Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 août 1856 25 août 1856
Description : 1856/08/25 (A1,N5). 1856/08/25 (A1,N5).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. Ci
0-1 bien elle a recouvré l'indépendance, soit à cause de
la faihlesse et de l'impéritie delà métropole, soit par
a défection de gouverneurs habiles à tirer parti des
rces du pays au profit de leur propre grandeur.
Qu a-t-on vu, par exemple, depuis la conquête de l'E-
gypte par le sultan Sélim en 1517? Son fils et successeur,
Soliman le Législateur, était à coup sûr un prince d'une
ileté et d'une expérience consommées. Il avait judi-
cieusement reconnu que l'Egypte devait être gouvernée
Une manière particulière. Mais il s'était trompé sur
U" point. En posant des limites trop étroites à l'autorité
espachas envoyés au Caire en qualité de gouverneurs,
en ne leur donnant qu'une position précaire, sans
Insistance, il leur avait ôté l'influence et le crédit né-
cessaires pour résister aux intrigues, aux factions et à
l'esprit de rébellion dont le germe est toujours quelque
Part en Egypte. Les mamelouks profitèrent de cette cir-
constance pour s'emparer du pouvoir et devenir en réa-
lité les maîtres du pays. Les gouverneurs ottomans
finirent bientôt par n'être plus que leurs prisonniers;
e| la Porte, privée de toute intervention dans l'admi-
'stration de l'Egypte, réduite à la promesse d'un faible
tribut qui, de fait, n'était jamais acquitté, ne conserva
Pendant plus de deux cents ans qu'une autorité pure-
ment nominale sur la conquête de Sélim.
p Le général Bonaparte avait commencé, au pied des
yramides, l'œuvre de la destruction du gouvernement
des beys, le pire de tous ceux qui ont pesé sur l'Egypte.
l\u départ de l'armée française, les troupes ottomanes,
avec l'assistance des Anglais, avaient installé des gou-
verneurs turcs dans les villes. Mais la Sublime Porte
n'avait point encore recouvré la possession effective du
Pays. Le désordre y régnait à ce point que les repré-
Sentants du souverain s'y voyaient frappés d'impuis-
sance. On peut dire que c'est Aléhémet-Ali qui a rendu
l'Egypte au sultan et qui l'a rendue dans la plénitude de
Ses ressources et dans toute sa valeur sociale, de telle
Sorte qu'elle fût à même de prêter à la métropole un
utile conctfUrs en soldats et en subsides.
Mais croit-on que Méhémet-Ali, malgré ses éminentes
Alités, eût accompli son œuvre s'il n'avait été in-
vesti que d'une autorité temporaire et limitée? Simple
gouverneur de province, Méhémet-Ali serait-il parvenu
a anéantir les tronçons- toujours vivaces des milices
clrcassiennes; à comprimer les ferments d'anarchie qui
Se produisaient sous toutes les formes; à mettre fin aux
déprédations d'un brigandage séculaire; à triompher
de la formidable insurrection qui en 1824 mit en feu
haute Égypte; à rendre les villes saintes à la vénéra-
Ílon des musulmans; à restaurer l'ordre et le travail,
exilés depuis si longtemps ; à réparer et à étendre, dans
des proportions inconnues jusqu'à lui, la canalisation
de la vallée du Nil ; à donner à l'agriculture l'impulsion
qui a décuplé la valeur du mouvement commercial de
%ypte? Simple gouverneur de province, Aléhémet-Ali
aurait-il, en un mot, créé l'administration active et
I;i,lilante qui, en fondant sur des bases solides la paix
lntéricure et la sécurité publique, a rouvert l'Egypte
an", explorations des voyageurs, aux études de la science,
aux entreprises du commerce étranger et au transit im-
portant de l'Angleterre avec les Indes?
Pour obtenir ces merveilleux résultats, il a fallu à
Méhémet-Ali, outre son génie, un pouvoir permanent,
incontesté, une complète liberté d'action et quarante
ans de travaux et d'efforts dirigés vers le même but. Il
lui a fallu plus encore, pourquoi ne pas le dire? il lui
a fallu la conviction intime que sa tâche serait continuée
par sa famille, et qu'il travaillait pour sa postérité.
Il ressort évidemment des faits que nous venons d'ex-
poser et des conséquences qui en découlent que l'Egypte
ne jouira jamais du calme intérieur et de l'entier déve-
loppement de ses ressources, et ne sera jamais pour la
métropole ni une possession assurée, ni une annexe utile,
si elle n'est dotée d'institutions en rapport avec son état
moral, d'un système d'administration spécialement ap-
proprié à ses besoins, d'un gouvernement ayant, avec
une indépendance relative, des garanties de force et
de durée.
La situation exceptionnelle de l'Egypte et la nécessité
d'y pourvoir par la constitution également exception-
nelle de l'autorité locale ont déjà été reconnues par
les hommes d'État de l'Europe et de la Turquie. Ex-
pression solennelle de la sagesse impériale, le hatti-
shérif de 1811, conseillé par les grandes puissances, a
eu pour objet d'en consacrer le principe par la pratique.
Le hatti-shérif, en effet, résout nettement la ques-
tion. Sans aliéner les droits du suzerain, il fait une
large part à l'Egypte et au prince vassal qui la gou-
verne, puisqu'il établit textuellement :
1° Que le gouvernement de l'Egypte est rendu héré-
ditaire en faveur de Méhémet-Ali et de sa descendance;
2° Que le vice-roi d'Egypte a la faculté d'entretenir
une armée indigène ;
3° Que, moyennant un tribut fixe et annuel envers le
sultan, le vice-roi a l'entière perception et gestion des
revenus de l'Egypte.
Sauf quelques imperfections qu'on doit sans doute
attribuer aux défiances qui survivaient à une crise en-
core récente, il est juste de reconnaître que l'acte
impérial de 1841 a constitué le pouvoir égyptien de
manière à concilier les intérêts les plus divers. Monu-
ment des généreuses pensées du sultan régnant, il
assure à la fois à l'Egypte la libre expansion des germes
de prospérité qu'elle recèle, et à la Sublime Porte la
jouissance des avantages que lui avaient fait perdre les
réserves de l'empereur Soliman. La lutte des intérêts
n'est donc plus possible; et les calamités qui en étaient
la suite ne sont plus à craindre, si l'on s'en tient loyale-
ment, de part et d'autre, à l'esprit dans lequel cette
grande œuvre a été conçue. D'une part, les témoignages
de fidélité du vassal, et, d'autre part, la sagesse du sou-
verain ont jusqu'à présent réussi à faire disparaître dans
la pratique les imperfections du hatti-shérif dont nous
venons de parler. Chaque fois que le vice roi a démon-
tré au sultan la nécessité de ne pas appliquer à la lettre
certaines dispositions de détail inutiles ou nuisibles
aux intérêts bien entendus de l'Egypte et de l'Empire,
il a été fait droit à ses demandes, de même que de son
0-1 bien elle a recouvré l'indépendance, soit à cause de
la faihlesse et de l'impéritie delà métropole, soit par
a défection de gouverneurs habiles à tirer parti des
rces du pays au profit de leur propre grandeur.
Qu a-t-on vu, par exemple, depuis la conquête de l'E-
gypte par le sultan Sélim en 1517? Son fils et successeur,
Soliman le Législateur, était à coup sûr un prince d'une
ileté et d'une expérience consommées. Il avait judi-
cieusement reconnu que l'Egypte devait être gouvernée
Une manière particulière. Mais il s'était trompé sur
U" point. En posant des limites trop étroites à l'autorité
espachas envoyés au Caire en qualité de gouverneurs,
en ne leur donnant qu'une position précaire, sans
Insistance, il leur avait ôté l'influence et le crédit né-
cessaires pour résister aux intrigues, aux factions et à
l'esprit de rébellion dont le germe est toujours quelque
Part en Egypte. Les mamelouks profitèrent de cette cir-
constance pour s'emparer du pouvoir et devenir en réa-
lité les maîtres du pays. Les gouverneurs ottomans
finirent bientôt par n'être plus que leurs prisonniers;
e| la Porte, privée de toute intervention dans l'admi-
'stration de l'Egypte, réduite à la promesse d'un faible
tribut qui, de fait, n'était jamais acquitté, ne conserva
Pendant plus de deux cents ans qu'une autorité pure-
ment nominale sur la conquête de Sélim.
p Le général Bonaparte avait commencé, au pied des
yramides, l'œuvre de la destruction du gouvernement
des beys, le pire de tous ceux qui ont pesé sur l'Egypte.
l\u départ de l'armée française, les troupes ottomanes,
avec l'assistance des Anglais, avaient installé des gou-
verneurs turcs dans les villes. Mais la Sublime Porte
n'avait point encore recouvré la possession effective du
Pays. Le désordre y régnait à ce point que les repré-
Sentants du souverain s'y voyaient frappés d'impuis-
sance. On peut dire que c'est Aléhémet-Ali qui a rendu
l'Egypte au sultan et qui l'a rendue dans la plénitude de
Ses ressources et dans toute sa valeur sociale, de telle
Sorte qu'elle fût à même de prêter à la métropole un
utile conctfUrs en soldats et en subsides.
Mais croit-on que Méhémet-Ali, malgré ses éminentes
Alités, eût accompli son œuvre s'il n'avait été in-
vesti que d'une autorité temporaire et limitée? Simple
gouverneur de province, Méhémet-Ali serait-il parvenu
a anéantir les tronçons- toujours vivaces des milices
clrcassiennes; à comprimer les ferments d'anarchie qui
Se produisaient sous toutes les formes; à mettre fin aux
déprédations d'un brigandage séculaire; à triompher
de la formidable insurrection qui en 1824 mit en feu
haute Égypte; à rendre les villes saintes à la vénéra-
Ílon des musulmans; à restaurer l'ordre et le travail,
exilés depuis si longtemps ; à réparer et à étendre, dans
des proportions inconnues jusqu'à lui, la canalisation
de la vallée du Nil ; à donner à l'agriculture l'impulsion
qui a décuplé la valeur du mouvement commercial de
%ypte? Simple gouverneur de province, Aléhémet-Ali
aurait-il, en un mot, créé l'administration active et
I;i,lilante qui, en fondant sur des bases solides la paix
lntéricure et la sécurité publique, a rouvert l'Egypte
an", explorations des voyageurs, aux études de la science,
aux entreprises du commerce étranger et au transit im-
portant de l'Angleterre avec les Indes?
Pour obtenir ces merveilleux résultats, il a fallu à
Méhémet-Ali, outre son génie, un pouvoir permanent,
incontesté, une complète liberté d'action et quarante
ans de travaux et d'efforts dirigés vers le même but. Il
lui a fallu plus encore, pourquoi ne pas le dire? il lui
a fallu la conviction intime que sa tâche serait continuée
par sa famille, et qu'il travaillait pour sa postérité.
Il ressort évidemment des faits que nous venons d'ex-
poser et des conséquences qui en découlent que l'Egypte
ne jouira jamais du calme intérieur et de l'entier déve-
loppement de ses ressources, et ne sera jamais pour la
métropole ni une possession assurée, ni une annexe utile,
si elle n'est dotée d'institutions en rapport avec son état
moral, d'un système d'administration spécialement ap-
proprié à ses besoins, d'un gouvernement ayant, avec
une indépendance relative, des garanties de force et
de durée.
La situation exceptionnelle de l'Egypte et la nécessité
d'y pourvoir par la constitution également exception-
nelle de l'autorité locale ont déjà été reconnues par
les hommes d'État de l'Europe et de la Turquie. Ex-
pression solennelle de la sagesse impériale, le hatti-
shérif de 1811, conseillé par les grandes puissances, a
eu pour objet d'en consacrer le principe par la pratique.
Le hatti-shérif, en effet, résout nettement la ques-
tion. Sans aliéner les droits du suzerain, il fait une
large part à l'Egypte et au prince vassal qui la gou-
verne, puisqu'il établit textuellement :
1° Que le gouvernement de l'Egypte est rendu héré-
ditaire en faveur de Méhémet-Ali et de sa descendance;
2° Que le vice-roi d'Egypte a la faculté d'entretenir
une armée indigène ;
3° Que, moyennant un tribut fixe et annuel envers le
sultan, le vice-roi a l'entière perception et gestion des
revenus de l'Egypte.
Sauf quelques imperfections qu'on doit sans doute
attribuer aux défiances qui survivaient à une crise en-
core récente, il est juste de reconnaître que l'acte
impérial de 1841 a constitué le pouvoir égyptien de
manière à concilier les intérêts les plus divers. Monu-
ment des généreuses pensées du sultan régnant, il
assure à la fois à l'Egypte la libre expansion des germes
de prospérité qu'elle recèle, et à la Sublime Porte la
jouissance des avantages que lui avaient fait perdre les
réserves de l'empereur Soliman. La lutte des intérêts
n'est donc plus possible; et les calamités qui en étaient
la suite ne sont plus à craindre, si l'on s'en tient loyale-
ment, de part et d'autre, à l'esprit dans lequel cette
grande œuvre a été conçue. D'une part, les témoignages
de fidélité du vassal, et, d'autre part, la sagesse du sou-
verain ont jusqu'à présent réussi à faire disparaître dans
la pratique les imperfections du hatti-shérif dont nous
venons de parler. Chaque fois que le vice roi a démon-
tré au sultan la nécessité de ne pas appliquer à la lettre
certaines dispositions de détail inutiles ou nuisibles
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