Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-07-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juillet 1856 25 juillet 1856
Description : 1856/07/25 (A1,N3). 1856/07/25 (A1,N3).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020484
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
36 L'ISTHME DE SUEZ,
publiées dans les journaux d'Europe, avaient annoncé qu'une
corvette anglaise, appelée le Tartarus, faisait des sondages
sur toute la côte, et spécialement sur celle de Péluse. Ceci
semble démontrer que le gouvernement anglais veut contrôler
par lui-même et par des gens qui lui appartiennent les opé-
rations de la Commission internationale, qui a fait le voyage
d'Égypte à la fin de l'année dernière. Cette Commission ren-
fermait des ingénieurs de tous les pays, comme on se le rap-
pelle, et notamment un ingénieur anglais du plus grand mé-
rite. Les travaux auxquels s'est livrée la Commission sont
assez exacts pour n'avoir à craindre le contrôle sincère de per-
sonne. C'est donc une simple confirmation des résultats déjà
obtenus que va se procurer le gouvernement anglais. Il paraît
que les journaux les plus importants de la presse anglaise veu-
lent attendre, pour se prononcer définitivement, cette nouvelle
exploration.
s Pour notre part, nous sommes certain qu'elle ne fera que
donner une autorité plus forte aux documents qui ont été déjà
recueillis.
» Quant au second article que promet la Revue d'Edim-
bourg, nous espérons que les renseignements dont elle se ser-
vira cette fois seront plus exacts que ceux dont elle a fait
d'abord usage. Nous la féliciterons de se convertir; car nous
sommes complétement d'avis que son premier travail était er-
roné sur bien des points. »
DES CULTURES EN EGYPTE.
On se fait en général une idée peu exacte des méthodes
de culture usitées en Egypte, et l'on ne comprend guère
comment ce pays brûlant, privé de pluie, peut être cité
dans l'histoire et par les géographes comme le type de
la fertilité. C'est qu'en effet, sans l'emploi judicieux des
eaux, l'Egypte ne serait qu'un vaste désert, en tout sem-
blable aux contrées voisines que les eaux du Nil ne
fécondent pas, parce qu'elles ne peuvent les atteindre.
Cette question des cultures se lie d'ailleurs intime-
ment à la question du percement de l'isthme de Suez,
puisque la Compagnie concessionnaire doit cultiver pour
son compte une grande étendue de terrain. Ce sujet
trouve naturellement place dans ce journal, et il nous a
paru utile d'en indiquer les principaux éléments à nos
lecteurs.
Les Égyptiens divisent les cultures en deux grandes
classes, qu'ils appellent cultures séji et cultures nili)
ce qui correspond à nos divisions de cultures d'été et
cultures d'hiver.
HAUTE EGYPTE.
Les cultures d'hiver sont, à peu d'exceptions près,
les seules usitées dans la haute Egypte, et elles se font
encore aujourd'hui exactement comme dans les temps
les plus reculés.
La vallée du Nil, depuis la première cataracte jusque
près du Caire, se trouve partagée, par une série de digues
longitudinales et transversales, en un grand nombre d'im-
menses bassins qui suivent la pente du Nil.
Des canaux dérivés du fleuve sont ménagés entre ce
réseau de bassins, de manière que, quand le Nil arrive
un certain point de crue, on peut remplir d'eau ces
bassins jusqu'à une hauteur de 3 à 4 mètres. La dispo-
sition la plus parfaite serait celle qui permettrait de
remplir chaque bassin avec l'eau dérivée directement du
Nil. Mais il n'en est pas ainsi, et l'on est obligé 'pour
un certain nombre de ces bassins de prendre l'eau des
bassins supérieurs, après qu'elle y a séjourné pendant
quelques jours.
Au bout d'un certain temps, qui varie depuis quinze
jours jusqu'à six semaines, on vide tous ces bassins dans
le Nil, dont le niveau s'est abaissé pendant ce temps au-
dessous des terrains de la vallée.
Il a été reconnu que la quantité de limon contenu
dans le Nil est au Caire de huit millièmes, et cette pro-
portion doit être beaucoup plus considérable dans la
haute Égypte, qui se trouve plus rapprochée de l'ori-
gine du fleuve. Ce limon peut être considéré comme une
espèce de guano ; car il provient des parties les plus té-
nues entraînées par les pluies torrentielles qui se font
sentir chaque année dans l'immense bassin du Sennaar,
habité par des troupeaux d'animaux sauvages et des my-
riades d'oiseaux.
En décantant ainsi l'eau de chaque bassin, on laisse à
la surface une petite couche de limon fertilisant, et on
humecte le sol argileux à une grande profondeur. On
peut alors, quand la terre est encore à l'état boueux,
jeter la semence sans aucune préparation, et la recou-
vrir en faisant passer un arbre traîné par deux bœufs.
Il n'y a plus rien à faire alors jusqu'à la récolte, qui a
lieu trois ou quatre mois après. Le cultivateur vient alors
arracher sa moisson, et la soumettre à l'action d'un
chariot traîné par un bœuf et armé d'une douzaine de
disques en fer, qui hachent la paille en même temps
qu'ils mettent le grain à nu. Il suffit ensuite de jeter le
tout au vent pour que le grain se sépare de la paille.
Ainsi, sans aucun labour, sans aucun travail et sans
autre engrais que le limon du Nil, on obtient des ré-
coltes d'une abondance extrême; car on obtient jusqu'à
70 hectolitres de blé par hectare (lG ardebs par fed-
dan). Un ardeb égale 1 hectolitre 80; un feddan égale
0 hectare 42. Il est vrai que, plus on va en descendant,
plus la récolte est faible. Mais on dépasse toujours
30 hectolitres par hectare.
On ne cultive guère, dans la haute Egypte, que le blé,
l'orge et les fèves comme culture d'hiver. Le lin, le
maïs, le lupin et les pois chiches ne sont que l'exception.
Ainsi, dans toute cette zone, on ne connaît ni les assole-
ments, ni les labours, ni les engrais. Tout ce que l'on
cherche, c'est d'avoir le plus d'eau possible dans les
bassins, et de la conserver le plus longtemps qu'on peut,
pour que le décantage soit plus complet. Le soleil se
charge de tout le reste.
Il n'est donc pas surprenant que les anciens Égyptiens
aient adoré le soleil, et regardé le Nil comme le fleuve
sacré, puisque le soleil et le fleuve font à eux deux tout
le travail des cultures. Il n'y a que la semaille et la ré-
colte qui soient l'affaire de l'homme.
Les cultures d'été sont peu pratiquées dans la haute
Egypte ; car elles ne peuvent se faire sans élever l'eau
du Nil pour donner de l'humidité aux terres, qui en man-
publiées dans les journaux d'Europe, avaient annoncé qu'une
corvette anglaise, appelée le Tartarus, faisait des sondages
sur toute la côte, et spécialement sur celle de Péluse. Ceci
semble démontrer que le gouvernement anglais veut contrôler
par lui-même et par des gens qui lui appartiennent les opé-
rations de la Commission internationale, qui a fait le voyage
d'Égypte à la fin de l'année dernière. Cette Commission ren-
fermait des ingénieurs de tous les pays, comme on se le rap-
pelle, et notamment un ingénieur anglais du plus grand mé-
rite. Les travaux auxquels s'est livrée la Commission sont
assez exacts pour n'avoir à craindre le contrôle sincère de per-
sonne. C'est donc une simple confirmation des résultats déjà
obtenus que va se procurer le gouvernement anglais. Il paraît
que les journaux les plus importants de la presse anglaise veu-
lent attendre, pour se prononcer définitivement, cette nouvelle
exploration.
s Pour notre part, nous sommes certain qu'elle ne fera que
donner une autorité plus forte aux documents qui ont été déjà
recueillis.
» Quant au second article que promet la Revue d'Edim-
bourg, nous espérons que les renseignements dont elle se ser-
vira cette fois seront plus exacts que ceux dont elle a fait
d'abord usage. Nous la féliciterons de se convertir; car nous
sommes complétement d'avis que son premier travail était er-
roné sur bien des points. »
DES CULTURES EN EGYPTE.
On se fait en général une idée peu exacte des méthodes
de culture usitées en Egypte, et l'on ne comprend guère
comment ce pays brûlant, privé de pluie, peut être cité
dans l'histoire et par les géographes comme le type de
la fertilité. C'est qu'en effet, sans l'emploi judicieux des
eaux, l'Egypte ne serait qu'un vaste désert, en tout sem-
blable aux contrées voisines que les eaux du Nil ne
fécondent pas, parce qu'elles ne peuvent les atteindre.
Cette question des cultures se lie d'ailleurs intime-
ment à la question du percement de l'isthme de Suez,
puisque la Compagnie concessionnaire doit cultiver pour
son compte une grande étendue de terrain. Ce sujet
trouve naturellement place dans ce journal, et il nous a
paru utile d'en indiquer les principaux éléments à nos
lecteurs.
Les Égyptiens divisent les cultures en deux grandes
classes, qu'ils appellent cultures séji et cultures nili)
ce qui correspond à nos divisions de cultures d'été et
cultures d'hiver.
HAUTE EGYPTE.
Les cultures d'hiver sont, à peu d'exceptions près,
les seules usitées dans la haute Egypte, et elles se font
encore aujourd'hui exactement comme dans les temps
les plus reculés.
La vallée du Nil, depuis la première cataracte jusque
près du Caire, se trouve partagée, par une série de digues
longitudinales et transversales, en un grand nombre d'im-
menses bassins qui suivent la pente du Nil.
Des canaux dérivés du fleuve sont ménagés entre ce
réseau de bassins, de manière que, quand le Nil arrive
un certain point de crue, on peut remplir d'eau ces
bassins jusqu'à une hauteur de 3 à 4 mètres. La dispo-
sition la plus parfaite serait celle qui permettrait de
remplir chaque bassin avec l'eau dérivée directement du
Nil. Mais il n'en est pas ainsi, et l'on est obligé 'pour
un certain nombre de ces bassins de prendre l'eau des
bassins supérieurs, après qu'elle y a séjourné pendant
quelques jours.
Au bout d'un certain temps, qui varie depuis quinze
jours jusqu'à six semaines, on vide tous ces bassins dans
le Nil, dont le niveau s'est abaissé pendant ce temps au-
dessous des terrains de la vallée.
Il a été reconnu que la quantité de limon contenu
dans le Nil est au Caire de huit millièmes, et cette pro-
portion doit être beaucoup plus considérable dans la
haute Égypte, qui se trouve plus rapprochée de l'ori-
gine du fleuve. Ce limon peut être considéré comme une
espèce de guano ; car il provient des parties les plus té-
nues entraînées par les pluies torrentielles qui se font
sentir chaque année dans l'immense bassin du Sennaar,
habité par des troupeaux d'animaux sauvages et des my-
riades d'oiseaux.
En décantant ainsi l'eau de chaque bassin, on laisse à
la surface une petite couche de limon fertilisant, et on
humecte le sol argileux à une grande profondeur. On
peut alors, quand la terre est encore à l'état boueux,
jeter la semence sans aucune préparation, et la recou-
vrir en faisant passer un arbre traîné par deux bœufs.
Il n'y a plus rien à faire alors jusqu'à la récolte, qui a
lieu trois ou quatre mois après. Le cultivateur vient alors
arracher sa moisson, et la soumettre à l'action d'un
chariot traîné par un bœuf et armé d'une douzaine de
disques en fer, qui hachent la paille en même temps
qu'ils mettent le grain à nu. Il suffit ensuite de jeter le
tout au vent pour que le grain se sépare de la paille.
Ainsi, sans aucun labour, sans aucun travail et sans
autre engrais que le limon du Nil, on obtient des ré-
coltes d'une abondance extrême; car on obtient jusqu'à
70 hectolitres de blé par hectare (lG ardebs par fed-
dan). Un ardeb égale 1 hectolitre 80; un feddan égale
0 hectare 42. Il est vrai que, plus on va en descendant,
plus la récolte est faible. Mais on dépasse toujours
30 hectolitres par hectare.
On ne cultive guère, dans la haute Egypte, que le blé,
l'orge et les fèves comme culture d'hiver. Le lin, le
maïs, le lupin et les pois chiches ne sont que l'exception.
Ainsi, dans toute cette zone, on ne connaît ni les assole-
ments, ni les labours, ni les engrais. Tout ce que l'on
cherche, c'est d'avoir le plus d'eau possible dans les
bassins, et de la conserver le plus longtemps qu'on peut,
pour que le décantage soit plus complet. Le soleil se
charge de tout le reste.
Il n'est donc pas surprenant que les anciens Égyptiens
aient adoré le soleil, et regardé le Nil comme le fleuve
sacré, puisque le soleil et le fleuve font à eux deux tout
le travail des cultures. Il n'y a que la semaille et la ré-
colte qui soient l'affaire de l'homme.
Les cultures d'été sont peu pratiquées dans la haute
Egypte ; car elles ne peuvent se faire sans élever l'eau
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