivement par l'An-
gleterre.
DE NEGRELLI MOLDELBE,
Membre de la Commission internationale.
LE CHAMEAU.
Suite et tin.*
L'allure du chameau n'est lente qu'à l'apparence. Cornute
ses jambes sont fort grandes, le pas est fort allongé, et
l'animal, sans se presser, peut faire une bonne lieue à l'heure.
Quand il se met au trot, il en fait aisément trois et quatre, et
il soutient cette allure pendant vingt-quatre heures de suite-
Jugez du chemin qu'il fait. Aristote prétend qu'il y a des dro-
madaires qui dépassent les chevaux les plus rapides à la
course, et notamment les chevaux de Nissa ; il en donne la
raison que je viens de dire moi-même : la longueur de leur
pas. Je ne conteste point cette assertion, qui peut être vraie de
quelques dromadaires d'élite, mais ceci doit s'entendre exclu*
sivement du trot. Les nôtres, en général, auraient eu, je
crois, la plus grande peine à se mettre au galop, et je ual
rien vu qui pût faire soupçonner qu'ils voulussent prendre
cette effrayante allure.
Sur les chevaux, le galop est ordinairement plus doux et
plus commode que le trot, parce que les réactions sont plus
longues. Sur le chameau, le galop est absolument intolérable-
Il est vrai que les chameaux ne se le permettent guère q"
l'époque du rut. Mais dans ces moments, il n'y a pas de cava-
lier qui puisse se maintenir en selle, quelque force, quelque
souplesse qu'il ait. Bon gré, mal gré, il faut tomber avec ph's
ou moins de danger et de contusions. Pour réfréner ces pértl-
leux emportements, on passe un fil dans la narine du cha-
meau au moyen d'une aiguille, et l'on est sûr avec ce frein,
tout léger qu'il est, de le dompter ou plutôt de lui rendre sa
douceur habituelle. Il n'y a guère de Bédouin, quand il monte
à dromadaire, qui n'ait dans sa poche son aiguille et son fil;
et quand il a été terrassé, il fait cette petite opération à sa bête,
dès qu'il la rattrape.
Mais même sans cette folie passagère du rut, le chameau
peut faire des courses incroyables, et rien qu'au trot. Méhé-
met-Ali, de retour d'une expédition en Arabie, apprit à SueZ
qu'une révolte était imminente au Caire, il partit sur-le-
champ, et en 9 heures il fit les 32 lieues sans s'arrêter. Ce
qu'il y eut peut-être de plus étonnant encore, c'est que son
saïs, fidèle jusqu'à en mourir, fit les 32 lieues aussi vite que
le chameau, en s'attachant par la main aux cordons et aux
banderoles qui pendent d'ordinaire aux selles richement or-
nées. Ce fait est'parfaitement notoire en Égypte, et le saïs
vécut de très-longues années encore après cette course fabu-
leuse et à toute volée.
M. le lieutenant Wellstcd a vu une course de chameaux
qu'on fit jouter comme joutent nos chevaux de race. C'était
dans la tribu de Généha, une des plus importantes du Hedjaz
(Travels in Arabia, t. Ier, p. 71). Malgré toute son estime
pour le chameau, il ne put beaucoup l'admirer sous cet aspect
insolite. Des chameaux courir à qui gagnera le prix de la vi-
tesse ! C'était une étrange idée, qui ne convenait guère à la
gravité de la bête. Elle n'est pas faite pour perdre ainsi ses
forces et son temps; elle n'a rien de la légèreté et de l'élégance
qui conviennent à ces parades. Au trot, la chose eùt peut-être
été possible ; au galop, il paraît qu'elle réussit assez mal. Les
chameaux, après une assez faible course, étaient hors d'eux;
et si l'on n'eût arrêté assez promptement cette excitation ex-
traordinaire, il serait arrivé plus d'un malheur.
Loin de croire avec Aristote que le chameau peut rivaliser
avec le cheval, M. Wellsted croit que le galop d'un chameau
va tout au plus au tiers de celui d'un cheval vigoureux. Autant
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* Voir le numéro du 25 septembre.
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