Sur la plaque dédiée par souscription publique aux hommes célèbres du village de Mathieu (Calvados), les noms de trois Fresnel apparaissent : Augustin, savant et aîné de la fratrie, Fulgence (1793-1855), l’orientaliste et Léonor, l’ingénieur. Ce personnage, beaucoup moins connu que son frère, a pourtant joué un rôle décisif dans la politique de signalisation maritime de la France. En mars 1827, alors qu'il se consacrait depuis deux ans à l'étude d'un canal qui devait relier la capitale à la mer, il rejoint à Paris son frère Augustin, malade. Augustin meurt le 14 juillet. Il lui succède au secrétariat de la Commission des phares. Pendant près de 20 ans, Léonor va porter à leur maturité les innovations de son frère. Il ciumule de 1832 à 1837 les postes de secrétaire de la Commission des Phares et du Conseil Général des Ponts et Chaussées. C'est en 1838 qu'il prend la direction de la Commission des Phares. A Paris, il dirige l'atelier central où l'administration fait construire, en régie, de petits appareils lenticulaires, activité qui disparaîtra vers 1850. Dans le même temps, Léonor rédige des instructions pour l'entretien des appareils lenticulaires, inaugure les tournées d'inspection sur le littoral et se bat pour le rattachement de l'exploitation des phares au service public, contre les entrepreneurs qui les gèrent par marché. Quand il transmet en 1846 son poste de secrétaire de la Commission des Phares à Léonce Reynaud, Léonor Fresnel a mis en place une institution qui ne se substitue pas au travail collégial de la Commission, mais qui prend à sa charge le développement technique et le contrôle du réseau des phares de France. Il peut désormais se consacrer à l'édition et à la publication des oeuvres complètes de son frère, un travail qu'il poursuit jusqu'à la fin de sa vie.