Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 juillet 1856 10 juillet 1856
Description : 1856/07/10 (A1,N2). 1856/07/10 (A1,N2).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202047q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
30 L'ISTHME DE SUEZ,
faits pour la civilisation entière, s'il pouvait être exécuté.
Le Times, le premier, exprima cette opinion. Dès le
5 juin 1855, il constatait la sensation que le projet fai-
sait déjà en Angleterre.
« Le projet de creuser un canal à travers l'isthme de Suez,
» disait-il, commence à occuper si considérablement l'atten-
» tion du public, malgré l'absorbant intérêt des événements
» de Crimée, qu'il ne peut être inopportun d'en parler. »
Il détaillait la résolution du vice-roi ; il montrait, par
l'universalité de la compagnie à laquelle la concession
était réservée, le peu de fondement des alarmes qu'on
essayait de répandre sur le caractère exclusif de cette
concession. Il n'avait pas de peine à faire évanouir ces
fantômes d'armées d'ouvriers européens qui, sous pré-
texte de creuser l'isthme, devaient envahir l'Egypte et
s'en emparer.
Le 8 août suivant, il analysait la brochure et les do-
cuments publiés à Londres par M. Ferd. de Lesseps, et
il accompagnait cette analyse des réflexions suivantes :
» Les seules considérations qui auront ici le pouvoir de
déterminer les esprits, soit pour, soit contre le projet,
» consistent dans ces deux questions : — Le travail est-il
» praticable? présentera-t-il des bénéfices proportionnés à sa
» dépense ? - M. de Lesseps exprime la confiance qu'il sera en
» mesure de fournir une complète démonstration sur ces deux
-' points. Cela étant, il peut être certain que la croyance publi-
» que à tous les avantages spéciaux qui résulteront pour l'An-
» gleterre de tout ce qui peut accélérer ses relations commer-
» ciales avec le reste du globe, ralliera tous les sentiments en
» sa faveur. »
Cette adhésion complète au principe, sous réserve de
la possibilité de l'exécution, a été le sentiment dominant
dans la presse britannique. Dans des termes analogues
ou encore plus explicites, l'entreprise a été fortement
appuyée, entre autres par les journaux suivants :
Le Globe, le Morning Herald, le Morning Chro-
nicle, Y Atlas, l'Australian and New-Zeeland Gazette,
Y Allen s Indian Mail, l'Economist, l'Engineer, etc.
Deux recueils périodiques seulement se sont, à notre
connaissance, montrés contraires à l'entreprise en elle-
même. Ce sont : YAthenœum et la Revue d'Edim-
bourg.
D'accord pour repousser le projet, ces deux recueils
sont en opposition directe l'un avec l'autre, quant aux
motifs sur lesquels ils se fondent.
Selon lathenmiiiii, la question est politique avant
tout. Elle n'est commerciale que subsidiairement.
Pour la Revue d'Edimbourg, au contraire, la ques-
tion n'a rien de politique. Elle est uniquement commer-
ciale.
L'Athenœum est opposé au percement de l'isthme
de Suez, parce qu'il craint qu'il n'en surgisse des riva-
lités d'influence contre la suprématie de l'Angleterre
dans les mers d'Asie et dans la Méditerranée.
La Revue d'Édimbourg proteste contre les considéra-
tions de cet ordre avec une grande vivacité de pensée et
d'expression :
« Nous déclarons hautement répudier tout sentiment de cette
» espèce comme entièrement indigne de nous et de notre
pays. »
L'Athenœum déclare que la mer Rouge est la plus
excellente des mers pour la navigation à vapeur; et il est
loin de la croire impraticable à la marine à voiles.
Selon la Revue d'Edimbourg, le trajet abrégé comme
espace ne le sera pas en réalité. On arrivera tout aussi
vite par le Cap que par l'isthme. Les frais de transport
ne seront point diminués, les relations commerciales
ne seront point augmentées ; la navigation ne sera ni
plus facile ni moins coûteuse.
VAthenœum lui répondait d'avance en ces termes :
« Ce qui intéresse les Anglais, c'est de savoir que la dis-
» tance absolue de Bombay à Londres est maintenant de
» 11,500 milles, réduits par la route de Suez à 6,200. — Eco-
» nomie, 5,300 milles. — De plus grands avantages seraient
» gagnés par le commerce des villes européennes et par celui
» de New-York et de la Nouvelle-Orléans. Les frets seraient
» ainsi à plus bas prix, les voyages accélérés, et vraisembla-
» blement le mouvement des affaires accru entre l'Europe et
» l'Inde. En outre, nos approvisionnements militaires et nos
» troupes pourraient être transportés de Malte à Bombay en
» trois semaines, en quatre à Madras et Ceylan, en cinq à
» Calcutta, tandis qu'aujourd'hui il faut cinq ou six mois par
» la route du Cap. )
Cependant ces deux voix isolées n'empêchaient point
la presse anglaise d'envisager le problème sous tous ses
côtés sociaux, et de le résoudre favorablement.
Au point de vue de l'intérêt universel, Y Atlas s'ex-
prime en ces termes :
« L'isthme de Suez est une simple bande de sable d'environ
« cent milles, qui sépare aussi effectivement le commerce des
» deux plus puissantes et plus riches portions du monde, que
» si elie était la chaîne de l'Himalaya. Quelque chose a été fait
» pour unir la Méditerranée et la mer Rouge par le chemin
» de fer de 260 milles, dont 160 milles sont achevés entre
» Alexandrie et le Caire. Mais quelque commode que soit ce
» railway pour les voyageurs, il a beau raccourcir la route
» entre Bombay et Londres, il n'a que peu d'utilité pour les
» millions de tonnes de marchandises, prenant, tant à l'aller
» qu'au retour, le chemin de la Péninsule indienne, de l'Aus-
n tralie et des mers orientales. Un canal maritime peut seul
» satisfaire les besoins d'un tel commerce; et il est malheureux
» pour les gouvernements européens qu'un canal s'organise à
» travers l'isthme de Panama, tandis que l'isthme égyptien
» reste une barrière aussi formidable et aussi inattaquée que
» jamais.,,
Après avoir développé plusieurs autres considérations
non moins intéressantes, l'Atlas conclut ainsi :
« Cette question intéresse toute l'Europe et toute l'Amérique
» du Nord. Elle sera résolue avant longtemps, en dépit de
» toutes les intrigues et de toutes les vieilleries diplomatiques
» du monde. »
Au point de vue du rapprochement des races et des
jalousies internationales, l'Econoiitist publiait ces ré-
flexions remarquables :
u Le temps est entièrement passé où la moindre jalousie pour-
» rait exister entre l'Angleterre et la France. Le canal mari-
» time doit être construit par le capital et le concours de toutes
» les nations commerciales qui voudront y prendre part. Sa
» neutralité, comme grande route générale, serait garantie et
» respectée par tous. On suppose néanmoins que l'Angleterre
faits pour la civilisation entière, s'il pouvait être exécuté.
Le Times, le premier, exprima cette opinion. Dès le
5 juin 1855, il constatait la sensation que le projet fai-
sait déjà en Angleterre.
« Le projet de creuser un canal à travers l'isthme de Suez,
» disait-il, commence à occuper si considérablement l'atten-
» tion du public, malgré l'absorbant intérêt des événements
» de Crimée, qu'il ne peut être inopportun d'en parler. »
Il détaillait la résolution du vice-roi ; il montrait, par
l'universalité de la compagnie à laquelle la concession
était réservée, le peu de fondement des alarmes qu'on
essayait de répandre sur le caractère exclusif de cette
concession. Il n'avait pas de peine à faire évanouir ces
fantômes d'armées d'ouvriers européens qui, sous pré-
texte de creuser l'isthme, devaient envahir l'Egypte et
s'en emparer.
Le 8 août suivant, il analysait la brochure et les do-
cuments publiés à Londres par M. Ferd. de Lesseps, et
il accompagnait cette analyse des réflexions suivantes :
» Les seules considérations qui auront ici le pouvoir de
déterminer les esprits, soit pour, soit contre le projet,
» consistent dans ces deux questions : — Le travail est-il
» praticable? présentera-t-il des bénéfices proportionnés à sa
» dépense ? - M. de Lesseps exprime la confiance qu'il sera en
» mesure de fournir une complète démonstration sur ces deux
-' points. Cela étant, il peut être certain que la croyance publi-
» que à tous les avantages spéciaux qui résulteront pour l'An-
» gleterre de tout ce qui peut accélérer ses relations commer-
» ciales avec le reste du globe, ralliera tous les sentiments en
» sa faveur. »
Cette adhésion complète au principe, sous réserve de
la possibilité de l'exécution, a été le sentiment dominant
dans la presse britannique. Dans des termes analogues
ou encore plus explicites, l'entreprise a été fortement
appuyée, entre autres par les journaux suivants :
Le Globe, le Morning Herald, le Morning Chro-
nicle, Y Atlas, l'Australian and New-Zeeland Gazette,
Y Allen s Indian Mail, l'Economist, l'Engineer, etc.
Deux recueils périodiques seulement se sont, à notre
connaissance, montrés contraires à l'entreprise en elle-
même. Ce sont : YAthenœum et la Revue d'Edim-
bourg.
D'accord pour repousser le projet, ces deux recueils
sont en opposition directe l'un avec l'autre, quant aux
motifs sur lesquels ils se fondent.
Selon lathenmiiiii, la question est politique avant
tout. Elle n'est commerciale que subsidiairement.
Pour la Revue d'Edimbourg, au contraire, la ques-
tion n'a rien de politique. Elle est uniquement commer-
ciale.
L'Athenœum est opposé au percement de l'isthme
de Suez, parce qu'il craint qu'il n'en surgisse des riva-
lités d'influence contre la suprématie de l'Angleterre
dans les mers d'Asie et dans la Méditerranée.
La Revue d'Édimbourg proteste contre les considéra-
tions de cet ordre avec une grande vivacité de pensée et
d'expression :
« Nous déclarons hautement répudier tout sentiment de cette
» espèce comme entièrement indigne de nous et de notre
pays. »
L'Athenœum déclare que la mer Rouge est la plus
excellente des mers pour la navigation à vapeur; et il est
loin de la croire impraticable à la marine à voiles.
Selon la Revue d'Edimbourg, le trajet abrégé comme
espace ne le sera pas en réalité. On arrivera tout aussi
vite par le Cap que par l'isthme. Les frais de transport
ne seront point diminués, les relations commerciales
ne seront point augmentées ; la navigation ne sera ni
plus facile ni moins coûteuse.
VAthenœum lui répondait d'avance en ces termes :
« Ce qui intéresse les Anglais, c'est de savoir que la dis-
» tance absolue de Bombay à Londres est maintenant de
» 11,500 milles, réduits par la route de Suez à 6,200. — Eco-
» nomie, 5,300 milles. — De plus grands avantages seraient
» gagnés par le commerce des villes européennes et par celui
» de New-York et de la Nouvelle-Orléans. Les frets seraient
» ainsi à plus bas prix, les voyages accélérés, et vraisembla-
» blement le mouvement des affaires accru entre l'Europe et
» l'Inde. En outre, nos approvisionnements militaires et nos
» troupes pourraient être transportés de Malte à Bombay en
» trois semaines, en quatre à Madras et Ceylan, en cinq à
» Calcutta, tandis qu'aujourd'hui il faut cinq ou six mois par
» la route du Cap. )
Cependant ces deux voix isolées n'empêchaient point
la presse anglaise d'envisager le problème sous tous ses
côtés sociaux, et de le résoudre favorablement.
Au point de vue de l'intérêt universel, Y Atlas s'ex-
prime en ces termes :
« L'isthme de Suez est une simple bande de sable d'environ
« cent milles, qui sépare aussi effectivement le commerce des
» deux plus puissantes et plus riches portions du monde, que
» si elie était la chaîne de l'Himalaya. Quelque chose a été fait
» pour unir la Méditerranée et la mer Rouge par le chemin
» de fer de 260 milles, dont 160 milles sont achevés entre
» Alexandrie et le Caire. Mais quelque commode que soit ce
» railway pour les voyageurs, il a beau raccourcir la route
» entre Bombay et Londres, il n'a que peu d'utilité pour les
» millions de tonnes de marchandises, prenant, tant à l'aller
» qu'au retour, le chemin de la Péninsule indienne, de l'Aus-
n tralie et des mers orientales. Un canal maritime peut seul
» satisfaire les besoins d'un tel commerce; et il est malheureux
» pour les gouvernements européens qu'un canal s'organise à
» travers l'isthme de Panama, tandis que l'isthme égyptien
» reste une barrière aussi formidable et aussi inattaquée que
» jamais.,,
Après avoir développé plusieurs autres considérations
non moins intéressantes, l'Atlas conclut ainsi :
« Cette question intéresse toute l'Europe et toute l'Amérique
» du Nord. Elle sera résolue avant longtemps, en dépit de
» toutes les intrigues et de toutes les vieilleries diplomatiques
» du monde. »
Au point de vue du rapprochement des races et des
jalousies internationales, l'Econoiitist publiait ces ré-
flexions remarquables :
u Le temps est entièrement passé où la moindre jalousie pour-
» rait exister entre l'Angleterre et la France. Le canal mari-
» time doit être construit par le capital et le concours de toutes
» les nations commerciales qui voudront y prendre part. Sa
» neutralité, comme grande route générale, serait garantie et
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