Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-01-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 janvier 1857 25 janvier 1857
Description : 1857/01/25 (A2,N15). 1857/01/25 (A2,N15).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530614b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 23
des Indes proprement dite, de Bombay à Bassadore,
1,135 milles; et ensuite, de Bassadore à Bouchir,
300 milles. Bassadore , où la flotte ne fera que toucher,
est à l'extrémité sud-ouest de l'île de Kishm , qui com-
mande le golfe d'Ormus et l'entrée du golfe Persique.
C'est un peu avant Ormus, à Jask, au sud-est, que com-
mence la frontière persane , qui s'étend sur 225 lieues
de côtes à peu près jusqu'à l'embouchure de l'Euphrate.
Les Anglais ont depuis longtemps des établissements
fort importants à Bassadore, qui est un lieu de relâche
et de refuge. La flotte n'a point à s'arrêter de Bassadore
à Bouchir pendant 120 lieues a peu près. C'est à Bou-
ehir que, selon toute apparence, elle essayera de dé-
barquer, bien que les navires ne puissent pas approcher
du rivage à plus de trois milles. Bouchir est, comme on
se le rappelle, le port le plus considérable delà Perse; il
s'y fait un commerce assez étendu (40 à 50 millions de
frapes), et c'est par là que la Perse reçoit les denrées de
l'Europe et de l'Inde, et qu'elle trouve des débouchés
faciles pour les siennes. La population est de vingt à vingt-
cinq mille habitants au moins. La ville est située sur la
pointe nord d'une péninsule de sable. Outre l'inconvé-
nient pour les navire§ un peu forts de ne pouvoir s'appro-
cher de la ville, qui d'ailleurs n'a pas d'eau, ils ne peu-
vent s'y abriter des vents du N. -0., qui régnent une bonne
partie de l'année. C'est là ce qui fait que l'île de Karak,
à quinze lieues de là dans l'O.-N.-O., a tant d'impor-
tance. Le mouillage de cette île est excellent ; l'eau y est
abondante autant qu'elle l'est peu à Bouchir. Aussi voilà
très-longtemps que les Anglais la convoitent, et qu'ils
ont voulu y faire tout au moins des établissements analo-
gues à ceux qu'ils ont déjà à Bassadore. Il y a plus de
trente ans que l'amiral sir John Malcolm la signalait
déjà à l'attention du gouvernement anglais. Ses conseils
ne furent pas suivis alors ; mais il est bien probable que,
grâce à l'expédition nouvelle, ils vont l'être cette fois. Ce
qu'il y a de curieux, c'est qu'il est certain que l'île de
Karak a jadis appartenu à la France, à qui elle a été
cédée par un traité de 1769. Le traité de commerce
conclu en 1808 par le général Gardanne a ravivé ce
titre de possession, à peu près oublié, et que probable-
ment on ne pense point à revendiquer aujourd'hui. Cette
possessioij de la France n'avait d'ailleurs été que nomi-
nale. Cinq ou six ans après nous, les Hollandais, vers
1775, avaient occupé l'île de Karak, et ils l'avaient pos-
sédée douze ans, en y faisant un assez grand commerce.
Les Persans l'avaient reprise ensuite ; et depuis lors, ils
l'ont gardée en y mettant, ainsi que nous l'avons dit,
une garnison de deux cents sirbaz ou fantassins régu-
liers. Il est clair que les Anglais s'en empareront très-ai-
sément; mais il est peu probable qu'ils s'en contentent,
Karak, malgré tous ses avantages, est encore à quarante
lieues au moins des embouchures de l'Euphrate; et cette
distance est considérable, quoique, par nécessité, ce soit
à Karak que les navires remontant à Bassorah doivent
prendre leurs pilotes. Il y a quelques îles aux embou-
chures mêmes de l'Euphrate où l'on pourrait faire un
établissement plus commode, et de tout point plus con-
venable. On peut donc s'en fier à la Compagnie des
Indes pour ne pas manquer l'occasion favorahlequi se.
présente.
Nous avons nous-même exprimé quelques doutes sur
les résolutions ultérieures du gouvernement anglais, et
il nous semblait bien difficile qu'il pût songer à faire
avancer ses troupes de Bouchir dans l'intérieur de la
Perse. Il paraît que c'est là aussi le sentiment général
qui règne dans l'Inde; et un journal de Calcutta, le Ben-
gal Hurkuru, a publié une lettre d'un officier anglais
qui a produit une assez grande sensation. Cet officier,
qui a fait quatre fois la route de Bouchir à Ispahan et
qui a servi dans l'armée persane , déclare , d'après la
connaissance personnelle qu'il a des lieux, qu'il est tout
à fait impossible à une armée de se rendre de Bouchir à
Shiraz, quoique la distance ne soit pas très-considérable.
Dans ce trajet il n'y a que deux villes, Kazeroum et Da-
loïki. Les montagnes et les passes qu'il faut traverser
sont horribles ; l'armée la plus forte pourrait y être ar-
rêtée par une poignée de gens résolus. De plus, il faudrait
qu'elle portât avec elle tous ses approvisionnements et
ses vivres; car le pays est affreusement stérile; .et,
comme les montagnes sont très-hautes, les cipayes qui
auraient à les traverser seraient hors d'état d'y supporter
le froid qui les y attend. Au delà de Shiraz, les diffi-
cultés , pour être différentes , ne sont pas moindres ; et,
par exemple, de Shiraz à Ispahan il serait impossible à
la cavalerie, qui serait surtout chargée de l'invasion, de
trouver le moindre fourrage. Il n'y a guère que trente-
cinq lieues de Shiraz à Bouchir; il y en a trois fois autant
de Shiraz à Ispahan. Il faudrait aller ensuite d'Ispahan
à Téhéran , qui est à peu près aussi éloigné d'Ispahan
qu'Ispahan elle-même l'est de Shiraz. L'officier anglais
en conclut, avec une autorité qui paraît très - compé-
tente dans la matière, que cette invasion serait absolu-
ment impraticable. Aussi pensons-nous que la Compa-
gnie des Indes est trop prudente pour l'entreprendre.
Mais il n'est pas besoin de faire cette tentative hasar-
deuse pour que l'expédition actuelle soit très-fructueuse
pour la puissance anglaise.
PAUL MERRUAU.
FAITS DIVERS.
Le rapport de la Commission internationale a été
présenté à l'Académie des sciences de l'Institut implrhll
de France dans sa séance du 29 décembre. Ce .rapport
a été renvoyé 4 l'examen de la commission déjà nommée
pour les échantillons géologiques des forages, et pour le
Mémoire de M. Lieussou, membre de la Commission
internationale, sur le régime des eaux dans le canal.
- Le gouvernement anglais vient de s'entendre avec la -
Compagnie Péninsulaire et Orientale pour que les bâtiments
à vapeur qui devaient s'arrêter à Hong-Kong et Chang-haï
touchent aussi désormais aux ports intermédiaires d'Amoï,
Chou-fon-chou et Ning-po, pour y prendre des voyageurs et
des dépêches. -.
— La colonie de Maurice a pu faire les arrangements
convenables pour avoir une fois par mois une malle qui cor-
des Indes proprement dite, de Bombay à Bassadore,
1,135 milles; et ensuite, de Bassadore à Bouchir,
300 milles. Bassadore , où la flotte ne fera que toucher,
est à l'extrémité sud-ouest de l'île de Kishm , qui com-
mande le golfe d'Ormus et l'entrée du golfe Persique.
C'est un peu avant Ormus, à Jask, au sud-est, que com-
mence la frontière persane , qui s'étend sur 225 lieues
de côtes à peu près jusqu'à l'embouchure de l'Euphrate.
Les Anglais ont depuis longtemps des établissements
fort importants à Bassadore, qui est un lieu de relâche
et de refuge. La flotte n'a point à s'arrêter de Bassadore
à Bouchir pendant 120 lieues a peu près. C'est à Bou-
ehir que, selon toute apparence, elle essayera de dé-
barquer, bien que les navires ne puissent pas approcher
du rivage à plus de trois milles. Bouchir est, comme on
se le rappelle, le port le plus considérable delà Perse; il
s'y fait un commerce assez étendu (40 à 50 millions de
frapes), et c'est par là que la Perse reçoit les denrées de
l'Europe et de l'Inde, et qu'elle trouve des débouchés
faciles pour les siennes. La population est de vingt à vingt-
cinq mille habitants au moins. La ville est située sur la
pointe nord d'une péninsule de sable. Outre l'inconvé-
nient pour les navire§ un peu forts de ne pouvoir s'appro-
cher de la ville, qui d'ailleurs n'a pas d'eau, ils ne peu-
vent s'y abriter des vents du N. -0., qui régnent une bonne
partie de l'année. C'est là ce qui fait que l'île de Karak,
à quinze lieues de là dans l'O.-N.-O., a tant d'impor-
tance. Le mouillage de cette île est excellent ; l'eau y est
abondante autant qu'elle l'est peu à Bouchir. Aussi voilà
très-longtemps que les Anglais la convoitent, et qu'ils
ont voulu y faire tout au moins des établissements analo-
gues à ceux qu'ils ont déjà à Bassadore. Il y a plus de
trente ans que l'amiral sir John Malcolm la signalait
déjà à l'attention du gouvernement anglais. Ses conseils
ne furent pas suivis alors ; mais il est bien probable que,
grâce à l'expédition nouvelle, ils vont l'être cette fois. Ce
qu'il y a de curieux, c'est qu'il est certain que l'île de
Karak a jadis appartenu à la France, à qui elle a été
cédée par un traité de 1769. Le traité de commerce
conclu en 1808 par le général Gardanne a ravivé ce
titre de possession, à peu près oublié, et que probable-
ment on ne pense point à revendiquer aujourd'hui. Cette
possessioij de la France n'avait d'ailleurs été que nomi-
nale. Cinq ou six ans après nous, les Hollandais, vers
1775, avaient occupé l'île de Karak, et ils l'avaient pos-
sédée douze ans, en y faisant un assez grand commerce.
Les Persans l'avaient reprise ensuite ; et depuis lors, ils
l'ont gardée en y mettant, ainsi que nous l'avons dit,
une garnison de deux cents sirbaz ou fantassins régu-
liers. Il est clair que les Anglais s'en empareront très-ai-
sément; mais il est peu probable qu'ils s'en contentent,
Karak, malgré tous ses avantages, est encore à quarante
lieues au moins des embouchures de l'Euphrate; et cette
distance est considérable, quoique, par nécessité, ce soit
à Karak que les navires remontant à Bassorah doivent
prendre leurs pilotes. Il y a quelques îles aux embou-
chures mêmes de l'Euphrate où l'on pourrait faire un
établissement plus commode, et de tout point plus con-
venable. On peut donc s'en fier à la Compagnie des
Indes pour ne pas manquer l'occasion favorahlequi se.
présente.
Nous avons nous-même exprimé quelques doutes sur
les résolutions ultérieures du gouvernement anglais, et
il nous semblait bien difficile qu'il pût songer à faire
avancer ses troupes de Bouchir dans l'intérieur de la
Perse. Il paraît que c'est là aussi le sentiment général
qui règne dans l'Inde; et un journal de Calcutta, le Ben-
gal Hurkuru, a publié une lettre d'un officier anglais
qui a produit une assez grande sensation. Cet officier,
qui a fait quatre fois la route de Bouchir à Ispahan et
qui a servi dans l'armée persane , déclare , d'après la
connaissance personnelle qu'il a des lieux, qu'il est tout
à fait impossible à une armée de se rendre de Bouchir à
Shiraz, quoique la distance ne soit pas très-considérable.
Dans ce trajet il n'y a que deux villes, Kazeroum et Da-
loïki. Les montagnes et les passes qu'il faut traverser
sont horribles ; l'armée la plus forte pourrait y être ar-
rêtée par une poignée de gens résolus. De plus, il faudrait
qu'elle portât avec elle tous ses approvisionnements et
ses vivres; car le pays est affreusement stérile; .et,
comme les montagnes sont très-hautes, les cipayes qui
auraient à les traverser seraient hors d'état d'y supporter
le froid qui les y attend. Au delà de Shiraz, les diffi-
cultés , pour être différentes , ne sont pas moindres ; et,
par exemple, de Shiraz à Ispahan il serait impossible à
la cavalerie, qui serait surtout chargée de l'invasion, de
trouver le moindre fourrage. Il n'y a guère que trente-
cinq lieues de Shiraz à Bouchir; il y en a trois fois autant
de Shiraz à Ispahan. Il faudrait aller ensuite d'Ispahan
à Téhéran , qui est à peu près aussi éloigné d'Ispahan
qu'Ispahan elle-même l'est de Shiraz. L'officier anglais
en conclut, avec une autorité qui paraît très - compé-
tente dans la matière, que cette invasion serait absolu-
ment impraticable. Aussi pensons-nous que la Compa-
gnie des Indes est trop prudente pour l'entreprendre.
Mais il n'est pas besoin de faire cette tentative hasar-
deuse pour que l'expédition actuelle soit très-fructueuse
pour la puissance anglaise.
PAUL MERRUAU.
FAITS DIVERS.
Le rapport de la Commission internationale a été
présenté à l'Académie des sciences de l'Institut implrhll
de France dans sa séance du 29 décembre. Ce .rapport
a été renvoyé 4 l'examen de la commission déjà nommée
pour les échantillons géologiques des forages, et pour le
Mémoire de M. Lieussou, membre de la Commission
internationale, sur le régime des eaux dans le canal.
- Le gouvernement anglais vient de s'entendre avec la -
Compagnie Péninsulaire et Orientale pour que les bâtiments
à vapeur qui devaient s'arrêter à Hong-Kong et Chang-haï
touchent aussi désormais aux ports intermédiaires d'Amoï,
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