Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 août 1856 25 août 1856
Description : 1856/08/25 (A1,N5). 1856/08/25 (A1,N5).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
66 L'ISTHME DE SUEZ,
pour les campagnes limitrophes, toutes les fois que
l'autorité ne sait pas les protéger contre les dépréda-
tions des tribus nomades.
Ainsi une imprévoyance, une légèreté qui rendent
toujours nécessaires le contrôle et la direction du pou-
voir; une insoumission traditionnelle à l'autorité qui
paraît dépourvue de force virtuelle et de moyens spon-
tanés d'action; quelques mauvais penchants à refréner :
voilà des données dont il faut tenir grand compte dans
l'appréciation de l'état moral et social de la population
égyptienne.
Les circonstances physiques sous l'influence desquelles
l'Egypte est placée ne sont pas moins remarquables.
L'Egypte, on le sait, est une des plus fertiles contrées
du globe. L'abondance et la variété de ses récoltes sont
proverbiales; et, pendant une longue suite de siècles,
son importance politique a tenu en grande partie à son
importance comme pays de production. Toutefois, par
opposition à ce qui se voit dans les autres contrées
favorisées de la nature, la fécondité du sol repose, en
Egypte, sur un fait unique, l'existence du Nil, dont les
crues annuelles viennent rafraîchir et fertiliser la terre.
Privée des inondations, l'Egypte ne serait qu'un désert ;
elle n'existe que gràce au Nil ; elle ne vit qu'en vertu
(lu phénomène des crues périodiques, dont le retour
est heureusement aussi régulier que les révolutions des
astres.
Mais le fleuve n'étend guère de lui-même ses bienfaits
au delà de ses rives, et son flot ne baigne naturelle-
ment que des terrains resserrés dans d'étroites limites.
De là la nécessité de recourir à des procédés artificiels
pour ménager, diriger les eaux, de manière à les ré-
pandre sur les points les plus reculés du territoire ; de
là l'urgence d'un vaste système de canalisation, d'en-
diguement et de barrages, dont l'entretien ne peut être
négligé un seul jour, sans que la stérilité et la ruine
d'une portion plus ou moins étendue de l'Egypte s'en-
suivent. Or, on doit tenir pour certain que ces tra-
vaux, exigeant une étude générale des besoins du pays,
de grands moyens d'exécution et des avances considé-
rables, ne seront jamais accomplis s'ils sont abandonnés
à l'incurie des particuliers, dont les ressources en tout
genre sont d'ailleurs trop bornées pour en assurer l'exé-
cution. C'est donc à l'administration seule qu'il appar-
tient d'y pourvoir.
Ainsi, voilà un grand pays, une riche contrée dont
non-seulement la prospérité, mais l'existence même,
dépendent entièrement du bon ou du mauvais vouloir,
de la force ou de la faiblesse du pouvoir qui préside à
ses destinées. Il est aisé de déduire les conséquences
d'une telle situation. Nous nous bornerons pour le
moment à rappeler que sous le gouvernement des ma-
melouks, auquel l'expédition française porta les pre-
miers coups et que Méhémet-Ali finit par anéantir, les
canaux de l'Egypte étaient comblés pour la plupart, les
moyens d'irrigation presque tous détruits , la population
en décroissance, et les sources de la production à peu
près taries.
Enfin, la position géographique de l'Egypte lui donne
aux yeux du monde une valeur que ne possède aucune
autre fraction de l'empire ottoman. Placée sur les
confins de l'Afrique et de l'Asie, baignée d'un côté par
la mer Rouge et de l'autre par la Méditerranée, l'Egyp'c
est la route la plus courte, la plus directe entre l'OcCl"
dent et l'extrême Orient, le point central des immenses
relations qui lient aujourd'hui l'Europe, les Indes, la
Chine et l'Océanie. Après que la découverte du passage
par le cap de Bonne-Espérance eut ouvert une voie de
communication rivale, on a vu, durant une longue
période, la route tracée par Vasco de Gama enlever à
l'Egypte le mouvement du commerce de la Chine et deS
Indes. Mais alors la route du Cap n'a pas été préféree
seulement parce qu'elle évitait les transbordements el
parce qu'elle offrait à l'ancienne navigation une écono"
mie de temps et d'argent. Ce n'est point pour ces mO-
tifs seuls qu'elle a été choisie, tout-puissants qu'ils
étaient : elle a été de plus une nécessité pour le cofl"
merce, par la raison toute simple que la route de
l'Egypte avait cessé d'être praticable.
L'état d'anarchie qui, sauf de rares intervalles, n'avait
cessé de désoler ce pays depuis le quinzième siècle, les
troubles dont il avait été constamment le théâtre, le
fanatisme et les habitudes inhospitalières de ceux qui le
gouvernaient, avaient élevé une barrière que le cou"
merce, effrayé du manque de sécurité, n'essayait pinS
de franchir. L'Egypte, comme point géographique,
offre naturellement aux communications de l'Occiden
avec l'Orient le trajet le plus avantageux; et ce pÔ"
vilége, elle ne peut le perdre qu'autant que sa situa"
tion intérieure détruit l'œuvre de la nature. La preu\"C
en est que du moment où l'ordre a été rétabli dans Ce
pays, où les intérêts étrangers y sont devenus l'objet
d'une protection intelligente et suivie, la route pat
1 Egypte s'est de nouveau ouverte au commerce do
monde. Sous ce rapport, l'Egypte a recouvré déjà CO
partie l'importance dont elle était déchue; et cette inl'
portance sera d'autant plus grande, les intérêts des
nations commerçantes d'autant mieux garantis, qu'une
administration éclairée et pourvue de ressources sufü"
santés aura su rendre le passage plus facile et plus stÎl"
De ce que l'Egypte se distingue par une population
dont le caractère lui est particulier, par des conditions
physiques d'existence qui n'appartiennent qu'à elle seule
et par une position géographique qui fait converger vers
elle les plus grands intérêts, il est permis de conclut
qu'elle a des éléments de force et tout ensemble des
causes de dépérissement, des besoins, un mouvement
social, une vie enfin, qui lui sont propres. C'est ce qui
explique pourquoi l'Egypte n'est jamais restée d'une
manière permanente à l'état de simple province, quelle
qu'ait été la puissance sous le sceptre de laquelle III
conquête l'ait fait tomber.
Toutes les fois que l'Egypte a été réduite par accident
à la condition de simple province, c'est-à-dire placée
sous un régime commun à d'autres possessions, cette
alternative s'est invariablement présentée : ou les Pl-ili,
cipes de sa prospérité ont été étouffés par un système
d'administration qui n'était pas approprié à ses besoins;
pour les campagnes limitrophes, toutes les fois que
l'autorité ne sait pas les protéger contre les dépréda-
tions des tribus nomades.
Ainsi une imprévoyance, une légèreté qui rendent
toujours nécessaires le contrôle et la direction du pou-
voir; une insoumission traditionnelle à l'autorité qui
paraît dépourvue de force virtuelle et de moyens spon-
tanés d'action; quelques mauvais penchants à refréner :
voilà des données dont il faut tenir grand compte dans
l'appréciation de l'état moral et social de la population
égyptienne.
Les circonstances physiques sous l'influence desquelles
l'Egypte est placée ne sont pas moins remarquables.
L'Egypte, on le sait, est une des plus fertiles contrées
du globe. L'abondance et la variété de ses récoltes sont
proverbiales; et, pendant une longue suite de siècles,
son importance politique a tenu en grande partie à son
importance comme pays de production. Toutefois, par
opposition à ce qui se voit dans les autres contrées
favorisées de la nature, la fécondité du sol repose, en
Egypte, sur un fait unique, l'existence du Nil, dont les
crues annuelles viennent rafraîchir et fertiliser la terre.
Privée des inondations, l'Egypte ne serait qu'un désert ;
elle n'existe que gràce au Nil ; elle ne vit qu'en vertu
(lu phénomène des crues périodiques, dont le retour
est heureusement aussi régulier que les révolutions des
astres.
Mais le fleuve n'étend guère de lui-même ses bienfaits
au delà de ses rives, et son flot ne baigne naturelle-
ment que des terrains resserrés dans d'étroites limites.
De là la nécessité de recourir à des procédés artificiels
pour ménager, diriger les eaux, de manière à les ré-
pandre sur les points les plus reculés du territoire ; de
là l'urgence d'un vaste système de canalisation, d'en-
diguement et de barrages, dont l'entretien ne peut être
négligé un seul jour, sans que la stérilité et la ruine
d'une portion plus ou moins étendue de l'Egypte s'en-
suivent. Or, on doit tenir pour certain que ces tra-
vaux, exigeant une étude générale des besoins du pays,
de grands moyens d'exécution et des avances considé-
rables, ne seront jamais accomplis s'ils sont abandonnés
à l'incurie des particuliers, dont les ressources en tout
genre sont d'ailleurs trop bornées pour en assurer l'exé-
cution. C'est donc à l'administration seule qu'il appar-
tient d'y pourvoir.
Ainsi, voilà un grand pays, une riche contrée dont
non-seulement la prospérité, mais l'existence même,
dépendent entièrement du bon ou du mauvais vouloir,
de la force ou de la faiblesse du pouvoir qui préside à
ses destinées. Il est aisé de déduire les conséquences
d'une telle situation. Nous nous bornerons pour le
moment à rappeler que sous le gouvernement des ma-
melouks, auquel l'expédition française porta les pre-
miers coups et que Méhémet-Ali finit par anéantir, les
canaux de l'Egypte étaient comblés pour la plupart, les
moyens d'irrigation presque tous détruits , la population
en décroissance, et les sources de la production à peu
près taries.
Enfin, la position géographique de l'Egypte lui donne
aux yeux du monde une valeur que ne possède aucune
autre fraction de l'empire ottoman. Placée sur les
confins de l'Afrique et de l'Asie, baignée d'un côté par
la mer Rouge et de l'autre par la Méditerranée, l'Egyp'c
est la route la plus courte, la plus directe entre l'OcCl"
dent et l'extrême Orient, le point central des immenses
relations qui lient aujourd'hui l'Europe, les Indes, la
Chine et l'Océanie. Après que la découverte du passage
par le cap de Bonne-Espérance eut ouvert une voie de
communication rivale, on a vu, durant une longue
période, la route tracée par Vasco de Gama enlever à
l'Egypte le mouvement du commerce de la Chine et deS
Indes. Mais alors la route du Cap n'a pas été préféree
seulement parce qu'elle évitait les transbordements el
parce qu'elle offrait à l'ancienne navigation une écono"
mie de temps et d'argent. Ce n'est point pour ces mO-
tifs seuls qu'elle a été choisie, tout-puissants qu'ils
étaient : elle a été de plus une nécessité pour le cofl"
merce, par la raison toute simple que la route de
l'Egypte avait cessé d'être praticable.
L'état d'anarchie qui, sauf de rares intervalles, n'avait
cessé de désoler ce pays depuis le quinzième siècle, les
troubles dont il avait été constamment le théâtre, le
fanatisme et les habitudes inhospitalières de ceux qui le
gouvernaient, avaient élevé une barrière que le cou"
merce, effrayé du manque de sécurité, n'essayait pinS
de franchir. L'Egypte, comme point géographique,
offre naturellement aux communications de l'Occiden
avec l'Orient le trajet le plus avantageux; et ce pÔ"
vilége, elle ne peut le perdre qu'autant que sa situa"
tion intérieure détruit l'œuvre de la nature. La preu\"C
en est que du moment où l'ordre a été rétabli dans Ce
pays, où les intérêts étrangers y sont devenus l'objet
d'une protection intelligente et suivie, la route pat
1 Egypte s'est de nouveau ouverte au commerce do
monde. Sous ce rapport, l'Egypte a recouvré déjà CO
partie l'importance dont elle était déchue; et cette inl'
portance sera d'autant plus grande, les intérêts des
nations commerçantes d'autant mieux garantis, qu'une
administration éclairée et pourvue de ressources sufü"
santés aura su rendre le passage plus facile et plus stÎl"
De ce que l'Egypte se distingue par une population
dont le caractère lui est particulier, par des conditions
physiques d'existence qui n'appartiennent qu'à elle seule
et par une position géographique qui fait converger vers
elle les plus grands intérêts, il est permis de conclut
qu'elle a des éléments de force et tout ensemble des
causes de dépérissement, des besoins, un mouvement
social, une vie enfin, qui lui sont propres. C'est ce qui
explique pourquoi l'Egypte n'est jamais restée d'une
manière permanente à l'état de simple province, quelle
qu'ait été la puissance sous le sceptre de laquelle III
conquête l'ait fait tomber.
Toutes les fois que l'Egypte a été réduite par accident
à la condition de simple province, c'est-à-dire placée
sous un régime commun à d'autres possessions, cette
alternative s'est invariablement présentée : ou les Pl-ili,
cipes de sa prospérité ont été étouffés par un système
d'administration qui n'était pas approprié à ses besoins;
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