Professeur de construction en béton armé
Expérimentateur, novateur, éducateur, Charles Rabut renouvelle l'art de construire les ponts et la façon de contrôler les ouvrages. Il contribue aussi, durant toute sa carrière, à valoriser les performances encore mal connues, d'un matériau très prometteur, le béton armé.
À la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, où il réalise plusieurs ouvrages d'art - dont les viaducs de Souleuvre et de Boulaire (Normandie) - il invente des appareils pour détecter et mesurer les déformations, à la traction et à la pression, des différents éléments d'une construction (changements de longueur, mouvement des pièces les unes par rapport aux autres).
Effectuant les premiers contrôles (maquette et laboratoire) des résultats fournis par les calculs, il énonce en 1902, les lois de déformation du béton armé, les principes de calcul et les règles de son emploi. Il introduit le béton léger dans la construction et tubé pour les fondations, les piles de ponts et les pylônes.
D'abord professeur adjoint au cours de mécanique appliquée de Jean Résal à l'École des ponts et chaussées en 1886, il y crée un an après, le premier cours de construction en béton armé, qui en France comme à l'étranger a de nombreux retentissements chez les ingénieurs et les bâtisseurs. Ce cours sera publié en 1906 sous forme d'un recueil de notes prises par les élèves dont fait partie Eugène Freyssinet, l’inventeur du béton précontraint.
À l'époque la connaissance de ce matériau est encore empirique et son utilisation souvent intuitive, malgré les références à la barque en ciment de Lambat en 1848, au brevet de ferraillage de poutre de François Hennebique et au pont de Chatellerault qu'il réalise en 1899.
Grand pédagogue, Charles Rabut privilégie dans son cours la pratique à la théorie et établit des principes généraux tant sur les aspects formels que sur les règles de calcul ; formant et informant inlassablement élèves et ingénieurs sur les comportements et aptitudes de cette nouvelle matière "plastique", résistante, durable et économe. À la même époque, il participe très activement à la rédaction de la première circulaire ministérielle relative à l'emploi du béton armé (20 octobre 1906) ; doté de "la même stabilité et sécurité que les matériaux traditionnels".
En dehors de ces études, Charles Rabut réalise divers travaux hydrauliques, des recherches sur la théorie des transformations et met au point une méthode pour la résolution d'un système d'équations simultanées. Il entre à l'Académie des sciences, un an avant sa mort.