Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-12-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 décembre 1857 25 décembre 1857
Description : 1857/12/25 (A2,N37). 1857/12/25 (A2,N37).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530636x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 535
ner le texte de la délibération de la Commission dépar-
tementale de la Seine. Ou verra que le caractère de ce
vœu est surtout commercial. Ce sont les avantages éco-
nomiques du canal de Suez qui paraissent avoir spécia-
lement frappé la Commission départementale. Mais elle
n'a pas négligé non plus le côté politique, et en recom-
mandant notre entreprise à la haute sollicitude du gou-
vernement, elle exprime l'espérance de voir bientôt
aplanir les dernières difficultés.
La Commission départementale, vu la lettre de M. Ferd. de
Lesseps en date du 12 août 1857 :
Considérant que le percement de l'isthme de Suez a pour
but d'ouvrir une nouvelle voie de communication entre les
populations de l'Europe et celles de l'Océanie, de l'Australie,
de la Chine et de l'Afrique orientale;
Que dans l'état actuel de la navigation , les navires, obligés
de doubler le cap de Bonne-Espérance pour se rendre dans la
mer des Indes , représentent, en jaugeage, un total de plus de
3 millions de tonneaux, dont le fret à raison de 120 fr. par
tonne forme une somme de 360 millions;
Que ces navires font un trajet de 6,000 lieues dont la durée
est de 3 et 4 mois; que par la nouvelle voie, la longueur et
la durée du voyage seraient abrégées de plus de moitié, ce
qui réduirait d'une manière notable le prix du fret;
Que l'expérience de l'établissement des canaux et des che-
mins de fer a démontré que l'économie et la rapidité des
moyens de transport multipliaient les échanges et leur don-
naient une vive impulsion en exerçant l'action la plus puis-
sante sur le développement des opérations commerciales;
Que les pavillons de toutes les nations se trouveraient placés
sur le même pied d'égalité relativement au tarif du péage;
Considérant que ce projet, sanctionné par la science, a reçu
un accueil favorable des diverses nations de l'Europe;
Que le département de la Seine, qui par sa situation géo-
graphique est devenu le point central où viennent aboutir
les principales lignes de chemins de fer de l'Europe, et qui par
sa position a vu se centraliser à Paris les plus grandes affaires
financières, doit encourager une entreprise dont la réalisa-
tion serait un véritable progrès pour le commerce et la civi-
lisation;
Émet le vœu de voir bientôt s'aplanir les dernières difucul-
tés qui s'opposent encore à l'exécution de ce projet et le re-
commande à la haute sollicitude du gouvernement.
Nous voudrions, à la suite de cette délibération,
pouvoir donner le rapport remarquable de M. Devinck
qui l'a motivée. Mais si nous ne pouvons communiquer
à nos lecteurs le texte même de ce rapport, voici du
moins les considérations principales que M. Devinck a
soumises à la Commission départementale.
, M. Devinck a commencé par bien caractériser le projet de
M. Ferd. de Lesseps. Ce projet est nouveau en ce que c'est
pour la première fois qu'on tente de relier directement la
mer Rouge et la Méditerranée par un grand canal que pour-
ront emprunter les plus forts navires du commerce. Tous les
projets antérieurs, à partir des plus récents, comme ceux de
MI. Barrault, Paulin Talabot, Lepère, jusqu'à ceux des Ara-
bes, des Romains, des Ptolémées et même des Pharaons, se
bornaient à joindre le Nil à la mer Rouge, et par le Nil, les
deux mers. Tous ces projets, si on veut les exécuter sur des
dimensions considérables, comme il convient à notre époque,
sont beaucoup plus longs, beaucoup plus difficiles et beau-
coup plus coûteux que celui de M. Ferd. de Lesseps. Ils ont
de plus l'inconvénient très-grave de bouleverser le système
hydraulique de l'Egypte, et d'exiger des travaux accessoires
qui peuvent n'être pas sans danger pour la prospérité et
même la subsistance du pays.
Le canal de M. Ferd. de Lesseps n'a aucun des inconvé-
nients qu'on peut justement reprocher aux autres projets. Il
n'a que trente lieues de long. Sans écluses, de 8 mètres de
profondeur, et de 80 à 100 mètres de largeur, il pourra don-
ner un facile passage aux navires nombreux qui font le trajet
entre l'Europe et les mers de l'Asie.
Ce qui rend aujourd'hui ce canal nécessaire, et ce qui lui a
concilié toutes les sympathies du monde civilisé, c'est l'im-
mense développement que prennent chaque jour les relations
des diverses contrées du continent asiatique avec l'Europe. Un
canal qui abrégera la route de moitié et épargnera 3,000
lieues sur 6,000 est fait pour exciter les plus légitimes désirs
et les espérances les mieux fondées.
Après avoir ainsi caractérisé le projet de M. Ferd. de Les-
seps, M. Devinck a fait l'historique de la concession, qui a
déjà trois ans de date, depuis les travaux de MM. Linant-Bey
et Mougel-Bey, ceux de la Commission internationale, jusqu'au
rapport de M. le baron Charles Dupin et aux observations
hydrographiques de M. le capitaine Philigret, qui ont définiti-
vement vidé la question de la baie de Péluse et de Dibeh, en
constatant que le mouillage à l'abri de la pointe de Damiette
était un des meilleurs de toute la Méditerranée.
Nos lecteurs connaissent tous ces détails, et nous n'y insis-
terons pas. Nous passerons également sur la partie politique
de l'entreprise, qu'ils connaissent également. M. le rapporteur
a donné sur ce point à la Commission départementale tous
les renseignements qu'elle pouvait désirer; et il a exposé avec
tout le développement nécessaire les adhésions des divers gou-
vernements, depuis la Sardaigne et la Hollande, qui ont les
premières exprimé leur opinion, jusqu'à nos Conseils généraux
et nos Chambres de commerce. M. Devinck n'a oublié ni les
meetings anglais, ni la réception faite récemment à M. Ferd.
de Lesseps soit à Vienne, soit à Trieste. Sous des formes
différentes, selon les pays et les circonstances, la pensée a été
partout la même. C'est une sympathie universelle. M. le rap-
porteur n'a pas caché qu'à ce concert unanime il y avait
cependant une exception regrettable; mais il espère que la
voix du commerce anglais sera entendue, et qu'elle l'empor-
tera sur une résistance que rien ne justifie, et qui no s'appuie
que sur des arguments trop peu sérieux.
M. Devinck a essayé de démontrer, avec une grande force
de logique et une grande connaissance des faits, que politique-
ment et commercialement l'Angleterre n'avait rien à craindre
du futur canal; et qu'appuyée comme elle l'est sur les points
stratégiques qu'elle occupe et sur l'immense commerce qu'elle
fait, elle n'avait à redouter ni la concurrence ni les ag res-
sions hypothétiques dont on la menace. Loin de là; c est elle
qui doit profiter plus que personne du canal maritime, parce
que c'est elle qui a dans les mers de l'Asie les colonies les plus
considérables et les espérances les plus vastes et les plus assurées.
Après toutes ces considérations, M. le rapporteur s'est
attaché plus particulièrement à la partie financière et com-
merciale du projet; c'est celle qu'il voulait surtout faire saillir,
et qui dans l'état actuel de la question lui paraissait la plus
importante peut-être. Il a donc rappelé comment le capital de
200 millions devait être réparti entre les diverses nations
qu'intéresse le projet : 50 millions à l'Égypte, 40 à la France,
40 à l'Angleterre, 25 à l'Autriche, 10 à la Hollande, le reste
au Piémont, à l'Espagne, à l'Italie, à la Russie, aux Mats-
Unis, à la Turquie, etc., etc.
ner le texte de la délibération de la Commission dépar-
tementale de la Seine. Ou verra que le caractère de ce
vœu est surtout commercial. Ce sont les avantages éco-
nomiques du canal de Suez qui paraissent avoir spécia-
lement frappé la Commission départementale. Mais elle
n'a pas négligé non plus le côté politique, et en recom-
mandant notre entreprise à la haute sollicitude du gou-
vernement, elle exprime l'espérance de voir bientôt
aplanir les dernières difficultés.
La Commission départementale, vu la lettre de M. Ferd. de
Lesseps en date du 12 août 1857 :
Considérant que le percement de l'isthme de Suez a pour
but d'ouvrir une nouvelle voie de communication entre les
populations de l'Europe et celles de l'Océanie, de l'Australie,
de la Chine et de l'Afrique orientale;
Que dans l'état actuel de la navigation , les navires, obligés
de doubler le cap de Bonne-Espérance pour se rendre dans la
mer des Indes , représentent, en jaugeage, un total de plus de
3 millions de tonneaux, dont le fret à raison de 120 fr. par
tonne forme une somme de 360 millions;
Que ces navires font un trajet de 6,000 lieues dont la durée
est de 3 et 4 mois; que par la nouvelle voie, la longueur et
la durée du voyage seraient abrégées de plus de moitié, ce
qui réduirait d'une manière notable le prix du fret;
Que l'expérience de l'établissement des canaux et des che-
mins de fer a démontré que l'économie et la rapidité des
moyens de transport multipliaient les échanges et leur don-
naient une vive impulsion en exerçant l'action la plus puis-
sante sur le développement des opérations commerciales;
Que les pavillons de toutes les nations se trouveraient placés
sur le même pied d'égalité relativement au tarif du péage;
Considérant que ce projet, sanctionné par la science, a reçu
un accueil favorable des diverses nations de l'Europe;
Que le département de la Seine, qui par sa situation géo-
graphique est devenu le point central où viennent aboutir
les principales lignes de chemins de fer de l'Europe, et qui par
sa position a vu se centraliser à Paris les plus grandes affaires
financières, doit encourager une entreprise dont la réalisa-
tion serait un véritable progrès pour le commerce et la civi-
lisation;
Émet le vœu de voir bientôt s'aplanir les dernières difucul-
tés qui s'opposent encore à l'exécution de ce projet et le re-
commande à la haute sollicitude du gouvernement.
Nous voudrions, à la suite de cette délibération,
pouvoir donner le rapport remarquable de M. Devinck
qui l'a motivée. Mais si nous ne pouvons communiquer
à nos lecteurs le texte même de ce rapport, voici du
moins les considérations principales que M. Devinck a
soumises à la Commission départementale.
, M. Devinck a commencé par bien caractériser le projet de
M. Ferd. de Lesseps. Ce projet est nouveau en ce que c'est
pour la première fois qu'on tente de relier directement la
mer Rouge et la Méditerranée par un grand canal que pour-
ront emprunter les plus forts navires du commerce. Tous les
projets antérieurs, à partir des plus récents, comme ceux de
MI. Barrault, Paulin Talabot, Lepère, jusqu'à ceux des Ara-
bes, des Romains, des Ptolémées et même des Pharaons, se
bornaient à joindre le Nil à la mer Rouge, et par le Nil, les
deux mers. Tous ces projets, si on veut les exécuter sur des
dimensions considérables, comme il convient à notre époque,
sont beaucoup plus longs, beaucoup plus difficiles et beau-
coup plus coûteux que celui de M. Ferd. de Lesseps. Ils ont
de plus l'inconvénient très-grave de bouleverser le système
hydraulique de l'Egypte, et d'exiger des travaux accessoires
qui peuvent n'être pas sans danger pour la prospérité et
même la subsistance du pays.
Le canal de M. Ferd. de Lesseps n'a aucun des inconvé-
nients qu'on peut justement reprocher aux autres projets. Il
n'a que trente lieues de long. Sans écluses, de 8 mètres de
profondeur, et de 80 à 100 mètres de largeur, il pourra don-
ner un facile passage aux navires nombreux qui font le trajet
entre l'Europe et les mers de l'Asie.
Ce qui rend aujourd'hui ce canal nécessaire, et ce qui lui a
concilié toutes les sympathies du monde civilisé, c'est l'im-
mense développement que prennent chaque jour les relations
des diverses contrées du continent asiatique avec l'Europe. Un
canal qui abrégera la route de moitié et épargnera 3,000
lieues sur 6,000 est fait pour exciter les plus légitimes désirs
et les espérances les mieux fondées.
Après avoir ainsi caractérisé le projet de M. Ferd. de Les-
seps, M. Devinck a fait l'historique de la concession, qui a
déjà trois ans de date, depuis les travaux de MM. Linant-Bey
et Mougel-Bey, ceux de la Commission internationale, jusqu'au
rapport de M. le baron Charles Dupin et aux observations
hydrographiques de M. le capitaine Philigret, qui ont définiti-
vement vidé la question de la baie de Péluse et de Dibeh, en
constatant que le mouillage à l'abri de la pointe de Damiette
était un des meilleurs de toute la Méditerranée.
Nos lecteurs connaissent tous ces détails, et nous n'y insis-
terons pas. Nous passerons également sur la partie politique
de l'entreprise, qu'ils connaissent également. M. le rapporteur
a donné sur ce point à la Commission départementale tous
les renseignements qu'elle pouvait désirer; et il a exposé avec
tout le développement nécessaire les adhésions des divers gou-
vernements, depuis la Sardaigne et la Hollande, qui ont les
premières exprimé leur opinion, jusqu'à nos Conseils généraux
et nos Chambres de commerce. M. Devinck n'a oublié ni les
meetings anglais, ni la réception faite récemment à M. Ferd.
de Lesseps soit à Vienne, soit à Trieste. Sous des formes
différentes, selon les pays et les circonstances, la pensée a été
partout la même. C'est une sympathie universelle. M. le rap-
porteur n'a pas caché qu'à ce concert unanime il y avait
cependant une exception regrettable; mais il espère que la
voix du commerce anglais sera entendue, et qu'elle l'empor-
tera sur une résistance que rien ne justifie, et qui no s'appuie
que sur des arguments trop peu sérieux.
M. Devinck a essayé de démontrer, avec une grande force
de logique et une grande connaissance des faits, que politique-
ment et commercialement l'Angleterre n'avait rien à craindre
du futur canal; et qu'appuyée comme elle l'est sur les points
stratégiques qu'elle occupe et sur l'immense commerce qu'elle
fait, elle n'avait à redouter ni la concurrence ni les ag res-
sions hypothétiques dont on la menace. Loin de là; c est elle
qui doit profiter plus que personne du canal maritime, parce
que c'est elle qui a dans les mers de l'Asie les colonies les plus
considérables et les espérances les plus vastes et les plus assurées.
Après toutes ces considérations, M. le rapporteur s'est
attaché plus particulièrement à la partie financière et com-
merciale du projet; c'est celle qu'il voulait surtout faire saillir,
et qui dans l'état actuel de la question lui paraissait la plus
importante peut-être. Il a donc rappelé comment le capital de
200 millions devait être réparti entre les diverses nations
qu'intéresse le projet : 50 millions à l'Égypte, 40 à la France,
40 à l'Angleterre, 25 à l'Autriche, 10 à la Hollande, le reste
au Piémont, à l'Espagne, à l'Italie, à la Russie, aux Mats-
Unis, à la Turquie, etc., etc.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/30
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6530636x/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6530636x/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6530636x/f3.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6530636x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6530636x
Facebook
Twitter