Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 août 1856 25 août 1856
Description : 1856/08/25 (A1,N5). 1856/08/25 (A1,N5).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. - 69
paient que pour piller les voyageurs ou se battre entre
eux.
Eh bien! aujourd'hui, cette même Égypte verse régu-
erenient, et quelquefois par avance, au trésor impérial,
Un tribut annuel qui, tous frais d'administration payés,
A Se eve pas à moins de douze millions de francs.
A cette large contribution viennent s'ajouter en main-
tes occasions des dons volontaires, dont le chiffre a de
Importance.
En outre, durant la dernière guerre, l'Égypte a pu,
Sans diminuer la force publique nécessaire à la garde et
à a police du pays, fournir à la Sublime Porte un con-
nut considérable de soldats courageux et disciplinés
qUI ont glorieusement combattu sur les bords du Da-
nube et en Crimée , ainsi qu'une division navale com-
Posée de plusieurs frégates et vaisseaux dont quelques-
Uns ont partagé le désastre de Sinope. Ce n'est pas tout :
garante mille fusils, des approvisionnements et des
munitions de toute sorte ont été tirés des magasins et
des arsenaux du Caire et d'Alexandrie pour être offerts
à ta métropole.
Dans toutes les mosquées de l'Égypte, la prière se fait
au nom du sultan; son chiffre est inscrit sur les éten-
dards de l'armée indigène. Le canal du Nil à Alexandrie,
e plus grand monument de l'Égypte moderne, le bar-
rage du Nil, proclament assez haut, par les appellations
Jïu ils ont reçues, les noms des monarques sous lesquels
dg ont été exécutés. Prestations effectives et obligatoires
enVers la Sublime Porte, symboles extérieurs, tout ré-
vèle et consacre aujourd'hui en Égypte la souveraineté
du sultan. ;
Ce rapprochement entre le passé et le présent est
assez concluant; nous ne le pousserons pas plus loin.
Les vrais amis de l'empire ottoman, ceux qui regar-
dent comme inséparables la prospérité de l'Égypte et la
régénération de la Turquie, doivent donc s'attacher à
maintenir les principes qui ont donné naissance à la
transaction de 1841. Les alliés du généreux Abdul-
foedjid ont bien senti que l'œuvre de la délivrance ne
Serait complète qu'autant qu'ils éclaireraient la Su-
blime Porte sur la marche à suivre pour dégager les
forces vitales de l'Empire des éléments délétères qui les
frappent d'inertie. Déjà, par leurs avis, de sages réfor-
mes sont au moment de s'accomplir, de larges voies
de communication vont faire pénétrer dans l'intérieur
de l'Empire le mouvement qui donne la vie au com-
merce et à l'agriculture; et les capitaux étrangers
pourront y mettre en valeur les richesses du sol.
L'Egypte a eu la gloire de prendre l'initiative de ce mou-
Vement. Depuis plus d'un quart de siècle la tolérance
religieuse la plus large est dans la pratique du gouver-
nement égyptien ; et bien avant que l'égalité des droits
eut été formulée dans la législation de la métropole, les
chrétiens se voyaient, en Égypte, élevés aux mêmes
3rades, aux mêmes honneurs que les musulmans.
Si de la question de principe nous passons à la qurs-
tion de personne, il sera facile de démontrer que les
intérêts de la Turquie, liés à ceux de l'Égypte, ne ris-
quent en aucune façon de péricliter sous l'administra-
tion du vice-roi actuel, prince qui, répudiant les tradi-
tions léguées par ses prédécesseurs, a spontanément
renoncé à se faire le premier agriculteur, le premier
négociant de l'Égypte, qui a levé les entraves mises à
la liberté des transactions commerciales, et qui, le len-
demain de son avènement, ordonnait de compléter le
chemin de fer d'Alexandrie à la mer Rouge, en même
temps qu'il prenait la résolution de faire ouvrir au
monde la plus importante des voies de communication
par le percement de l'isthme de Suez.
FERD. DE LESSEPS.
RÈGLEMENT POUR LES OUVRIERS FELLAHS
QU'EMPLOIERA LA COMPAGNIE UNIVERSELLE DE SUEZ.
L'acte de concession du canal maritime de Suez
contenait l'assurance implicite que la Compagnie uni-
verselle aurait à sa disposition tous les ouvriers néces-
saires à l'exécution de l'entreprise.
L'article 2 dispose que, dans tous les cas, les quatre
cinquièmes au moins des ouvriers employés aux tra-
vaux seront égyptiens.
L'article 22 promet à la Compagnie le loyal et entier
concours du gouvernement et de ses fonctionnaires. Il
attache à la Compagnie les deux principaux ingénieurs
du vice-roi, qui seront chargés de la conduite des tra-
vaux, de la surveillance des ouvriers et de l'exécution
des règlements relatifs à la mise en œuvre.
L'application pratique du principe et la détermina-
tion des conditions et clauses attachées à son exécution
restaient pour la Compagnie un de ses intérêts les plus
essentiels, la garantie la plus solide du prompt et éco-
nomique achèvement des travaux.
Il s'agissait pour elle d'être assurée de ne pas man-
quer dans le cours des travaux d'un nombre suffisant
d'ouvriers disponibles, vigoureux, acclimatés, et de
fixer un maximum de prix des salaires pour la régula-
rité et la sincérité du devis des dépenses que les ingé-
nieurs de la Commission scientifique internationale vont
bientôt présenter dans tous ses détails.
Il s'agissait aussi, pour la complète sécurité du travail,
d'obtenir une grande concentration de travailleurs,
dans des conditions d'ordre, de discipline et de bien-
être qui répondissent à toutes les appréhensions et fus-
sent de nature à présenter des avantages réciproques au
travail d'un côté, et au capital de l'autre.
C'est dans ce but que le 20 juillet dernier S. A. Mo-
hammed-Saïd a bien voulu remettre entre mes mains
le décret auquel il m'a paru convenable de donner de la
publicité, afin de rassurer à l'avance tous les intérêts et
de répondre à beaucoup d'objections qui ont été faites
contre la facilité d'exécution du canal des Deux-Mers.
Gràce à cet acte, la Compagnie sera désormais cer-
taine d'avoir à sa disposition les ouvriers que les ingé-
nieurs en chef jugeront nécessaires, sans provoquer
ces grands déplacements de travailleurs européens ,
auxquels nous n'avions jamais dû avoir recours, mais
dans lesquels on se plaisait gratuitement à signaler à
paient que pour piller les voyageurs ou se battre entre
eux.
Eh bien! aujourd'hui, cette même Égypte verse régu-
erenient, et quelquefois par avance, au trésor impérial,
Un tribut annuel qui, tous frais d'administration payés,
A Se eve pas à moins de douze millions de francs.
A cette large contribution viennent s'ajouter en main-
tes occasions des dons volontaires, dont le chiffre a de
Importance.
En outre, durant la dernière guerre, l'Égypte a pu,
Sans diminuer la force publique nécessaire à la garde et
à a police du pays, fournir à la Sublime Porte un con-
nut considérable de soldats courageux et disciplinés
qUI ont glorieusement combattu sur les bords du Da-
nube et en Crimée , ainsi qu'une division navale com-
Posée de plusieurs frégates et vaisseaux dont quelques-
Uns ont partagé le désastre de Sinope. Ce n'est pas tout :
garante mille fusils, des approvisionnements et des
munitions de toute sorte ont été tirés des magasins et
des arsenaux du Caire et d'Alexandrie pour être offerts
à ta métropole.
Dans toutes les mosquées de l'Égypte, la prière se fait
au nom du sultan; son chiffre est inscrit sur les éten-
dards de l'armée indigène. Le canal du Nil à Alexandrie,
e plus grand monument de l'Égypte moderne, le bar-
rage du Nil, proclament assez haut, par les appellations
Jïu ils ont reçues, les noms des monarques sous lesquels
dg ont été exécutés. Prestations effectives et obligatoires
enVers la Sublime Porte, symboles extérieurs, tout ré-
vèle et consacre aujourd'hui en Égypte la souveraineté
du sultan. ;
Ce rapprochement entre le passé et le présent est
assez concluant; nous ne le pousserons pas plus loin.
Les vrais amis de l'empire ottoman, ceux qui regar-
dent comme inséparables la prospérité de l'Égypte et la
régénération de la Turquie, doivent donc s'attacher à
maintenir les principes qui ont donné naissance à la
transaction de 1841. Les alliés du généreux Abdul-
foedjid ont bien senti que l'œuvre de la délivrance ne
Serait complète qu'autant qu'ils éclaireraient la Su-
blime Porte sur la marche à suivre pour dégager les
forces vitales de l'Empire des éléments délétères qui les
frappent d'inertie. Déjà, par leurs avis, de sages réfor-
mes sont au moment de s'accomplir, de larges voies
de communication vont faire pénétrer dans l'intérieur
de l'Empire le mouvement qui donne la vie au com-
merce et à l'agriculture; et les capitaux étrangers
pourront y mettre en valeur les richesses du sol.
L'Egypte a eu la gloire de prendre l'initiative de ce mou-
Vement. Depuis plus d'un quart de siècle la tolérance
religieuse la plus large est dans la pratique du gouver-
nement égyptien ; et bien avant que l'égalité des droits
eut été formulée dans la législation de la métropole, les
chrétiens se voyaient, en Égypte, élevés aux mêmes
3rades, aux mêmes honneurs que les musulmans.
Si de la question de principe nous passons à la qurs-
tion de personne, il sera facile de démontrer que les
intérêts de la Turquie, liés à ceux de l'Égypte, ne ris-
quent en aucune façon de péricliter sous l'administra-
tion du vice-roi actuel, prince qui, répudiant les tradi-
tions léguées par ses prédécesseurs, a spontanément
renoncé à se faire le premier agriculteur, le premier
négociant de l'Égypte, qui a levé les entraves mises à
la liberté des transactions commerciales, et qui, le len-
demain de son avènement, ordonnait de compléter le
chemin de fer d'Alexandrie à la mer Rouge, en même
temps qu'il prenait la résolution de faire ouvrir au
monde la plus importante des voies de communication
par le percement de l'isthme de Suez.
FERD. DE LESSEPS.
RÈGLEMENT POUR LES OUVRIERS FELLAHS
QU'EMPLOIERA LA COMPAGNIE UNIVERSELLE DE SUEZ.
L'acte de concession du canal maritime de Suez
contenait l'assurance implicite que la Compagnie uni-
verselle aurait à sa disposition tous les ouvriers néces-
saires à l'exécution de l'entreprise.
L'article 2 dispose que, dans tous les cas, les quatre
cinquièmes au moins des ouvriers employés aux tra-
vaux seront égyptiens.
L'article 22 promet à la Compagnie le loyal et entier
concours du gouvernement et de ses fonctionnaires. Il
attache à la Compagnie les deux principaux ingénieurs
du vice-roi, qui seront chargés de la conduite des tra-
vaux, de la surveillance des ouvriers et de l'exécution
des règlements relatifs à la mise en œuvre.
L'application pratique du principe et la détermina-
tion des conditions et clauses attachées à son exécution
restaient pour la Compagnie un de ses intérêts les plus
essentiels, la garantie la plus solide du prompt et éco-
nomique achèvement des travaux.
Il s'agissait pour elle d'être assurée de ne pas man-
quer dans le cours des travaux d'un nombre suffisant
d'ouvriers disponibles, vigoureux, acclimatés, et de
fixer un maximum de prix des salaires pour la régula-
rité et la sincérité du devis des dépenses que les ingé-
nieurs de la Commission scientifique internationale vont
bientôt présenter dans tous ses détails.
Il s'agissait aussi, pour la complète sécurité du travail,
d'obtenir une grande concentration de travailleurs,
dans des conditions d'ordre, de discipline et de bien-
être qui répondissent à toutes les appréhensions et fus-
sent de nature à présenter des avantages réciproques au
travail d'un côté, et au capital de l'autre.
C'est dans ce but que le 20 juillet dernier S. A. Mo-
hammed-Saïd a bien voulu remettre entre mes mains
le décret auquel il m'a paru convenable de donner de la
publicité, afin de rassurer à l'avance tous les intérêts et
de répondre à beaucoup d'objections qui ont été faites
contre la facilité d'exécution du canal des Deux-Mers.
Gràce à cet acte, la Compagnie sera désormais cer-
taine d'avoir à sa disposition les ouvriers que les ingé-
nieurs en chef jugeront nécessaires, sans provoquer
ces grands déplacements de travailleurs européens ,
auxquels nous n'avions jamais dû avoir recours, mais
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