Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-12-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 décembre 1857 10 décembre 1857
Description : 1857/12/10 (A2,N36). 1857/12/10 (A2,N36).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530635h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
518 L'ISTHME DE SUEZ,
posent quelques organes allemands, d'après les déclarations de
lord Palmerston, il suffirait que les gouvernements du conti-
nent fussent résolus à manifester leur volonté un peu énergi-
quement. Voilà ce qui déciderait la question.
a Mais nous nous demandons si M. de Lesseps, qui espère
réaliser son projet, non pas contre la volonté de l'Angleterre,
mais avec la volonté de ce pays, s'est réellement mépris autant
qu'on le dit de certains côté?.
a On nous dit : Vous confondez le côté matériel (purement
mercantile) avec le côté politique. Comme le canal est un pro-
fit immédiat pour les marchands, ils se prononcent en sa fa-
veur, tandis que le cabinet considère l'intérêt politique. De là
la contradiction apparente. a Un politique habile, dit-on , un
» homme d'Etat vieilli au service de sa patrie et occupant
» une position aussi élevée, ne se trompe pas si gravement »
Rarement, nous en convenons, un homme politique a été assez
heureux pour voir, ainsi que lord Palmerston, son autorité si
absolument reconnue. Et cependant il serait difficile de trouver
une carrière politique qui montre un plus grand nombre de
changements, suivant les circonstances. »
M. Fréd. Szarvady énumère ici quelques-uns des principaux
événements de l'Europe où lord Palmerston a joué un rôle.
Puis il continue :
« Si cet homme d'Etat dans la fleur de l'âge a dû pratiquer
successivement cc dans l'intérêt anglais » les principes les plus
opposés, pourquoi dans sa vieillesse serait-il devenu inflexible?
Le motif de l'opposition de lord Palmerston est toujours une
énigme, quoiqu'on y cherche les raisons les plus profondes.
Il y a en Angleterre des' gens qui prétendent que lord Palmer-
ston n'a pas d'autre argument contre le canal que l'opinion
- tout individuelle de lord Redcliffe. Son argumentation pendant
la courte discussion au sein du Parlement n'exclut pas cette
hypothèse, tant ses arguments étaient faibles. Si lord Palmer-
ston avait pu opposer un argument politique sérieusement
admissible, il n'aurait certes pas été assez modeste pour le
taire. Aujourd'hui on parle de « l'intérêt politique » pour
effrayer le monde. Que le canal soit seulement exécuté, et il
sera parfaitement d'accord avec « l'intérêt politique » de l'An-
gleterre. On commence déjà à dire « que l'Angleterre peut
bien vouloir une route pour les passagers à travers l'Egypte,
mais que, dans son « intérêt politique » bien entendu, elle
cherche à empêcher qu'une-route maritime ne soit ouverte
à travers l'isthme de Suez. » Lorsque le lieutenant Waghorn
recommanda la route de l'Overland, les mêmes politiques
anglais, dans le même « intérêt politique bien entendu » ,
ont combattu la proposition de Waghorn.
Mais où est le danger pour l'Angleterre ? « Elle ne saurait
acquérir, nous répond-on, dans la Méditerranée de nouvelles
stations outre Gibraltar, Malte et Corfou. » On peut trouver
que c'est déjà assez, si le derrière est couvert par Aden et *
Périm. La domination exclusive de l'Angleterre dans la Médi-
terranée est une chimère ; car la marine française et bien
d'autres y tiennent une place considérable. Mais ni la France
ni l'Autriche ne disputeront à l'Angleterre sa supériorité, ni
dans la Méditerranée, ni dans une autre mer, tant que le génie
de la nation anglaise restera ce qu'il est.
» Or, la question principale est et sera celle-ci : Y a-t-il
profit pour l'Angleterre, si la longueur de la route qui con-
duit dans ses futures plantations de coton est diminuée de
moitié? Y a-t-il profit pour l'Angleterre, si ses colonies les
plus importantes, les plus grandes du monde, sont assez rap-
prochées de la métropole pour amener les conséquences les
plus heureuses par un échange continuel d'idées et de pro-
duits? L'Angleterre doit-elle craindre-quelque atteinte à sa po-
sition de puissance maritime, d'une œuvre qui lui permet d'en-
voyer en peu de jours ses flottes de l'Australie et de l'Inde
dans la Méditerranée? Cette entreprise qui lui assure en Chine
une avance sur les Américains, même lorsque ces derniers
auront creusé le canal de Panama, serait-elle une entreprise
dirigée contre la politique anglaise?
Il Sous prétexte que l'Egypte n'est-pas anglaise et ne le de-
viendra pas, cette puissance s'opposerait-elle au canal de Suez?
La Turquie est-elle anglaise ? et cela empêche-t-il l'Angle-
terre d'y faire valoir son influence ? Le PortugaL est-il an-
glais ? Et dans ce moment l'Angleterre ne peut pas se plaindre
de son influence en Egypte. Non, jamais nous n'admettrons que
lord Palmerston ait agi dans l'intérêt de l'Angleterre en jetant
le gant au canal de Suez. Ce n'est que le souvenir de la faci-
lité avec laquelle le Premier Ministre anglais sait prendre une
autre route, qui peut expliquer ses récents discours dans le
Parlement, et la portée de son opposition est diminuée d'au-
tant. Nous ne changerons pas d'avis; lord Palmerston pourra
en changer. Selon nous il ne saurait faire autrement.
» Il n'est pas le seul représentant de l'intérêt anglais; il y
a des hommes d'Etat anglais qui, comme M. Gladstone, ne
sont pas des traîtres à la patrie, et qui cependant regardent
avec d'autres opinions la nouvelle route maritime. Nous avons
sous les yeux la lettre d'un homme bien informé et digne de
foi, datée de Vienne, et dans laquelle il est dit que sir Ha-
milton Seymour, malgré tout le respect qu'il a pour l'expé-
rience, l'énergie et les talents extraordinaires de lord Redcliffe,
pourrait bien ne pas partager son opinion dans la question
du canal. Et pourtant sir Hamilton Seymour est un diplomate
qui a donné à l'Europe des preuves que ni l'honneur, ni
l'intérêt politique de l'Angleterre ne sont pour lui des choses
indifférentes. » FRÉDÉRIC SZARVADY.
Pour notre part, nous sommes tout à fait de l'avis de
M. Fréd. Szarvady. La politique change avec les temps;
et sans qu'il y ait contradiction le moins du monde, elle
approuve à une époque ce qu'elle désapprouvait à une
autre. Les circonstances, sous ce rapport, sont la loi
des esprits justes et patriotiques. L'Angleterre a con-
tracté avec la France une fidèle alliance : il y a cin-
quante ans, les deux pays se combattaient à outrance.
Il faut aussi se rappeler qu'en répondant à M. Glad-
stone , lord Palmerston a déclaré qu'il ne s'opposait pas
au nom de l'intérêt anglais au canal, mais au nom de
l'intérêt de la Turquie. Cette modification très-grave de
langage a été fort remarquée, et elle devait l'être. Peut-
être suffirait-il de ce souvenir pour mettre tout à fait
d'accord les deux écrivains si instruits et si habiles des
deux journaux allemands.
ERNEST DESPLACES.
LA COMPAGNIE DES INDES ORIENTALES
AU PARLEMENT ANGLAIS.
L'organisation politique de l'empire anglo-indien se
rattache de trop près à l'avenir du canal de Suez pour
que nous ne suivions pas cette grande question avec toute
l'attention qu'elle mérite. Il est évident que les événe-
ments actuels vont amener des modifications profondes
dans la constitution de la Compagnie des Indes, et peut-
être sa suppression. Bien des journaux réclament ces-
posent quelques organes allemands, d'après les déclarations de
lord Palmerston, il suffirait que les gouvernements du conti-
nent fussent résolus à manifester leur volonté un peu énergi-
quement. Voilà ce qui déciderait la question.
a Mais nous nous demandons si M. de Lesseps, qui espère
réaliser son projet, non pas contre la volonté de l'Angleterre,
mais avec la volonté de ce pays, s'est réellement mépris autant
qu'on le dit de certains côté?.
a On nous dit : Vous confondez le côté matériel (purement
mercantile) avec le côté politique. Comme le canal est un pro-
fit immédiat pour les marchands, ils se prononcent en sa fa-
veur, tandis que le cabinet considère l'intérêt politique. De là
la contradiction apparente. a Un politique habile, dit-on , un
» homme d'Etat vieilli au service de sa patrie et occupant
» une position aussi élevée, ne se trompe pas si gravement »
Rarement, nous en convenons, un homme politique a été assez
heureux pour voir, ainsi que lord Palmerston, son autorité si
absolument reconnue. Et cependant il serait difficile de trouver
une carrière politique qui montre un plus grand nombre de
changements, suivant les circonstances. »
M. Fréd. Szarvady énumère ici quelques-uns des principaux
événements de l'Europe où lord Palmerston a joué un rôle.
Puis il continue :
« Si cet homme d'Etat dans la fleur de l'âge a dû pratiquer
successivement cc dans l'intérêt anglais » les principes les plus
opposés, pourquoi dans sa vieillesse serait-il devenu inflexible?
Le motif de l'opposition de lord Palmerston est toujours une
énigme, quoiqu'on y cherche les raisons les plus profondes.
Il y a en Angleterre des' gens qui prétendent que lord Palmer-
ston n'a pas d'autre argument contre le canal que l'opinion
- tout individuelle de lord Redcliffe. Son argumentation pendant
la courte discussion au sein du Parlement n'exclut pas cette
hypothèse, tant ses arguments étaient faibles. Si lord Palmer-
ston avait pu opposer un argument politique sérieusement
admissible, il n'aurait certes pas été assez modeste pour le
taire. Aujourd'hui on parle de « l'intérêt politique » pour
effrayer le monde. Que le canal soit seulement exécuté, et il
sera parfaitement d'accord avec « l'intérêt politique » de l'An-
gleterre. On commence déjà à dire « que l'Angleterre peut
bien vouloir une route pour les passagers à travers l'Egypte,
mais que, dans son « intérêt politique » bien entendu, elle
cherche à empêcher qu'une-route maritime ne soit ouverte
à travers l'isthme de Suez. » Lorsque le lieutenant Waghorn
recommanda la route de l'Overland, les mêmes politiques
anglais, dans le même « intérêt politique bien entendu » ,
ont combattu la proposition de Waghorn.
Mais où est le danger pour l'Angleterre ? « Elle ne saurait
acquérir, nous répond-on, dans la Méditerranée de nouvelles
stations outre Gibraltar, Malte et Corfou. » On peut trouver
que c'est déjà assez, si le derrière est couvert par Aden et *
Périm. La domination exclusive de l'Angleterre dans la Médi-
terranée est une chimère ; car la marine française et bien
d'autres y tiennent une place considérable. Mais ni la France
ni l'Autriche ne disputeront à l'Angleterre sa supériorité, ni
dans la Méditerranée, ni dans une autre mer, tant que le génie
de la nation anglaise restera ce qu'il est.
» Or, la question principale est et sera celle-ci : Y a-t-il
profit pour l'Angleterre, si la longueur de la route qui con-
duit dans ses futures plantations de coton est diminuée de
moitié? Y a-t-il profit pour l'Angleterre, si ses colonies les
plus importantes, les plus grandes du monde, sont assez rap-
prochées de la métropole pour amener les conséquences les
plus heureuses par un échange continuel d'idées et de pro-
duits? L'Angleterre doit-elle craindre-quelque atteinte à sa po-
sition de puissance maritime, d'une œuvre qui lui permet d'en-
voyer en peu de jours ses flottes de l'Australie et de l'Inde
dans la Méditerranée? Cette entreprise qui lui assure en Chine
une avance sur les Américains, même lorsque ces derniers
auront creusé le canal de Panama, serait-elle une entreprise
dirigée contre la politique anglaise?
Il Sous prétexte que l'Egypte n'est-pas anglaise et ne le de-
viendra pas, cette puissance s'opposerait-elle au canal de Suez?
La Turquie est-elle anglaise ? et cela empêche-t-il l'Angle-
terre d'y faire valoir son influence ? Le PortugaL est-il an-
glais ? Et dans ce moment l'Angleterre ne peut pas se plaindre
de son influence en Egypte. Non, jamais nous n'admettrons que
lord Palmerston ait agi dans l'intérêt de l'Angleterre en jetant
le gant au canal de Suez. Ce n'est que le souvenir de la faci-
lité avec laquelle le Premier Ministre anglais sait prendre une
autre route, qui peut expliquer ses récents discours dans le
Parlement, et la portée de son opposition est diminuée d'au-
tant. Nous ne changerons pas d'avis; lord Palmerston pourra
en changer. Selon nous il ne saurait faire autrement.
» Il n'est pas le seul représentant de l'intérêt anglais; il y
a des hommes d'Etat anglais qui, comme M. Gladstone, ne
sont pas des traîtres à la patrie, et qui cependant regardent
avec d'autres opinions la nouvelle route maritime. Nous avons
sous les yeux la lettre d'un homme bien informé et digne de
foi, datée de Vienne, et dans laquelle il est dit que sir Ha-
milton Seymour, malgré tout le respect qu'il a pour l'expé-
rience, l'énergie et les talents extraordinaires de lord Redcliffe,
pourrait bien ne pas partager son opinion dans la question
du canal. Et pourtant sir Hamilton Seymour est un diplomate
qui a donné à l'Europe des preuves que ni l'honneur, ni
l'intérêt politique de l'Angleterre ne sont pour lui des choses
indifférentes. » FRÉDÉRIC SZARVADY.
Pour notre part, nous sommes tout à fait de l'avis de
M. Fréd. Szarvady. La politique change avec les temps;
et sans qu'il y ait contradiction le moins du monde, elle
approuve à une époque ce qu'elle désapprouvait à une
autre. Les circonstances, sous ce rapport, sont la loi
des esprits justes et patriotiques. L'Angleterre a con-
tracté avec la France une fidèle alliance : il y a cin-
quante ans, les deux pays se combattaient à outrance.
Il faut aussi se rappeler qu'en répondant à M. Glad-
stone , lord Palmerston a déclaré qu'il ne s'opposait pas
au nom de l'intérêt anglais au canal, mais au nom de
l'intérêt de la Turquie. Cette modification très-grave de
langage a été fort remarquée, et elle devait l'être. Peut-
être suffirait-il de ce souvenir pour mettre tout à fait
d'accord les deux écrivains si instruits et si habiles des
deux journaux allemands.
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AU PARLEMENT ANGLAIS.
L'organisation politique de l'empire anglo-indien se
rattache de trop près à l'avenir du canal de Suez pour
que nous ne suivions pas cette grande question avec toute
l'attention qu'elle mérite. Il est évident que les événe-
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