Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 décembre 1860 15 décembre 1860
Description : 1860/12/15 (A5,N108). 1860/12/15 (A5,N108).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299745
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 387
Pour les revenus et les chances rémunératoires de
l'entreprise, la discussion jusqu'à l'accomplissement du
fait a dû se limiter à l'observation des probabilités et
des statistiques ; il s'agissait pour elle de démontrer
qu'indépendamment de la mise en culture ou en
valeur des vastes terrains qui lui sont concédés et
qui sont les plus fertiles du monde, le canal serait
traversé par un mouvement de navigation égal à
3 millions de tonneaux. Or, aujourd'hui cette dé-
monstration n'est plus à faire ; les chiffres officiels
nous ont attesté que le seul commerce de l'Inde avec
l'Europe embrassait un tonnage aussi considérable, et
tout le monde admet que la navigation entre l'Europe
et l'Inde trouvera un avantage incontestable à choisir
la voie du canal de Suez. La navigation avec la Chine
est dans les mêmes conditions, ainsi que toute celle
qui existe ou naîtra entre l'Europe et le nord de la
ligne, au delà du cap de Bonne-Espérance. Il n'est pas
douteux que les pays situés au sud de l'équateur ne
fournissent aussi un considérable contingent au pas-
sage par le canal ; de plus, nous portons maintenant
en ligne de compte le mouvement de cabotage que
l'ouverture de l'isthme va susciter entre la mer Rouge
et les mers asiatiques d'un côté et la Méditerranée de
l'autre.
A coup sûr ces diverses navigations réunies ne peu-
vent point fournir au canal un passage moindre de
3 millions de tonneaux, et tous les éléments acquis
prouvent que ce chiffre sera largement et prompte-
ment dépassé.
Un document récent vient de nous apprendre qu'en
1859, année normale où rien n'a occasionné une acti-
vité exceptionnelle entre la mer Noire et la Méditer-
ranée, le port de Constantinople a reçu plus de 27,000
navires portant, plus de 5 millions de tonneaux. Nous le
demandons à tous les esprits sérieux et impartiaux,
est-il possible de supposer qu'un passage abrégeant
de trois mille lieues les communications entre l'Eu-
rope et tout l'hémisphère asiatique, ne sera pas l'in-
termédiaire d'un commerce aussi considérable que le
canal de Constantinople, qui ne conduit qu'à une im-
passe et vers des populations relativement limitées
et appauvries?
Et sur ces trois points les défenseurs du percement
ont présenté à l'opposition un argument encore plus
peremptoire. Après avoir démontré par le raisonnement
que le canal était possible, que sa dépense n'excéderait
pas l'estimation des devis et qu'il serait rémunéra-
toire, ils ont ajouté : Qu'importent après tout ces défian-
ces plus ou moins sincères de l'opposition, et quel
droit lui donnent-elles à intervenir dans l'affaire? On
la comprendrait si l'on exigeait d'elle son concours
ou son argent, mais on ne lui demande ni l'un ni
l'autre. Serait-il possible que quelques hommes pré-
tendissent se poser en redresseurs des torts du genre
humain, et, s'érigeant en tuteurs des bourses privées
non-seulement dans leur pays, mais encore dans tous
les autres pays, s'imposer à toutes les convictions
contraires? Nous croyons, et ils ne croient pas ; qu'ils
s'abstiennent alors et nous laissent faire. Si nous réus-
sissons, ils partageront avec nous gratuitement les
avantages de notre succès, et si nous échouons, c'est
sur nous, non sur eux, que porteront les conséquen-
ces et les dommages de notre erreur. La question
financière, la question des profits ou des pertes nous
regarde, mais elle ne les regarde pas.
L'opposition n'a jamais rien répliqué et ne pourra
jamais rien répliquer à cet argument sans réplique.
On l'a si bien senti, que les objections financières
n'ont pas tardé à faire place aux objections politiques.
Le canal devait séparer l'Égypte de la Turquie; il
devait favoriser des complots d'indépendance. Bien
plus, le vice-roi conspirait sa propre ruine; il voulait
livrer ses Etats héréditaires à la France. On a de-
mandé à l'opposition si le désert de Syrie n'était pas
entre l'Egypte et la Turquie une séparation beaucoup
plus efficace et beaucoup plus redoutable que ne pour-
rait l'être une tranchée plus ou moins large et plus
ou moins profonde ; et l'opposition n'a pas voulu en-
tendre. On lui a demandé pourquoi le vice-roi préfé-
rerait à la suzeraineté d'un gouvernement de sa reli-
gion et de sa race, la suzeraineté d'un autre gouver-
nement étranger à sa race et à sa religion ; et l'op-
position s'est gardée de s'expliquer. Mais le vice-roi
s'est expliqué pour elle ; il a voulu anéantir jusqu'à
l'ombre de ces prétextes, et il l'a fait complétement en
proposant de recevoir des régiments turcs dans les
places destinées à la garde du passage.
Refoulés ainsi et sans relâche de position en po-
sition, les adversaires du canal s'étaient réfugiés
derrière un dernier retranchement. Ils combattaient
pour l'intérêt de la Turquie ; c'était la Turquie et la
Turquie seule qu'ils prétendaient protéger en fermant
un passage qui ouvrait à ses flottes un accès des plus
utiles vers les villes saintes, objet du pèlerinage de
ses croyants, et vers ses domaines arabiques. Nous
n'avons plus ici à discuter ; la Porte s'est prononcée
elle-même dans sa propre cause : après une délibéra-
tion lente et laborieuse, elle a reconnu qu'elle n'avait
pas d'objections à faire au percement de l'isthme; que
cette opération était favorable aux intérêts de son em-
pire et non moins favorable aux intérêts de l'huma-
nité, desquels elle n'était point désireuse de se sé-
parer.
Ce n'est pas tout ; ce sentiment des bienfaits que
doit produire pour l'empire ottoman le canal de Suez,
se manifeste dans toutes les occasions. Nous le re-
trouvons encore dans les considérations publiées
dans tous les journaux quotidiens à l'appui de l'em-
prunt turc qui se souscrit en ce moment, et parmi
lesquelles nous remarquons ces paroles :
« Nul ne peut prévoir le degré de prospérité que
Pour les revenus et les chances rémunératoires de
l'entreprise, la discussion jusqu'à l'accomplissement du
fait a dû se limiter à l'observation des probabilités et
des statistiques ; il s'agissait pour elle de démontrer
qu'indépendamment de la mise en culture ou en
valeur des vastes terrains qui lui sont concédés et
qui sont les plus fertiles du monde, le canal serait
traversé par un mouvement de navigation égal à
3 millions de tonneaux. Or, aujourd'hui cette dé-
monstration n'est plus à faire ; les chiffres officiels
nous ont attesté que le seul commerce de l'Inde avec
l'Europe embrassait un tonnage aussi considérable, et
tout le monde admet que la navigation entre l'Europe
et l'Inde trouvera un avantage incontestable à choisir
la voie du canal de Suez. La navigation avec la Chine
est dans les mêmes conditions, ainsi que toute celle
qui existe ou naîtra entre l'Europe et le nord de la
ligne, au delà du cap de Bonne-Espérance. Il n'est pas
douteux que les pays situés au sud de l'équateur ne
fournissent aussi un considérable contingent au pas-
sage par le canal ; de plus, nous portons maintenant
en ligne de compte le mouvement de cabotage que
l'ouverture de l'isthme va susciter entre la mer Rouge
et les mers asiatiques d'un côté et la Méditerranée de
l'autre.
A coup sûr ces diverses navigations réunies ne peu-
vent point fournir au canal un passage moindre de
3 millions de tonneaux, et tous les éléments acquis
prouvent que ce chiffre sera largement et prompte-
ment dépassé.
Un document récent vient de nous apprendre qu'en
1859, année normale où rien n'a occasionné une acti-
vité exceptionnelle entre la mer Noire et la Méditer-
ranée, le port de Constantinople a reçu plus de 27,000
navires portant, plus de 5 millions de tonneaux. Nous le
demandons à tous les esprits sérieux et impartiaux,
est-il possible de supposer qu'un passage abrégeant
de trois mille lieues les communications entre l'Eu-
rope et tout l'hémisphère asiatique, ne sera pas l'in-
termédiaire d'un commerce aussi considérable que le
canal de Constantinople, qui ne conduit qu'à une im-
passe et vers des populations relativement limitées
et appauvries?
Et sur ces trois points les défenseurs du percement
ont présenté à l'opposition un argument encore plus
peremptoire. Après avoir démontré par le raisonnement
que le canal était possible, que sa dépense n'excéderait
pas l'estimation des devis et qu'il serait rémunéra-
toire, ils ont ajouté : Qu'importent après tout ces défian-
ces plus ou moins sincères de l'opposition, et quel
droit lui donnent-elles à intervenir dans l'affaire? On
la comprendrait si l'on exigeait d'elle son concours
ou son argent, mais on ne lui demande ni l'un ni
l'autre. Serait-il possible que quelques hommes pré-
tendissent se poser en redresseurs des torts du genre
humain, et, s'érigeant en tuteurs des bourses privées
non-seulement dans leur pays, mais encore dans tous
les autres pays, s'imposer à toutes les convictions
contraires? Nous croyons, et ils ne croient pas ; qu'ils
s'abstiennent alors et nous laissent faire. Si nous réus-
sissons, ils partageront avec nous gratuitement les
avantages de notre succès, et si nous échouons, c'est
sur nous, non sur eux, que porteront les conséquen-
ces et les dommages de notre erreur. La question
financière, la question des profits ou des pertes nous
regarde, mais elle ne les regarde pas.
L'opposition n'a jamais rien répliqué et ne pourra
jamais rien répliquer à cet argument sans réplique.
On l'a si bien senti, que les objections financières
n'ont pas tardé à faire place aux objections politiques.
Le canal devait séparer l'Égypte de la Turquie; il
devait favoriser des complots d'indépendance. Bien
plus, le vice-roi conspirait sa propre ruine; il voulait
livrer ses Etats héréditaires à la France. On a de-
mandé à l'opposition si le désert de Syrie n'était pas
entre l'Egypte et la Turquie une séparation beaucoup
plus efficace et beaucoup plus redoutable que ne pour-
rait l'être une tranchée plus ou moins large et plus
ou moins profonde ; et l'opposition n'a pas voulu en-
tendre. On lui a demandé pourquoi le vice-roi préfé-
rerait à la suzeraineté d'un gouvernement de sa reli-
gion et de sa race, la suzeraineté d'un autre gouver-
nement étranger à sa race et à sa religion ; et l'op-
position s'est gardée de s'expliquer. Mais le vice-roi
s'est expliqué pour elle ; il a voulu anéantir jusqu'à
l'ombre de ces prétextes, et il l'a fait complétement en
proposant de recevoir des régiments turcs dans les
places destinées à la garde du passage.
Refoulés ainsi et sans relâche de position en po-
sition, les adversaires du canal s'étaient réfugiés
derrière un dernier retranchement. Ils combattaient
pour l'intérêt de la Turquie ; c'était la Turquie et la
Turquie seule qu'ils prétendaient protéger en fermant
un passage qui ouvrait à ses flottes un accès des plus
utiles vers les villes saintes, objet du pèlerinage de
ses croyants, et vers ses domaines arabiques. Nous
n'avons plus ici à discuter ; la Porte s'est prononcée
elle-même dans sa propre cause : après une délibéra-
tion lente et laborieuse, elle a reconnu qu'elle n'avait
pas d'objections à faire au percement de l'isthme; que
cette opération était favorable aux intérêts de son em-
pire et non moins favorable aux intérêts de l'huma-
nité, desquels elle n'était point désireuse de se sé-
parer.
Ce n'est pas tout ; ce sentiment des bienfaits que
doit produire pour l'empire ottoman le canal de Suez,
se manifeste dans toutes les occasions. Nous le re-
trouvons encore dans les considérations publiées
dans tous les journaux quotidiens à l'appui de l'em-
prunt turc qui se souscrit en ce moment, et parmi
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