Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 décembre 1860 15 décembre 1860
Description : 1860/12/15 (A5,N108). 1860/12/15 (A5,N108).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299745
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
388 L'ISTHME DE SUEZ,
» doit atteindre cet empire au jour prochain où le
» percement de l'isthme de Suez rétablira l'antique
» route de l'Inde vers l'Arabie, l'Asie Mineure et la
» mer Egée, et où l'Orient sera relié à l'Occident par
» la vapeur, sur terre et sur mer. »
Sur quel terrain nouveau pourrait donc s'établir
l'opposition supposée, après avoir vu tous ses argu-
ments si laborieusement cherchés, si désastreu:::ement
démolis, s'ébouler sous ses pas?
Nous n'en voyons plus qu'un. Si jamais elle a
porté un masque, il faudrait qu'elle le jetât. Il faudrait
qu'elle arborât hautement la tyrannie et la volonté
d'humilier et de se subordonner tous les peuples ! Il
faudrait qu'elle proclamât ouvertement que l'intérêt
universel ne passe et ne doit passer qu'après ses pré-
jugés! Il faudrait qu'on appelât un peuple libéral à
la défense d'une politique qu'on a et qu'il a toujours
désavouée ! Il faudrait qu'on effaçât tant de discours
prononcés dans le parlement! Il faudrait enfin que
l'Angleterre, car pourquoi ne la nommerions-nous
pas9 constatât à la face du monde que les principes
dont elle se vante le plus ne sont que des chimère,
et que par la liberté de concurrence elle n'entend que
la constitution et le renforcement de son monopole.
L'Angleterre n'agira pas ainsi ; elle ne portera point
à la dignité des peuples et des gouvernements une
blessure qui saignerait longtemps, et dont la mé-
moire ne saurait se perdre. Nous avons plus d'une
fois dans ce journal recueilli à ce sujet les protesta-
tions des écrivains les plus distingués de la presse
anglaise, des orateurs les plus influents de la chambre
des communes : elle n'agira pas ainsi, surtout au mo-
ment où le principe de la liberté du commerce fait de
si grands progrès, car cette conduite amènerait cer-
tainement sur tout le continent une réaction inévi-
table contre cette doctrine. Chacun se dirait à coup
sûr que l'Angleterre nous enseigne ce qu'elle ne pra-
tique point, et elle sait comment finissent ces sortes
d'enseignements.
L'Angleterre d'ailleurs comprendra de plus en plus
que si l'isthme de Suez est utile à la puissance
d'une nation, elle l'est surtout a sa puissance, et la
situation de l'Inde, et les événements de la Chine
lui rendent de plus en plus indispensable l'ouverture
de la communication la plus courte entre les mers
d'Asie et ses ports militaires et commerciaux.
Mais dans les cas les plus extrêmes, et c'est là le
suprême argument, la question de Suez est désor-
mais plaidée et gagnée devant les assises du genre
humain ; elle s'est enracinée dans la conscience uni-
verselle; elle fait à jamais partie du programme civi-
lisateur de notre siècle ; la possibilité de l'entreprise
est démontrée, le problème est logiquement et théori-
quement résolu; et quand d'aussi grandes aspirations
ont fait de tels pas dans la vie publique, on ne les
étouffe plus. Nous ne savons qui voudrait encore se
compromettre en opposant au vœu des nations une
guerre de chicane, mais on ne prévaudrait pas contre
son ascendant. Le percement de l'isthme de Suez
est écrit dans le livre du destin moderne. L'opinion
est la reine du monde.
ERNEST DESPLACES.
MOUVEMENT DES CHEMINS DE FER EN FRANCE.
Dans quelles proportions l'abréviation des distan-
ces ou la facilité des communications favorisent-elles
ou multiplient-elles la masse des transports? C'est là
une étude instructive, intéressante, et dont l'histoire
des chemins de fer nous fournit les éléments. Les
détails que nous allons citer vont prouver que les
résultats obtenus par les chemins de fer ont de
beaucoup dépassé les espérances les plus extrêmes
qu'on en avait conçues, et il est certain pour
nous que ce que nous avons vu pour les chemins de
fer, nous le verrons se reproduire sur une échelle
non moins considérable pour le canal de Suez. Cons-
tatons pour le moment les progrès effectués depuis
dix ans par les transports sur les voies ferrées et
l'immense développement de travail et de richesse
qu'ils ont amené dans notre pays.
J. MONGIN.
« Depuis dix ans, de grands progrès ont été réalisés
dans les chemins de fer. On en aura une idée lorsque
l'on saura que la longueur exploitée en 1850 n'était que
de 3,544 kilomètres, et que de 1852 à 1860, l'accroisse-
ment de la longueur du réseau exploité a été en moyenne
de 700 kilomètres par année.
» Les chemins de fer exécutés occupent aujourd'hui
une superficie de plus de 30,000 hectares ; plus de
300 millions ont été consacrés aux expropriations.
» Les passages de routes et de chemins sont au nom-
bre de 11,500, dont 5,500 à niveau, 4,000 sous rails et
2,000 sur rails.
» Il y a encore de nombreux ouvrages d'art destinés à
l'écoulement des eaux, tels que aqueducs, ponceaux et
ponts de moins de 20 mètres d'ouverture. Les grands
ponts sur cours d'eau ont ensemble un débouché de plus
de 30 kilomètres.
» Les grands viaducs réunis ont une longueur de
20 kilomètres.
» Les tunnels forment une longueur de 100 kilomè-
tres.
» Sur 9,016 kil. exploités au commencement de 1860,
la longueur des lignes à une seule voie est tout au plus
de 3,600 kil.
D Les voies de garage et de service, les plaques tour-
nantes, les aiguilles et croisements de voie peuvent être
évalués comme dépense à un milliard, et à un milliard
700,000 tonnes la quantité de fer et fonte employés.
On porte a 1 milliard 700,000 stères cube les bois em-
ployés pour traverses et supports.
» Outre les maisons des gardes et les guérites établies
pour la surveillance de la voie, l'exploitation a nécessité
» doit atteindre cet empire au jour prochain où le
» percement de l'isthme de Suez rétablira l'antique
» route de l'Inde vers l'Arabie, l'Asie Mineure et la
» mer Egée, et où l'Orient sera relié à l'Occident par
» la vapeur, sur terre et sur mer. »
Sur quel terrain nouveau pourrait donc s'établir
l'opposition supposée, après avoir vu tous ses argu-
ments si laborieusement cherchés, si désastreu:::ement
démolis, s'ébouler sous ses pas?
Nous n'en voyons plus qu'un. Si jamais elle a
porté un masque, il faudrait qu'elle le jetât. Il faudrait
qu'elle arborât hautement la tyrannie et la volonté
d'humilier et de se subordonner tous les peuples ! Il
faudrait qu'elle proclamât ouvertement que l'intérêt
universel ne passe et ne doit passer qu'après ses pré-
jugés! Il faudrait qu'on appelât un peuple libéral à
la défense d'une politique qu'on a et qu'il a toujours
désavouée ! Il faudrait qu'on effaçât tant de discours
prononcés dans le parlement! Il faudrait enfin que
l'Angleterre, car pourquoi ne la nommerions-nous
pas9 constatât à la face du monde que les principes
dont elle se vante le plus ne sont que des chimère,
et que par la liberté de concurrence elle n'entend que
la constitution et le renforcement de son monopole.
L'Angleterre n'agira pas ainsi ; elle ne portera point
à la dignité des peuples et des gouvernements une
blessure qui saignerait longtemps, et dont la mé-
moire ne saurait se perdre. Nous avons plus d'une
fois dans ce journal recueilli à ce sujet les protesta-
tions des écrivains les plus distingués de la presse
anglaise, des orateurs les plus influents de la chambre
des communes : elle n'agira pas ainsi, surtout au mo-
ment où le principe de la liberté du commerce fait de
si grands progrès, car cette conduite amènerait cer-
tainement sur tout le continent une réaction inévi-
table contre cette doctrine. Chacun se dirait à coup
sûr que l'Angleterre nous enseigne ce qu'elle ne pra-
tique point, et elle sait comment finissent ces sortes
d'enseignements.
L'Angleterre d'ailleurs comprendra de plus en plus
que si l'isthme de Suez est utile à la puissance
d'une nation, elle l'est surtout a sa puissance, et la
situation de l'Inde, et les événements de la Chine
lui rendent de plus en plus indispensable l'ouverture
de la communication la plus courte entre les mers
d'Asie et ses ports militaires et commerciaux.
Mais dans les cas les plus extrêmes, et c'est là le
suprême argument, la question de Suez est désor-
mais plaidée et gagnée devant les assises du genre
humain ; elle s'est enracinée dans la conscience uni-
verselle; elle fait à jamais partie du programme civi-
lisateur de notre siècle ; la possibilité de l'entreprise
est démontrée, le problème est logiquement et théori-
quement résolu; et quand d'aussi grandes aspirations
ont fait de tels pas dans la vie publique, on ne les
étouffe plus. Nous ne savons qui voudrait encore se
compromettre en opposant au vœu des nations une
guerre de chicane, mais on ne prévaudrait pas contre
son ascendant. Le percement de l'isthme de Suez
est écrit dans le livre du destin moderne. L'opinion
est la reine du monde.
ERNEST DESPLACES.
MOUVEMENT DES CHEMINS DE FER EN FRANCE.
Dans quelles proportions l'abréviation des distan-
ces ou la facilité des communications favorisent-elles
ou multiplient-elles la masse des transports? C'est là
une étude instructive, intéressante, et dont l'histoire
des chemins de fer nous fournit les éléments. Les
détails que nous allons citer vont prouver que les
résultats obtenus par les chemins de fer ont de
beaucoup dépassé les espérances les plus extrêmes
qu'on en avait conçues, et il est certain pour
nous que ce que nous avons vu pour les chemins de
fer, nous le verrons se reproduire sur une échelle
non moins considérable pour le canal de Suez. Cons-
tatons pour le moment les progrès effectués depuis
dix ans par les transports sur les voies ferrées et
l'immense développement de travail et de richesse
qu'ils ont amené dans notre pays.
J. MONGIN.
« Depuis dix ans, de grands progrès ont été réalisés
dans les chemins de fer. On en aura une idée lorsque
l'on saura que la longueur exploitée en 1850 n'était que
de 3,544 kilomètres, et que de 1852 à 1860, l'accroisse-
ment de la longueur du réseau exploité a été en moyenne
de 700 kilomètres par année.
» Les chemins de fer exécutés occupent aujourd'hui
une superficie de plus de 30,000 hectares ; plus de
300 millions ont été consacrés aux expropriations.
» Les passages de routes et de chemins sont au nom-
bre de 11,500, dont 5,500 à niveau, 4,000 sous rails et
2,000 sur rails.
» Il y a encore de nombreux ouvrages d'art destinés à
l'écoulement des eaux, tels que aqueducs, ponceaux et
ponts de moins de 20 mètres d'ouverture. Les grands
ponts sur cours d'eau ont ensemble un débouché de plus
de 30 kilomètres.
» Les grands viaducs réunis ont une longueur de
20 kilomètres.
» Les tunnels forment une longueur de 100 kilomè-
tres.
» Sur 9,016 kil. exploités au commencement de 1860,
la longueur des lignes à une seule voie est tout au plus
de 3,600 kil.
D Les voies de garage et de service, les plaques tour-
nantes, les aiguilles et croisements de voie peuvent être
évalués comme dépense à un milliard, et à un milliard
700,000 tonnes la quantité de fer et fonte employés.
On porte a 1 milliard 700,000 stères cube les bois em-
ployés pour traverses et supports.
» Outre les maisons des gardes et les guérites établies
pour la surveillance de la voie, l'exploitation a nécessité
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