Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 septembre 1856 10 septembre 1856
Description : 1856/09/10 (A1,N6). 1856/09/10 (A1,N6).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202051m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
92 L'ISTHME DE SUEZ,
traversent l'Atlantique pour aboutir aux Indes et aux autres
contrées de l'Asie, et le nouveau bassin eût concentré dans
notre port une immense activité commerciale. »
Ces observations semblent avoir fait sur le gouvernement
anglais une impression que n'avaient pu produire encore les
insistances du commerce maltais, et dès le 6 août suivant, le
Porlafoglio publiait la note suivante :
« Dans notre numéro du 23 juillet nous exprimions notre
déplaisir à propos des difficultés opposées par le gouverne-
ment local et le département du génie, à la construction d'un
bassin de commerce sous la colline de Conradin ; maintenant
nous apprenons avec plaisir que le gouvernement est en
négociation pour résoudre la difficulté d'une manière satis-
faisante. »
Ainsi, l'Angleterre, toujours vigilante sur l'avenir de ses
intérêts et la marche du progrès commercial, s'apprête à faire
à Malte un port de commerce d'une importance égale à celle
de son port militaire. Est-il téméraire d'y entrevoir son sen-
timent sur la prochaine exécution du canal maritime, et sur
les destinées qu'il promet à la plus belle de ses possessions
méditerranéennes?
D'un autre côté le Bollettino dell' istmo di Suez annonce
qu'à l'exemple de l'Institut de Venise, le conseil municipal de
cette cité se préoccupe de plus en plus du parti à tirer de la
nouvelle voie pour le commerce vénitien. Il a nommé une
commission pour en étudier et proposer les moyens, et il a
mis à sa disposition, pour les besoins de ses travaux, une
somme de 10,000 livres.
Un grand nombre de journaux continuent à nous emprunter
ce qui dans notre publication leur paraît de nature à intéres-
ser le public. Parmi les feuilles parisiennes qui en dernier
lieu ont traité à différents points de vue la question de l'isthme
de Suez, la Presse a publié, dans son numéro du 20 août, un
article remarquable, dont nous reproduisons quelques pas-
sages.
« Nous ne disons rien des facilités que les navires à voiles
pourront trouver à traverser la mer Rouge quand cette mer
redoutable aura, comme la Manche, des balises, des phares
et des pilotes. Nous n'essayerons même pas de traiter la ques-
tion du remorquage. Nos pressentiments, s'il faut les avouer,
nous disent que le temps n'est pas loin où chaque navire à
voiles possédera dans ses flancs le moyen de se passer de re-
morqueur. Les appareils à vapeur font chaque jour de tels
progrès qu'il ne sera pas nécessaire de réformer le matériel
naval existant aujourd'hui pour le doter des avantages assu-
rés aux navires mixtes.
,, Il n'y aura si mince caboteur à bord duquel une machine
auxiliaire ne puisse trouver place. Depuis quand, en effet,
a-t-on vu un siècle manquer à ses destinées ? Et quelles sont
celles du nôtre, si ce n'est d'être grand par l'industrie, par le
bon emploi du temps, par l'effacement des distances?
» Oui, nous ne craignons pas de le dire, au point où en est
arrivée la science, un navire de commerce uniquement à
voiles nous semble déjà un reste de barbarie. Nous osons
espérer qu'avant quatre ou cinq ans il n'y aura plus dans les
mers d'Europe de navires se servant exclusivement de ce
moteur vieilli que quelques misérables barques se traînant
péniblement de cap en cap. Mais cette transformation, si
facile à accomplir pour les bâtiments qui naviguent à portée
des dépôts de charbon, devient impossible ou du moins très-
onéreuse pour ceux qui ont à traverser les grandes mers du
globe. Eh bien! de bonne foi, croyez-vous que le commerce
subisse sans impatience les lenteurs inhérentes à l'ancien
mode de navigation, quand il verra le profit que, dans nos
mers européennes, les armateurs auront su tirer de l'apph'
cation de l'hélice aux navires à voiles ? à Cette
» Le commerce des grandes mers ne se résignera pas à cette
infériorité. Il voudra, lui aussi, épargner le temps et nlult'-
plier les voyages. Que fera-t-il pour cela? Eh! mon Dicu, ce
qu'il fait déjà ; car il semble que c'est de l'avenir que nous
parlons, et c'est le présent qui nous presse. Le commerce
tentera des essais semblables à ceux de MM. Scott et RusscH-
Il songera à construire des navires qui, comme le Great"
Eastern, puissent emporter dans l'Inde ou en Australie Ie
combustible nécessaire pour les deux traversées d'aller c
de retour.
,, Mais ces immenses expéditions sur un navire représel"
tant la condensation de toute une flotte ont leurs inconve'
nients. L'Himalaya et le Persia semblent déjà d'un tonnage
trop considérable aux spéculateurs; que sera-ce donc do
Great-Easlem, si jamais il s'achève? Une cargaison concen"
trée sur un seul navire, au lieu d'être disséminée sur huit011
dix bâtiments, demande, pour être mise à terre, huit ou d"'
fois plus de temps; c'est la conséquence forcée du nombre
restreint des écoutilles. Dans l'expédition de Crimée, on a
fait plus d'une fois la fâcheuse expérience des désavantages
attachés à l'emploi de ces gros porteurs. Des clippers amer."
cains ou des steamers anglais ont passé des mois entiers dafls
le port de Kamiesch, au grand préjudice du trésor et &
l'approvisionnement de l'armée, avant qu'on ait pu réussir a
terminer leur déchargement.
« Ce n'est là pourtant que l'inconvénient résultant de rio"
suffisance des ouvertures par lesquelles on peut atteindre la
cargaison, et de l'obligation d'élever chaque colis à une hau.
teur plus que double et presque triple. Il est un autre incon:
vénient bien plus grave et qui rendra probablement l'emp'01
des léviathans de Blakwall impossible : c'est le tirant d'eau
démesuré qui leur interdira l'entrée de la plupart des ports
ou qui les arrêtera à une telle distance de la côte, que le
transbordement de leur cargaison dans des alléges ou dans
des bâtiments de faible tonnage deviendra une opération iu-
dispensable. Souvent entravée par l'état de la mer, cette opé'
ration fera plus que compenser le bénéfice du temps gagne
par l'emploi de la vapeur et par l'augmentation de la vitesse
due aux proportions colossales du navire.
» Le commerce n'admettra point longtemps une pareille solo"
tion du problème qui le préoccupe à juste titre. Il demandera
des navires qui puissent entrer dans les docks et accoster Il
long des quais. Si de telles conditions sont admises, nous
portons le défi aux esprits les plus audacieux de trouver pour
arriver au but qu'on se propose un autre procédé que le per'
cement de l'isthme de Suez. Cette grande entreprise n'aura
donc point à solliciter la transformation de la marine mar'
chande. Ce sera la marine marchande qui, pour se transfor"
mer, sollicitera le percement de l'isthme de Suez. En vérité,
nous ne croyons pas qu'il y ait un seul remorqueur appelé à
traverser le canal de la Compagnie universelle ou la mC
Rouge. Les habitudes routinières qui peuvent obliger à dis"
cuter cette éventualité, nous rappellent les résistances que la
transformation de notre marine militaire à dû subir. Les
faits heureusement de nos jours vont plus vite que bien des
esprits. »
Pour extraits ;
ERNEST DESPLACES.
traversent l'Atlantique pour aboutir aux Indes et aux autres
contrées de l'Asie, et le nouveau bassin eût concentré dans
notre port une immense activité commerciale. »
Ces observations semblent avoir fait sur le gouvernement
anglais une impression que n'avaient pu produire encore les
insistances du commerce maltais, et dès le 6 août suivant, le
Porlafoglio publiait la note suivante :
« Dans notre numéro du 23 juillet nous exprimions notre
déplaisir à propos des difficultés opposées par le gouverne-
ment local et le département du génie, à la construction d'un
bassin de commerce sous la colline de Conradin ; maintenant
nous apprenons avec plaisir que le gouvernement est en
négociation pour résoudre la difficulté d'une manière satis-
faisante. »
Ainsi, l'Angleterre, toujours vigilante sur l'avenir de ses
intérêts et la marche du progrès commercial, s'apprête à faire
à Malte un port de commerce d'une importance égale à celle
de son port militaire. Est-il téméraire d'y entrevoir son sen-
timent sur la prochaine exécution du canal maritime, et sur
les destinées qu'il promet à la plus belle de ses possessions
méditerranéennes?
D'un autre côté le Bollettino dell' istmo di Suez annonce
qu'à l'exemple de l'Institut de Venise, le conseil municipal de
cette cité se préoccupe de plus en plus du parti à tirer de la
nouvelle voie pour le commerce vénitien. Il a nommé une
commission pour en étudier et proposer les moyens, et il a
mis à sa disposition, pour les besoins de ses travaux, une
somme de 10,000 livres.
Un grand nombre de journaux continuent à nous emprunter
ce qui dans notre publication leur paraît de nature à intéres-
ser le public. Parmi les feuilles parisiennes qui en dernier
lieu ont traité à différents points de vue la question de l'isthme
de Suez, la Presse a publié, dans son numéro du 20 août, un
article remarquable, dont nous reproduisons quelques pas-
sages.
« Nous ne disons rien des facilités que les navires à voiles
pourront trouver à traverser la mer Rouge quand cette mer
redoutable aura, comme la Manche, des balises, des phares
et des pilotes. Nous n'essayerons même pas de traiter la ques-
tion du remorquage. Nos pressentiments, s'il faut les avouer,
nous disent que le temps n'est pas loin où chaque navire à
voiles possédera dans ses flancs le moyen de se passer de re-
morqueur. Les appareils à vapeur font chaque jour de tels
progrès qu'il ne sera pas nécessaire de réformer le matériel
naval existant aujourd'hui pour le doter des avantages assu-
rés aux navires mixtes.
,, Il n'y aura si mince caboteur à bord duquel une machine
auxiliaire ne puisse trouver place. Depuis quand, en effet,
a-t-on vu un siècle manquer à ses destinées ? Et quelles sont
celles du nôtre, si ce n'est d'être grand par l'industrie, par le
bon emploi du temps, par l'effacement des distances?
» Oui, nous ne craignons pas de le dire, au point où en est
arrivée la science, un navire de commerce uniquement à
voiles nous semble déjà un reste de barbarie. Nous osons
espérer qu'avant quatre ou cinq ans il n'y aura plus dans les
mers d'Europe de navires se servant exclusivement de ce
moteur vieilli que quelques misérables barques se traînant
péniblement de cap en cap. Mais cette transformation, si
facile à accomplir pour les bâtiments qui naviguent à portée
des dépôts de charbon, devient impossible ou du moins très-
onéreuse pour ceux qui ont à traverser les grandes mers du
globe. Eh bien! de bonne foi, croyez-vous que le commerce
subisse sans impatience les lenteurs inhérentes à l'ancien
mode de navigation, quand il verra le profit que, dans nos
mers européennes, les armateurs auront su tirer de l'apph'
cation de l'hélice aux navires à voiles ? à Cette
» Le commerce des grandes mers ne se résignera pas à cette
infériorité. Il voudra, lui aussi, épargner le temps et nlult'-
plier les voyages. Que fera-t-il pour cela? Eh! mon Dicu, ce
qu'il fait déjà ; car il semble que c'est de l'avenir que nous
parlons, et c'est le présent qui nous presse. Le commerce
tentera des essais semblables à ceux de MM. Scott et RusscH-
Il songera à construire des navires qui, comme le Great"
Eastern, puissent emporter dans l'Inde ou en Australie Ie
combustible nécessaire pour les deux traversées d'aller c
de retour.
,, Mais ces immenses expéditions sur un navire représel"
tant la condensation de toute une flotte ont leurs inconve'
nients. L'Himalaya et le Persia semblent déjà d'un tonnage
trop considérable aux spéculateurs; que sera-ce donc do
Great-Easlem, si jamais il s'achève? Une cargaison concen"
trée sur un seul navire, au lieu d'être disséminée sur huit011
dix bâtiments, demande, pour être mise à terre, huit ou d"'
fois plus de temps; c'est la conséquence forcée du nombre
restreint des écoutilles. Dans l'expédition de Crimée, on a
fait plus d'une fois la fâcheuse expérience des désavantages
attachés à l'emploi de ces gros porteurs. Des clippers amer."
cains ou des steamers anglais ont passé des mois entiers dafls
le port de Kamiesch, au grand préjudice du trésor et &
l'approvisionnement de l'armée, avant qu'on ait pu réussir a
terminer leur déchargement.
« Ce n'est là pourtant que l'inconvénient résultant de rio"
suffisance des ouvertures par lesquelles on peut atteindre la
cargaison, et de l'obligation d'élever chaque colis à une hau.
teur plus que double et presque triple. Il est un autre incon:
vénient bien plus grave et qui rendra probablement l'emp'01
des léviathans de Blakwall impossible : c'est le tirant d'eau
démesuré qui leur interdira l'entrée de la plupart des ports
ou qui les arrêtera à une telle distance de la côte, que le
transbordement de leur cargaison dans des alléges ou dans
des bâtiments de faible tonnage deviendra une opération iu-
dispensable. Souvent entravée par l'état de la mer, cette opé'
ration fera plus que compenser le bénéfice du temps gagne
par l'emploi de la vapeur et par l'augmentation de la vitesse
due aux proportions colossales du navire.
» Le commerce n'admettra point longtemps une pareille solo"
tion du problème qui le préoccupe à juste titre. Il demandera
des navires qui puissent entrer dans les docks et accoster Il
long des quais. Si de telles conditions sont admises, nous
portons le défi aux esprits les plus audacieux de trouver pour
arriver au but qu'on se propose un autre procédé que le per'
cement de l'isthme de Suez. Cette grande entreprise n'aura
donc point à solliciter la transformation de la marine mar'
chande. Ce sera la marine marchande qui, pour se transfor"
mer, sollicitera le percement de l'isthme de Suez. En vérité,
nous ne croyons pas qu'il y ait un seul remorqueur appelé à
traverser le canal de la Compagnie universelle ou la mC
Rouge. Les habitudes routinières qui peuvent obliger à dis"
cuter cette éventualité, nous rappellent les résistances que la
transformation de notre marine militaire à dû subir. Les
faits heureusement de nos jours vont plus vite que bien des
esprits. »
Pour extraits ;
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