Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-07-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juillet 1856 25 juillet 1856
Description : 1856/07/25 (A1,N3). 1856/07/25 (A1,N3).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020484
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
44 L'ISTHME DE SUEZ,
Comment les marchands anglais de Surate sont-ils
devenus les dominateurs actuels de l'Inde? C'est en dé-
ployant les qualités distinctives de leur race : la constance
dans les revers, l'habileté et l'activité dans le succès.
De plus, la métropole, ayant compris dès le principe
toute la valeur du territoire où la Compagnie des Indes
avait pris pied, ne l'a jamais abandonnée, même dans
les circonstances les plus désespérées. Non-seulement
elle a fourni des hommes, des provisions et de l'argent,
mais, n'ayant pas toujours réussi à lutter avec avantage
contre le génie des Dupleix et des Labourdonnais, elle a
cherché et trouvé dans des guerres européennes la com-
pensation des échecs qu'elle éprouvait en Asie. Ce sont
parfois des traités européens qui ont sauvé la domina-
tion anglaise compromise dans l'Inde.
Les Français, privés le plus souvent de tout secours
de la métropole, n'ont pu laisser dans ce pays qu'une
trace brillante. Aux approches de la révolution, la pré-
pondérance de l'Angleterre dans l'Inde s'établit définiti-
vement, et il ne lui resta plus à combattre que les sou-
verains indigènes.
L'histoire a dit comment les Anglais se sont peu à peu
substitués aux héritiers d'Aureng-Zeb sur le trône de
Delily; comment ils se sont agrandis autour de Madras
en s'emparant de l'empire de Mysore. Leurs combats
contre les héroïques souverains de ce pays, Hyder-Ali
et son fils Tippoo-Saïb; la prise de Séringapatam, der-
nier boulevard de l'indépendance du Carnatic, sont célè-
bres en Europe, où les malheurs et le courage de ces
deux souverains ont laissé tant de sympathies. Après la
défaite de Tippoo-Saïb est venu le tour des Mahrattes,
imprévoyants auxiliaires, qui avaient prêté aux Anglais
le plus puissant secours dans leur guerre contre l'empire
de Mysore.
Les dernières années du dix-huitième siècle avaient
été consacrées à ces luttes où l'Angleterre avait enfin
acquis une supériorité presque constante. Déjà son em-
pire s'étendait sur toute la partie méridionale et orien-
tale de l'Inde, en y comprenant le Bengale. Il lui restait
à conquérir, loin des côtes qu'elle dominait, l'Inde cen-
trale , où elle devait rencontrer des populations plus bel-
liqueuses encore et plus puissamment organisées. Mais
les moyens dont elle disposait étaient bien plus grands
aussi, et elle était désormais prête à entrer en champ
clos contre les Afghans et les Sikhs. La conquête du
Scinde, triomphe de sir Ch. Napier, s'est accomplie avec
une facilité merveilleuse, et comme une compensation du
terrible échec que les montagnards de l'Afghanistan
avaient fait éprouver à une armée anglaise aventurée
dans le Caboul. L'empire de Lahore devait avoir l'hon-
neur de ne tomber que le dernier. Le prince habile et
prudent qui avait élevé les Sikhs à l'apogée de leur
grandeur avait su, pendant toute sa vie, éviter de se
heurter à la puissance anglaise. Runjet-Sing sentait
tout le danger du voisinage de la Compagnie, quand
les dernières acquisitions qu'elle fit rendirent limi-
trophes le territoire anglais et l'empire des Sikhs. Mais
après sa mort, l'anarchie qui survint fit la part trop
belle aux Anglais, et deux campagnes suffirent pour
réduire le Penjab, qui a été annexé définitivement allN
possessions britanniques par lord Dalhousie, en IllaP
1849.
Depuis lors, les Anglais ont pu parcourir toute l'êtes
due de la péninsule sans y rencontrer un seul peuple
complétement indépendant, une seule souveraineté qLlI
existât autrement que par leur permission et sous leul
patronage. On est saisi d'admiration en lisant ce cl)a'
pitre de l'histoire coloniale de l'Angleterre. Rien ne
surpasse peut-être, dans les annales d'aucun peuple, la
fécondité de moyens, la ténacité avec lesquelles elle
continué à développer sa domination dans ce riche paySi
jusqu'à ce qu'elle y fùt absolue et sans rivaux. Une suite
d'échecs ne l'a jamais rebutée. Chaque fois qu'elle éta''
battue, elle revenait à la charge jusqu'à ce qu'elle eût
lassé ses adversaires. Dès qu'ils prêtaient le flanc, elle
saisissait l'occasion avec une activité et un à-propos
merveilleux. Ce qu'elle savait faire surtout, c'était de
pousser jusqu'au bout ses avantages, et de n'abandofl'
ner l'ennemi que quand il était à terre, incapable de
jamais se relever de sa défaite. Dans cette guerre dll
Mysore, qu'il faut toujours citer comme celle où le C()g'
rage et le génie de la nation hindoue ont brillé avec le
plus d'éclat, les Anglais, trois fois battus, obligés d'en'
clouer leurs canons et de se mettre en pleine retraite,
rencontrent un renfort envoyé par les Mahrattes ; ils re'
viennent alors sur leurs pas ; ils se jettent sur les troupes
de Tippoo-Saïb victorieux ; ils défont son armée, la pouf
suivent jusque dans Séringapatam, qu'ils assiègent, et
dont ils se rendent maîtres , changeant ainsi leur déroute
en triomphe, et se retirant de cette lutte-, où ils n'avaient
été vainqueurs qu'une fois, en maîtres absolus du terf"
toire d'où ils venaient d'être chassés.
Si les peuples de l'Inde avaient été unis, ou si l'An'
gleterre n'avait pas su les opposer les uns aux autres,
et faire tourner les rivalités des diverses races au profit
de ses vues, elle ne serait venue que bien difficilement
à bout de les soumettre. Mais c'est en cela qu'a brillé
sa politique : divisant pour régner, se mêlant à toutes
les intrigues des cours indigènes, prenant parti , selon
les cas, pour les usurpateurs contre les souverains lèSi"
times ou pour les souverains légitimes contre les usuf
pateurs, et poussant l'esprit de justice et le respect du
droit, qui est au fond du cœur de tout bon Anglais, a11
point de se figurer consciencieusement que les usurpe
teurs qu'elle favorisait étaient les légitimes, et que les
légitimes qu'elle dépouillait étaient les usurpateurs.
Elle a vaincu les habitants de l'Inde les uns par les
autres; elle a pris ces peuples un à un et les a soumis
tour à tour ; elle a employé l'or aussi habilement que le,
fer; l'adresse, avec autant de succès que la force, et à
l'heure qu'il est son œuvre est achevée. Le gouverneur
de l'Inde peut porter un regard satisfait dans toute
l'étendue de cet empire. Du nord au midi, de l'est à
l'ouest, il n'apercevra pas un front qui ne soit incliné, et
partout il verra le yacht anglais flotter fièrement au-des-
sus des couleurs indiennes.
Mais partout aussi il apercevra des débris : des monar"
chies abattues et ruinées; des peuples sans lois et sans
Comment les marchands anglais de Surate sont-ils
devenus les dominateurs actuels de l'Inde? C'est en dé-
ployant les qualités distinctives de leur race : la constance
dans les revers, l'habileté et l'activité dans le succès.
De plus, la métropole, ayant compris dès le principe
toute la valeur du territoire où la Compagnie des Indes
avait pris pied, ne l'a jamais abandonnée, même dans
les circonstances les plus désespérées. Non-seulement
elle a fourni des hommes, des provisions et de l'argent,
mais, n'ayant pas toujours réussi à lutter avec avantage
contre le génie des Dupleix et des Labourdonnais, elle a
cherché et trouvé dans des guerres européennes la com-
pensation des échecs qu'elle éprouvait en Asie. Ce sont
parfois des traités européens qui ont sauvé la domina-
tion anglaise compromise dans l'Inde.
Les Français, privés le plus souvent de tout secours
de la métropole, n'ont pu laisser dans ce pays qu'une
trace brillante. Aux approches de la révolution, la pré-
pondérance de l'Angleterre dans l'Inde s'établit définiti-
vement, et il ne lui resta plus à combattre que les sou-
verains indigènes.
L'histoire a dit comment les Anglais se sont peu à peu
substitués aux héritiers d'Aureng-Zeb sur le trône de
Delily; comment ils se sont agrandis autour de Madras
en s'emparant de l'empire de Mysore. Leurs combats
contre les héroïques souverains de ce pays, Hyder-Ali
et son fils Tippoo-Saïb; la prise de Séringapatam, der-
nier boulevard de l'indépendance du Carnatic, sont célè-
bres en Europe, où les malheurs et le courage de ces
deux souverains ont laissé tant de sympathies. Après la
défaite de Tippoo-Saïb est venu le tour des Mahrattes,
imprévoyants auxiliaires, qui avaient prêté aux Anglais
le plus puissant secours dans leur guerre contre l'empire
de Mysore.
Les dernières années du dix-huitième siècle avaient
été consacrées à ces luttes où l'Angleterre avait enfin
acquis une supériorité presque constante. Déjà son em-
pire s'étendait sur toute la partie méridionale et orien-
tale de l'Inde, en y comprenant le Bengale. Il lui restait
à conquérir, loin des côtes qu'elle dominait, l'Inde cen-
trale , où elle devait rencontrer des populations plus bel-
liqueuses encore et plus puissamment organisées. Mais
les moyens dont elle disposait étaient bien plus grands
aussi, et elle était désormais prête à entrer en champ
clos contre les Afghans et les Sikhs. La conquête du
Scinde, triomphe de sir Ch. Napier, s'est accomplie avec
une facilité merveilleuse, et comme une compensation du
terrible échec que les montagnards de l'Afghanistan
avaient fait éprouver à une armée anglaise aventurée
dans le Caboul. L'empire de Lahore devait avoir l'hon-
neur de ne tomber que le dernier. Le prince habile et
prudent qui avait élevé les Sikhs à l'apogée de leur
grandeur avait su, pendant toute sa vie, éviter de se
heurter à la puissance anglaise. Runjet-Sing sentait
tout le danger du voisinage de la Compagnie, quand
les dernières acquisitions qu'elle fit rendirent limi-
trophes le territoire anglais et l'empire des Sikhs. Mais
après sa mort, l'anarchie qui survint fit la part trop
belle aux Anglais, et deux campagnes suffirent pour
réduire le Penjab, qui a été annexé définitivement allN
possessions britanniques par lord Dalhousie, en IllaP
1849.
Depuis lors, les Anglais ont pu parcourir toute l'êtes
due de la péninsule sans y rencontrer un seul peuple
complétement indépendant, une seule souveraineté qLlI
existât autrement que par leur permission et sous leul
patronage. On est saisi d'admiration en lisant ce cl)a'
pitre de l'histoire coloniale de l'Angleterre. Rien ne
surpasse peut-être, dans les annales d'aucun peuple, la
fécondité de moyens, la ténacité avec lesquelles elle
continué à développer sa domination dans ce riche paySi
jusqu'à ce qu'elle y fùt absolue et sans rivaux. Une suite
d'échecs ne l'a jamais rebutée. Chaque fois qu'elle éta''
battue, elle revenait à la charge jusqu'à ce qu'elle eût
lassé ses adversaires. Dès qu'ils prêtaient le flanc, elle
saisissait l'occasion avec une activité et un à-propos
merveilleux. Ce qu'elle savait faire surtout, c'était de
pousser jusqu'au bout ses avantages, et de n'abandofl'
ner l'ennemi que quand il était à terre, incapable de
jamais se relever de sa défaite. Dans cette guerre dll
Mysore, qu'il faut toujours citer comme celle où le C()g'
rage et le génie de la nation hindoue ont brillé avec le
plus d'éclat, les Anglais, trois fois battus, obligés d'en'
clouer leurs canons et de se mettre en pleine retraite,
rencontrent un renfort envoyé par les Mahrattes ; ils re'
viennent alors sur leurs pas ; ils se jettent sur les troupes
de Tippoo-Saïb victorieux ; ils défont son armée, la pouf
suivent jusque dans Séringapatam, qu'ils assiègent, et
dont ils se rendent maîtres , changeant ainsi leur déroute
en triomphe, et se retirant de cette lutte-, où ils n'avaient
été vainqueurs qu'une fois, en maîtres absolus du terf"
toire d'où ils venaient d'être chassés.
Si les peuples de l'Inde avaient été unis, ou si l'An'
gleterre n'avait pas su les opposer les uns aux autres,
et faire tourner les rivalités des diverses races au profit
de ses vues, elle ne serait venue que bien difficilement
à bout de les soumettre. Mais c'est en cela qu'a brillé
sa politique : divisant pour régner, se mêlant à toutes
les intrigues des cours indigènes, prenant parti , selon
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droit, qui est au fond du cœur de tout bon Anglais, a11
point de se figurer consciencieusement que les usurpe
teurs qu'elle favorisait étaient les légitimes, et que les
légitimes qu'elle dépouillait étaient les usurpateurs.
Elle a vaincu les habitants de l'Inde les uns par les
autres; elle a pris ces peuples un à un et les a soumis
tour à tour ; elle a employé l'or aussi habilement que le,
fer; l'adresse, avec autant de succès que la force, et à
l'heure qu'il est son œuvre est achevée. Le gouverneur
de l'Inde peut porter un regard satisfait dans toute
l'étendue de cet empire. Du nord au midi, de l'est à
l'ouest, il n'apercevra pas un front qui ne soit incliné, et
partout il verra le yacht anglais flotter fièrement au-des-
sus des couleurs indiennes.
Mais partout aussi il apercevra des débris : des monar"
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