Si le rapport de la Commission des phares de 1825 indique les caps du Cotentin à signaler, elle reste prudente sur les emplacements exacts et demande aux hydrographes des reconnaissances complémentaires. En 1833, avec l’hydrographe Beautemps-Beaupré, l’ingénieur des ponts et chaussées de la Manche, Morice de la Rue défie la Commission en proposant de construire en mer, sur le Gros-du-Raz, une sorte de plate-forme d'une vingtaine de mètres de diamètre, qui émerge de trois ou quatre mètres au-dessus des plus hautes mers et sur laquelle la houle ne déferle pas. Dans le même temps, Morice de la Rue dessine et construit le phare de Gatteville, dont la tour culmine à 75 mètres. Solide et élancé, le phare de Barfleur attire l’attention des ingénieurs et des profanes, comme le suggèrent les articles publiés dans les Annales des Ponts et Chaussées et le Magasin pittoresque. En juin 1847, Morice de la Rue écrit à sa hiérarchie pour suggérer sa nomination à la tête de l’atelier des phares de Paris en soulignant « la vie de dévouement (qu’il) mène depuis cinq années révolues et la gigantesque colonne (qu’il) vient d'élever par des procédés aussi simples que nouveaux ». Outre Gatteville, dont il est ici question, on doit à cet ingénieur le phare de La Hague, celui de Chausey, ainsi que sept fanaux de moindre importance.