Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 juillet 1856 10 juillet 1856
Description : 1856/07/10 (A1,N2). 1856/07/10 (A1,N2).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202047q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
20 L'ISTHME DE SUEZ,
Apporter des entraves à la canalisation maritime de
l'isthme de Suez et à la fertilisation des terrains incultes
qui bordent le tracé d'un canal auxiliaire dérivé du Nil,
ce serait en outre arrêter le progrès même de l'Europe,
dans son mouvement d'expansion civilisatrice vers
l'Orient.
Il suffit, je le répète, de signaler cette tendance pour
la rendre impuissante.
Le second ordre d'arguments qu'emploient les adver-
saires du canal, réduits à ne plus pouvoir en nier la pos-
sibilité, c'est de représenter la mer Rouge comme une
mer inabordable. Selon eux, les dangers de cette mer
seraient tels qu'ils obligeraient toujours la navigation à
suivre le détour du Cap, malgré la différence si consi-
dérable de parcours. La Revue d'Edimbourg s'est faite
le champion de cette opinion. Le crédit dont elle jouit,
sa réputation d'habileté et d'impartialité, qui semble
toutefois dans cette circonstance avoir été un peu com-
promise, nous faisaient un devoir de combattre ses atta-
ques.
Mon savant collaborateur, M. Barthélemy Saint-Hi-
laire, s'est chargé de répondre, au nom des fondateurs
de la Compagnie universelle, à toutes les argumenta-
tions de la Revue.
On trouvera dans sa réponse, dans sa notice historique
sur l'isthme de Suez, et dans un mémoire de M. de Chan-
cel, les renseignements et les faits qui permettront à
chacun de former son opinion sur les prétendues diffi-
cultés de la mer Rouge. Ces difficultés ne sont d'ailleurs
applicables, de l'aveu de la Revue d'Edimbourg, qu'à
la marine à voiles Or, la navigation à vapeur tend évi-
demment chaque jour à remplacer la navigation exclusi-
vement voilière.
La Compagnie générale française de navigation à va-
peur s'exprime ainsi dans le Compte-rendu à l'assemblée
annuelle de ses actionnaires, le 29 avril dernier :
« Nous faisons construire sur les meilleurs modèles
» des clippers de 1,600 tonneaux. Ces navires seront
» pourvus d'une hélice auxiliaire, qui, sans grande dé-
« pense de combustible, leur permettra de franchir les
» calmes ou les vents contraires à petite vitesse, et qui,
» remontée sur le pont quand le vent sera favorable,
)) laissera à la voile déployée toute sa puissance.
ii Destinés à pratiquer les grandes mers de l'Inde, de
y> la Chine et de l'océan Pacifique, ces navires trouve-
« ront dans les transports des sésames, des poivres, des
» cafés, des sucres et surtout des coolies indiens et chi-
ii nois des frets assurés.
» L'échange des produits conduit à l'échange des
» idées, des mœurs et des habitudes. Autrefois, l'Europe
« formait comme un monde à part; aujourd'hui, c'est le
« moryi £ ujout entier qui se fait européen. La guerre et
lent à l'envi ce résultat. L'Orient est ac-
ii qtiîs à notre t-, ilisation. Le canal de Suez va mettre
ii l'Inde à nos portes ; l'Egypte ne sera bientôt plus que
ii la première être de Calcutta, et Constantinople le pre-
jjmierrelaÎs deJrébjzonde et de Téhéran. »
Ce n'est pas Seulement en France que des compagnies
puissanWse sont formées pour favoriser l'application
de l'hélice à la grande navigation. Des sociétés seoi"
blables s'organisent en Angleterre, en Hollande, en Amé-
rique, à Gênes, à Trieste, et toutes, elles proclament les
avantages qu'elles retireront de l'ouverture de l'isthme
de Suez.
L'interdit lancé contre la mer Rouge par la Revue
d'Edimbourg ne pourrait donc concerner, dans des cas
exceptionnels, que les bâtiments se servant exclusivement
de la voile. Mais on reconnaîtra bien au moins que, si la
mer Rouge n'est pas praticable pour eux en toute saison,
à l'aller comme au retour, ils pourront toujours en pro-
fiter dans un de ces deux cas. Lorsqu'ils voudront abré-
ger la distance, ils passeront par le canal de Suez, dans ;
les saisons qui leur paraîtront favorables, et ils seront
toujours libres, dans d'autres saisons, d'aller ou de re- |
venir par le Cap, s'ils ne veulent point employer les
services de remorquage qui s'établiront dans certaines
parties de la mer Rouge.
Les produits du passage de la navigation à voiles pro-iÉ
venant des ports de l'Océan, ne seront pas d'ailleurs les
seuls qui constitueront les bénéfices de l'entreprise. La
navigation à vapeur tout entière, les marines voilières
de la Méditerranée actuellement étrangères au commerce
des mers de l'Inde, et la mise en culture des terrains
concédés à la Compagnie, seront plus que suffisantes
pour rémunérer largement une entreprise dont la dé"
pense a été évaluée par des juges compétents à un maxi-
mum de deux cents millions de francs , c'est-à-dire à la
somme mensuelle que vient de coûter depuis deux ans à
la France et à l'Angleterre la guerre de Crimée.
Les deux peuples ne doivent point regretter les sacri-
fices de cette guerre mémorable, qui, en cimentant les
bases de leur union, a glorieusement fait ressortir leurs
qualités distinctives, et qui a obtenu de si grands résul-
tats. Mais aujourd'hui ils ont le devoir, en s'appuyant
franchement et sans arrière-pensée sur les principes de
liberté commerciale et de civilisation, de rendre féconde
leur alliance pacifique. J'ose placer parmi les œuvres de
la paix, auxquelles il est désirable de leur voir apporter
un égal concours, l'entreprise du percement de l'isthme
de Suez.
FERD. DE LESSEPS.
SÉANCES DE LA COMMISSION INTERNATIONALE.
La Commission internationale s'est réunie, ainsi que
nous l'avons annoncé. Elle a tenu six séances le 23, le
24 et le 25 juin, à deux séances par jour, de trois heures
chacune. Le 26, elle a eu une séance complémentaire
pour l'adoption des procès-verbaux des deux séances de
la veille.
Tous les membres de la Commission étaient présents,
sauf M. Rendel, un des ingénieurs anglais ; il avait fait
espérer jusqu'au dernier moment qu'il pourrait se joindre
A. ses collègues, et il s'est excusé sur l'état de sa santé,
qui ne lui a pas permis de quitter Londres. L'Angleterre
restait d'ailleurs très-dignement représentée par MM. Mac-
Apporter des entraves à la canalisation maritime de
l'isthme de Suez et à la fertilisation des terrains incultes
qui bordent le tracé d'un canal auxiliaire dérivé du Nil,
ce serait en outre arrêter le progrès même de l'Europe,
dans son mouvement d'expansion civilisatrice vers
l'Orient.
Il suffit, je le répète, de signaler cette tendance pour
la rendre impuissante.
Le second ordre d'arguments qu'emploient les adver-
saires du canal, réduits à ne plus pouvoir en nier la pos-
sibilité, c'est de représenter la mer Rouge comme une
mer inabordable. Selon eux, les dangers de cette mer
seraient tels qu'ils obligeraient toujours la navigation à
suivre le détour du Cap, malgré la différence si consi-
dérable de parcours. La Revue d'Edimbourg s'est faite
le champion de cette opinion. Le crédit dont elle jouit,
sa réputation d'habileté et d'impartialité, qui semble
toutefois dans cette circonstance avoir été un peu com-
promise, nous faisaient un devoir de combattre ses atta-
ques.
Mon savant collaborateur, M. Barthélemy Saint-Hi-
laire, s'est chargé de répondre, au nom des fondateurs
de la Compagnie universelle, à toutes les argumenta-
tions de la Revue.
On trouvera dans sa réponse, dans sa notice historique
sur l'isthme de Suez, et dans un mémoire de M. de Chan-
cel, les renseignements et les faits qui permettront à
chacun de former son opinion sur les prétendues diffi-
cultés de la mer Rouge. Ces difficultés ne sont d'ailleurs
applicables, de l'aveu de la Revue d'Edimbourg, qu'à
la marine à voiles Or, la navigation à vapeur tend évi-
demment chaque jour à remplacer la navigation exclusi-
vement voilière.
La Compagnie générale française de navigation à va-
peur s'exprime ainsi dans le Compte-rendu à l'assemblée
annuelle de ses actionnaires, le 29 avril dernier :
« Nous faisons construire sur les meilleurs modèles
» des clippers de 1,600 tonneaux. Ces navires seront
» pourvus d'une hélice auxiliaire, qui, sans grande dé-
« pense de combustible, leur permettra de franchir les
» calmes ou les vents contraires à petite vitesse, et qui,
» remontée sur le pont quand le vent sera favorable,
)) laissera à la voile déployée toute sa puissance.
ii Destinés à pratiquer les grandes mers de l'Inde, de
y> la Chine et de l'océan Pacifique, ces navires trouve-
« ront dans les transports des sésames, des poivres, des
» cafés, des sucres et surtout des coolies indiens et chi-
ii nois des frets assurés.
» L'échange des produits conduit à l'échange des
» idées, des mœurs et des habitudes. Autrefois, l'Europe
« formait comme un monde à part; aujourd'hui, c'est le
« moryi £ ujout entier qui se fait européen. La guerre et
lent à l'envi ce résultat. L'Orient est ac-
ii qtiîs à notre t-, ilisation. Le canal de Suez va mettre
ii l'Inde à nos portes ; l'Egypte ne sera bientôt plus que
ii la première être de Calcutta, et Constantinople le pre-
jjmierrelaÎs deJrébjzonde et de Téhéran. »
Ce n'est pas Seulement en France que des compagnies
puissanWse sont formées pour favoriser l'application
de l'hélice à la grande navigation. Des sociétés seoi"
blables s'organisent en Angleterre, en Hollande, en Amé-
rique, à Gênes, à Trieste, et toutes, elles proclament les
avantages qu'elles retireront de l'ouverture de l'isthme
de Suez.
L'interdit lancé contre la mer Rouge par la Revue
d'Edimbourg ne pourrait donc concerner, dans des cas
exceptionnels, que les bâtiments se servant exclusivement
de la voile. Mais on reconnaîtra bien au moins que, si la
mer Rouge n'est pas praticable pour eux en toute saison,
à l'aller comme au retour, ils pourront toujours en pro-
fiter dans un de ces deux cas. Lorsqu'ils voudront abré-
ger la distance, ils passeront par le canal de Suez, dans ;
les saisons qui leur paraîtront favorables, et ils seront
toujours libres, dans d'autres saisons, d'aller ou de re- |
venir par le Cap, s'ils ne veulent point employer les
services de remorquage qui s'établiront dans certaines
parties de la mer Rouge.
Les produits du passage de la navigation à voiles pro-iÉ
venant des ports de l'Océan, ne seront pas d'ailleurs les
seuls qui constitueront les bénéfices de l'entreprise. La
navigation à vapeur tout entière, les marines voilières
de la Méditerranée actuellement étrangères au commerce
des mers de l'Inde, et la mise en culture des terrains
concédés à la Compagnie, seront plus que suffisantes
pour rémunérer largement une entreprise dont la dé"
pense a été évaluée par des juges compétents à un maxi-
mum de deux cents millions de francs , c'est-à-dire à la
somme mensuelle que vient de coûter depuis deux ans à
la France et à l'Angleterre la guerre de Crimée.
Les deux peuples ne doivent point regretter les sacri-
fices de cette guerre mémorable, qui, en cimentant les
bases de leur union, a glorieusement fait ressortir leurs
qualités distinctives, et qui a obtenu de si grands résul-
tats. Mais aujourd'hui ils ont le devoir, en s'appuyant
franchement et sans arrière-pensée sur les principes de
liberté commerciale et de civilisation, de rendre féconde
leur alliance pacifique. J'ose placer parmi les œuvres de
la paix, auxquelles il est désirable de leur voir apporter
un égal concours, l'entreprise du percement de l'isthme
de Suez.
FERD. DE LESSEPS.
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La Commission internationale s'est réunie, ainsi que
nous l'avons annoncé. Elle a tenu six séances le 23, le
24 et le 25 juin, à deux séances par jour, de trois heures
chacune. Le 26, elle a eu une séance complémentaire
pour l'adoption des procès-verbaux des deux séances de
la veille.
Tous les membres de la Commission étaient présents,
sauf M. Rendel, un des ingénieurs anglais ; il avait fait
espérer jusqu'au dernier moment qu'il pourrait se joindre
A. ses collègues, et il s'est excusé sur l'état de sa santé,
qui ne lui a pas permis de quitter Londres. L'Angleterre
restait d'ailleurs très-dignement représentée par MM. Mac-
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